CHAPITRE
Anamnèse et examen
physique du patient
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Anamnèse et examen physique du patient
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3. Anamnèse et examen physique du
patient
Retracer le passé sexuel d’un patient est complexe. Ce dernier doit expliquer au soignant ses
symptômes génitaux et ses comportements sexuels. Inuencés par les normes culturelles locales
régissant la sexualité et inquiets quant à la condentialité des renseignements fournis, certains
patients peuvent être mal à l’aise au moment d’évoquer ces sujets délicats.
Vous devez rapidement gagner la conance du patient et l’assurer que l’entretien est condentiel pour
reconstituer l’histoire précise de la maladie dans le court laps de temps qui vous est imparti.
3.1 Besoins d’un patient atteint d’une IST
Cette partie du guide vous permettra :
❑ d’identier les différents besoins d’un patient consultant pour une IST dans un centre de santé
ou un centre spécialisé dans le traitement des IST, notamment ses attentes concernant le cadre
de soins et le personnel soignant ; et
de tenir compte de la diversité des besoins, selon le sexe ou l’âge du patient.
L’anamnèse et l’examen physique du patient doivent permettre :
 de poser un diagnostic syndromique précis et efcace de l’IST en cause ;
d’évaluer le risque de transmission ou d’acquisition d’une IST chez le patient ; et
de déterminer si d’autres partenaires ont été exposés à l’infection.
Besoins élémentaires du patient
L’inquiétude ou la gêne sont fréquents chez les patients. Il est donc important que le cadre de soins
et le personnel soignant le mettent à l’aise.
Cadre de soins
Condentialité et respect de la vie privée sont deux maîtres mots. Il est important d’interroger le
patient à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. Il est tout aussi important d’expliquer au patient
que le personnel soignant met tout en œuvre pour respecter la condentialité des informations
données en consultation.
Personnel soignant
Le plus important peut-être pour un patient, c’est de sentir que le soignant le comprend, le respecte
et est à l’écoute. Pour ce faire, il faut établir une relation de conance avec le patient et se garder de
tout jugement.
3.2 Développer la relation soignant-soigné
Un bon sens de la communication est indispensable pour créer une relation avec le patient. Cette
capacité de communication englobe :
 la communication verbale : la manière de parler au patient et de lui poser des questions ;
Guide pour la prise en charge globale des infections sexuellement transmissibles
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la communication non verbale : la manière de se comporter face au patient.
Vous devez avant tout accueillir le patient de manière raisonnablement amicale et vous présenter.
 Souriez et parlez d’un ton amical.
 Présentez-vous.
Adressez-vous au patient par son nom.
Proposez-lui de s’asseoir.
Ne commencez l’entretien que lorsque vous êtes dans un lieu tranquille et protégé.
Regardez le patient droit dans les yeux, si les conventions culturelles le permettent.
Montrez-vous respectueux et compréhensif.
La clé d’une communication non verbale efcace tient en une phrase : traiter chaque patient avec
respect et lui accorder toute votre attention :
 Regardez le patient dans les yeux. Là où les conventions
culturelles le permettent, échanger des regards avec le
patient lui signie votre intérêt. Une mine d’informations est
transmise par la communication non verbale, notamment les
expressions du visage et le mouvement des yeux. Observez
et écoutez ; intéressez-vous autant aux émotions qu’aux
faits.
Écoutez attentivement ce que raconte le patient. Prêter une
oreille attentive est le signe pour le patient que le soignant
est véritablement à l’écoute et que ses préoccupations
sont entendues. La capacité d’écoute est une qualité qui
s’acquiert avec la pratique.
Pour montrer que vous êtes réceptif, penchez-vous
légèrement vers le patient. Acquiescez ou dites quelques mots de temps à autre pour
l’encourager. Ne montrez aucun signe d’impatience et évitez d’écrire pendant le récit du patient.
Évitez de l’interrompre à moins de devoir éclaircir un point.
Utilisez la technique du miroir. Si le patient est assis, asseyez-vous ; s’il se met debout, levez-
vous. Le recours à cette technique non verbale aide le patient à se sentir plus à l’aise. Elle vous
place sur un pied d’égalité avec le patient. Regarder le patient littéralement de haut peut être
ressenti comme menaçant.
Restez à côté du patient. Réduisez la distance autant que les conventions culturelles le
permettent. Un bureau ou une table créent une barrière physique entre vous et votre patient. Si
possible, tenez-vous ou asseyez-vous à côté de lui.
Très simples, ces quatre techniques non verbales peuvent tout changer dans le rapport de
conance ou de méance que vous établissez avec votre patient. Sommes-nous vraiment sûrs
à 100 % de projeter une attitude positive à tous nos patients ?
Langage corporel :
•échangerdesregards
•écouterattentivement
•utiliserl’effetmiroir
•resteràcôtédu
patient
Anamnèse et examen physique du patient
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3.3 Compétences verbales pour l’anamnèse
Au-delà des techniques de communication verbale que nous avons passées en revue, il est
intéressant d’étudier les méthodes d’entretien à privilégier pour l’anamnèse, ainsi que les différentes
techniques de communication verbale.
Poser des questions
Vous devez obtenir de chaque patient souffrant d’IST des renseignements importants sur son état de
santé : cela englobe non seulement ses symptômes et ses antécédents médicaux, mais aussi son
passé sexuel.
Nous vous recommandons de :
 vous garder de tout jugement moral dans la formulation de vos questions ;
éviter le jargon médical et choisir des termes compréhensibles, adaptés au patient ;
demander au patient l’autorisation de lui poser des questions personnelles.
Questions ouvertes et fermées
Deux types de questions peuvent être posées au patient : questions ouvertes et questions fermées.
Une question ouverte permet au patient de donner une réponse détaillée ou d’enchaîner librement
sur un autre sujet.
« De quoi souffrez-vous ? »
« Quels types de médicaments prenez-vous en ce moment ? »
« Qu’est-ce qui vous amène aujourd’hui ? »
Une question fermée invite le patient à répondre par un seul mot ou une courte phrase, souvent oui
ou non.
« Le gonement est-il douloureux ? »
« Avez-vous un retard de règles ? »
« Avez-vous un partenaire régulier ? »
« Quel âge avez-vous ? »
« Avez-vous des pertes ? »
Les questions ouvertes incitent le patient à s’exprimer avec ses propres mots et à raconter tout ce
qui lui semble important. Ainsi, on peut obtenir beaucoup plus d’informations en posant une seule
question ouverte qu’en utilisant plusieurs questions fermées. Par ailleurs, la sexualité étant un sujet
difcile à aborder, les questions ouvertes permettent au patient de garder une certaine maîtrise du
discours et de se sentir plus à l’aise.
Les questions fermées, elles, invitent le patient à répondre précisément à la demande formulée par le
soignant. Ce type de question est utile pour préciser certaines informations. On peut, si nécessaire,
compléter les réponses aux questions ouvertes par des questions fermées.
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