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rendre les autres producteurs plus compétitifs, mais il est difficile de déterminer dans quelle
mesure les autres pays pourraient rivaliser avec l'infrastructure industrielle en place et une
main-d'œuvre privée du droit de défendre collectivement ses intérêts.
Les excédents ont augmenté aussi dans les pays exportateurs de pétrole en raison de l'énorme
hausse du prix de l'or noir. D'une manière générale, ces pays se caractérisent, eux aussi, par
une faible consommation intérieure et par des systèmes de protection sociale du type de ceux
que l'on observe dans les sociétés sous-développées, où il est indispensable d'épargner.
Comme le dollar des États-Unis est la première monnaie de réserve et la devise de facturation
du pétrole, les populations sont incitées à placer leur épargne en dollars.
À compter de l'année 2000, le déficit des États-Unis a cessé d'être une situation anodine pour
devenir problématique. Les besoins de financement des administrations publiques, des
entreprises et des particuliers n'ont plus été couverts par les entrées de capitaux en quête
d'investissements de portefeuille ou d'investissements directs, mais par l'épargne de
non-résidents. L'équilibre budgétaire ou des excédents passagers ont cédé la place, dans ce
pays, à des déficits records. L'émission de bons du Trésor assortis des échéances les plus
diverses pour combler ces déficits n'a pas entraîné, comme on aurait pu s'y attendre, une
hausse des taux d'intérêt, mais une baisse de ces taux. Ce phénomène, dû dans une large
mesure aux achats de titres de la dette publique par les Chinois et d'autres étrangers, a produit
à son tour des effets sur l'endettement des entreprises et des ménages, puis s'est répercuté à
l'échelle mondiale.
Le marché des titres de la dette publique des États-Unis est le plus profond et le plus liquide
du monde; les opérations s'y effectuant dans la principale monnaie de réserve, ce marché est
le refuge "naturel" des investisseurs peu enclins à prendre des risques. Il se pose là un
problème d'échelle. Selon la théorie des marchés efficients, l'investisseur devrait effectuer ses
placements en sorte d'obtenir le meilleur rendement compte tenu des risques. En d'autres
termes, dès lors qu'une classe d'actifs devient chère au regard des données fondamentales ou
des autres valeurs mobilières, les autres acteurs du marché devraient logiquement jouer par
arbitrage sur la différence.
Les achats chinois de créances sur les États-Unis ont perduré et dans une proportion telle
qu'ils ont entraîné les taux d'intérêt à la baisse dans toutes les maturités. Les taux proposés par
les autres émetteurs, autorités publiques ou entreprises, ont donc baissé en valeur relative. Les
primes de risque ont, de fait, disparu et les opérations de financement sont devenues bon
marché.
Les incitations fiscales, les politiques gouvernementales favorisant l'accès à la propriété de la
population à faibles salaires et une moindre exigence quant à la qualité des créances
hypothécaires ont accentué la forte expansion observée aux États-Unis. L'inexistence de
primes de risque satisfaisantes sur les marchés des obligations d'État a conduit les
investisseurs à rechercher du rendement sur des marchés plus risqués. C'est ainsi que des
crédits ont été octroyés à des emprunteurs de moindre solvabilité selon des ratios prêt-valeur
très élevés, tandis que leur diffusion planétaire au moyen d'instruments dérivés de crédit a
permis l'alimentation continue du marché primaire des créances hypothécaires.
Dans une situation de marché normale, il appartient aux prêteurs d'assumer le risque de
l'opération, mais la Chine est, dans une large mesure, à l'abri des effets de la crise et la