Les peuples de l'Asie sont fiers de leurs valeurs religieuses et culturelles, telles que l'amour pour le silence et la
contemplation, la simplicité, l'harmonie, le détachement, la non-violence, l'esprit d'ardeur au travail, la
discipline, la vie frugale, la soif de connaissance et de recherche philosophique.10 Ils sont attachés aux valeurs de
respect de la vie, de compassion pour tous les êtres, de contact avec la nature, de respect filial pour leurs parents,
pour les personnes âgées et leurs ancêtres, et ils ont un sens hautement développé de la communauté.11 D'une
façon particulière, ils considèrent la famille comme une source vitale de force, comme une communauté
étroitement unie, avec un sens profond de la solidarité.12 Les peuples de l'Asie sont connus pour leur esprit de
tolérance religieuse et de coexistence pacifique. Sans nier l'existence de tensions exacerbées et de conflits
violents, on peut encore dire que l'Asie a souvent fait preuve d'une capacité remarquable d'adaptation et d'une
ouverture naturelle à l'enrichissement mutuel des peuples, dans une pluralité de religions et de cultures. De plus,
malgré l'influence de la modernisation et de la sécularisation, les religions asiatiques donnent des signes d'une
grande vitalité et sont capables de renouveau, comme on l'a vu dans des mouvements de réforme à l'intérieur des
divers groupes religieux. Beaucoup de personnes, spécialement les jeunes, éprouvent une soif profonde de
valeurs spirituelles, comme le montre bien la montée des nouveaux mouvements religieux.
Tout cela indique un sens spirituel inné et une sagesse morale dans l'âme asiatique, et c'est là le centre autour
duquel se construit le sentiment croissant d'" être asiatique ". Ce sens d'" être asiatique " se perçoit mieux et
s'affirme mieux, non dans la confrontation et dans l'opposition, mais dans un esprit de complémentarité et
d'harmonie. Dans ce cadre de complémentarité et d'harmonie, l'Eglise peut communiquer l'Evangile d'une
manière qui est fidèle à la fois à sa propre Tradition et à l'âme asiatique.
Réalités économiques et sociales
7. Sur le plan du développement économique, les situations sur le continent asiatique sont très diverses, défiant
toute classification. Certains pays sont hautement développés, d'autres sont en voie de développement grâce à
des politiques économiques efficaces, d'autres encore se trouvent toujours dans une misérable pauvreté, et même
parmi les nations les plus pauvres de la terre. Dans le processus de développement, le matérialisme et le
sécularisme gagnent aussi du terrain, spécialement dans les zones urbaines. Ces idéologies, qui minent les
valeurs traditionnelles, sociales et religieuses, menacent les cultures de l'Asie de dommages incalculables.
Les Pères du Synode ont parlé des changements rapides qui adviennent à l'intérieur des sociétés asiatiques ainsi
que des aspects positifs et négatifs de ces changements. Parmi eux, il y a le phénomène de l'urbanisation et
l'apparition d'immenses concentrations urbaines, souvent avec de larges zones touchées par la crise, où se
développent le crime organisé, le terrorisme, la prostitution et l'exploitation des catégories les plus faibles de la
société. L'émigration est aussi un phénomène social majeur, exposant des millions de personnes à des situations
économiquement, culturellement et moralement difficiles. Les populations émigrent à l'intérieur de l'Asie et hors
de l'Asie vers d'autres continents pour beaucoup de raisons, parmi lesquelles la pauvreté, la guerre et les conflits
ethniques, la négation de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales. La construction de gigantesques
complexes industriels est une autre cause de migration interne et externe, qui s'accompagne d'effets destructeurs
pour la vie familiale et pour ses valeurs. On a mentionné aussi l'installation de centrales nucléaires, réalisée avec
une attention particulière aux coûts et à l'efficacité, mais avec peu de considération pour la sécurité des
personnes et pour l'intégrité de l'environnement.
Le tourisme exige aussi une attention spéciale. Bien qu'il soit une industrie légitime avec ses propres valeurs
culturelles et éducatives, il a dans certains cas une influence dévastatrice sur les physionomies morale et
physique de nombreux pays asiatiques, se manifestant sous forme d'avilissement chez les jeunes femmes et
même chez les enfants, à travers la prostitution.13 La pastorale des migrants aussi bien que des touristes est
difficile et complexe, spécialement en Asie où les structures de base pour l'assurer n'existent pas toujours. La
planification pastorale à tous les niveaux doit prendre en compte ces réalités. Dans ce contexte, il ne faudrait pas
oublier les migrants des Eglises catholiques orientales, qui ont besoin d'une pastorale en accord avec leurs
propres traditions ecclésiales.14
Certains pays asiatiques font face à des difficultés liées à la croissance de leur population, qui n'est " pas
simplement un problème démographique et économique mais particulièrement moral ".15 Il est clair que la
question de la population est étroitement liée à celle de la promotion humaine, mais il y a une multiplicité de
fausses solutions qui menacent la dignité et l'inviolabilité de la vie; elles représentent un défi particulier pour
l'Eglise en Asie. Il est peut-être opportun ici de rappeler la contribution de l'Eglise à la défense et à la promotion
de la vie, que ce soit dans le domaine de la santé, du développement social ou de l'éducation, au bénéfice des
populations, spécialement des pauvres. Il était bon que l'Assemblée spéciale pour l'Asie rende hommage à la
regrettée Mère Teresa de Calcutta, " qui était connue partout dans le monde pour son amour et ses soins
désintéressés des plus pauvres parmi les pauvres ".16 Elle demeure un modèle du service de la vie que l'Eglise
offre en Asie, en opposition courageuse aux nombreuses forces maléfiques qui agissent dans la société.
Un certain nombre de Pères synodaux ont souligné les influences extérieures qui pèsent sur les cultures
asiatiques. De nouveaux modes de comportement apparaissent par suite d'une exposition excessive aux médias et
aux types de littérature, de musique et de films qui prolifèrent sur le continent. Sans nier que les moyens de