Colonisation de Jérusalem-Est : Quelle solidarité des croyants ?
Intervention de Mohamed Drabih Palestinien réfugié de 1948 -
En tant que Palestinien, je souhaite remercier infiniment les organisateurs de cet évènement
solidaire. Il est essentiel de rester mobilisé face à une longue souffrance. Pour moi, c’est un réel
plaisir d’apporter des éléments objectifs qui permettent de mieux comprendre et aussi de mieux
agir.
Quand l’occupation a débuté en 1967, les autorités israéliennes ont mis en oeuvre une politique de
ségrégation physique, politique et économique de Jérusalem-Est du reste du territoire palestinien.
Ces stratégies ont redoublé d’intensité lors de ces dix dernières années.
Les réalités physiques et démographiques de la ville et son contexte ont été modifiés, au nombre
desquelles l’annexion de la ville et l’expansion des colonies juives à Jérusalem-Est et aux
alentours, ainsi que la construction du mur de séparation, qui a véritablement redéfini les
frontières, en les repoussant au-delà de la ligne d’armistice d’avant 1967.
Les chiffres qui suivent résument à eux seuls l’urgence et la gravité de la situation actuelle :
Aujourd’hui les Palestiniens possèdent 13% de leurs biens depuis 1967 date d’occupation de
Jérusalem- Est.
2000 colons sont installés à Jérusalem-Est depuis 1967.
70% des Palestiniens chrétiens ont été contraints de quitter Jérusalem-Est à cause de
l’occupation.
Il manque 1000 classes dans les écoles arabes de Jérusalem-Est.
La pauvreté touche 80% de Palestiniens
Depuis 2004, plus de 442 logements palestiniens ont été détruits, laissant 1746 personnes sans-
abris.
11 habitations palestiniennes ont été détruites depuis le début de cette année.
D’après un rapport de La CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement), on relève :
que 30 000 Palestiniens de Jérusalem ont été exclus du fait qu’ils se trouvaient à l’étranger au
moment de l’occupation de Jérusalem-Est.
que 1 500 logements ont été démolis à Jérusalem-Est depuis 1967, avec une fréquence accrue
atteignant ces dernières années environ 80 logements par an.
que l’économie de Jérusalem-Est représentait, environ 15 % du PIB du territoire palestinien en
1993. Il a chuté à 07% aujourd’hui.
55 000 Hiérosolymitains (un cinquième de la population palestinienne de Jérusalem-Est) sont
aujourd’hui physiquement séparés du centre-ville en raison du mur.
Toujours selon les mêmes sources, on estime aujourd’hui à 1 milliard de dollars les pertes causées
par le mur et 200 millions de dollars chaque année.
2 900 ménages de la zone du gouvernorat de Jérusalem ont été déplacés suite à la construction
du mur. 9 100 dounams de terres ont été confisqués pour sa construction.
Seulement 13 % de Jérusalem-Est est affecté à des logements pour les Palestiniens tandis que
le triple est alloué aux colons israéliens.
A propos de la citoyenneté, ce statut n’est pas transmis aux enfants. Plus de 10 000 enfants
palestiniens de Jérusalem-Est ne sont pas inscrits à l’état civil.
En 2010, 84 % des enfants palestiniens de Jérusalem-Est étaient pauvres.
En guise de conclusion, je vous propose quelques pistes de réflexion pour renforcer la solidarité
avec Jérusalem en particulier et la Palestine en général :
1. Formation d’une équipe rassemblant des croyants chrétiens et musulmans pour défendre la
cause de la ville.
2. Envoi à Jérusalem de missions ayant pour objectif d’observer (image et son à l’appui) et de
diffuser leurs témoignages de retour en France en organisant de conférences.
3. Jumelage de lieux de culte en France avec des lieux de culte à Jérusalem-Est.
4. Exposition itinérante qui montre l’impact de la politique de l’occupant sur la vie de
Palestiniens à Jérusalem-est.
5. Interpellation des élus et des hommes politiques français afin d’exiger d’eux de prendre une
position contre la politique israélienne à Jérusalem.
6. Élaboration d’un manuel contenant des images et des cartes en vue de présenter la vraie
histoire et la géographie de Jérusalem loin des falsifications de l’occupant.
7. Dernier point : soutien de l’économie de Jérusalem-Est à travers le commerce solidaire et le
tourisme.
Je tiens à vous remercier pour votre attention et votre solidarité.
Paris, le 29 novembre 2013
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