Service de presse de Travail.Suisse en vue du 1er mai 2007
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Emplois précaires - l’aspect caché de la flexibilisation
En Suisse, un emploi sur dix est potentiellement précaire; il s’agit le plus sou-
vent d’un travail sur appel. Les employeurs se déchargent de leur risque
d’entrepreneur sur les employés. Les emplois précaires sont un signal pour les
employés réguliers et pour les personnes concernées, ils sont synonymes de
stress et de préoccupations et entraînent une désintégration sociale. Il est impé-
ratif de mettre fin à l’érosion des conditions de travail créée par les emplois pré-
caires au sein de notre économie nationale.
Les employeurs exigent de plus en plus fréquemment de leurs employé-e-s une flexibilité
et une disponibilité absolues et ne leur accordent plus une planification fiable des horaires
de travail et un salaire adéquat. Corollaire : une précarisation du monde du travail dans
notre pays.
Insécurité en ce qui concerne l’avenir, insécurité financière et insécurité sur le plan des
assurances sociales
Les emplois précaires sont synonymes d’insécurité en matière de moyens de subsistance
(insécurité économique), sur le plan de la continuité de l’emploi (insécurité en ce qui con-
cerne l’avenir) et sur le plan social (couverture sociale insuffisante ou lacunaire). Le travail
temporaire et les emplois à durée déterminée sont des exemples d’emplois engendrant
une insécurité en ce qui concerne l’avenir. L’insécurité financière ou économique est en-
gendrée par le travail sur appel et le travail à domicile sans stipulation contractuelle du
nombre d’heures. L’insécurité sur le plan de la protection sociale est engendrée par le
statut de faux indépendant, le travail au noir ou d’autres formes de travail ne garantissant
pas une couverture sociale suffisante. De plus, les emplois précaires se caractérisent par le
fait que les personnes concernées n’ont pas la possibilité d’influer sur les conditions de
travail. Dans ce contexte, il s’agit de prendre aussi en compte l’axe du temps. D’ailleurs,
les « itinéraires professionnels » deviennent précaires lorsque le chômage et les engage-
ments à durée déterminée ou le travail temporaire se relaient.
Quatre pour cent des personnes exerçant une activité professionnelle ont un emploi
précaire
Caritas a été la première à prendre sous la loupe, en 2001, les emplois précaires. Elle en a
conclu qu’il existe en Suisse 430'000 emplois potentiellement précaires, donc un emploi
sur dix. L’étude Ecoplan, faite en 2002 à la demande du seco, était une démarche diffé-
rente, mais elle est arrivée au même résultat : en Suisse, 453'000 personnes ont un emploi
potentiellement précaire, ce qui représente 11.4 pour cent de l’ensemble des emplois. En y
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pseudo-
indépendance
13%
travail
temporaire 4%
travail sur
appel 38%
travail à
domicile sans
stipulation
contractuelle
du nombre
d’heures 16%
travail à temps
partiel (selon
définition) 8%
contrats à
durée
déterminée
21%
ajoutant une limite de revenus, l’étude Ecoplan arrive à 152'000 emplois précaires, ce qui
correspond à quatre pour cent de tous les emplois. Il faut préciser que ces deux études ne
tiennent pas compte des pendulaires et des ressortissant-e-s disposant d’une autorisation
de séjour de courte durée. Si on les prenait en considération, au moins 50'000 personnes
viendraient s’ajouter aux chiffres obtenus pour l’emploi précaire.
Mauvaise situation sur le marché du travail nombre croissant d’emplois précaires
Il y a un rapport entre le nombre d’emplois précaires et la situation conjoncturelle. Entre
1993 et 1998, le nombre d’emplois précaires a augmenté
1
- le taux de chômage était alors
élevé et les prévisions en matière d’emploi étaient mauvaises. Par conséquent, on peut en
déduire que le nombre d’emplois précaires a encore augmenté ces dernières années –
certes, la croissance économique a de nouveau repris depuis 2003, mais le marché du tra-
vail a encore stagné jusqu’à fin 2006.
Le travail sur appel est la forme de travail précaire la plus fréquente
La forme de travail précaire la plus fréquente est le travail sur appel. Quatre emplois pré-
caires sur dix concernent un travail sur appel, viennent ensuite les emplois à durée dé-
terminée et le travail à domicile.
1
Emplois précaires, 2002, étude Ecoplan à la demande du seco
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C’est dans les branches classiques de la restauration, du commerce et des ménages privés
où les salaires sont bas quon trouve le plus fréquemment le travail sur appel. Les
femmes, les jeunes et les personnes peu qualifiées sont particulièrement touchées par le
travail précaire.
Plus de la moitié des personnes qui fournissent un travail sur appel ne bénéficie pas d’un
taux minimal d’occupation garanti. Le salaire de ces personnes n’est donc pas sûr. En
outre, elles gagnent en moyenne et par heure 20 pour cent de moins que leurs collègues2 .
Une situation inacceptable.
Les employeurs se déchargent de leur risque d’entrepreneur
Lorsque la conjoncture est faible, les employeurs peuvent profiter du fait que la marge de
manœuvre des salariés est restreinte. Par conséquent, les personnes en quête d’emploi
sont contraintes d’accepter des contrats de travail sans obligation en retour pour
l’employeur et des conditions de travail nullement attractives, comme un travail sur appel
ou temporaire. En cas de travail sur appel, les employeurs profitent grandement : ils exi-
gent des employés une flexibilité absolue et peuvent ainsi exploiter pleinement à court
terme et sans grands frais la capacité de leurs employés. Cette situation se rencontre en
particulier dans des branches qui subissent de grandes fluctuations de volume de travail :
grâce au travail sur appel, un employeur peut décharger son risque d’entrepreneur sur les
employés concernés. Une telle flexibilisation se fait entièrement aux dépens des employés.
Signal intimidant
Le statut des personnes qui ont un emploi précaire dans une entreprise est un signal inti-
midant pour les employés fixes travaillant (encore) dans le cadre d’un rapport de travail
régulier. Ils sont constamment confrontés au fait qu’ils pourraient être remplacés à
n’importe quel moment par une main-d’œuvre précaire, hautement flexible. La pression
relative aux conditions de travail et aux salaires des employés fixes est ainsi renforcée et
ces derniers n’osent pas se défendre contre la dégradation de leurs conditions de travail.
L’impact de l’érosion des conditions de travail due à l’emploi précaire est énorme au sein
de notre économie nationale.
Les emplois précaires engendrent stress et préoccupations
Avoir un emploi précaire est synonyme de stress. La personne concernée ne sait pas quel
salaire elle touchera à la fin du mois, elle est dans l’incertitude car elle ne sait pas quelle
va être la durée de son rapport de travail et quand on fera appel à elle. Quant à la couver-
ture sociale, elle est souvent insuffisante et lacunaire. De plus, cette situation précaire a
des retombées familiales et personnelles. Il est impossible de planifier le quotidien et les
soucis financiers deviennent un tourment.
2 Arbeit auf Abruf, 2002 Etude de F. Henneberger à la demande du seco
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Menace de désintégration sociale
Les emplois précaires ne génèrent pas uniquement de durs destins individuels, ils sont
également un thème explosif sur le plan social. Des données d’ordre sociopolitique sous-
tendent cette problématique. Une désintégration sociale menace. Les personnes en emploi
précaire ont plus souvent des problèmes de santé, physiques et psychiques, à cause du
stress que leur situation engendre. Elles ont rarement accès à une formation continue, font
souvent partie des working poors ou reçoivent une aide sociale. Elles ont peu de chance
de pouvoir sortir de cette situation professionnelle, donc peu d’espoir d’amélioration.
Cela signifie donc une charge durable pour les œuvres sociales. L’emploi précaire ne doit
pas être simplement supporté, il s’agit de le combattre.
Susanne Blank, responsable Politique économique, Travail.Suisse
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, Tél. 031 370 21 11, courriel : info@travailsuisse.ch,
www.travailsuisse.ch
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