Dans le domaine monétaire, la BCE semble réagir beaucoup plus fortement à un risque
d’inflation que son homologue américaine, la Réserve fédérale (FED) remontant son taux
directeur plus vite et de manière plus importante (asymétrie de réaction analysée par le
document 2 voir cours). Inversement, la FED réagit de manière plus franche en cas de
risque de récession par une politique monétaire nettement plus expansionniste, ce que l’on a
pu confirmer depuis la crise débutée l’été 2007 sur le marché immobilier américain.
Sur le plan budgétaire, les Etats constitutifs de la zone euro n’ont pas compensé le caractère
plus restrictif de la politique monétaire, puisqu’ils se sont engagés dans la recherche de
l’équilibre budgétaire (comme le souligne le document 1) dès les années 90 afin d’atteindre
les critères de convergence inscrits dans le traité de Maastricht (3% de déficit maxi et 60% de
dette publique maxi pour les finances publiques) et être qualifié pour faire partie de l’UEM !
On peut donc considérer que les politiques conjoncturelles durablement restrictives ont non
seulement accompagné la mise en place de la stratégie de désinflation compétitive au début
des années 80 ( voir cours), mais ont été poursuivies tout au long des années 90, au-delà
d’ailleurs des alternances politiques.
Nous avons vu que de nombreux éléments plaident en faveur d’une mobilisation plus volontaire de la
politique conjoncturelle dans la zone euro, enfermée dans le cercle vicieux de la « croissance molle »
et de la « stagflation soft ». Or, les choix européens en matière de politique conjoncturelle sont
historiquement construits autour d’une critique des effets néfastes de la relance monétaire et
budgétaire. Par ailleurs, à mi-chemin entre l’échelon intergouvernemental et l’intégration fédérale, la
zone euro doit composer avec des contraintes institutionnelles spécifiques.
II. Les choix et les contraintes spécifiques de la zone euro : neutralisation des politiques
conjoncturelles et priorité aux réformes structurelles.
A. Les choix européens : critique des effets pervers des politiques conjoncturelles de
relance.
L’architecture de la zone euro est fondée sur des politiques conjoncturelles d’inspiration
monétariste, axée sur la critique des politiques keynésiennes. Il s’agit donc d’options
théoriques tout à fait claires. On peut dire que dès les années 90, l’Union économique et
monétaire et les traités afférents (Maastricht, Amsterdam) cherchent à orienter la politique
conjoncturelle vers la stabilité des prix et l’équilibre des finances publiques (sans aucun doute
sous l’impulsion allemande notamment voir cours). La priorité est d’instaurer une zone de
stabilité monétaire et de discipline macroéconomique des Etats en Europe pour construire
l’euro : la stimulation de l’activité économique ne peut provenir que de réformes structurelles
(réformes libérales du marché du travail, intensification de la concurrence sur le marché
unique, lutte contre les monopoles publics, etc.).
Sur le plan monétaire, la BCE est dotée d’une forte indépendance statutaire (déconnectée du
pouvoir politique des Etats membres) et se voit confier un objectif unique : maintenir le taux
d’inflation à des niveaux proches de 2%, donc assurer la stabilité des prix – comme le
rappelle le document 1. On peut noter que l’indépendance de la BCE est plus forte que celle
de la FED (puisque le Congrès américain peut modifier ses statuts), et que cette dernière a
pour mission d’atteindre une pluralité d’objectifs, comme le plein emploi, la stabilité des prix et
la modération des taux d’intérêt. Les choix des gouvernements de la zone euro ont consisté à
donner la priorité à la lutte contre l’inflation, la réduction du chômage ne pouvant provenir
d’une relance monétaire. La baisse des taux d’intérêt et l’expansion du crédit ne stimulent pas
l’activité économique (production réelle) mais ne font qu’augmenter le niveau général des prix
( rappel théorie quantitative de la monnaie).
Dans le domaine budgétaire, les Etats ont opté pour la discipline et la surveillance mutuelle :
en effet, comme l’explique le document 3, un pays de la zone euro pourrait être tenté de
mener une stratégie non coopérative de « passager clandestin » (au sens d’Olson voir
cours) en tolérant un fort déficit public afin de relancer son économie. Ainsi, la BCE réagirait
en augmentant son taux d’intérêt directeur par crainte de l’inflation, pénalisant ainsi… TOUS
les pays de la zone euro. Dès 1997, le traité d’Amsterdam instaure le Pacte de stabilité et de
croissance (PSC) qui limite le déficit budgétaire des Etats à 3% du PIB pour éviter les dérives
traditionnelles de la relance budgétaire keynésienne : inflation, gonflement de la dette
publique, effet d’éviction ( voir fiche). Ce pacte a été réformé et assoupli en 2005 pour
prendre en compte des « facteurs pertinents » comme les efforts en matière d’innovation,
l’aide au développement, etc. (indications du document 6). Ce pacte de stabilité et de