Mais où dort donc Néfertiti

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Néfertiti reste l’une des figures les plus mystérieuses de l’Egypte antique. Akg Images /Suzanne Held
Largement représentée dans la statuaire ou sur les bas-reliefs, elle reste pourtant l’une des figures
les plus mystérieuses de l’Egypte antique. Où est-elle enterrée ? Qui fut-elle vraiment ? A-t-elle
régné à la mort de son époux le temps que Toutankhamon soit en âge de gouverner ? Si sa tombe
se cache bel et bien derrière ces murs, elle pourrait définitivement apporter les réponses à toutes
ces questions.
Des tracés invisibles à l’œil nu
Carl Nicholas Reeves a étudié minutieusement les relevés photographiques en haute définition du
tombeau, effectués initialement pour la réalisation d’une réplique à l’identique ouverte au public.
L’égyptologue britannique y a décelé ce qu’il n’aurait pu voir à l’œil nu : des fissures et des tracés
rectilignes sous les peintures, laissant entrevoir de potentielles ouvertures. Dans le monde de
l’archéologie, les réactions sont plutôt enthousiastes. « C’est un argument fascinant », a déclaré
l’égyptologue américain Kent Weeks, à l’origine d’une cartographie souterraine de la vallée des
Rois.
Le professeur Marc Gabolde, spécialiste français de la période amarnienne – soit celle concernant
Akhenaton et sa descendance – se montre, lui, un peu plus réservé : « La présence de pièces
supplémentaires jusque-là ignorées est tout à fait probable. Mais celle de la reine Néfertiti à
l’intérieur de celles-ci l’est beaucoup moins. »
Pour Marc Gabolde, certains arguments apportés par Carl Nicholas Reeves pour en arriver à de
telles conclusions peuvent être remis en question. On sait par exemple que la plupart des chambres
funéraires construites à cette période possédaient quatre annexes. « Reeves s’appuie sur cette
généralité pour affirmer qu’il en existe forcément deux autres dans le tombeau de Toutankhamon.
Mais on sait aussi que plusieurs pharaons, morts prématurément comme le jeune monarque, n’ont
eu droit qu’à deux annexes faute de temps pour les travaux », explique-t-il. Autre point de désaccord
: pour l’égyptologue français, la momie de Néfertiti aurait déjà été découverte et ne serait autre que
celle baptisée génériquement « Younger Lady », aujourd’hui conservée au Musée égyptien du
Caire.
L’hypothèse Mérytaton, fille d’Akhenaton
« On a longtemps dit que cette momie, dont on sait avec certitude qu’elle est la mère de
Toutankhamon, était la sœur du pharaon Akhenaton. Je pense qu’elle était en réalité l’une de ses
cousines, et par ailleurs son épouse. La reine Néfertiti, donc. » Sur cette question pourtant, les avis
des experts divergent encore énormément. Mais si ces deux pièces existent vraiment, qui d’autre
que Néfertiti pourrait y reposer ? « Peut-être Mérytaton, fille aînée du couple Akhenaton-Néfertiti, qui
aurait régné avant son frère Toutankhamon », suggère Marc Gabolde.
Quoi qu’il en soit, si les autorités égyptiennes accordent à Reeves l’autorisation de fouilles qu’il a
demandée, les techniques actuelles permettront de vérifier rapidement et sans dommages la
véracité, ou non, de ces présomptions prometteuses. En attendant, Carl Nicholas Reeves assume :
« Si je me trompe, je me trompe. Mais si j’ai raison, cette découverte pourrait être la plus grande
jamais faite ! »
Lire aussi le post de blog : Un buste raté de Néfertiti scandalise en Egypte et au-delà
(http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/07/07/un-buste-rate-de-nefertiti-scandalise-en-egypte-et-au-dela/)
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