Et ailleurs…?
Antoine de Torrenté
Syndrome de l’intestin irritable
avecdiarrhées: progrès?
La question
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) avec
diarrhées est une aection très commune qui
se caractérise par des troubles intestinaux
fonctionnels, des douleurs abdominales, un
sentiment de ballonnement et de fréquentes
diarrhées. Ce dernier symptôme souvent ac-
compagné d’une urgence d’aller à selle peut
perturber sérieusement la vie des patients.
Les traitements actuels sont très décevants:
essais de divers régimes, lopéramide, modi-
cation du style de vie n’apportent que rare-
ment des bénéces. Les récepteurs opioïdes
intestinaux µ, δ et κ sont essentiels à la régu-
lation du fonctionnement intestinal: motilité,
sécrétion et sensations. Les agonistes des
récepteurs µ ont été les plus étudiés et leur
activation ralentit le transit. L’Eluxadoline est
une molécule agoniste des récepteurs µ et an-
tagonistes des récepteurs δ et κ, qui n’est pra-
tiquement pas absorbée et qui agit donc
directement sur l’intestin sans eet sur le sys-
tème nerveux central (SNC). Quel est l’eet
d’Eluxadoline sur le SII avec diarrhées?
La méthode
Les patients inclus étaient âgés de 18 à 80ans
sourant de SII avec diarrhées selon les
critères de Rome III. Ils devaient avoir souert
la semaine avant randomisation d’un score
moyen de 3 pour les douleurs (score 0–10),
d’un score moyen de 5,5 pour la consistance
des selles (1 = selles dures, 7 = diarrhées aqueu-
ses) et un score global de SII d’au moins2 (0–4).
Deux études (IBS-3001 et -3002) se sont dérou-
lées dans 259 centres aux USA, Canada et RU.
La durée de l’étude était de 26semaines. Les
patients ont reçu après randomisation 75mg
de Eluxadoline 2×/j ou 100mg 2×/j ou un pla-
cebo. Les patients ont été suivis aux semaines
2, 4, 8, 12 et 26. L’issue primaire était une ré-
ponse composite de la diminution de la dou-
leur abdominale et de l’amélioration de la
consistance des selles le même jour pour
~50% des jours des semaines 1 à 12 et 1 à 26.
Les résultats
Les chires ci-dessous sont arrondis pour
simplication. Dans l’étude IBS-3001 >400pa-
tients ont reçu 75mg, 100mg de Eluxadoline
ou un placebo. Dans l’étude IBS-3002, prolon-
gée jusqu’à 52semaines, ~380 patients par
groupe ont reçu les mêmes doses. A la 12e se-
maine, ~25% des patients sous Eluxadoline 75
ou 100mg 2×/j ont atteint l’issue primaire
contre 17% pour le placebo. Pour les semaines
1 à 26, ces chires sont ~30 vs 20% (signica-
tifs). Les eets secondaires les plus fréquents
ont été la constipation, ~8% pour les groupes
actifs vs 2,5% pour les groupes placebo, les
douleurs abdominales 6,5 vs 4% et les nausées
~8 vs 5%. 5patients sous Eluxadoline ont fait
une pancréatite bénigne.
Les problèmes
Ce type d’étude est extrêmement complexe
de par la variété de la symptomatologie qui
est auto-reportée. Il est curieux de constater
que 2,5% des patients sous placebo ont souf-
fert de constipation alors que les diarrhées
étaient un critère d’inclusion obligatoire. Une
mesure du psychisme sur la maladie?
Commentaires
L’intérêt d’Eluxadoline est son action sur les
récepteurs opioïdes de manière locale, sans ef-
fet notable sur le SNC (mis à part peut-être pour
les nausées), la molécule n’étant pratique-
ment pas absorbée. Les critères d’amélioration
étaient très stricts exigeant une amélioration
simultanée dans la même journée des douleurs
abdominales et des diarrhées. Les cas de pan-
créatite sont certes un souci (spasme du sphinc-
ter d’Oddi) mais ne sont survenu que chez les
patients ayant subi une cholécystectomie. Il
est probable que le médicament va trouver sa
place pour une aection qui peut perturber
sévèrement la qualité de vie des patients.
Lembo AJ, et al. N Engl J Med.
2016 Jan 21;374(3):242–53.
Dupilumab:
efficace pour la polypose nasale?
Le Dupilumab est un anticorps contre les ré-
cepteurs de l’interleukine , ecace contre la
dermatite atopique (voir SMF, édition ). La si-
nusite chronique avec polypose est une mala-
die à éosinophiles dépendant aussi de
l’interleukine . patients avec une polypose
nasale résistante aux stéroïdes locaux ont
reçu une injection s-c/semaine de Dupilumab
pendant semaines ou un placebo. A se-
maines, les patients sous Dupilumab ont été
signicativement améliorés. On pourra peut-
être éviter la chirurgie qui souvent est la solu-
tion de dernier recours…
Bachert C, et al. JAMA. Feb ;():–.
Résistance aux antibiotiques:
fausses idées du public
La résistance aux antibiotiques va devenir un
problème crucial. Pourtant, le public se fait
defausses idées potentiellement capables
d’aggra ve r le problème. L’OMS vient de rendre
public les résultats d’une enquête auprès de
personnes interrogées dans pays. ⅔
savent qu’il existe un problème de résistance
mais ⅓ pense qu’on peut arrêter le traitement
dès qu’on se sent mieux. ¾ pensent que c’est
eux-mêmes qui deviennent résistants et non
les bactéries elles-mêmes. Que dire aussi de la
diminution progressive des doses (parfois
prescrites par les médecins eux-mêmes…) qui
favorisent grandement la résistance. Eduquer
encore et encore.
Friedrich MJ. JAMA. ;():.
Encore des pierres dans le jardin
des inhibiteurs SGLT2?
D’intenses campagnes publicitaires vantent
les mérites des inhibiteurs de la réabsorption
tubulaire du glucose en cas de diabète. La FDA
vient d’émettre un avertissement sur les
risques de ce traitement. Entre mai et mai
, cas d’acido-cétose sont survenus chez
des diabétiques de type ou . Curieusement,
dans certains cas, la glycémie était plus basse
qu’attendue pour cette complication ce qui a
ralenti le diagnostic. En plus, cas d’infections
urinaires graves: pyélonéphrites ou sepsis.
Encause: canagliozine, dapagliozine et em-
pagliozine. Les symptômes à ne pas négliger:
nausées, douleurs abdominales, èvre et
brûlures urinaires. Un enthousiasme pour de
nouvelles molécules qu’il faut tempérer…
Voelker R. JAMA. ;():.
Stop fumée: varenicline, patch de nicotine
seul ou nicotine per os + patch?
Cette étude visait à examiner s’il y avait une
diérence dans le taux d’abstention entre ces
trois possibilités chez les patients motivés à
arrêter la fumée. A semaines, aucune dié-
rence dans les taux d’abstention mesurée par
le CO expiré soit environ % dans les trois
groupes (n = ~ pour la varenicline et n =
pour chacun des deux autres modes de traite-
ment). Ce triste taux montre à quel point la
nicotine est addictive!
Baker TB, et al. JAMA. Jan ;():–.
ET AILLEURS…? 509
SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2016;16(24):509