
TOUTANKHAMON ET SA FAMILLE 
 
Le problème amarnien 
Ce  que  les  spécialistes  nomment  “période  amarnienne”,  est  la  période  allant  du  règne  d’Akhenaton  à 
l’avènement  d’Horemheb,  soit  une  trentaine  d’année  et  cinq  souverains.  Le  terme  amarnien  vient  de  la  ville 
moderne d’el-Amarna, plus connu sous son nom ancien, Akhétaton, la capitale de l’Égypte durant une quinzaine 
d’années. Depuis la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922 et la cachette amarnienne (KV55 dans la 
Vallée  des  Rois),  le  problème  amarnien  ne  cesse  de  nous  interroger.  Une  question  récurrente  hante  les 
égyptologues : qui était Toutankhamon ? On ne connaît pas le nom de ses parents et de sérieux doutes planent 
sur  certains  objets  funéraires.  L’énigme  Toutankhamon  n’est,  finalement,  qu’une  interrogation  parmi  des 
dizaines  d’autres.  Dans  cette  grande  enquête,  nous  allons  essayer  de  démêler  la  réalité  historique  et  les 
hypothèses. Notre connaissance de cette période, ou plus exactement, ce que nous croyons savoir, repose sur des 
sources fragmentaires et des interprétations fragiles. 
 
La fin du règne d'Amenhotep III :  l’impossible compréhension 
Amenhotep  III  représente l’apogée  de  la  XVIIIe  dynastie.  Le pays  est puissant,  riche  et  en  paix  grâce  à une 
habile diplomatie où l’or égyptien est une arme terriblement efficace et recherchée par les États mésopotamiens. 
Si on connaît ses nombreuses constructions, les dernières années du règne demeurent floues. On évoque souvent 
l’existence d’un certain Thotmes,  fils  aîné du roi. Les preuves apportées pour prouver son existence sont peu 
considérées. Claude Vandersleyen soutient la non existence de ceThotmes. Quoi qu’il en soit, Amenhotep III a 
un fils de Tiyi, reine jouant un très grand politique, Amenhotep. Si on connaît avec certitude les parents du futur 
Akhenaton, impossible de déterminer une date de naissance, peut-être entre l’an 10 et l’an 20. Il est possible que 
le prince héritier ait passé une grande partie de son éducation et son enfance à Menphis et non à Thèbes. Son 
nom a été retrouvé une seule fois dans le palais de Malqatta (voir Toutankhamon Magazine n°3). La première 
grande  énigme  de  la  période  amarnienne  est  l’existence,  ou  non,  d’une  co-régence  entre  Amenhotep  III  et 
Amenhotep IV. Si tel est le cas, où la situer dans le règne ? On a pris l’habitude de fixer le début d’une possible 
co-régence peu avant l’an 30, sans doute vers l’an 27 ou 28. Cela signifie qu’à la mort d’Amenhotep III (en l’an 
38), Amenhotep IV était déjà dans la dixième ou onzième année de son règne, soit les deux tiers de son règne de 
17 ans. Il change de nom vers l’an 6 et  s’installe dans sa capitale, Akhetaton.  
 
Un certain nombre d’égyptologues admet la co-régence en mettant en parallèle les fêtes sed (une sorte jubilé) 
d’Amenhotep  III  (en  l’an  30,  34  et  37)  et  les  grands  évènements  d’Amenothep  IV  de  l’an  1  à  l’an  12.  La 
grandiose fête de  l’an 12, apogée d’Akhenaton, serait alors la célébration de son règne personnel. Au-delà de 
cette séduisante correspondance, à considérer avec prudence, il n’existe aucune preuve décisive confirmant ou 
infirmant la co-régence. Quelle étrange situation. S’il existe des éléments prouvant la co-régence, rien qui soit 
irréfutable. Les adversaires ne peuvent, eux non plus, apporter des preuves irréfutables. Personnellement, avec 
certaines coïncidences et les éléments à charge, je penche pour une co-régence d’une dizaine d’années. Un des 
enjeux de la co-régence est la détermination des parents de Toutankhamon. Car, avec la co-régence, on peut 
admettre que Toutankhamon soit un fils d’Amenhotep III, né dans les toutes dernières années du règne, soit vers  
l’an 37 ou 38. Par contre, si la corégence n’existe pas, Toutankhamon est sans aucun doute le fils d’Akhenaton, 
né  vers  l’an  10  de  ce  souverain. Il  existe  plusieurs  scènes  montrant  les  couples  Amenhotep  III  –  Tiyi  / 
Akhenaton – Néfertiti ensemble. On a bien retrouvé un bloc gravé des cartouches des deux souverains à Athribis 
mais,  on  ne  situe  pas  son  contexte  historique.  Les  partisans  de  la  co-régence  tentent  de  s’appuyer  sur  des 
exemples  artistiques  comme  la  tombe  de  Ramosé,  présentant  trois  styles  différents.  Cette  tombe  contient 
plusieurs exemples du style amarnien. Or, Ramosé meurt vers l’an 30 d’Amenhotep III. On ne voit pas comment, 
le style amarnien aurait pu s’introduire dans la décoration, si la corégence n’avait pas eu lieu… La découverte de 
la tombe d’Aper-el, vizir du Nord et successeur de Ramosé apporte de nouvelles sources, mais les fouilles n’en 
sont qu’à leur début. Une autre source, très troublante, le papyrus P. Kahoun. Il raconte notamment le cas d’un 
berger du  nom de Nebméhy. L’affaire commence  en l’an  27 d’Amenhotep  III et se conclut  par  une  nouvelle 
visite en l’an 3 d’Akhenaton. Si on renie la co-régence, l’affaire s’étale sur environ treize ans. Seul problème, le 
berger dit qu’il revient devant les mêmes personnes. Enfin, il semble que les archives d’Akhenaton fonctionnent 
dans les dernières années d’Amenhotep III. Cette présentation du problème de la co-régence a été réduite à peu 
de choses. On comprend mieux toute la complexité  dans la transition entre les deux règnes. 
 
Les débuts d’Amenhotep IV : le bouleversement artistique 
Le règne atypique d’Akhenaton peut se diviser en plusieurs étapes : 
- de l’an 1 à l’an 5 : les années thébaines, 
- de l’an 6 à 12 : renforcement et apogée du règne à Amarna, 
- de l’an 13 à 17 : crise et chute d’Akhenaton