Thème 2 Sociologie : intégration, conflit, changement social 2.1

Thème 2 Sociologie : intégration, conflit, changement social
2.1 Quels liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ?
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Thème :
Notions :
Indices complémentaires :
2.1 Quels liens
sociaux dans des
sociétés où s’affirme
le primat de
l’individu ?
Solidarité
mécanique/
Organique,
Cohésion
sociale
Après avoir présenté l’évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera
que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n’ont pas fait pour
autant disparaître ceux qui repose sur le partage des croyances et des valeurs communes.
On traitera plus particulièrement de l’évolution des instances d’intégration (famille,
école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne
remet pas en cause l’intégration sociale.
Acquis de première : socialisation, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification,
réseaux sociaux
Notions :
Solidarité mécanique : forme de cohésion caractéristique des sociétés traditionnelles qui repose sur
la simultanéité d’individus ayant une conscience collective forte (valeurs et croyances communes) et
où la division de travail est faible.
Solidarité organique : forme de cohésion caractéristique des sociétés modernes qui repose sur la
complémentarité d’individus autonomes (comparables à des organes du corps humain) et dont la
conscience individuelle prend le pas sur la conscience collective, et où la division du travail rend les
individus interdépendants.
Cohésion sociale : situation caractérisée par la stabilité de la force des liens sociaux et par un niveau
élevé de solidarité entre les membres d’une société.
Acquis de première :
Socialisation : processus par lequel chaque individu construit son identité en fonction des différentes
normes sociales en vigueur et des interactions qu'il a avec autrui.
Sociabilité : la sociabilité est la capacité d'un individu ou d'un groupe d'individus à évoluer en société,
et à pénétrer au sein de nouveaux réseaux sociaux.
Anomie : situation sociale caractérisée par l’affaiblissement des normes et du control sociale au sein
d’une société.
Désaffiliation : selon Robert Castel, situation dans laquelle se trouve un individu qui est à la fois privé
de travail et isolé socialement.
Disqualification : processus d’affaiblissement ou de rupture des liens de l’individu qui cumule des
handicaps sociaux et se trouve confronté à la marginalisation sociale.
Réseaux sociaux : un réseau social est un ensemble d'individus ou d'organisations reliés par des
interactions sociales régulières.
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2.1 Quels liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ?
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A) Le lien social entre solidarité mécanique et solidarité organique
Avec la mobilité sociale, on observe une évolution structurelle de la société, ce qui permet une légère
baisse des inégalités bien que celle-ci subsiste toujours. Cependant, d’où vient la cohésion sociale ?
Quelles sont les risques pour la société ? Nous nous intéresserons à l’importance des liens sociaux.
Le lien social est l’ensemble des relations qui unissent les individus qui font partie du même groupe
social ou de la même société qui leur fournissent protection et reconnaissance. Ce lien privilégié
permet ainsi une cohésion sociale, c’est-à-dire une situation dans laquelle les membres d’une société
entretiennent des liens sociaux, partagent les mêmes valeurs et ont un sentiment d’appartenance à
une collectivité. En revanche, si le lien social s’affaiblit où se rompt, les individus auront tendance à
se replier sur eux-mêmes car le phénomène communautaire sera moins présent en raison de la
baisse de la solidarité. Cet isolement pourrait même conduire au despotisme (cf Tocqueville).
Néanmoins, il faut distinguer les liens sociaux qui unissent les individus à leur groupe d’appartenance
(liens horizontaux) tels que les liens familiaux, amicaux, communautaires ou même religieux des liens
sociaux verticaux qui relient l’individu à la société (liens politiques, marchands...).
Types de liens
Formes de protection
compte sur »)
Liens de filiation
(parents-enfants)
Solidarité intergénérationnelle
Liens électifs
(couple, amis)
Solidarité intergénérationnelle
Liens organiques
(travail, marché)
Protection contractualisée
(contrat de travail, protection
sociale)
Liens de citoyenneté
au sein d’un état)
Égalité juridique (protection de
la loi, donc protection de
l’état)
L’origine de la sociologie nait de nombreuses interrogations face à l’organisation de la société. En
effet, de multiples réflexions au sujet de la révolution française ont suscité de nombreux débats : en
supprimant la société d’ordres, l’individu s’est émancipé de la tutelle de l’Etat, ce qui le rend
indépendant et solitaire face au patron pendant la révolution industrielle. Par conséquent, l’individu
se repli sur lui même pendant que l’Etat prend de plus en plus d’importance au point de devenu un
despote doux (idée de despotisme selon Tocqueville). Ainsi, les révolutionnaires peuvent craindre le
développement de l’individualisme ou l’individu est coupé de ses groupes d’appartenance. Ils
critiquent alors l’Etat Providence qui se prend pour Dieu.
La suppression des ordres est également remplacé par une société de classes où les relations
asymétriques avec le patron subsistent, la misère et les inégalités persistent donc toujours. Avec la
révolution industrielle, l’ouvrier est lui aussi coupé de ses groupes d’appartenance traditionnel : c’est
le passage d’une société traditionnelle à une société industrielle où la solidarité ainsi que le contrôle
social s’affaiblissent. De plus, l’église catholique joue aussi un rôle important car elle fait preuve de
charité en corrigeant les pathologies de la société en missionnant des prêtres (doctrine sociale de
l’Eglise, contenu dans une encyclique « Rorum Novarum » (1891)).
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Ces études sur la misère ouvrière ont ainsi donné naissance à deux œuvres :
- « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de
coton, de laine et de soie » (1840) de Louis René Viller
- « Les ouvriers européens » (1855) de Frédéric Le Play
Aujourd'hui, de nombreuses pathologies de la société subsistent telles que le communautarisme, les
formes d’anomie comme le crime, le délit ou l’alcool, les questions de fond sur les valeurs de la
société et l’identité de la société...
La cohésion sociale nécessité également intégration et régulation. L’intégration représente
l’appartenance à un groupe social en s’appropriant les normes et les valeurs de ce groupe et en
développant des liens sociaux avec ses membres. Elle passe généralement par le processus de
socialisation anticipatrice et peut être la conséquence d’une absence d’intégration (exclusion, mis à
l’écart, marginalisé..). La régulation quant à elle, est une autorité morale représentant la capacité
d’une société à transmettre et à faire valoir les normes et les valeurs de manière à ce que l’individu
ait un comportement conforme. Elle passe par les lois, autorité considéré comme légitime et les
règles acceptées par tous.
La troisième composante de la cohésion sociale incarne la solidarité. Cependant, celle-ci est menacée
par l’agrandissement des sociétés qui rendent possible la division du travail, ce qui rend les individus
complémentaires et interdépendants. Ainsi, on assiste à un passage progressif d’une société
traditionnelle a une société moderne.
Solidarité mécanique
Type de société
Traditionnelle (de petite taille)
Division du travail
Faible : mêmes tâches et
souvent effectuées ensemble
(sociétés agricoles)
Types de liens sociaux
Liens horizontaux, liens forts et
communautaires
Type de conscience sociale
Conscience collective (mêmes
normes et valeurs,
unanimisme)
Déterminants des
comportements
Tradition, coutumes, valeurs
collectives (la volonté du
groupe)
Type de contrôle social
(justice)
Informel, très puissant avec
une justice répressive, brutale
Selon Durkheim, il existe des pathologies dans la structure de la société dues à la division du travail
jugée inefficace. Nous avons l’exemple de la bureaucratie, mal coordonnée, donc pas efficace. Elle
est trop individuelle et effectue des tâches improductives, ce qui peut conduire à un relâchement de
la société. Les inégalités sont aussi considérées comme des pathologies. En effet, pour que la division
du travail fonctionne efficacement, il faut que chacun accède à toutes les positions sociales, qu’il y ait
correspondance entre la distribution des fonctions et les talents, les mérites afin qu’il n’y ait pas de
conflits donc pas de tensions.
Le travail et le capital sont antagonistes de la société. Cependant, ils sont en conflit sur le partage de
la valeur ajoutée. P. Besnard parle du « travail en miettes », c’est à dire une division tellement
poussée que l’on perd le sens du travail (aliénation du travail).
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Dans le processus de centralisation, l’état a de plus en plus coordonné les activités. Il s’est approprié
le pouvoir et ce, aux dépens des identités locales : c’est un processus volontaire pour souder les
valeurs communes et des identités modernes qui ont vu le jour au XIXème siècle. Toutefois, de
nombreuses résistances se sont formées autour de ses formes d’unification (écoles Diwans,
résistances face au processus d’assimilation et donc à la dissolution des valeurs des sociétés qui tend
à dissoudre les sociétés traditionnelles.
Synthèse :
Dans une société, les individus sont reliés par différents liens : de filiation (parents-enfants), électifs
(couple, amis), organiques (travail, marché), ou de citoyenneté (au sein d’un Etat). Ces liens sont à la
base de la sociabilité et de la solidarité, et de leur force dépend la cohésion sociale.
La naissance, à la fin du 19e siècle, de la sociologie résulte fondamentalement des inquiétudes
provoquées par la montée de l’individualisme dans les sociétés occidentales. Sous la poussée
conjointe des révolutions démocratique et industrielle, de nouveaux rapports sociaux, économiques
et politiques bouleversent progressivement l’ordre social traditionnel : affaiblissement de l’emprise
de la religion, baisse de l’influence de la famille sur les destinées, recul du pouvoir des autorités
traditionnelles.
Durkheim met ainsi en évidence deux types de société. Les sociétés traditionnelles sont relativement
homogènes, et leur cohésion repose sur une solidarité mécanique, fondée sur la ressemblance entre
individus et leur conformité aux normes, aux valeurs et aux rôles sociaux traditionnels. Dans les
sociétés complexes, le processus de division du travail provoque une différenciation des individus et
modifie les bases de la cohésion sociale. La solidarité organique provoque une interdépendance forte
et une individualisation croissante des individus.
Les transformations du droit reflètent l’évolution des formes de solidarité car les normes juridiques
expriment les normes sociales. Ainsi, les sociétés traditionnelles disposent essentiellement d’un droit
répressif tourné vers la sanction des manquements aux mœurs, tandis que les sociétés complexes
développent un droit restitutif, ou « droit coopératif », qui veille à réparer et non plus seulement à
sanctionner.
S’il est admis que la solidarité organique progresse au cours de l’histoire des sociétés, ce progrès
n’est toutefois pas exempt d’échecs. Ainsi, les « formes anormales » de la division du travail sont des
dysfonctionnements qui empêchent la division du travail de produire de la solidarité, et menacent la
cohésion sociale.
Durkheim n’écarte pas l’idée que des formes de solidarité mécanique puissent persister. On observe
que nombre de liens sociaux contemporains entretenus par des groupes, des mouvements ou des
institutions, fondés sur la similitude et la proximité d’origine (l’ethnie), de lieu (régionalisme et
coutumes), de croyances (groupes religieux ou spirituels), de culture (style de vie) ou de valeurs
(causes à défendre), apparaissent caractéristiques de la solidarité mécanique.
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2.1 Quels liens sociaux dans des sociétés où s’affirme le primat de l’individu ?
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B) Primat de l’individu et transformation des liens sociaux
Les sociétés traditionnelles ne sont généralement composées que d’un seul cercle social
contrairement aux sociétés modernes qui en composent plusieurs (cercles juxtaposés). Le passage
d’une société à l’autre peut entraîner un brouillage de l’identité et beaucoup plus de décisions
d’automatisation donc plus de liberté, ce qui accentue le processus d’individualisation et rendent les
liens sociaux plus personnels. Georg Simmel s’intéresse à cette étude au sujet du croisement des
cercles sociaux dans son Étude sur les formes de la socialisation, 1908. Cette individualisation a pour
conséquence l’état providence (donnant des prestations sociales, ce qui affaiblit les liens de
solidarités avec le famille), l’enseignement pour tous (avec la massification de l’enseignement, on a
une confrontation avec d’autres milieux sociaux et valeurs, qui peuvent entraîner l’émergence des
masses médias et des industries culturelles destinées à répondre au culte de la réussite. Internet par
exemple, à des effets néfastes puisqu’il crée un repli sur soi qui peut même aller à une
désocialisation (exemple des joueurs compulsifs au Japon) mais c’est aussi un moyen de maintenir
les relations et agrandir son réseau social.
Il existe deux conceptions de l’individualisme. La première est dite universaliste (ou abstrait) et est le
fruit des siècles des Lumières où l’individu s’affranchit des carcans dont il était enfermé pour gagner
en autonomie et en liberté et ainsi acquérir l’égalité des chances. À partir des années 1960,
l’individualisme particulariste voit le jour et vise à valoriser la recherche d’identité de l’individu en
remettant en cause toutes les institutions traditionnelles. Ainsi, l’individualisation se définit comme
un processus d’autonomisation de l’individu par lequel l’individu s’affranchit des institutions
traditionnelles qui l’encadraient. Les individus acceptent de moins en moins que les institutions
guident leurs comportements et veulent se définir eux même, s’inventer eux même. La Déclaration
de l’unesco vise à accorder une très grande importance à la culture et la religion qui doivent être
préservées : ils doivent être protégés comme un capital naturel. C’est à la base de cette culture que
la France a pu mettre en place un protectionniste culturel (quota de chansons françaises,
financement des films français diffusés à la télévision..). On passe alors d’une politique d’assimilation
a une politique d’intégration où l’individu conserve sa culture tout en intégrant la culture du pays
d’accueil : ce texte pousse donc à la coexistence de communautés différentes.
Les risques des sociétés modernes sont donc un accroissement de l’isolement avec une
augmentation du nombre de séparation (la famille devient moins une source de socialité et
sociabilité), une dégradation des interactions dans les espaces publiques et une accélération des
phénomènes de ségrégation avec une dimension ethnique dans ses antagonistes. Cela entraînerait
un affaiblissement de la confiance entre les individus en raison de l’augmentation des diversités car
l’individu a peur de l’indifférence donc ils se replient sur eux même, ce qui renforce l’isolement social.
La principale étude sur le capital social est l’étude « Bowling Alone » mettant en avant la diversi
des cultures et une source d’échanges et d’enrichissement.
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