Source : Le Monde.fr
Document 4
La BCE relève son taux à 2,25 %
Sourde aux appels des
gouvernements, des syndicats et
des entreprises qui lui
enjoignaient de ne pas relever
ses taux d'intérêt, la Banque
centrale européenne (BCE) les a
augmentés, jeudi 1er décembre,
d'un quart de point. Fixé à 2 %
depuis juin 2003, le principal
taux directeur passe ainsi à 2,25
%. La banque avait très
clairement prévenu qu'elle allait
prendre cette décision. Il s'agit
de la première hausse depuis
octobre 2000. «Le niveau de
risques pour la stabilité des prix
était tel que nous devions
procéder à cette correction
modérée», a assuré Jean-Claude
Trichet, son président, en faisant
référence à la hausse des prix du
pétrole et à la croissance rapide
du crédit. La BCE a relevé ses
projections d'inflation pour 2006
(2,1 %, contre 1,9 %) après 2,2
% attendus en 2005. Les
projections de croissance ont été
augmentées de 0,1 point pour
2005 (à 1,4 %) et 2006 (à 1,9 %).
Lors de sa conférence de
presse, M. Trichet est apparu
agacé par les questions répétées
concernant le changement de cap
récent dans la communication de
la BCE et la division du conseil
des gouverneurs sur cette hausse
des taux. […]. Quant aux
critiques émanant des
économistes ou des
gouvernements, M. Trichet a
indiqué : «Nous n'avons pas à
être influencés, selon les termes
du traité» de Maastricht. Pour
autant, le président de la BCE a
rappelé qu'il n'entrait pas dans un
cycle de relèvements des taux.
[…]
Réagissant dans la foulée, les
gouvernements européens ont
pris au mot M. Trichet. En
Allemagne, le ministre des
finances, Peer Steinbrück, a
estimé que, «tant que nous
n'avons qu'une hausse d'un quart
de point et que ce n'est pas le
début d'une série continue, alors
nous pouvons nous en
accommoder». Son homologue
italien, Giulio Tremonti, a jugé
que «la décision n'est pas
excitante en termes
économiques». «La hausse
envoie un mauvais signal»,
regrette le ministre autrichien des
finances, Karl-Heinz
Grasser.[…]
Les économistes ont du mal à
croire que la BCE en restera là.
Cécile Prudhomme et Adrien de
Tricornot
Source : le Monde, 03/12/2005