Qu’est-ce qui pourrait plonger l’économie
américaine dans la récession?
Une hausse radicale des taux d’intérêt par la
réserve fédérale, notamment, ou encore un choc pétrolier
d’envergure. Mais je ne vois actuellement aucun signe
indiquant que l’un ou l’autre de ces scénarios se
produira.
Il y a quelques années, Alan Greenspan a mis les
investisseurs en garde contre l’exubérance du marché
boursier. La politique monétaire américaine est-elle
forgée sur l’évolution du cours des actions?
C’est un élément parmi d’autres. Alan Greenspan
examine minutieusement tous les indicateurs économi-
ques, y compris évidemment les indices boursiers.
Lorsqu’il a fait sa fameuse déclaration, le marché bour-
sier avait produit des rendements inhabituellement éle-
vés. On assistait alors à l’arrivée en scène de nouvelles
entreprises de haute technologie œuvrant dans Internet
ou l’informatique. Et ces entreprises connaissaient du
succès en Bourse.
Or, si ces firmes offrent un potentiel de rendement
élevé, il est difficile d’en mesurer le risque, comme c’est
le cas avec les titres traditionnels, les mines, par exemple.
C’est donc dans ce contexte qu’Alan Greenspan a parlé
d’exubérance. Cela dit, il n’y a pas de consensus, aux
États-Unis, en ce qui a trait à l’irrationalité actuelle des
cours boursiers. Une partie du rendement est certaine-
ment due à l’exubérance de certains investisseurs, mais
l’autre partie s’appuie sur du solide.
Historiquement, le Canada a toujours aligné sa
politique monétaire sur celle des États-Unis. Cette
tendance a-t-elle changé?
Non. En fait, le Canada pourrait bien avoir une
politique monétaire complètement indépendante de
celle des États-Unis, mais elle fonctionnerait difficile-
ment en raison du mouvement des capitaux et de la
recherche de l’équilibre dans les marchés. À titre
d’exemple, imaginons des obligations gouvernementales
canadiennes et américaines parfaitement comparables
en matière d’échéance, de taux de change et de rende-
ment ajusté à l’inflation. Si le gouvernement canadien
décidait d’offrir des taux plus élevés que ceux des titres
américains, que se passerait-il? Les investisseurs se rue-
raient sur les obligations canadiennes et en pousseraient
le prix à la hausse. Le rendement des titres canadiens
chuterait alors jusqu’au point où il deviendrait égal à
celui des obligations américaines. La même recherche
d’équilibre se produirait si c’était le taux des obligations
américaines qui était plus élevé que celui des obligations
canadiennes.
Pourtant, le taux des obligations canadiennes a déjà
été différent de celui qu’on trouvait aux États-Unis.
Oui, mais à une période précise seulement. Compa-
rativement aux États-Unis, le Canada est une très petite
économie. Par conséquent, il doit payer une prime de
risque lorsqu’il emprunte sur les marchés financiers. Or,
cette prime était substantielle en 1995, 1996 et 1997,
car la dette semblait hors de contrôle. Mais depuis
1998, cette prime a considérablement diminué, de sorte
que l’écart entre les taux canadiens et américains est
maintenant de moins de un point de pourcentage.
Dans certains cas, il n’y en a pas du tout.
Doit-on s’attendre, comme aux États-Unis, à une hausse
graduelle des taux d’intérêt pour juguler l’inflation ?
Oui. De part et d’autre de la frontière, les objectifs
officiels (et officieux) sont les mêmes en matière de lutte
à l’inflation. La Banque du Canada veut maintenir
l’inflation entre 1 % et 3 %. Au moindre signe de
résurgence, elle interviendra.
On l’a vu, le taux des obligations à long terme
diminue. Assistera-t-on à une baisse du loyer de l’argent
au Canada?
C’est fort possible. Lorsque les taux à long terme
sont inférieurs aux taux à court terme, c’est que le mar-
ché anticipe que, dans l’avenir, les taux à court terme
vont baisser.
Quel sera l’impact sur les taux hypothécaires?
En théorie, ils devraient baisser eux aussi. De com-
bien? Difficile à dire. Il n’y a pas de relation automati-
que très claire entre le taux des obligations à long terme
et les taux hypothécaires. L’équilibre entre ces deux types
d’obligations peut être plus difficile à atteindre du fait
que les titres hypothécaires sont un peu plus risqués que
les obligations gouvernementales.
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AVRIL 2000
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