NOUS CROYONS EN L’ESPRIT SAINT Dans la Bible, l’Esprit est désigné par des images : Il est un feu qui transforme et purifie Il est un vent qui pousse au large (Gn 1-2) Il est une eau fraîche qui désaltère, lave et fait germer Il est un souffle de vie (Ps 104,4) Il est une force vive (Is 11,2) ………. Toutes ces images restent confuses, imparfaites. Nous savons ce que sont la paternité ou la filiation. Mais nous n’avons pas à notre disposition un terme spécifique pour désigner l’Esprit…. Le terme esprit est, à son origine, un terme général qui évoque l’idée d’espace, de souffle…Ces symboles évoquent surtout l’envahissement d’une présence…Ces images expriment plus des effets qu’une nature. L’Esprit comporte un aspect insaisissable, car il appartient au monde de Dieu. J P Lémonon, L’Esprit saint, tout simplement, Ed de l’Atelier. Dans l’Ancien Testament, l’Esprit de Dieu n’est pas encore révélé comme une personne mais comme une force divine transformant des personnalités humaines pour les rendre capables de gestes et de paroles qui les dépassent. Ces gestes, ces paroles, sont toujours destinées à confirmer le peuple dans sa vocation : être partenaire de Dieu, être serviteur de Dieu ( cf. les vocations des prophètes) . Venu de Dieu et orienté vers Dieu, l’Esprit est un Esprit Saint : *il dit la sainteté de Dieu…….. et l’invitation à devenir des saints *il dit l’amour de Dieu ………. et le commandement d’aimer *il dit la vie de Dieu………….. et son désir que nous soyons des vivants *il dit la fidélité de Dieu……… et l’appel à notre propre fidélité. Lorsque nous parlons de l’Esprit Saint, quelles images employons-nous ? 1 Dans les Evangiles, cette force qui vient d’en haut, est une dynamique dont le Père dote le Fils. L’Esprit est sur Jésus pour accomplir son ministère ( cf. Lc 4, 14.21 ; Mt 12,15-32 ). De façon explicite, il est une véritable personne, en S Jean ; Jésus l’appelle un autre paraclet (14,16) qui enseignera toutes choses (14,26) et rendra témoignage (16,26). De même, chez S Paul, c’est l’Esprit qui crie en nos cœurs : Abba,, Père (Ga 4, 6) qui atteste en notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rm 8, 16) qui distribue les dons comme il veut (1Co 12,11) qui est un esprit de liberté (2Co 3,17) qui prie en nous (Rm 8,26) qui nous permet de croire (1Co 12,3) qui construit le Corps du Christ (Ep 4,4). Les dernières recommandations de Jésus ressuscité à ses apôtres s’accompagnent toujours d’une promesse : Il souffla sur eux et leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint’. (Jn 20,22). De même, Pierre, le jour de Pentecôte, l’atteste : Ce Jésus…Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins…il a reçu du Père l’Esprit Saint, objet de la promesse, et l’a répandu. (Ac 2, 32-33) Esprit qui agit dans l’Eglise mais aussi hors de ses ‘frontières’ : Le don de sympathie, la capacité de consoler les autres, de les écouter, de les affermir, le don du discernement ;les possibilités d’expression dont certains jouissent pour parler, chanter, s’adresser à une foule ; le courage de croire…et l’intelligence théologique ;la lucidité pour déchiffrer les signes des temps…le souffle poétique, l’attention du cœur ; les qualités requises pour présider une réunion, conduire à une décision …le don de soi qui va jusqu’à prendre en charge les plus démunis ; autant de dons humains qui sont chances d’être au service de l’Esprit et redevables de sa grâce. P Y Emery, le Saint Esprit, présence de communion, Taizé, p 41. Comment reconnaissons-nous l’œuvre de l’Esprit Saint en nos vies, en celle de l’Eglise et dans la vie du monde ? 2 IL EST SEIGNEUR L’Esprit Saint n’est pas une créature. Il est nommé Seigneur ( 2Co 3,17-18 ). Il est appelé Saint (Jn 14,26 ) ; or Dieu seul est saint et Dieu est Esprit. Bien plus, il est Créateur (Ps 32,6 ) Sanctificateur (1Co 12,4-6 ). Ces activités ne le situent pas dans l’ordre créé mais dans l’ordre divin. L’Esprit Saint est la charité mutuelle du Père et du Fils. S Augustin, homélie sur S Jean. Il est glorifié et adoré comme le Père et le Fils. L’Esprit procède du Père (Jn 15,26 ). Dans le texte de Jean, il s’agit de la sortie de l’Esprit, envoyé par le Père dans le monde. Grégoire de Nazianze le transpose au plan de la Trinité éternelle : l’Esprit tient son origine du Père. L’expression est très enveloppée et n’évoque en rien le ‘comment’. Elle nous permet seulement de dire avec cohérence que l’Esprit est Dieu, alors qu’il n’est ni créé, ni engendré. B Seboué, Croire. Notre profession de foi confesse l’Esprit Comme celui qui est saint par nature, Comme Seigneur au même titre que le Fils, Comme celui qui communique la vie. Par le don de l’Esprit, l’homme parvient, dans la foi, à contempler et à goûter le mystère de la volonté divine. Vatican II, Gaudium et Spes 15. Quand nous proclamons Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, Quand nous baptisons Au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Quand faisant le signe de la Croix, nous joignons les paroles…. Sommes-nous conscients d’exprimer la paradoxale affirmation de la foi chrétienne en un Dieu unique ? 3 La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant Et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. S Irénée, Contre les Hérésies. Les dons de l’Esprit sont divers : tandis qu’il appelle certains à témoigner ouvertement du désir de la demeure céleste et à garder vivant ce témoignage dans la famille humaine, il appelle les autres à se vouer au service terrestre des hommes, préparant par ce ministère la matière du Royaume des cieux. Mais de tous il fait des hommes libres pour que, renonçant à l’amour-propre et rassemblant toutes les énergies terrestres pour la vie humaine, ils s’élancent vers l’avenir, vers ce temps où l’humanité elle-même deviendra une offrande agréable à Dieu. Vatican II Gaudium et Spes 38 Et notre vie chrétienne, notre vie en Eglise, est-elle vie avec le Christ, animée par l’Esprit, tout entière tendue vers le Père ? Vient de l’Esprit ce qui va dans le sens des pauvres, de ce qui est gratuit, désintéressé, sans visée de promotion personnelle ou d’idéologie partisane… Le critère est la croix du Christ : c’est à l’écho de la croix dans la vie du chrétien qu’on peut discerner de quel esprit il est. De même le goût de la prière et tout ce qui va dans le sens de la libération personnelle et intérieure dans le but de s’ouvrir à l’amour vrai ; libération qui doit fructifier en gestes concrets de libération (les fruits de l’Esprit) pratiqués personnellement ou activement soutenus (exploités, immigrés, réfugiés, prisonniers, gitans, victimes de la répression ou de la torture,…) Vient de l’Esprit ce qui va dans le sens de la communication, du dialogue et de l’échange en vue de favoriser l’unité et la communion…pourvu que ce soit dans la clarté et peut être au prix d’un certain affrontement (avec la volonté de le dépasser) . L’Esprit est à l’origine, dans l’Eglise, d’initiatives très variées. Or chacun de nous ne peut prétendre tout vivre, tout faire, être tout. D’autres réalisent autre chose, vivent de l’Esprit autrement, colorent la foi différemment. Et ils le font en mon nom : ils m’expriment comme j’ai le désir de les exprimer dans ma façon de recevoir l’Esprit. Ainsi la réciprocité, telle que la veut et l’organise l’Esprit, me justifie dans mon originalité et ses limites avouées. Mais elle m’appelle impérieusement d’abord à vivre cette originalité de manière sérieuse et profonde puisqu’elle appartient aux autres. Ensuite à l’exprimer avec une ouverture d’esprit et une disponibilité telles que les autres aient des chances de s’y reconnaître. A Fermet, Redécouvrir le Saint Esprit. 4