
intrus, et tente de le domestiquer.
Des douleurs lancinantes et persistantes pénétraient mon sein droit et
m'avaient conduite à consulter ma gynécologue. Je ne ressentais pas d'inquiétude
particulière pour cette consultation. J'étais complètement rassurée concernant l'idée
d'un éventuel cancer car, trois mois auparavant, consultant un service d'urgences pour
les mêmes raisons, l'échographe m'avait affirmé de manière péremptoire. « Un
cancer, ça ne fait pas mal ». De fait, selon ce praticien j'avais une simple mastose et
devais changer de pilule ! J'ai su plus tard que les signes cliniques auraient demandé
un complément d'examen.
Mais présentement je ne me figurais pas être atteinte d'un cancer très
agressif, à un stade déjà avancé, et encore moins que ma vie à ce moment précis était
gravement menacée. Comment l'aurais-je pu ? J'étais jeune (33 ans), mariée, mère de
deux jeunes enfants, très active, bonne vivante. J'avais toujours été en excellente
santé. La vie me souriait. Comment concevoir que « le cancer était là », et que je
pouvais mourir ?
C'était tout simplement impossible : le cancer n'arrive qu'aux autres, n'est-ce
pas ? À ceux qui y sont prédisposés physiquement en raison d'une alimentation
malsaine, du tabac, de l'environnement, de la génétique, mais aussi
psychologiquement. Ne dit-on pas, par exemple, qu'un choc psychologique peut
déclencher un cancer ? Ou bien encore, qui n'a pas entendu ou lu qu'on se crée son
propre cancer ? Je croyais que le cancer du sein ne se développait que chez la femme
de plus de cinquante ans.
Autre image véhiculée, avoir des enfants avant trente ans et l'allaitement
prolongé réduisaient les risques. De plus, je ne fumais pas et je venais tout juste de
reprendre la pilule contraceptive après une interruption de plus de dix ans. Oui
vraiment, j'étais « protégée » et « saine de corps et d'esprit ». J'étais en fait très mal
informée, tout ceci n'était que des croyances, des « on-dit ».
Lors de l'auscultation, je n'ai décelé aucun signe qui aurait pu m'alerter de la
part de ma gynécologue. La « mastose » avait beaucoup grossi depuis les derniers
examens, et il était nécessaire de refaire des investigations. Invoquant de longs délais
d'attente pour les rendez-vous, elle a elle-même pris contact avec le laboratoire pour