TOUTANKHAMON ET SA FAMILLE Le problème amarnien Ce que les spécialistes nomment “période amarnienne”, est la période allant du règne d’Akhenaton à l’avènement d’Horemheb, soit une trentaine d’année et cinq souverains. Le terme amarnien vient de la ville moderne d’el-Amarna, plus connu sous son nom ancien, Akhétaton, la capitale de l’Égypte durant une quinzaine d’années. Depuis la découverte de la tombe de Toutankhamon en 1922 et la cachette amarnienne (KV55 dans la Vallée des Rois), le problème amarnien ne cesse de nous interroger. Une question récurrente hante les égyptologues : qui était Toutankhamon ? On ne connaît pas le nom de ses parents et de sérieux doutes planent sur certains objets funéraires. L’énigme Toutankhamon n’est, finalement, qu’une interrogation parmi des dizaines d’autres. Dans cette grande enquête, nous allons essayer de démêler la réalité historique et les hypothèses. Notre connaissance de cette période, ou plus exactement, ce que nous croyons savoir, repose sur des sources fragmentaires et des interprétations fragiles. La fin du règne d'Amenhotep III : l’impossible compréhension Amenhotep III représente l’apogée de la XVIIIe dynastie. Le pays est puissant, riche et en paix grâce à une habile diplomatie où l’or égyptien est une arme terriblement efficace et recherchée par les États mésopotamiens. Si on connaît ses nombreuses constructions, les dernières années du règne demeurent floues. On évoque souvent l’existence d’un certain Thotmes, fils aîné du roi. Les preuves apportées pour prouver son existence sont peu considérées. Claude Vandersleyen soutient la non existence de ceThotmes. Quoi qu’il en soit, Amenhotep III a un fils de Tiyi, reine jouant un très grand politique, Amenhotep. Si on connaît avec certitude les parents du futur Akhenaton, impossible de déterminer une date de naissance, peut-être entre l’an 10 et l’an 20. Il est possible que le prince héritier ait passé une grande partie de son éducation et son enfance à Menphis et non à Thèbes. Son nom a été retrouvé une seule fois dans le palais de Malqatta (voir Toutankhamon Magazine n°3). La première grande énigme de la période amarnienne est l’existence, ou non, d’une co-régence entre Amenhotep III et Amenhotep IV. Si tel est le cas, où la situer dans le règne ? On a pris l’habitude de fixer le début d’une possible co-régence peu avant l’an 30, sans doute vers l’an 27 ou 28. Cela signifie qu’à la mort d’Amenhotep III (en l’an 38), Amenhotep IV était déjà dans la dixième ou onzième année de son règne, soit les deux tiers de son règne de 17 ans. Il change de nom vers l’an 6 et s’installe dans sa capitale, Akhetaton. Un certain nombre d’égyptologues admet la co-régence en mettant en parallèle les fêtes sed (une sorte jubilé) d’Amenhotep III (en l’an 30, 34 et 37) et les grands évènements d’Amenothep IV de l’an 1 à l’an 12. La grandiose fête de l’an 12, apogée d’Akhenaton, serait alors la célébration de son règne personnel. Au-delà de cette séduisante correspondance, à considérer avec prudence, il n’existe aucune preuve décisive confirmant ou infirmant la co-régence. Quelle étrange situation. S’il existe des éléments prouvant la co-régence, rien qui soit irréfutable. Les adversaires ne peuvent, eux non plus, apporter des preuves irréfutables. Personnellement, avec certaines coïncidences et les éléments à charge, je penche pour une co-régence d’une dizaine d’années. Un des enjeux de la co-régence est la détermination des parents de Toutankhamon. Car, avec la co-régence, on peut admettre que Toutankhamon soit un fils d’Amenhotep III, né dans les toutes dernières années du règne, soit vers l’an 37 ou 38. Par contre, si la corégence n’existe pas, Toutankhamon est sans aucun doute le fils d’Akhenaton, né vers l’an 10 de ce souverain. Il existe plusieurs scènes montrant les couples Amenhotep III – Tiyi / Akhenaton – Néfertiti ensemble. On a bien retrouvé un bloc gravé des cartouches des deux souverains à Athribis mais, on ne situe pas son contexte historique. Les partisans de la co-régence tentent de s’appuyer sur des exemples artistiques comme la tombe de Ramosé, présentant trois styles différents. Cette tombe contient plusieurs exemples du style amarnien. Or, Ramosé meurt vers l’an 30 d’Amenhotep III. On ne voit pas comment, le style amarnien aurait pu s’introduire dans la décoration, si la corégence n’avait pas eu lieu… La découverte de la tombe d’Aper-el, vizir du Nord et successeur de Ramosé apporte de nouvelles sources, mais les fouilles n’en sont qu’à leur début. Une autre source, très troublante, le papyrus P. Kahoun. Il raconte notamment le cas d’un berger du nom de Nebméhy. L’affaire commence en l’an 27 d’Amenhotep III et se conclut par une nouvelle visite en l’an 3 d’Akhenaton. Si on renie la co-régence, l’affaire s’étale sur environ treize ans. Seul problème, le berger dit qu’il revient devant les mêmes personnes. Enfin, il semble que les archives d’Akhenaton fonctionnent dans les dernières années d’Amenhotep III. Cette présentation du problème de la co-régence a été réduite à peu de choses. On comprend mieux toute la complexité dans la transition entre les deux règnes. Les débuts d’Amenhotep IV : le bouleversement artistique Le règne atypique d’Akhenaton peut se diviser en plusieurs étapes : - de l’an 1 à l’an 5 : les années thébaines, - de l’an 6 à 12 : renforcement et apogée du règne à Amarna, - de l’an 13 à 17 : crise et chute d’Akhenaton Même si Amenhotep IV règne que cinq années à Thèbes (à Malqatta ?), il marque profondément le paysage et les conceptions religieuses. Karnak fut un chantier très actif d’Amenhotep IV. Il y fit construire de grands temples à l’architecture et à la décoration rompant avec les canons du Nouvel Empire. Ces temples étaient dédiés à Aton. Ils s’élevaient à Karnak Est. Les monuments furent méthodiquement démontés et seuls quelques restes et fondations sont encore sur place. Trois principaux temples sont plus ou moins connus pour leur emplacement et leur fonction. Le premier, est le benben.Le benben est le symbole solaire par excellence, à la gloire du dieu RêHarakhty. Le second temple est le Gempaaton, puis le Houtbenben. Deux autres temples ont été identifiés, le Roudjmenou et le Ténimenou. D'autres édifices se sont révélés lors des fouilles. Mais la date de construction reste incertaine. Certains spécialistes pensent que plusieurs temples auraient été fondés en l’an 2 d’Amenhotep IV. Plusieurs révolutions artistiques secouent l’Égypte. Les temples ne sont pas construits avec de gros blocs mais de petits blocs " standardisés " pesant une cinquantaine de kilos, les talatates. Ce sont eux que l’on retrouvait par dizaine de milliers dans les pylônes de Karnak. Ce gigantesque puzzle est loin d’être reconstitué. Or, la décoration et les textes peuvent nous aider à mieux comprendre Amenhotep IV. Pour réduire le temps de construction, on adopte une nouvelle méthode pour graver la décoration, le relief en creux. Quand et comment cet " art nouveau " a pu se développer ? Impossible d’y répondre. Il est vraisemblable que le prince héritier avait déjà conçu l’idéologie amarnienne. Mais contrairement, à ce que l’on pense habituellement, Amenhotep IV s’est fait représenter à plusieurs reprises en " graphie traditionnelle ". Dans d’autres vestiges, il fait des offrandes à Amon. Il semble que le tout premier temple édifié par Amenhotep IV soit de conception traditionnelle avec une décoration traditionnelle. La conception " amarnienne " apparaît rapidement dans le règne. Le style amarnien apparaît rapidement. Il se caractérise avec le relief dans le creux. On creuse la pierre au lieu de la détourer autour des reliefs. On abandonne la graphie d’Amenhotep III. On aboutit à des corps aux aspects plus accentués avec des poses plus naturelles. La figuration masculine se féminise. On exagère certains traits comme le ventre et les hanches. C’est des premières constructions que datent les étranges statues colossales d’Amenhotep IV tellement caractéristiques. Les travaux de Redford, un des plus grands spécialistes des temples de Karnak Est, ont pu découvrir des reliefs du couple royal mesurant plus de treize mètres de haut ! Certains colosses sont asexués, difficile de savoir s’il s’agit d’Amenhotep ou de Néfertiti. Cette dernière est omniprésente dans les temples de Karnak Est, elle l’est aussi par la suite à Amarna. L’autre caractéristique est le symbole du soleil, le globe. Ce globe, dont les rayons se terminent par des mains, donne force et vie au roi et à la reine. La révolution atonienne s’est forgée à Thèbes et n’est pas une idée surgit de nulle part. Si Amenhotep IV construit la " philosophie amarnienne ", Bak transcrit dans la pierre la vision du souverain. Il est remarquable que se soit le fils de Men qui réalise cette profonde mutation, Men étant l’apôtre du " classicisme " d’Amenhotep III. Preuve que la société égyptienne de cette époque était capable de se muter et d’innover. À croire, que la transition entre les deux rois s’est réalisé sans difficulté. Ne perdons pas de vu un élément essentiel. Depuis l’instauration de la XVIIIe dynastie, deux siècles auparavant, Amon est le principal dieu du pays, le plus riche et le plus puissant. Pour la grande fête de l’an 30, Amenhotep III emménagea dans l’immense palais de Malqatta en face de Thèbes, loin d’Amon et de son clergé. Amenhotep III avait un penchant pour le dieu Aton. Il peut s’agir d’un acte religieux fort mais aussi (et surtout ?) d’un acte politique. Pharaon signifie qu’Amon n’est pas le seul dieu et qu’il possède le pouvoir. Vers l’apogée de l’an 12 La rupture se réalise à partir de l’an 5. Amenhotep IV décide de construire une nouvelle capitale dans un lieu vierge (de tout dieu). Il choisit la localité d’el-Amarna. Le roi y recréa les temples de Karnak Est et édifia une ville aussi importante que Thèbes. On ne sait pourquoi Amarna fut choisie. Il semble que la reine-mère Tiyi soit toujours en vie et ce au moins jusqu’en l’an 12. Elle est représentée à plusieurs reprises dans diverses tombes d’Akhétaton. Le couple Amenhotep III – Tiyi est même représenté. La représentation existant dans la tombe de Huya est-elle symbolique ? Il était rattaché au service de la grande reine. Une des plus fameuses scènes de cette tombe est le représentation du couple royal Amenhotep III – Tiyi. La scène est datée de l’an 9 d’Akhenaton, soit un peu avant la fin d’une co-règence supposée. Tout cela pour dire que les événements précisément datés du règne d’Akhenaton sont rares. Le principal événement du règne que l’on connaît avec précision est la grande cérémonie de l’an 12. On sait aussi qu’entre l’an 8 et 12, Akhenaton change sa titulature. C’est grâce à celle-ci, que l’on peut tenter de dater les événements. La cérémonie de l’an 12 est omniprésence à Akhetaton et dans la chronologie du règne. Entre l'an 8 et 12, va se dérouler toute une série d'événements, en tout cas, que l'on présume. Cette partie de la présentation repose une fois encore sur la co-régence entre Amenothep III et IV. Cela va permettre de consolider les preuves de la co-régence (sans la confirmer). Cette immense cérémonie est relatée par deux tombes, celle de Méryré II et celle d'Houya. Des quatre coins du monde, par monde ici vous comprendrez le monde connu des Egyptiens, on apporte à pharaon de l’or et des cadeaux. L'or et les tributs sont fournis par la Nubie, le pays de Koush, et les royautés ou principautés sous influence. Les cadeaux sont symboles de paix et de reconnaissance de la puissance de pharaon. On y côtoie des représentants des Hittites, de l'Assyrie, peut-être, de la Babylonie, de la mer Egée, de la Libye, de Syrie, de Palestine... Scène sans conteste incroyable et extraordinaire à voir... On mesure mal son importance et si c’était un événement exceptionnel ou périodique. Néfertiti et les autres épouses Néfertiti est, après Amenhotep IV, le personnage le plus important de la période amarnienne. La grande épouse royale est représentée dès les premiers monuments d’Amhenotep IV à Karnak. On pense que Néfertiti épousa le prince Amenhotep avant son intronisation. Son origine reste incertaine. Elle a une soeur, Moutnédjémet, future épouse d’Horemheb. Elle fut élevée par la nourrice Tiy, femme du divin père Aÿ, dignitaire important. Certains voient en Aÿ et Tiy les parents de Néfertiti sans aucune preuve. On ne connaît pas son véritable nom, Néfertiti étant le nom officiel après l’avènement d’Amenhotep. Elle fut la seule grande épouse d’Akhenaton et a acquis un rôle et une importance exceptionnelle, quasiment l’égale du roi. Néfertiti est omniprésente jusqu’à l’an 12, après, elle disparaît progressivement. On comprend encore mal la raison de ce retrait surtout après l’an 14-15. Il est possible qu’elle soit le successeur immédiat d’Akhenaton. Quelques indices pourraient le faire penser, comme l’unique oushebti de la reine avec sans doute la représentation des emblèmes royaux et une bague. Elle donna au roi six filles. On ne lui connaît aucun fils. Outre Néfertiti, Kiya est une épouse de grande importance. Pour certains égyptologues, elle ne ferait qu’une avec Tadoukhépa. Cette hypothèse est recevable si on peut prouver que Kiya fut présente à Amarna dès l’an 6. De plus, il semblerait qu’elle soit mitanienne comme Tadoukhépa. Là, une fois de plus, les sources restent lacunaires. Kiya est très présente après l’an 12, au moment où Néfertiti disparaît des textes et des images. Elle reçut à Akhétaton son propre domaine et des monuments dans le grand temple d’Aton. Dans la cité du Nord d’Amarna, Kiya possède sa propre maison. Elle a été suffisamment importante pour recevoir un très riche mobilier funéraire comme le prouve les objets usurpées de la tombe 55 de la Vallée des Rois. L’usurpation de ces objets est la conséquence d’un grave événement. Kiya perdit toute importance avant la mort d’Akhénaton. Cette déchéance totale provient sans doute de sa disgrâce. Tout objet et monument au nom de Kiya fut usurpé (ou son nom effacé). Meritaton profita de cette situation pour en récupérer. Il est possible que cette disgrâce soit une des réponses d’Akhenaton à la conquête du Mitanni par le roi hittite, Souppilouliouma. Akhenaton aurait pu faire un geste diplomatique envers le Hittite. Un entourage disparate La période amarnienne laissait peu de place aux dignitaires. Et il est parfois difficile de connaître tel ou tel individu. Les textes royaux ne mentionnent pas les noms des dignitaires mais uniquement les titres et charges. On sait que plusieurs membres de l’entourage de la reine-mère Tiyi sont présents sous Akhenaton. Les tombes sont nos seuls sources. Parmi les plus grands dignitaires, on peut citer : Parennefer, échanson du roi, Méryré I, grand prêtre d’Aton, l’intendant des appartements de Néfertiti, Méryré II, Toutou, le chargé de mission en Asie, le divin père Aÿ. On connaît depuis peu de temps, le successeur de Ramosè au poste de vizir du Nord, Aper-El. Il était totalement inconnu avant la découverte de sa tombe à Saqqarah. Pour le moment, on ne connaît rien de sa vie et de sa carrière. Il faudra attendre la fouille complète de son tombeau. On sait tout de même qu’il n’était pas égyptien. Sa famille joua un grand rôle dans l’entourage de pharaon. Il reçut aussi le titre de Divin Père. Son fils (?), Houy fut le général en chef d’Akhenaton jusqu’en l’an 10 (et peutêtre au-delà). Horemheb joue un rôle encore très marginal alors qu’Aÿ continue une très brillante carrière. Akhetaton : la capitale du disque soleil Les premières années d’Aménophis IV sont marquées par une profusion architecturale et artistique. Le nouveau roi bâtit plusieurs grands ensembles religieux à Karnak et entame très rapidement les travaux gigantesques pour construire une nouvelle capitale en quelques années. Amenhotep IV marque très tôt son attachement au dieu Aton. Aton n’était pas une nouveauté dans la famille royale. Son père, Amenothep III, avait “adopté” Aton pour compenser le pouvoir d’Amon. Un nom mystérieux C’est durant la 5e année de son règne qu’Akhenaton part de Thèbes, où il ne reviendra plus, pour sa nouvelle capitale, Akhetaton, ce qui signifie (même si la traduction reste polémique) : “l’horizon du disque solaire”. Cette ville nouvelle se situe en Moyenne Égypte. Il est possible que le souverain ait voulu y déménager dès l’an 4, mais y renonça. Il semble que les travaux dans la nouvelle capitale n’étaient pas terminés. Le changement de nom d’Amenhotep IV se réalise avant ou peu après ce voyage. Il semble également que pharaon ait ordonné d’arrêter les travaux dans les temples de Karnak Est pour se concentrer uniquement sur Akhetaton. La famille royale ne peut encore habiter dans les palais d’Akhetaton. Elle passe la fin de l’an 5 et une partie de l’an 6, dans des habitats provisoires. Akhetaton est une vraie “ville nouvelle”. Aucune ville n’avait été construite en ces lieux. Le roi pouvait libérer son imagination. La ville est nettement coupée en deux parties : la ville Nord et la ville Sud. Les deux ensembles sont reliées par une “voie royale”. Elle s’étend au Sud au-delà de la ville. Au total, cette route est longue de huit kilomètres. L’architecture urbaine de la ville est intéressante. Il existe peu d’exemples de ce type en Égypte. On peut citer Tanis et Deir el Medineh. Une des originalités de la ville est la présence de stèles-frontières, au nombre de 14. Cette frontière délimite l’étendue et le territoire de la ville. Elle joue peut-être un rôle de frontière religieuse pour empêcher la venue de dieux en dehors d’Aton. On sait que le culte des autres dieux a toujours existé à Akhetaton. Une des stèles datée de l’an 6 (du mois de pharmuthi, le 13e jour) pourrait montrer l’arrivée du couple royal dans la nouvelle capitale. A en juger par les dispositions des principaux édifices et des stèles, certains pensent que le plan de la ville fut établi par rapport à l’emplacement de la tombe du pharaon, symbolisant en quelque sorte, le Globe (le soleil). La composition de la ville La ville s’étale le long de la rive Est du Nil. Le cirque rocheux représente la frontière Est de la ville avec les différentes nécropoles. L’emplacement des tombes (à l’est) n’est pas habituel, traditionnellement, les nécropoles se situent à l’Ouest (comme à Saqqarah ou Thèbes Ouest). Akhetaton se divise en trois grands ensembles : le palais du Nord, la cité en elle-même et les différentes nécropoles. Le cité est constituée de différents “quartiers”. Aton y possède deux temples (le Grand et le Petit temple). L’architecture du grand temple est surprenante. L’immense enceinte entoura une vaste terrain vide (730m * 229m), le temple n’occupant qu’une petite partie de l’espace enclos. Le Grand Temple se caractérise par des centaines de tables d’offrandes à Aton. Non loin de l’entrée du Grand Temple, on peut contempler le Grand Palais relié à la maison du roi. C’est entre les deux bâtiments qui se situait la fenêtre des apparitions. Lieu hautement symbolique de la ville, où pharaon couvrait d’or et de bijoux les serviteurs les plus méritants. Dans les tombes d’Akhetaton, Akhenaton est représenté à plusieurs reprises à cette fenêtre. Les deux bâtiments sont reliés par une sorte de pont, en son centre, la fenêtre des apparitions. Elle surplombe la grande route royale. C’est dans le palais que fut découvert une grande salle couverte au nom de Smenkhkaré. Dans ce quartier “royal” on y trouve aussi le bâtiment des archives, le petit palais, les résidences des prêtres ainsi que les casernes militaires. La maison du roi était le coeur de l’administration. La ville comprend des quartiers résidentiels pour les dignitaires et les habitants et des lieux marchands. Dans le Sud de la cité, se trouve un palais isolé, le Maru-Aton. Ce lieu fut la résidence officielle de la reine Kiya, une des épouses d’Akhénaton. Mais à sa mort ou à sa disgrâce, le palais fut attribué à Meritaton, fille de pharaon. Ce changement de prioritaire est visible sur les reliefs retouchés. Le citée nord marque le début de la route royal et contient le palais nord où séjournaient, peut-être, Néfertiti et éventuellement le jeune Toutankhaton. Une des caractéristiques d’Amarna est sa frontière virtuelle. Akhenaton a consacré une frontière divine, délimitant la domaine d’Aton dans lequel les autres dieux ne pouvaient pénétrer. Pharaon resta à l’intérieur de ses limites. Cette limite est marqué par des stèle-frontières. Si l’architecture des palais et des temples diffère radicalement avec le modèle classique, les maisons des dignitaires, des ouvriers et des habitants ne différent en rien du reste de l’Égypte et notamment de Thèbes. Le plan du village des ouvriers ressemble à celui de Deir el-Médineh (proche de la Vallée des Rois). Les trouvailles Bien que la ville fut abandonnée 3 ou 4 ans après la mort d’Akhénaton, elle a livré, finalement, un nombre d’objets et de ruines, très restreint. Les destructions systématiques à partir d’Horemheb, le remploi des blocs dans d’autres monuments et le transfert des tombes, ont laissé peu de traces. Heureusement, tout ne fut pas déménagé. C’est ainsi que l’on a pu découvrir un des plus précieux trésor de toute l’Égypte, les tablettes d’Amarna. Il s’agit de la correspondance diplomatique avec les pays du Proche-Orient. Cette découverte est exceptionnelle, car peu d’archives royales ont été découvertes. Cette trouvaille a permis de mieux comprendre les démêlés politique-militaires du Proche-Orient à cette époque. Outre ces tablettes, les chercheurs ont pu découvrir les plus beaux exemples de la sculpteur amarnienne. Dans la maison du sculpteur Thotmes, toute une série de bustes et d’ébauche de Néfertiti y fut découverte, dont le fameux buste, aujourd’hui à Berlin. Les découvertes sont essentiellement des objets “royaux” ou officiels. La statuaire privée est quasi inexistante. Les scènes de vie sont à découvrir dans les différentes tombes. De nombreux fragments de décorations furent découverts. Les nécropoles Les tombes des dignitaires ont apporté d’importantes informations sur le règne d’Akhénaton. La plupart des tombes ne furent jamais terminées et il semble que les dignitaires inhumés ont été transférés à Thèbes (ou à Saqqarah) lors du retour dans les premiers mois du règne de Toutankhaton. Les tombes non royales gardent une architecture classique que l’on peut observer dans la Vallée des Nobles à Gournah. Ils existent trois emplacements de tombes : les tombes du Nord, les tombes du Sud et la tombe royale d’Akhénaton. Les tombes des principaux dignitaires ne furent commencées soit avant, soit peu après l’an 12. Aucune, sauf une, fut terminée. On ne s’explique pas cette situation. Au Nord, on trouve les tombes de Huya, Méryré I et II, Ahmose, Pentu, Pinhasy. Au Sud, le nombre des tombes est plus important : Parennefer, Toutou, Mahou, Ipy, Ramosé (à ne pas confondre avec le vizir), Nakht, Neferkheperuhersekheper, May, Suti, Suta, Iny, Paatenemheb et Aÿ. Plusieurs tombes sont vierges de décorations, donc impossible d’en déterminer les propriétaires. Les tombes de plusieurs autres dignitaires et personnages importants restent indéterminées : Bek, Anen, Huy, Thotmes (le fameux sculpteur), etc. Certains dignitaires furent enterrés non pas à Akhentaton mais à Saqqarah ou à Thèbes. Présence étonnante quand on sait qu’Akhenaton ne sortit jamais de sa ville. On a ainsi en 2001 découvert la tombe d’un haut dignitaire amarnien à Saqqarah ! La tombe royale d’Akhenaton est, elle aussi, restée inachevée. Son plan rompt avec le modèle traditionnel. Akhenaton introduit le concept de la tombe rectiligne,caractéristique des tombes royales à partir d’Horemheb. La seconde particularité est l’existence d’un second axe. C’est là que fut découvert une très mystérieuse scène où on voit le couple royal pleurant la mort d’un de leurs enfants. Dans le registre du haut, derrière Akhentaton – Néfertiti, se tient debout une femme portant un enfant ! Malheureusement, les textes pouvant l’identifier ont été détruit dès l’Antiquité. L’identité de la femme est elle aussi inconnue. Lors des différentes fouilles, quelques éléments du mobilier funéraire furent retrouvés. Les corps reposant dans les tombes furent transférés à Thèbes. Cela inclut Akhenaton qui fut sans aucun doute déplacé à Thèbes. La fin de la capitale Akhénaton mort, Amarna reste la capitale l’Égypte durant trois ou quatre ans. Thèbes retrouve son statut durant les premiers mois de règne de Toutankhaton. On ne sait pas si le jeune roi-enfant a vécu à Amarna. La ville restera déserte durant une quinzaine d’années. Sous Toutankhamon et Aÿ, Amarna n’a pas dû connaître de grandes dégradations et destructions. Horemheb, le véritable restaurateur de l’ancienne tradition, a sans aucun doute voué une haine à la période amarnienne. Amarna fut alors réduite à de simples ruines. Seuls quelques vestiges restent debout et les fondations. Que reste-t-il aujourd’hui ? Ce site méconnu et hautement historique, mérite un détour. Sa valeur archéologique est incalculable. Les tombes, malgré les dégradations volontaires, ont fourni des informations importantes. S’il est encore difficile de connaître l’architecture des bâtiments, Akhetaton fut une ville aussi grande, voir plus grande, que Thèbes. Amarna est un des très rares sites urbains où on a pu identifier et définir les plans des palais. Comme se fut le cas dans plusieurs palais assyriens, Amarna a livré d’importantes archives de la correspondance diplomatique. D’un point de vue touristique, le visiteur sera déçu. Mis à part quelques colonnes ici ou là, il ne reste que les fondations. Amarna ressemble plus à un terrain vague qu’à une antique capitale. Pour apprécier la beauté des lieux, les musées de Berlin, du Caire ou du Louvre possèdent de très beaux exemples d’objets et de reliefs d’Amarna. Le véritable intérêt d’Amarna se situe dans les différentes tombes des lieux. De l’an 12 à Horemheb Si l’an 12 est incontestablement l’apogée du règne d’Akhenaton et l’éclat de sa capitale, ce qui se passe ensuite est frustrant. Frustrant car les informations manquent ou ne permettent pas une reconstitution certaine des événements. On apprécie bien mal la situation de l’Égypte sous Akhenaton. La légende qui veut que le “roi hérétique” se soit enfermé dans sa nouvelle capitale n’est peut-être pas aussi réelle que cela. Il aurait effectué au moins un déplacement en dehors d’Armana. Même si le roi a gardé un certain nombre de dignitaires de son père, la grande majorité des responsables sont des hommes nouveaux, manquant d’expérience. Les successeurs d’Akhénaton dont Toutankhamon et Horemheb, ont dénoncé la situation de l’Égypte et la nécessité de la restaurer. Malgré tout, il ne faut pas faire dans l’excès. Amenhotep III avait lui aussi pris à son service des hommes nouveaux (ex. : Amenhotep fils de Hapou et Men). Il est certain que seul le culte d’Aton comptait (officiellement tout du moins). Les autres temples furent fermés ou laissés à l’abandon. La situation de l’armée ne semble pas être bien meilleure. Mais nous n’en sommes pas encore à la restauration du pays par Toutankhamon. Un roi pacifique ou guerrier ? On a longtemps présenté Akhénaton comme un roi pacifique. La réalité est une nouvelle fois plus complexe. En Nubie, des répressions furent exercées contre des populations d’Akaÿta. Le pharaon intervient cependant peu. La ville de Sésebi fut fortifiée et un temple d’Aton y fut construit. Certains pensent que la ville de Kaoua fut fondée par Amenhotep IV mais aucune preuve tangible ne confirme cela. Une grande partie de l’activité diplomatique se concentre sur le Proche-Orient. Si les informations sont nombreuses, difficile d’y établir une chronologie. On sait que l’influence de Pharaon ne dépassait pas le Nahr el-Kébir, au Nord de Byblos. Cette région était disputée avec l’Amourrou, un important état. Son roi Azirou semble avoir joué un double jeu. S’il apparaissait fidèle de Pharaon, il n’hésitait pas à s’allier secrètement avec le roi Hittite. L’Égypte possédait plusieurs centres administratifs en Palestine et des itinérants circulaient constamment dans la zone d’influence égyptienne afin d’entretenir de bonnes relations. Il semble, d’après les lettres d’Amarna, qu’Akhénaton ait eu conscience des menaces et du jeu trouble d’Azirou. Le pharaon lui envoya une sévère remontrance et mise en garde. C’est durant cette période que l’Égypte et l’Assyrie ont des contacts soutenus. Un envoyé assyrien voyage même jusqu’à Amarna, ce qui ne manque pas d’irriter le suzerain de l’Assyrie. Durant cette période, Souppilouliouma réussit à reprendre en main le royaume hittite. Il décide de partir à l’offensive et anéantit en quelques années le puissant royaume de Mitanni. Cet anéantissement et la nouvelle puissance hittite sont peut-être à l’origine de la disgrâce de Kiya, épouse probablement d’origine mitanienne. Ainsi, le Hittite est en contact direct avec Azirou et pénètre dans la zone d’influence égyptienne. Toute la région au Nord de Tyr et celle de Damas subissent les assauts hittites. Les souverains de la région fidèles à Pharaon envoient des lettres à Amarna. Contrairement à la tradition souvent admise, Akhenaton décide une campagne militaire pour contrer les adversaires. L’armée égyptienne s’attaque à la ville de Qadesh (en Galilée et non la Qadesh sur l’Oronte). Cette réaction égyptienne échoue. Toutankhamon y fera référence quelques années plus tard. Souppilouliouma réagit et décide d’envahir l’Amqi. Il semble que c’est durant cet événement qu’Akhenaton meurt. Il faudrait donc placer cette action militaire vers l’an 16 ou 17 du règne du pharaon. Cette proposition de chronologie est largement contestée car, on place généralement cette campagne militaire à la fin du règne de Toutankhamon. Il semble aussi que Toutou, personnage clé pour Pharaon en Palestine, soit en réalité de mèche avec Azirou et les Hittites. Une femme-roi ? Jusqu’à présent, aucune source connue ne nous permet d’attribuer un fils à Akhenaton. Tous les enfants mentionnés sont des filles. Le roi tente d’avoir un héritier avec Néfertiti, Kiya et même avec plusieurs de ces filles. Sans résultat semble-t-il. Le fait marquant du règne après l’an 12 est la présence d’une femme ayant une dignité semi-royale. Elle possède les insignes royaux en même temps qu’Akhenaton. Malheureusement les quelques documents existants, dont des stèles, ne nous renseignent pas sur l’identité de la femme. On sait juste qu’il s’agit d’une femme. Le choix doit se faire entre Kiya, Néfertiti et Méritaton. L’un des problèmes est que l’on ne situe pas exactement la date de couronnement. Tout juste peut-on affiner : après l’an 12 et avant l’an 17. On sait que Méritaton joua un grand rôle politique durant les dernières années du règne. Il peut aussi s’agir de Néfertiti. Mais, les sources se montrent très difficiles et souvent incomplètes. Kiya ne semble pas la meilleure candidate. Deux noms pour un mystère Les dernières années d’Akhenaton posent d’innombrables problèmes outre l’énigme de l’effacement du nom d’Amon. Entre la mort du roi et le couronnement du jeune Toutankhaton, trois à quatre ans passent. Dans ce court laps de temps, il semble que deux pharaons règnent. Le premier est : Néfernéférouaton Ankhkhéperourê et le second, le très obscur Smenkharé. Certains pensent voir en Néfernéférouaton, la grande épouse Néfertiti. Cette hypothèse n’est nullement impossible même si les sources connues restent incertaines. On ne sait pas pourquoi le nom de Néfertiti disparaît des textes (mort ? accession au trône ? disgrâce ?). La tombe de Meryrê fournit un indice important : une scène contenant trois cartouches, ceux de Ankhkhépérourê, de Smenkharê et ceux de Méritaton. Sur un moule découvert à Amarna, on a retrouvé les cartouches de Ankhkhépérourêt et de Smenkharê. Néfernéferouaton est une sorte de prénom de Néfertiti. Les deux noms sont souvent associés. Lorsque le nom de Néfertiti disparaît des textes, Néfernéférouaton continue à apparaître, mais associé à Ankhkhépérourê. Il est possible qu’Ankhkhépérourê Néfernéferouaton ait régné avec Akhenaton à la fin du règne. Ce (cette ?) Ankhkhépérourê Néfernéférouaton a régné plus de deux ans, une troisième année est mentionnée. À ces années, on ne prend pas en compte le règne simultané avec Akhénaton. Comment situer et comprendre Ankhkhépérouré Smenkhkharé ? Une scène à peine esquissée, montrant ce roi, dans la tombe de Méryrê II fut aussitôt abonnée. Cela prouve que le possible règne de Smenkharé fut extrêmement bref, quelques mois, tout au plus. Si Ankhkhépérourê Smenkharê est un roi différent d’Ankhépérourê Néfernéferouaton, qui est-il ? Un prince royal inconnu ? Un prince étranger (fils du roi hittite) ? Des objets de la tombe de Toutankhamon étaient à l’origine destinés soit à Ankhkhépérourê Néfernéferouaton soit à Ankhkhépérourê Smenkharê. Tout comme Kiya, Smenkharê fut dépouillé de son mobilier funéraire. Aujourd’hui, impossible d’en dire plus, les sources sont confuses et les hypothèses fragiles. Certains égyptologues mettent en doute son règne et son existence. L’emploi abusif de Smenkharê dans les romans et ouvrages historiques brouille la réalité et induit en erreur les lecteurs. On a même retrouvé l’étiquette d’une jarre portant un cartouche au nom de Séhétépaton… Qui est-ce ? A-t-il régné ? Aucune réponse ! Le fils du Hittite L’époque amarnienne est marquée par un évènement étonnant : une reine égyptienne demande au roi hittite d’envoyer son fils pour l’épouser et le faire Pharaon des Deux Terres ! Habituellement, on place cette démarche égyptienne à la mort de Toutankhamon. D’un point de vue chronologique, cette hypothèse paraît difficilement envisageable car la transition Toutankhamon et Aÿ se réalise très rapidement. Il semblerait plus judicieux de placer cette négociation entre la mort d’Akhénaton et le couronnement de Toutankhaton. Le roi hittite Souppilouliouma conquiert la vallée de l’Anqi. Au même moment, un pharaon meurt et il reçoit une lettre de sa veuve. Tandis que le roi hittite s’empare de la ville de Karkémish, il envoie un chambellan vérifier la demande et la situation égyptienne. L’envoyé hittite revient accompagné d’un dignitaire égyptien et d’une lettre de la reine, s’indignant de l’attitude du roi et dit explicitement ne pas avoir de fils. À en croire les sources hittites, la reine cherche un fils pour le trône. Le roi envoie alors un de ses fils en Égypte, mais celui-ci semble avoir été tué (comment et par qui ?). Actuellement, les spécialistes estiment que le nom de Nibkhouroureya serait Toutankhamon. Akhenaton s’écrivant en cunéiforme : Napkhouroureya. Pour Claude Vandersleyen, la prudence est de mise. La seule lettre de Souppilouliouma compréhensible des archives d’Amarna est la lettre EA 41. Le nom est malheureusement tronqué en Khoureya. On hésite à l’attribuer à Akhenaton ou à Toutankhamon. La lettre EA 9 du roi de Babylone cite le roi Nibkhouroureya, soit Toutankhamon. Il est pourtant admis que le corpus des lettres d’Amarna est homogène dans sa chronologie. Attribuer les lettres EA 9 et 41 à Toutankhamon signifie que l’on sort ses documents du cadre homogène du corpus. En conclusion, nous ne devons pas attribuer formellement les lettres à l’un ou l’autre pharaon. D’autre part, il y a au moins deux voyages entre l’Égypte et le royaume hittite. Or, entre la mort de Toutankhamon et le couronnement d’Aÿ, il s’écoule 70 jours. La figuration d’Aÿ en pharaon dans la tombe du jeune roi peut signifier qu’Aÿ avait pris le pouvoir bien avant l’échéance des 70 jours. La succession de Toutankhamon n’apporte peu ou pas de confusion, alors que la confusion est totale après la mort d’Akhenaton. En replaçant cet épisode entre la mort d’Akhenaton et l’accession de Toutankhamon au trône, quelle identité donner à la veuve ? Il faudrait choisir entre Néfertiti et Méritaton (éventuellement Kiya mais très improbable). La veuve précise qu’elle n’avait pas fils. On peut en conclure qu’Akhenaton n’avait aucun fils. Cela signifie que Toutankhaton n’est pas un fils d’Akhenaton et qu’il paraît appartenir à une branche secondaire de la famille royale. Le représentant hittite avait fait sans doute une enquête à Amarna. On peut se demander si Toutankhaton résidait à Amarna, échappant ainsi aux recherches hittites. La tombe 55 de la Vallée des Rois La tombe 55 (KV55) suscite toujours d’importantes discussions. KV55 fut sans doute initialement dédiée à Tiyi. Elle fut d’abord enterrée à Amarna avant le transfert de la capitale à Thèbes sous Toutankhamon. KV55 fut scellée au nom de ce roi. Le jeune souverain transféra l’ensemble des momies à Thèbes (comme celle d’Akhenaton). À une date indéterminée, la momie de Tiyi et une grande partie de son mobilier funéraire furent retirées de KV55. Les objets du second personnage enterré ont subi l’ablation systématique de son nom, rendant impossible toute identification. Le grand sarcophage était à l’origine celui de Kiya puis fut remployé pour un roi. L’identification du sarcophage pourrait nous aider à connaître le nom de la momie. Aujourd’hui, on hésite entre Akhenaton et Smenkharê. La seconde hypothèse est l’idée la plus souvent retenue. Comment savoir ? Quoi qu’il en soit, le mobilier funéraire de Kiya et des successeurs immédiats d’Akhenaton fut pillé et réutilisé au profit de Toutankhamon. Toutankhaton Qui était Toutankhamon ? On ne connaît pas l’identité de ses parents. Une seule source (un bloc retrouvé à Hermopolis) désigne Toutankhamon comme " fils du roi ". Il est plausible qu’il existe un lien familial entre la momie de KV55 et Toutankhamon. Le jeune Toutankhaton accède au trône plusieurs années après la mort d’Akhénaton. S’il avait été un fils de celui-ci, il aurait été étonnant de ne pas le rencontrer dès la mort d’Akhenaton. À son couronnement, il a toujours son nom de Toutankhaton. Ce couronnement tardif pourrait signifier son appartenance à une branche secondaire. Même s’il fut le fils d’Amenhotep III, le soutien de dignitaires puissants était une condition sine qua non à son couronnement. Aÿ, un des plus influents dignitaires de la Cour, fut sans aucun doute un soutien précieux, tout comme ceux d’Horemheb et de Nakhtim. Si Toutankhaton n’était pas à Amarna où était-il ? Certains pensent qu’il a pu résider à Akhmîm, région d’origine d’Aÿ et de Néfertiti (?). Dans la partie nord d’Amarna, les fouilles ont mis au jour des objets pourtant les noms de Néfertiti et de Toutankhaton. Le nom de Smenkharê se retrouve aussi sur des chatons trouvées de cette même zone. Le nom de Toutankhamon seul fut aussi retrouvé. On ne sait pas où se trouvait Toutankhaton lors de son avènement au trône et la date exacte de son changement de nom : de Toutankhaton à Toutankhamon. Les témoignages retrouvés à Amarna, comme le précise judicieusement Vandersleyen, ne prouvent en rien la présence ou le séjour de Toutankhaton à Akhetaton. L’analyse des étiquettes de jarres est à ce propos un exercice complexe et les égyptologues ont parfois le plus grand mal à les placer dans tel ou tel règne. Le changement de nom a pu se réaliser très rapidement, sans doute pour les besoins du couronnement à Thèbes. En tout cas, tout ne fut pas immédiat puisque des objets ont été marqués du nom de Toutankhaton. Il est même fortement possible que des trônes d’Akhenaton furent repris pour Toutankhamon. Dès son avènement, le jeune roi avait pour épouse, Ankhesénamon. Dans la tombe du roi, plusieurs objets restèrent au nom de Toutankhaton et des adaptations plus ou moins soignées furent réalisés pour d’autres. Un des premiers documents datés est la stèle de restauration (usurpée par Horemheb). Les travaux dans les temples thébains (Louxor et Karnak pour ne citer qu’eux) ont été repris avant Toutankhaton, celui-ci ne faisant que poursuivre les restaurations en cours. Dès la mort d’Akhenaton, les " relations " avec Thèbes sont à nouveau vivaces. Toutankhamon règne une dizaine d’années, neuf années pleines et quelques mois de l’an 10. Une source indique l’an 14 de Toutankhamon mais, elle n’est pas prise en compte. Du règne du roi, on ne connaît pas grand chose. Un grand nombre de monuments et statues ont été usurpés par Horemheb. On sait qu’il reprit les travaux menés sous Amenhotep III. Il fait décoré la grande colonnade de Louxor. En Nubie, il érige un temple au culte d’Amon. Curieusement, ce temple se nomme Gempaaton, étrange référence. Le règne marque un renouveau extraordinaire des tombes privées. La nécropole de Saqqarah recèle des merveilles de l’art post amarnien (ex. : les tombes de Maya et d’Horemheb). Les principaux travaux furent continués sous le règne d’Aÿ. L’activité militaire sous Toutankhamon ne fait aucun doute. Même si sous Akhenaton, on peut attester d’au moins une campagne en Palestine, la réelle reprise militaire se réalise sous Toutankhamon. Une campagne est attestée à Karnak et aussi dans la tombe d’Horemheb à Saqqarah. Si on place les négociations avec le roi Hittite avant Toutankhamon, cette campagne est la conséquence de la mort du fils du roi hittite. Plus prosaïquement, il se pourrait que cette campagne soit aussi une expédition de reprise en main d’une partie du Delta et dans le Retenou. Une campagne en Nubie a sans doute eu lieu sous la conduite du vice-roi Houy. Il semble aussi que des représentants de Pount apportent des présents au pharaon La tombe de Toutankhamon pose problème. Est-elle la tombe initialement prévue pour le roi ? Des égyptologues pensent que non. KV62 ne serait pas une tombe royale. Comme il est mentionné plus haut, certains objets du mobilier funéraire n’appartiennent pas au roi mais ont été usurpés. L’un des cas d’usurpation la plus célèbre est celle du second cercueil et du sarcophage. À l’origine, ces deux pièces n’avaient pas été réalisés pour le jeune roi. La mort est souvent l’occasion de prononcer les mots : “complot” et “meurtre”. Rien ne prouve que Toutankhamon ait été assassiné. Les grands dignitaires même s’ils étaient parfois plus puissants que le roi, ont toujours eu le sens de la hiérarchie, comme le prouve la carrière d’Aÿ. Horemheb, jusqu’à présent effacé, commence à prendre de l’importance sous Toutankhamon. Il semble qu’il fut destiné à prendre la succession du roi. Une partie du pouvoir était entre ses mains. Mais, c’est Aÿ qui accède au trône. L’hypothèse qu’il ait ensuite épousé la veuve de Toutankhamon, elle est largement récusée. En effet Ankhèsenamon ne semble plus tenir aucun rôle politique après la mort du jeune roi. Encore un autre mystère… Aÿ Le règne du vieux dignitaire Aÿ fut court, à peine quatre ans. Il a laissé peu de traces. Il ne semble pas y avoir d’activité militaire en Nubie et en Asie. Aÿ semble vouloir honorer la mémoire du jeune roi et continuer les travaux. La question se pose sur son accession au trône. L’a-t-il fait d’une manière autoritaire, avec l’appui d’Ankhèsenamon ? Mystère. Il est probable que son règne fut une suite de tensions avec Horemheb. Le temple d’Aÿ à Karnak laisse penser à une grande rivalité entre les deux hommes. Horemheb fait effacer les noms d’Aÿ mais respecte ceux de Toutankhamon (dans les premiers temps du règne tout du moins). C’est tout de même grâce à Toutankhamon qu’Horemheb acquiert une importance considérable. On peut supposer qu’Horemheb pouvait espérer ( ?) succéder au jeune roi. Sous Aÿ, Horemheb est peu présent, le général Nakhtmin prenant une place importante. Il est possible qu’Aÿ, en fin politicien, tente d’écarter Horemheb du pouvoir en plaçant un homme de confiance. L’effacement des cartouches d’Aÿ résulte peut-être d’une vengeance d’Horemheb. La tombe du vieux dignitaire (KV23) a été pillée et martelée. Encore faut-il savoir si Aÿ fut réellement inhumé dans la tombe 23. Les avis divergent. Si Aÿ ne fut pas enterré dans sa tombe, pourquoi et où le fut-il ? Horemheb Avec Horemheb, l’Égypte entre dans une nouvelle ère, l’époque ramesside. À son avènement, il avait déjà pour épouse Moutnedjmet. L’origine et la filiation de cette reine sont incertaines Souvent, on considère Moutnedjmet comme la soeur de Néfertiti, sans preuve. Tout aussi obscure est l’origine d’Horemheb. On pense que sa carrière a pu débuter sous Akhenaton mais rien ne le prouve réellement. L’assimilation d’Horemheb à Paatonemheb demeure une théorie fragile et indémontrable actuellement. Il est certain que sous Toutankhamon, il prend de l’importance mais doit faire face au puissant parti Aÿ– Nakhtmin. Dans sa tombe de Saqqarah, il se porte le titre de iry-pat. Il se considérait sous Toutankhamon comme le régent du royaume. Durant le règne d’Aÿ, Horemheb perd une partie de son influence mais retrouve de sa superbe à la mort du vieux dignitaire. Il se fait couronner dans un palais proche du temple de Louxor. Tout militaire qu’il soit, il ne semble pas y avoir sous son règne de campagnes en Asie. Le nouveau pharaon possède deux grandes hypogées : l’une à Saqqarah où il fait ajouter sa nouvelle qualité de souverain et une autre dans la Vallée des Rois, la tombe 57. C’est à lui que l’on doit l’effacement systématique des noms d’Aÿ et de Toutankhamon. Il est possible que Pharaon ait aussi ordonné la destruction d’un grand nombre de statues. Une des énigmes de ce règne concerne sa durée. On ne connaît pas sa durée exacte. Actuellement, on lui attribue 13 ans, grâce à une inscription découverte dans sa tombe de Saqqarah. Il existe deux autres dates : l’an 27 et l’an 59. L’indication de l’an 27 serait la date d’inhumation d’Horemheb dans sa tombe de la Vallée des Rois. Entre l’an 13 et l’an 27, il y a un vide dans les sources. Cette situation n’a rien d’exceptionnel. Cette absence de documentation durant 14 ans n’est nullement un argument en faveur d’un règne de 13 ans. Pour l’an 59, cette faille de la documentation proviendrait du fait qu’Horemheb ait fait débuté son règne à la mort d’Amenhotep III et non à la mort d’Aÿ. Encore un mystère. On représente souvent Horemheb comme l’inquisiteur d’Akhenaton. C’est peut-être prendre des raccourcis historiques dangereux. Certes, il a fait démonter des temples de Thèbes-Est qu’Amenhotep IV avait construit, mais est-ce pour autant un acte d’anathème ? Même si le démontage est incontestable,,ce n’est pas pour autant que les figures d’Akhenaton furent effacées. Si Aton n’a plus la primauté sur les autres dieux (remarquez que je n’emploie pas ici le terme de Dieu unique, Amon n’est pas le dieu par excellence d’Horemheb. Tous les autres dieux sont célébrés, tout comme Aton. L’un des plus importants dignitaires du règne est le vizir Paramessou. Horemheb le désigne comme successeur. Il prendra le nom de Ramsès Ier. Tout comme Akhenaton, Toutankhamon et Aÿ, Horemheb n’a aucun fils pour prendre sa succession. La carrière du vizir était déjà longue. Il avait un fils, Sethi (futur Sethi Ier), capable de lui succéder. La période amarnienne se termine définitivement avec Horemheb même si elle l’était déjà depuis le décès d’Aÿ. Le soin apporté à l’effacement de certains rois de la mémoire collective n’empêcha pas la réutilisation de certains concepts déjà en partie repris par Horemheb. Ramsès II le fera sans aucune vergogne. Les parents de Toutankhamon : une solution ? L’identité des parents de Toutankhamon est pour certains un problème, pour d’autres, un faux débat. L’identification est liée à plusieurs éléments et hypothèses. Il n’y a pas de doute sur le fait que Toutankhamon soit bien un fils de roi. Deux noms sont alors possibles : Amenhotep III ou Akhenaton. Aujourd’hui, on admet souvent que Toutankhamon est mort à l’âge de 16 – 17 ans et non vers 20 ans. Cela signifie donc que le jeune roi avait à peine 8 à 9 ans à son avènement, soit 5 – 6 ans à la mort d’Akhenaton. Cela impliquerait que Toutankhamon soit né en l’an 12 ou 13 d’Akhenaton. Si Amenhotep III est le père de Toutankhamon, comment surmonter le problème des années ? Tout simplement en imposant une co-régence longue d’une douzaine d’années ! Si Akhenaton est le père du jeune roi, qui est sa mère ? Néfertiti ? Kiya ? Une concubine ? Pourquoi Toutankhamon, fils royal, n’a-t-il pas été couronné pharaon immédiatement après le trépas d’Akhenaton ? Cet article s’appuie sur les travaux de l’égyptologue français M. Gabolde et plus particulièrement sur son livre : D’Akhenaton à Toutankhamon. Cet ouvrage a l’avantage d’être en français et surtout de présenter dans sa globalité le problème amarnien. La naissance de Toutankhamon et le trône d’or Si comme de nombreux égyptologues le pensent, comme Gabolde et Vandersleyen, Toutankhamon est mort vers 17 ans, cela signifie qu’à son avènement, il n’avait pas plus de 8 ans. Certains sièges et tabourets de petite taille vont dans ce sens. Le trône d’or est plutôt adapté à un adulte. Or, ce trône porte la marque d’Aton et de Toutankhaton. Il ne fait guère de doute que ce trône ait été remployé pour Toutankhamon. L’égyptologue Earl L. Ertman a récemment démontré que le trône ne peut que dater du règne d’Akhenaton, des détails stylistiques du corps du roi l’indiqueraient : tout d’abord, le nombril est plutôt de style amarnien (rectangulaire), alors que celui de Toutankhamon est plutôt rond dans les représentations. Des exceptions sont toutefois visibles, dans la tombe du jeune roi, on peut voir un nombril de type amarnien sur le décor mural ou encore sur le « coffre » à onguent à double cartouche. Mais, dans ce dernier cas, l’identité du roi représenté est incertaine. Aucun texte ne la précise. L’autre détail intrigant est la présence de trois plis graisseux sur le torse. L’art amarnien utilise cela presque systématiquement, ce qui n’est nullement le cas à l’époque de Toutankhamon. Un doute sérieux peut donc être émis sur l’identité du couple royal du trône, et dire qu’Akhenaton pourrait être le véritable propriétaire n’est nullement une aberration. Pour certains, le masque funéraire de Toutankhamon serait en réalité une usurpation. Hypothèse loin d’être saugrenue, plusieurs éléments très proches de la momie n’avaient pas été conçus pour Toutankhamon. Akhenaton est-il le père de Toutankhamon ? Si Toutankhaton est né vers l’an 12 ou 13, il est difficile d’envisager Amenhotep III comme père. Cela nécessiterait une longue co-régence entre les deux souverains. Cela paraît (très) peu probable aujourd’hui. Même si aucune preuve archéologique n’a été retrouvée pour le moment, tout concorde à réfuter une co-régence longue. Aucun domaine d’Amenhotep III à Amarna n’a été retrouvé par les fouilleurs. On peut éventuellement admettre une co-régence de deux ou trois ans. Comme Toutankhamon est qualifié de « fils de roi », le choix ne peut être qu’Akhenaton. Et la mère ? L’identification de la mère de Toutankhamon est plus délicate. Est-ce Néfertiti ? Kiya ? Une épouse secondaire ? Les sources et leur interprétation sont hasardeuses et souvent incomplètes ou ambiguës. Néfertiti n’était pas « grande épouse royale » d’Amenhotep IV à l’avènement de celui-ci. Il semble que Néfertiti n’apparaisse seulement que vers l’an 2 ou 3. Cette situation « surprenante » peut s’expliquer par le jeune âge d’Akhenaton. Nous ne savons rien de Néfertiti, son véritable nom demeure inconnu. De ce couple royal, nous ne connaissons « officiellement » que six filles. Kiya n’a jamais eu une grande importance à Amarna. Elle n’est jamais citée en qualité de « grande épouse royale ». D’elle, on ne connaît que trois monuments, tous usurpés. Elle n’est jamais citée dans les tombes d’Amarna, ni durant le règne thébain d’Amenhotep IV. Kiya est sans doute une Mitanienne, peut-être une épouse d’Amenhotep III. Elle a un enfant d’Akhenaton, visiblement une fille du nom de Baketaton. Elle disparaît aux alentours de l’an 16. On ne connaît pas les raisons de cette disparition. Certains égyptologues voyaient en Kiya la mère de Toutankhamon, voire le successeur d’Akhenaton. L’usurpation de tous ces monuments et sa faible présence dans les sources amarniennes (ainsi que l’usurpation de son mobilier funéraire) permet difficilement une telle analyse. Notons aussi que Tiyi, la grande épouse d’Amenhotep III, est citée sur plusieurs objets de la tombe de Toutankhamon, mais n’est jamais présentée en qualité de « mère du roi ». Gabolde, sans doute à juste titre, pense que des scènes de la tombe royale d’Akhenaton à Amarna peuvent fournir des indices. Dans la salle alpha, paroi F, il y a deux tableaux montrant des funérailles et lamentations du couple royal devant des dépouilles. On voit dans le registre supérieur, une nourrice portant un jeune enfant (enfant que l’on voit aussi dans la salle gamma). Dans le registre inférieur, il y a des lacunes mais, en prenant un parallèle avec le tableau gravé dans la salle gamma, on peut penser, comme le fait Gabolde, que le tableau inférieur de la paroi F reprend le même thème iconographique que le registre supérieur. Si on suit cette idée, on est en présence de deux décès et non d’un seul et unique décès. Dans la salle gamma, on voit le décès de Makétaton. Dans cette même salle, on ne voit que trois filles (sur six) représentées derrière le couple royal. Cela signifie que trois des filles sont décédées. Makétaton et deux autres que l’on devine dans la salle alpha. On suppose, par déduction, que les deux princesses de la salle alpha sont Neferneferourê et Setepenrê. Précisons que la décoration de la tombe royale suit l’évolution de la situation de la famille royale. Qui est cet enfant porté par la nourice ? Plusieurs égyptologues proposaient, avant Gabolde d’y voir Toutankhaton, mais, avec pour mère une autre femme que Néfertiti. Or, selon l’égyptologue français, il faut convenir que la mère de l’enfant est bien Néfertiti, comme semble l’indiquer la reconstitution des textes. Le bas âge de l’enfant peut indiquer que l’enfant est né peu avant le décès de Makétaton. En outre, il ne peut s’agir d’une des filles de Néfertiti, elles étaient toutes nées. On serait donc en présence d’un septième enfant de Néfertiti ! Or, on ne connaît pas de septième fille à cette reine. Il devient alors possible d’y voir Toutankhamon ! Vandersleyen propose plutôt d’y voir l’enfant d’une des filles qu’elle aurait eu avec Akhenaton. Cette réflexion semble douteuse et a été plusieurs fois réfutée. On peut écarter Kiya qui semble avoir eu une fille. De plus, ni elle ni sa fille ne sont représentées dans la tombe d’Akhenaton. Seuls les enfants de Néfertiti et celle-ci sont représentés. On peut alors conclure que l’on est en présence du tout jeune Toutankhaton ayant pour parents, Akhenaton etNéfertiti ! Pourquoi Toutankhamon n’est pas le successeur immédiat d’Akhenaton ? Fait étonnant, Toutankhamon, pourtant fils d’Akhenaton et sans doute de Néfertiti, n’accède pas au trône immédiatement, mais seulement trois ans après la disparition d’Akhenaton. Cette apparente aberration s’explique. Néfertiti disparaît à la fin du règne d’Akhenaton, peut-être dès l’an 16. Cette disparition n’a pas d’explication. Le successeur immédiat d’Akhenaton est la reine pharaon Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… que des égyptologues identifient à Néfertiti. Cette identification reste hasardeuse. On remarque aussi que Kiya disparaît des sources amarniennes peu avant Néfertiti. Cela est peut-être dû à une disgrâce, suite aux problèmes diplomatiques avec le Mitanni. Et l’on s’aperçoit aussi qu’à la même époque, disparaît le nom de la fille aîné, Meritaton ! Or, dans la tombe d’Akhenaton, on ne retrouve pas trace d’une scène funéraire concernant Meritaton ! Alors que l’on a des traces d’inhumation de Néfertiti dans la tombe. Meritaton est donc toujours en vie en l’an 17. On sait aussi que Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… contracte un « mariage » avec Akhenaton peu avant la mort du pharaon. Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… devient alors « grande épouse royale » (la seule en titre, car Néfertiti n’est plus citée en l’an 17) et co-régente du royaume ! Plusieurs indices, dont plusieurs lettres diplomatiques, permettent d’avancer l’hypothèse que Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… serait, non pas Néfertiti, mais Meritaton ! Bref, quand Akhenaton meurt, il y a une co-régente et « grande épouse royale » : Ânkh(et)kheperourê… Neferneferouaton… Ce personnage est donc légitimé et légitime pour accéder au trône. S’il s’agit de Meritaton, elle bénéficie en plus de sa « qualité » d’enfant aînée. Le jeune Toutankhaton, âgé d’à peine 5 ans, n’est pas l’aîné. Mais si Meritaton n’avait eu que le statut de fille aînée, cela aurait posé plus de problème pour prendre la couronne. C’est sous le règne de Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… qu’il faudrait replacer les demandes égyptiennes pour obtenir un mariage avec un des fils du roi hittite. L’affaire ne peut se dérouler à la mort de Toutankhamon, car Aÿ succède immédiatement à celui-ci. La veuve qui écrit au roi hittite dit qu’elle n’a pas de fils. Meritaton n’a pas eu d’enfants. Si Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… était Néfertiti, cette affirmation aurait été audacieuse, car elle est sans doute la mère de Toutankhamon. Quand des émissaires hittites viennent à Amarna pour observer la situation, il est plus que probable que le jeune Toutankhaton n’est pas à Amarna. Sa présence est d’ailleurs difficile à déterminer avec précision à Amarna. On peut aussi penser que Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… cherche à écarter tout rival ou tout parti égyptien. C’est alors qu’apparaît le « roi » Semenkhkarê. Ce « roi » est distinct de Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… Il apparaît, d’après la documentation, que ce « roi » n’a pas de règne indépendant de Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton…, qui règne avant et après Semenkhkarê. Le nom même de Semenkarê pose des difficultés d’interprétation. Semenkarê serait le nom de couronnement du prince hittite, Zannanza. Certaines lettres hittites font penser que ce prince est bien mort en Égypte, le meurtre n’est pas à exclure, même si le contexte n’est guère aisé à déterminer. Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… règne trois ans. Semenkhkarê n’a pu guère dépasser un an. On sait aussi que Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… retourne à Thèbes avant la fin de son règne. Amarna est donc abandonnée avant le couronnement de Toutankhaton. Celui-ci n’a jamais eu Amarna pour capitale. Pourquoi voit-on deux pères ? L’ambiguïté des sources a longtemps été la cause d’incompréhension. Il faut aller au-delà de la lecture première. Dans les sources, on peut attribuer deux pères à Toutankhamon : Amenhotep III et Akhenaton. Nulle part dans la tombe du jeune roi, on ne trouve le moindre indice d’une filiation. Comme l’a récemment expliqué Marc Gabolde dans une conférence, la reconnaissance d’Amenhotep III par Toutankhamon n’est pas due à sa filiation directe, mais plutôt à une reconnaissance politique, voire religieuse. Toutankhamon se présente comme le continuateur d’Amenhotep III en reprenant ses travaux. Cette attitude pouvait aussi être le reflet d’une volonté politique pour asseoir le pouvoir du jeune roi, en faisant référence au glorieux roi Amenhotep III et non directement à Akhenaton, bien que Toutankhamon ne renie ni Akhenaton, ni Aton. Pour preuve, les objets de sa tombe conservant Aton et la forme Toutankhaton. L’anathème envers Akhenaton viendra plus tard. On peut penser que Toutankhamon souhaite ne pas apparaître comme le successeur immédiat de Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… d’où l’usurpation de son mobilier funéraire. Et il semblable aussi que Toutankhamon réinhume son père Akhenaton dans la vallée des rois (KV 55 ?). Là aussi, il y a un souci de légitimation de Toutankhamon par rapport à Akhenaton, en se présentant comme son successeur. Il omet ainsi Ânkhetkheperourê… Neferneferouaton… Aÿ fait de même avec Toutankhamon pour légitimer son accession au trône. Aÿ trouve un stratagème à la fois symbolique et politique. En s’affichant dans la tombe de Toutankhamon, Aÿ, fait le lien avec le règne de Toutankhamon et le sien. Il légitime son nouveau rôle de roi en présence (posthume) de Toutankhamon. • Toutankhamon intrigue toujours ! Une équipe de chercheurs et de radiologues égyptiens a réalisé une image numérique de la momie de Toutankhamon espérant résoudre le mystère de la mort de ce jeune roi. C'est la quatrième fois depuis sa découverte que le sarcophage du jeune roi est ouvert. Un travail pénible à exécuter : avec des cordes, les ouvriers égyptiens s'efforcent d'enlever le couvercle doré du sarcophage. Mission accomplie. On passe à la tâche la plus dure, soulever le cercueil capitonné de tissu et de coton, dans lequel repose le pharaon. « Attention ! attention ! doucement ! », crie Zahi Hawass. Enfin le cercueil est hissé et posé. La momie est là, figée. Étrange face à face. La momie sort maintenant de la tombe pour rejoindre le camion d’examen, un projet d'un million de dollars, fruit d'une donation de la société allemande Siemens et de l'organisation américaine National Geographic. La momie ne franchira pas la Vallée des Rois contrairement à ce qu'aurait souhaité Hawass au départ. Il voulait la transférer au Caire pour qu'elle soit examinée par les radiologues. Sous le feu des critiques de la presse, mais aussi de certains responsables, Hawass renonce à cette partie du projet. « Ce n’est pas seulement la cause de sa mort qui suscite l’intérêt des archéologues, mais aussi sa généalogie qui est peu claire. Est-il le fils ou le demi-frère d'Akhenaton, le pharaon "hérétique" qui a présenté une forme révolutionnaire de monothéisme en Égypte antique et qui était le fils d'Amenhotep III ? » se demande Sabri Abdel Aziz, directeur des antiquités égyptiennes au CSA. Il était alors temps de mener l'enquête. A partir de ce scanner capable de prendre 1700 images en 15 minutes, on pourra le savoir, précise Hawass. On s'approche du camion. Sur une plateforme mobile le cercueil monte et le pharaon de la XVIIIe dynastie est finalement prêt pour sa première image numérique. Tout le monde attend. Le Ct scan donnera t-il des éléments nouveaux ? « Le CT scan montre ce que les simples radios ne peuvent pas montrer », souligne Hawass, espérant découvrir quelque chose de neuf et de régler beaucoup de questions en suspens. « Une radio lui a été faite il y a 36 ans, celle-ci a montré une fracture de l'os du crâne. Mais cette expérience n'était pas assez sophistiquée à l’époque pour déterminer la raison exacte de la mort. Par contre, le CT scan donnera beaucoup plus de détails. Il y a eu tellement d’histoires écrites sur la cause de la mort de ce jeune roi que cette affaire devrait être tranchée une fois pour toute », reprend-il. Les traits précis de sa tête se dessinent sur l'ordinateur. On voit facilement le petit trou dans sa tête. Tué d'un coup à la tête ou tombé de son char, telles sont les questions que se sont posés les égyptologues dès qu'ils ont vu ce trou dans le crâne pour la première fois. A ces deux hypothèses, Hawass en ajoute une autre : « C'est fort possible que ce soit Carter lui- même qui l’ait fait, au moment où il a enlevé le masque ». Le meurtre n’est cependant pas exclu. La scanographie devait durer une heure seulement, mais finalement le monarque est resté dans le camion pendant un peu plus de deux heures, les rumeurs ont couru que le scanner ne fonctionnait pas correctement. « C’est la malédiction des Pharaons», dit Hawass en riant. A 20h15, la porte s'ouvre. Toutankhamon peut rejoindre sa tombe. Les résultats sont attendus dans quelques semaines. Le fait de déplacer la momie a montré à quel point elle est dans un mauvais état. « Après le scanning, on va immédiatement commencer le processus de restauration de la momie pour la protéger et la préserver », assure Sabri Abdel Aziz. En fait, ce n'est pas la première fois qu'une momie égyptienne est scannée. Celle de Ramsès Ier a subi les mêmes examens. Et ce ne sera pas la dernière. « Le scanner va rester en Égypte. Notre organisation compte faire un projet sur une durée de cinq ans pour scanner plusieurs momies égyptiennes », souligne Terry Garcia, Vice-président exécutif du National Geographic. Selon lui, ces examens de CT vont permettre de mieux préserver les momies pour pouvoir ensuite les restaurer. « Un documentaire sur les momies royales égyptiennes est prévu dans ce projet », dit Garcia. Hawass a donné des droits exclusifs pour filmer des événements archéologiques à certains médias en échange d'aide financière ou de recherches. Résumons Quand Howard Carter, après cinq longues années d'efforts, ce 24/11/1922, découvre la tombe de Toutankhamon et son trésor funéraire jamais égalé à ce jour, il ignore qu'il va ouvrir la porte à une controverse entre archéologues qui dure encore aujourd'hui.Le jeune homme dans son sarcophage entouré de deux tonnes d'or et 4000 objets divers dans les pièces adjacentes est d'une beauté incomparable. Mais qui se cache derrière ce masque devenu célèbre dans le monde entier. Qui est son père ? Qui est sa mère ? Quand a-t-il régné ? Comment est-t-il mort ? D'après les dernières recherches il est presque certain qu'il a été victime d'un vaste complot politique. Pourquoi ? Autant de questions auxquels il faudra répondre pour comprendre ce qui s'est passé. Situons-nous : Nous somme pendant la période appelée Nouvel Empire sous la XVIIIème dynastie en –1320 avant Jésus Christ ! Nous allons tout d'abord recenser les protagonistes de ce puzzle puis nous tenterons ensuite ensemble d'en rassembler les pièces. Les protagonistes Aménophis IV appelé Akhenaton. Premier Pharaon à avoir tenté d'imposer une vision monothéiste de l'existence de Dieu, à une société polythéiste où un bestiaire immense était vénéré par tout un peuple comme autant de Dieux. Pour cela il fut appelé le Roi hérétique. Il préfigurait pourtant la religion des Hébreux qui vénérèrent un seul Dieu Elohim et plus tard encore les Chrétiens avec Jésus Christ. En fait, ce Pharaon précurseur et visionnaire avait compté sans son clergé qui entra en guerre sourde contre son Dieu unique Aton ! Akhenaton a traumatisé son peuple. Son règne se termine dans la confusion. Guerrier, totalitaire, il multiplie les revers militaires avec les Hittites. Pour couronner le tout, une importante épidémie de peste ravage l'Egypte et le peuple ne manque d'y voir là la malédiction des Dieux rejetés. Néfertiti grande épouse royale. Je ne m'étendrai pas sur ce personnage célèbre dont Hollywood n'a pas manqué de tisser la légende. On sait qu'elle était d'une grande beauté car on a retrouvé des statues à son effigie. Elle a suivit son Seigneur et Maître Akhenaton (Akhenaton signifie fils d'Aton, Dieu solaire unique) dans toute ses entreprises. Kyia. Autre épouse d'Akhenaton appelée épouse ordinaire. Il faut rappeler ici que les Egyptiens de haute extraction pratiquaient couramment la polygamie. Cette Kyia a été découverte grâce à des inscriptions figurant sur les monuments d'El Armana. La capitale de l'Egypte d'alors, Thèbes, a été délaissé par Akhenaton au profit d'El Armana ce qui a causé un grand courroux parmi les prêtres de Thèbes dépossédés de leurs pouvoirs. Nous reviendrons sur ce site car il a son importance dans cette histoire passionnante. Néférnéférouaton (Méritaton ou Néfertiti). Elle pourrait être la sœur aînée de Toutankhamon ou Néfertiti l'épouse d'Akhenaton. On verra qu'elle a joué un rôle fort important à la fin du règne d'Akhenaton. Toutankhamon Jeune pharaon régnant de –1335 jusqu'à sa mort en –1326 soit sur une durée de 9 ans. L'autopsie de son corps a révélé qu'il avait environ 16 ans lorsqu'il a trépassé. Compte tenu de sa date de naissance approximative(- 1341) il avait donc 7 ans lors de son couronnement ! Des recherches approfondies ont permis de définir que sa date de naissance correspondrait à l'an 13 du règne d'Akhenaton et ce détail aura son importance le moment venu. Aménophis III. Plusieurs textes dédicacés par Toutankhamon à Aménophis III le désigne comme son "Père". Aménophis IV et Toutankhamon seraient-ils frères ? Sémenekharé. Ce prince Hittite aurait du prendre la succession d'Akhenaton. Ce faisant, il aurait pu changer la destinée de Toutankhamon . Il n'en fut rien Aï Grand Vizir sous le règne de Toutankhamon, il pourrait être le père de Néfertiti. A la mort de Toutankhamon il montera, pour peu de temps, sur le trône d'Egypte. Horemheb. Général sous le règne de Toutankhamon, il montera sur le trône d'Egypte après la mort d'Aï. Il deviendra ainsi le fondateur de la XIXème dynastie, les Ramesside Des découvertes stupéfiantes Des dizaines de statues, de coffres-chapelles, de trônes, trois grands lits funéraires, une flottille de 35 barques, des bijoux, des instruments de musique, huit boucliers, 34 boomerangs…Le trésor de Toutankhamon est un fastueux bric-à-brac. Mais ce qui a retenu l'attention des explorateurs c'est un buste de vase canope. Cette tête en albâtre en quatre exemplaires fermait les 4 vases contenant les viscères de Toutankhamon. D'une hauteur de 24 cm elle devrait normalement représenter notre jeune défunt. Mais il n'en est rien. Ce visage ressemble plutôt à celui d'une femme ! Plus fort encore, il semblerait que le tombeau où Toutankhamon a été retrouvé ne lui était pas été destiné à l'origine. Sa dimension ne correspond pas aux autres tombes royales ! Cette petite sépulture, où le Roi aurait été enseveli à la va-vite, parce que mort prématurément, n'a pas été préparée pour un souverain. "Elle a la forme typique d'une tombe privée" souligne Suzanne Bickel, spécialiste de la religion à l'Institut d'Egyptologie de Bâle. Elle ajoute : "Une petite pièce avec descenderie, à laquelle on aurait ajouté, en la transformant à toute vitesse en tombe royale, la salle du sarcophage". Cette salle a été décorée de peintures directement réalisées sur la roche, sans enduit ni relief. "Les scènes peintes ne sont pas typiquement royales", poursuit Suzanne Bickel, "en dehors d'un groupe de douze babouins acclamant le soleil qui provient du livre de l'Amdouat". Précisons que ce livre funéraire, apparu dans les tombes royales à la XVIIIème dynastie, décrit le voyage du soleil durant les douze heures de la nuit. Là, il s'agit seulement d'une évocation de la première heure. Pourtant, les objets déposés dans la sépulture semblent, eux, bien caractéristiques des mobiliers funéraires pharaoniques. Suzanne Bickel en conclut qu'on a voulu faire "comme" pour se rattacher tout de même à la tradition des tombes royales. Qui est ce "on" ? Nous avons parlé de mort prématuré au paragraphe consacré au tombeau royal. Le mot "prématuré" n'a pas été choisi au hasard. Des radiographies de la tête de la momie de Toutankhamon ont révélé la présence d'une blessure derrière l'oreille gauche qui aurait pu causer une hémorragie. Des chercheurs assez sérieux évoquent la thèse de l'assassinat ! Donc un complot politique. Pourquoi ? Un suspect est désigné par les chercheurs : Aï. Vizir de Toutankhamon, il monte sur le trône à sa mort. Aï est un homme de l'ombre, discrètement figuré sur plusieurs représentations derrière le Pharaon "comme en coulisses". Cet homme fut un grand personnage sous Akhenaton. Il est nommé "Père divin" et pourrait être le père de Néfertiti. Dernier fait bien étrange qui nous aide à mieux comprendre pourquoi Howard Carter mit tant de temps à découvrir la sépulture de Toutankhamon. Partout, dans toute l'Egypte, le nom de Toutankhamon a été effacé, martelé, ses effigies détruites, comme pour effacer son règne de l'Histoire et de la mémoire des Egyptiens. Les controverses Mais avant de commencer à reconstituer les évènements marquants de la courte vie de Toutankhamon nous devons répondre à plusieurs questions. La première est : qui étaient son père et sa mère. La logique voudrait que ce soit Akhenaton et Néfertiti. Une autre hypothèse a longtemps fait école : Aménophis III. Dans ce cas de figure Akhenaton serait le frère de Toutankhamon ! Mais une telle filiation, lorsque l'on confronte les dates de règnes des trois Pharaons, suppose une longue co-régence entre Aménophis III et Akhenaton. C'est invraisemblable. Selon Marc Gabolde de l'université de Montpellier il n'y a pas de doute : " Le meilleur moyen de déterminer sa parenté est encore de débuter l'enquête avec un témoin sûr : sa momie ". Toutankhamon serait né en l'an 13 du règne d'Akhenaton. Lequel, j'insiste, est alors seul sur le trône d'Egypte. Si Toutankhamon est fils de roi (comme l'atteste un bloc découvert à Hermopolis, ainsi légendé : Le fils du roi, de sa chair, son aimé), il est donc, forcement, fils d'Akhenaton. Logiquement, sa mère devrait donc bien être Néfertiti. Mais le couple royal souvent représenté dans des scènes intimistes sur les monuments d'El Armana, n'apparaît qu'avec des filles. C'est ici qu'entre en scène une épouse ordinaire : Kyia. "On s'est trop focalisé sur Néfertiti qui tenait auprès de son époux une place quasi théologique" Explique Jean Yoyotte. "Au point d'oublier que le Pharaon pouvait avoir d'autres conjointes." En effet, les archéologues découvraient il y a une quinzaine d'années, sur les monuments d'El Armana, une certaine Kyia. Aujourd'hui encore, pour beaucoup d'archéologues, cette Kyia est bien la mère de Toutankhamon."Pas d'accord !" Réplique Marc Gabolde, s'appuyant sur les inscriptions de la tombe royale d'El Armana, accompagnant la figure d'une femme tenant un jeune bambin dans ses bras. Ces inscriptions dont la longueur et la composition ne peuvent, selon lui, laisser penser qu'à un enfant de Néfertiti. Un enfant mâle, selon le déterminatif qui accompagne son nom détruit qui serait né vers l'an 13-14 d'Akhenaton. Comme Toutankhamon ! Toutankhamon usurpateur ? Il est temps de vous parler de Méritaton et de Sémenekhkaré. A la mort d'Akhenaton, le petit pharaon ne lui succède pas directement. Un personnage "fantomatique" occupe le trône durant 3 années. Cette histoire est confuse, les Egyptiens ayant "trafiqués" les preuves. Ils n'aimaient pas voir une femme sur le trône et cette femme pourrait bien être la propre sœur de Toutankhamon ! Dimitri Laboury explique : "Deux noms apparaissent pour cette période de 3 ans, ceux de Séménékhkaré sur des petits objets et celui de Néfernéférouaton (appelée aussi Méritaton) figurant sur des constructions et décors monumentaux d'El Armana". Cette dernière figure est troublante. Elle ressemble beaucoup aux bustes des vases canopes trouvés dans le tombeau de Toutankhamon ! Marc Gabolde voit ici Méritaton la sœur du jeune prince royal. Toutankhamon aurait donc usurpé une partie du trésor funéraire de sa sœur ? Pourquoi? Méritaton grande épouse royale Nous allons maintenant tenter de reconstituer les évènements clé de la vie de Toutankhamon. Quand Akhénaton meurt, l'Egypte est au plus mal. Les Hittites menacent toujours aux portes des frontières du pays. De plus une importante épidémie a ravagé la population entraînant des milliers de morts. Les prêtres d'Amon, le clergé de Thèbes, n'aiment pas ce Dieu unique Aton imposé par Akhénaton, qu'ils accusent d'être le responsable des malheurs de l'Egypte. Une guerre souterraine s'engage pour la restauration des anciens cultes. La grande épouse royale, Néfertiti n'intervient pas dans la querelle qui ne manque pas de réapparaître au grand jour à la Cour. Elle préfère laisser le champ libre à sa fille aînée Méritaton puisque le seul garçon mâle héritier dynastique d'Akhénaton n'a que 4 ans à la mort de son père. Je veux ici parler de Toutankhamon. Méritaton remplace donc sa mère dans sa fonction de grande épouse royale. Elle doit faire face aux menaces des Hittites. La sitituation est dramatique. Elle décide d'écrire une lettre incroyable au roi ennemi. Elle lui demande ni plus ni moins de lui envoyer un de ses fils pour régner à ses côtés ! Contrairement à toute attente, le Roi des Hittites, entrevoyant ainsi le moyen de mettre un pied en Egypte, accepte et lui envoie le fameux Sémemekhkaré. Mais ce dernier décède rapidement et Méritaton monte alors seule sur le trône. Elle ressent immédiatement la pression des Prêtres d'Amon qui l'enjoignent de revenir à Thèbes. Mais elle n'a pas le charisme nécessaire pour le faire. Elle engage néanmoins des réformes, impulsant ainsi en douceur un retour à la religion orthodoxe. Toutankhamon jeune pharaon 3 ans passent. Toutankhamon est en âge de devenir Pharaon et il est couronné lors de ses 7 ans. Il choisit comme Vizir, certainement sur les conseils de sa mère la belle Néfertiti, le secret Aï et comme chef de ses armées le Général Horemheb. Le cours passage de Méritaton sur le Trône d'Egypte ne convient pas aux Egyptiens. Le jeune Roi va récupérer le matériel funéraire de sa sœur (on préparait les tombes royales longtemps à l'avance) et il est plus que probable que le visage représenté par le buste trouvé dans le tombeau de Toutankhamon soit bien celui de Méritaton. Dimitri Laboury, auteur d'un passionnant travail sur le portrait du Pharaon conclut : " En récupérant le matériel funéraire de sa sœur, Toutankhamon a voulu la "dégrader", la rétrograder à son rang de princesse.". D'autre part, on a découvert ces dernières années que certains objets trouvé dans la tombe de Toutankhamon avaient été usurpés, volés à un autre Pharaon défunt : Des statuettes rituelles, mais aussi une bonne partie, sinon la totalité du dispositif canope (vase, coffre et sarcophages à viscères) ainsi que le second cercueil du Roi. Ceci confirme cela ! Le complot des prêtres Toutankhamon aidé de son Vizir qui le vénère et le protège va usurper aussi les initiatives de sa sœur en vue d'un retour aux Dieux préatonistes. Mais le temps presse pour les prêtres d'Amon. Un complot politique décide de sa disparition. Il sera assassiné ! Si rien ne permet encore d'étayer cette thèse, la cause de sa mort étant toujours inconnue à ce jour, on peut constater néanmoins sur sa momie qu'il meurt avec une blessure derrière l'oreille gauche pouvant entraîner une hémorragie fatale.Le fidèle Aï honore la mémoire du jeune roi. (Certains spécialistes pensent qu'il a été un peu rapidement calomnié par l'Histoire.) Il le fait inhumer dans une petite tombe de la Vallée des Rois, tombe que découvrira en 1922 Howard Carter. Les égyptologues s'accordent à penser que cette sépulture pourrait être celle prévue pour le Grand Vizir qui a agit dans la précipitation. Surtout s'il y a eu meurtre ! Ensuite, afin d'assurer la régence, Aï monte sur le trône d'Egypte car Toutankhamon bien que marié à sa propre sœur Ankhesenamon, n'a pas de descendance. Aï règne 3 ans puis meurt à son tour. Il sera le dernier représentant de l'épisode atoniste n'ayant pas accordé aux prêtres d'Amon ce qu'ils attendaient de lui. Horemheb Pharaon à son tour A la mort d'Aï, le général Horemheb accède au trône. Plus déterminé et plus fin politique que ses prédécesseurs, Horemheb s'empresse aussitôt de faire disparaître toutes traces de Toutankhamon. Il fait détruire ses effigies et remplace par martèlement le nom du proscrit par le sien. Les archéologues ont retrouvé, dans le temple de Karnak, une stèle dite "stèle de la restauration" où Horemheb a fait graver son nom à la place de celui du jeune roi. Cette stèle raconte comment Toutankhamon, découvrant son royaume en piteux états, ( les temples des dieux et des déesses, d'Eléphantine jusqu'aux marais du Delta, en ruine, envahis par la végétation,) décide d'élever de nouvelles statues et de reconstruire les sanctuaires. En s'appropriant le nom de Toutankhamon, Horemheb s'approprie également la restauration des anciens cultes, un des actes politiques les plus importants que voulait accomplir Toutankhamon. C'est sous le règne de Horemheb que la capitale de l'Egypte revînt à Thèbes. Les prêtres d'Amon triomphaient ! Tous les anciens Dieux furent à nouveau honorés. Pour cela Horemheb reste le fossoyeur de la XVIIIème dynastie. La XIXème dynastie commençait par une falsification de l'Histoire ! Destin d'un enfant-Roi Tout s'est ligué contre Toutankhamon. Le prince Hittite appelé par Méritaton, la sœur de Toutankhamon, est mort avant de monter sur le trône d'Egypte et lui même était trop jeune pour prendre les décisions qui s'imposaient. Qu'est-ce qui a causé sa perte ? Son manque de courage à changer de religion pour revenir aux anciens Dieux et passer d'Aton à Amon ? Non. Je crois que c'est plus simple. Il était le fils de son père, son héritier dynastique ! Et comme son père s'appelait Akhenaton, le détesté roi hérétique, il a forcément été associé à cette période noire. Il devait donc disparaître ! Mektoub ! C'était écrit dans le grand Livre de son Destin. Ce que vous venez de lire est la triste histoire d'un enfant Roi emporté par la tourmente de l'Histoire. 5000 ans plus tard les mêmes causes engendrent toujours les mêmes effets. Les hommes politiques n'ont pas changé et le Pouvoir est toujours synonyme de mensonges et de falsifications. J'espère que cette évocation du passé vous aura plu. L'égyptologie est une science à part entière, faite de beaucoup de recherches, de déductions, d'études, de réflexions, de patience en somme. J'aimerai avoir réussi à vous en persuader. J'aurai ainsi atteint mon but : vous faire partager ma passion pour l'Egypte ancienne ! Infos sur Toutankhamon Un scanner effectué en 2006 sur la momie de Toutankhamon a révélé que l'enfant-roi n'est pas mort assassiné, mais les chercheurs n'ont toujours pas réussi à percer le secret de son décès, selon le secrétaire général du Conseil des antiquité égyptiennes Zahi Hawass. "Les scientifiques n'ont trouvé aucune preuve que Toutankhamon a été assassiné, ni qu'il a été frappé à la tête, ni qu'il a été tué", a-t-il indiqué mardi dans un communiqué. Lors de ce dernier examen, le plus poussé de tous, une équipe de radiologues a réalisé la première image numérique de synthèse du visage de jeune roi. Pour la première fois depuis l'ouverture de la tombe, on a ainsi pu tracer les traits du visage du pharaon avec une grande précision, selon M. Abdelaziz. Les 17.000 clichés examinés "prouvent que Toutankhamon n'a pas été assassiné et que les fractures apparentes sur la momie sont d'abord de la responsabilité de Carter et ensuite de celle des embaumeurs", selon le rapport d'expertise. Le rapport récuse aussi bien la thèse de l'empoisonnement de l'enfant-roi que celle de son assassinat par un coup porté par un objet contendant asséné à la tête. "Les deux hypothèses sont fausses", souligne-t-il. Les experts imputent aux embaumeurs les fractures constatées sur la momie au bas du fémur et ajoutent que "de telles fractures n'auraient pas pu causer la mort du pharaon, qui était jeune et vigoureux, bénéficiait d'un excellent suivi médical et n'avait souffert ni de malnutrition, ni de maladies chroniques" avant sa mort. La thèse de l'assassinat de Toutankhamon a été fondée sur le fait qu'il avait été le dernier pharaon de la XVIIIe dynastie. Dernières infos Le célèbre pharaon Toutankhamon dont la cause du décès, il y a plus de 3.000 ans, restait un mystère serait mort du paludisme combiné à une affection osseuse, selon une étude publiée mardi 23/02/2010 aux Etats-Unis qui révèle aussi sa filiation, jusqu'ici incertaine. Toutankhamon est mort tellement jeune, à 19 ans en 1324 avant notre ère, et sans héritier, que les égyptologues ont abondamment spéculé sur l'hypothèse de maladies héréditaires dans la famille royale de la XVIIIe dynastie aussi bien que sur la cause de son décès après neuf ans sur le trône, explique Zahi Hawass, responsable des antiquités égyptiennes au musée du Caire, le principal auteur de cette étude. Les chercheurs se sont appuyés sur plusieurs méthodes dont la radiologie et l'analyse ADN pour cette recherche effectuée sur 16 momies dont onze, y compris celle de Toutankhamon, étaient apparemment membres de la famille royale. Ces travaux conduits de 2007 à 2009 visaient à déterminer les liens de parenté des momies et l'existence de caractéristiques pathologiques héréditaires chez Toutankhamon. Ils ont permis d'identifier le père du pharaon comme étant Akhenaton, époux de la légendaire reine Néfertiti Les deux momies partagent plusieurs caractéristiques morphologiques uniques et ont le même groupe sanguin. Les auteurs de cette recherche ont aussi déterminé que la mère du jeune pharaon est la momie KV35YL, apparemment la soeur de son père dont le nom est inconnu. L'analyse génétique montre en effet une consanguinité entre les parents. Le mariage entre frère et soeur était commun dans l'Egypte des pharaons. "Ces résultats laissent penser qu'une circulation sanguine insuffisante des tissus osseux, affaiblissant ou détruisant une partie de l'os, combinée au paludisme, est la cause la plus probable de la mort de Toutankhamon" et ce à la suite d'une fracture de la jambe, écrit Zahi Hawass dont les travaux paraissent dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) du 17 février. Ce diagnostic a pu être établi surtout grâce aux tests génétiques et radiographiques qui ont révélé une série de malformations dans la famille de Toutankhamon comme la maladie de Kohler qui détruit les cellules osseuses. Le jeune pharaon avait aussi un pied bot. Les analyses d'ADN ont également mis en évidence la présence de trois gènes liés au parasite Plasmodium falciparum responsable du paludisme chez quatre des momies étudiées, dont celle de Toutankhamon. "Ce diagnostic est conforté par la découverte dans sa tombe de cannes et d'une pharmacie pour l'au-delà", précisent les chercheurs. Cette recherche a également écarté l'hypothèse émise à partir des peintures ou statues de l'époque, que Toutankhamon ou tout autre membre de la royauté souffraient de gynécomastie, développement des seins chez les hommes, ou du syndrome de Marfan, maladie génétique rare pouvant entraîner des déformations physiques. "Il est improbable que Toutankhamon ou Akhenaton aient eu une apparence étrange ou efféminée", estiment les auteurs. Ils rappellent que les pharaons se faisaient souvent représenter avec leur famille de manière idéalisée. Toutankhamon et ses ancêtres étaient peu connus jusqu'à la découverte en 1922 dans la vallée des rois par le Britannique Howard Carter de sa tombe intacte avec un fabuleux trésor, dont son masque mortuaire en or massif.