Mars 2005
Deux formes particulières et très rares sont décrites, l’entéropathie auto-immune liée à
l’X dans le cadre du syndrome IPEX et l’entéropathie auto-immune à auto-anticorps
anti-cellules à gobelet.
Le syndrome IPEX (Immune dysregulation, Polyendocrinopathy, Enteropathy, X
linked syndrome) correspond à une mutation du gène FOX P3 intervenant dans la
régulation des lymphocytes T CD4+. Sur le plan morphologique, l’infiltration du
chorion par des lymphocytes T CD4+ activés est massive, associée à des nécroses
glandulaires et à une atrophie villositaire. Une étude récente d’un cas a montré une
amélioration des signes cliniques et morphologiques après greffe de moelle osseuse
HLA – identique.
L’entéropathie auto-immune à auto-anticorps anti-cellules à mucus est
exceptionnelle, certainement mésestimée. Elle atteint tout le tube digestif. Elle est
caractérisée sur le plan morphologique par un aspect d’entéropathie auto-immune, un
infiltrat mononucléé du chorion et surtout l’absence de cellules à mucus. Les études en
immunofluorescence indirecte mettent en évidence la présence d’auto-anticorps
circulants anti-cellules à mucus.
2 - diarrhées graves rebelles non immunes, d’origine épithéliale
A – atrophie micro-villositaire
L’atrophie micro-villositaire entraîne une diarrhée sécrétoire. Elle est caractérisée par
des anomalies de la bordure en brosse prédominant au niveau de l’épithélium de
surface. La bordure entérocytaire est désorganisée, voire absente. Le diagnostic est
difficilement évoqué sur la coloration de routine, l’Hématéïne-Eosine. Ce diagnostic est
posé grâce à des colorations complémentaires, essentiellement le PAS et l’étude
immunohistochimique avec l’anticorps anti-CD10. La coloration par le PAS met en
évidence une accumulation anormale sous forme de granules PAS + dans la partie
apicale du cytoplasme des entérocytes, avec un aspect dit en double contour. L’étude
immunohistochimique avec un anticorps anti-CD10 met en évidence des inclusions ou
granules intra-cytoplasmiques positifs à la partie apicale des entérocytes. La maladie
atteint préférentiellement l’intestin grêle, peut atteindre le côlon, parfois l’estomac. Elle
pourrait correspondre à un défaut dans le transport des vésicules de membrane à la
surface apicale des entérocytes.
Classiquement un examen en microscopie électronique était demandé pour faire le
diagnostic d’atrophie micro-villositaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui lorsqu’un
aspect clinique évocateur, l’image morphologique aidée par les colorations par le PAS
et/ou l’anti-CD10 sont caractéristiques. Ces examens suffisent aujourd’hui au diagnostic
sans qu’il soit nécessaire de faire une étude, toujours lourde, de microscopie
électronique.
B – dysplasie épithéliale
La diarrhée grave rebelle du nourrisson d’origine épithéliale ou « tufting enteropathy »
atteint l’intestin grêle et le côlon. Elle est définie par des anomalies morphologiques
caractéristiques de l’épithélium de surface, avec un épithélium hyperplasique et
« dysplasique » présentant des images en houppette (« tuft »), correspondant à des
images d’entassement sans détachement des entérocytes. Différentes anomalies en
particulier de la matrice extra-cellulaire (laminine …) ont été décrites, sans que l’on
sache aujourd’hui leur signification.