ayant disparue. Ainsi, le calme sera de nouveau dans l’esprit « Quand nous serons racoisés et refroidis ».
Montaigne a observé « le pouls nous bat […] nous sentons de l’émotion », donc les effets physiologiques de
l’émotion, à mettre en relation avec le verbe « refroidis ». Il appuie donc son conseil par une conception
médicale, scientifique.
Montaigne fait alors un constat : c’est la puissance de la colère « passion » sur la raison. L’écriture de
Montaigne comporte un procédé d’accumulation de 3 segments de phrases ainsi qu’un procédé d’insistance :
la reprise avec une formule présentative « c’est ».
« C’est la passion qui commande alors, c’est la passion qui parle, ce n’est pas nous. » On note aussi la mise en
opposition de la passions « c’est X2 » et nous « ce n’est pas ».
Le vocabulaire employé comporte une notion de pouvoir, de domination. Et enfin, on note le pronom « nous »
désignant un individu doué d’intelligence.
Dans un 4ème temps, on note l’énonciation de l’effet des fautes, au présent de l’indicatif « Au travers
d’elle, les fautes nous apparaissent plus grandes ». L’effet cité est donc que les fautes ’apparaissent plus
grandes’ qu’elles ne le sont en réalité: le degré de gravité est donc augmenté, on subit une aggravation de
notre appréhension, de notre ’jugement’; on va l’accroître de manière abusive. On trouve ici une reformulation
implicite de la thèse de Montaigne: on parle des effets néfastes de la Colère parce qu’elle déforme le jugement
et l’appréhension. Propos auxquels s’ajoute l’emploi de la comparaison « comme les corps au travers d’un
brouillard »; qui est aussi un exemple commun, tout le monde l’a déjà vécu: c’est un phénomène optique.
Notre vision est ainsi troublée, flouée. Montaigne mets donc à contribution l’expérience du lecteur.
Dans un 5ème temps, Montaigne évoque 2 cas: « celui qui a faim use de viande, mais celui qui veut
user de châtiments n’en doit avoir ni faim ni soif. » . Parmi eux, un seul intéresse Montaigne, le second. Le
premier est d’ordre biologique; le second est d’ordre moral: celui qui veut châtier doit le faire
exceptionnellement, et non le considérer comme un besoin. On retrouve donc ici, la formulation d’un conseil
par le verbe « devoir » et l’emploi du présent. Conseil selon lequel, si il y a nécessité de punir, il faut éviter de le
faire en étant sujet à la Colère. Ainsi autant le 1er cas est d’ordre logique et évident, autant le 2nd est
inconcevable que l’exercice de la Colère par les châtiments soit un besoin, comme la faim est un besoin.
Dans un 6ème temps, on note l’emploi de 3 exemples empruntés à l’Antiquité gréco-romaine, dont les
personnages sont Platon, Architas Tarentinus, et Charitus, ces deux derniers étant des guerriers, alors que
Platon, lui est un philosophe. Ces trois personnages ont en commun de détenir du pouvoir et donc d’avoir le
droit de punir, en conséquence de leur détention d’autorité. A mise en jeu de ces 3 exemples à visée/ à finalité
argumentative, est d’appuyer les arguments et de démontrer leur pertinence. Les exemples apparaissent
comme des anecdotes. Tout d’abord, la sagesse d’Architas, car il se modère de son courroux, Platon de même
puisqu’il se courrouce indirectement, Charitus, lui aussi. Ce sont ainsi des exemples de sagesse. Ces exemples
sont donc très vite exploités.
Dans un 7ème temps, Montaigne se montre didactique. Il indique que la Colère, philosophiquement
parlant, est une « passion ».
« C’est une passion qui se plait en soi et qui se flatte. ». Lorsque l’on est en Colère, on ressent de la
complaisance, on se complait dans notre Colère. Elle délivre, flatte. Montaigne quant à lui, mets en œuvre, les
mécanismes psychologiques en état de colère. Il hypothèse que la Colère provoque de la complaisance, du
plaisir, de la jouissance malsaines. On note l’emploi de 2 subordonnées relatives: c’est une construction binaire
( pratique courante de Montaigne ). La modalité déclarative et/ou assertive de cette phrase, délivre
l’affirmation d’un fait.
Dans un 8ème temps, Montaigne fait référence à l’Antiquité , il renvoie le lecteur à son expérience de la
Colère, il fait référence au lecteur.
Le terme « ébranlés » renvoie à « emportés », et ce pour une raison futile. Il s’agit donc d’un exemple qui nous
démontre que la Colère prend le dessus de la raison, la toute puissance de la passion qu’est la Colère. Bien
qu’on nous ait fait entendre et voir notre bêtise, nous persévérons dans celle-ci.
Dans un 9ème temps, Montaigne mets en scène un exemple emprunté à l’Antiquité Gréco-romaine:
Pison.
Exemple qui illustre et démontre la théorie de Montaigne: la puissance de cette passion. Il sert de preuve. A cet
égard, « son ardeur qui était encore en son effort, se redoubla » et « avec la subtilité que sa passion lui fournit
soudain ». Montaigne souligne les mécanismes psychiques par le groupe binaire « par honte et dépit », refuse
de connaître son erreur, l’amour propre de Pison est affecté d’autant plus qu’il est le chef et est supposé
détenir la sagesse. Pison est dépité de voir le second soldat présumé mort en vie.
Montaigne montre donc ici que la colère a de lourdes conséquences, ici la mort: Pison les condamne tout trois.
La pensée se trouve corrompue par la Colère, elle devient malsaine. Cet exemple est très développé, il
comporte 15 lignes.