début des années 2000 à collaborer davantage dans le transport aérien. Les deux pays ont ensuite
été rejoints par les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.
"L'EATC est une structure militaire unique en Europe. Elle fonctionne sur le principe du
covoiturage en mode permanent", explique son commandant, le général français Pascal Valentin.
Son objectif est de "maximiser" l'emploi des moyens aériens de transport militaire, alors que
ces derniers se raréfient dans le contexte "critique" de la crise économique et de la baisse des
budgets militaires.
Par exemple, si un appareil allemand se rend en Afghanistan, l'EATC fait en sorte qu'il puisse
partir et revenir à plein, en transportant des soldats néerlandais ou du fret français. "Un peu
comme le font les alliances de compagnies aériennes civiles", de type Skyteam ou Star Alliance,
souligne le lieutenant-colonel allemand Ralf Gerard.
Cette approche est nouvelle pour les armées nationales qui, jusqu'à présent, collaboraient au
coup par coup, selon les missions.
La primauté de la notion de "souveraineté nationale" est d'ailleurs l'un des principaux freins à
l'avènement d'une Europe de la Défense, un dossier que vont tenter de réveiller les chefs d'Etat et
de gouvernement de l'UE jeudi et vendredi prochains à Bruxelles.
L'EATC illustre le pragmatisme promu par les pays les plus volontaristes. Le ministre français de
la Défense, Jean-Yves Le Drian, vante ainsi les initiatives concrètes prises par quelques pays et
non par l'ensemble des 28 de l'UE. Il s'agit, selon lui, de poser "des briques qui contribueront à
créer la maison" de la défense européenne, en évitant les discussions sans fin sur son bien-fondé.
Vers l'Afghanistan ou le Mali
De fait, la structure de l'EATC se veut extrêmement flexible. Les cinq pays membres lui
délèguent le contrôle opérationnel (Opcon) des avions qu'elles placent sous son commandement.
Mais elles gardent le droit de les retirer temporairement, notamment pour les utiliser pour des
missions nationales.
"En conservant le contrôle de leurs actifs, les pays ne se sentent pas prisonniers de l'EATC. C'est
une des raisons qui expliquent son succès", affirme le général Valentin.
A Eindhoven, les 170 militaires de l'EATC gèrent à distance une flotte diversifiée de plusieurs
dizaines d'appareils stationnés dans leur pays respectif. Il compte des avions de transport tactique
de type Hercules C-130, Transall ou Casa, et stratégique de type Airbus A 330 et 340.
Ces appareils ont mené 7.682 missions en 2012, acheminant troupes et matériels en Afghanistan,
en République démocratique du Congo pour la mission de l'ONU ou au large de la Libye lors de
l'intervention internationale. Depuis le début de l'année, plus de 200 missions ont été menées
vers le Mali dans le cadre de l'opération française Serval, ce qui a permis à la France
d'économiser l'équivalent de deux à trois vols de Transall par jour.
"Notre défi est de répondre à la hausse de la demande dans un contexte de baisse et de
vieillissement de la flotte", explique le général Valentin. L'EATC attend donc avec impatience