
Mais l’économie ne suffit plus. La question politique revient sur le devant de la scène. Les
pays membres vont se diviser sur ces questions politiques, notamment lors de la guerre des
Balkans. Les Etats-Unis sont obligés d’intervenir et de régler l’affaire (Accords de Dayton en
1995). L’Union Européenne ne joue pas son rôle de régulation. On va donc envisager une
construction de la politique par le droit : le patriotisme constitutionnel.
Habermas va dissocier le droit et l’économie, projetés au niveau européen, de la culture et de
la solidarité, qui resteront au niveau national. Le droit est une notion universelle qui peut être
commune à tous les pays européens. C’est l’idée d’une démocratie procédurale : on se met
d’accord sur des règles car on n’est pas d’accord sur le contenu. On va construire un état
européen (un ensemble de règles de droit, de régulations économiques, judiciaires, etc…) sans
contenu substantiel. Ce n’est pas une définition de « patrie européenne ».
On va retrouver cette notion en Allemagne. Le patriotisme constitutionnel est la solution pour
unir le pays, pour projeter une identité commune. On vote la loi fondamentale, qui instaure
un ensemble fédéralisé allemand avec des pouvoirs régionaux très importants et un pouvoir
national faible. C’est à partir de cette expérience allemande qu’Habermas tire ses
conclusions.
Contrairement à l’Allemagne, la France veut une Europe forte, représentant une projection de
sa propre puissance.
Cette notion de patriotisme constitutionnel existe également aux Etats-Unis. Elle est
développée par Ackermann, qui défend une idée différente de celle d’Habermas.
Aux Etats-Unis, il existe une même constitution politique par le droit parce que les 13 états
fondateurs ne voulaient pas d’un état américain fort. On retrouve dans la constitution cette
projection de l’idée politique américaine. En 189, le « Bill of rights » (premier amendement)
est ajouté ; c’est une petite déclaration de droit. On ne veut pas mettre davantage de contenu
(on ajoutera uniquement, par la suite, un second amendement, relatif aux armes).
Ce patriotisme constitutionnel va être le fondement de l’amour pour la nation américaine,
contrairement à l’Allemagne, qui craint la nation, évite l’identité. Ce patriotisme s’enrichit, se
développe.
Dans l’ « espace post national », il faut aborder la question de la transnationalisation (sécurité,
environnement, immigration, démographie…). L’Europe doit penser en terme global, ce qui
représente une nouvelle contrainte.
La question des frontières
Les frontières ne sont pas seulement physiques et géographiques. Elles sont aussi politiques.
Quelles sont les frontières de l’espace post-national ?
Le projet politique doit inclure le dépassement des frontières. Mais jusqu’où ? Selon Kant,
nous sommes tous les mêmes. Il n’y a aucune raison qu’on soit limité par les frontières. Le
philosophe développe une idée cosmopolite.
Un espace post national a vocation de s’étendre. Quels principes limitent la portée de cet
espace ? Cette question se pose dans le cas de l’entrée de la Turquie au sein de l’Union. Pour
y répondre, on peut appliquer plusieurs raisonnements : positiviste, culturaliste,
fonctionnaliste.
La Turquie pose un problème majeur : son entrée mènerait à un déséquilibre en Europe. La
Turquie représente une trop grosse charge démographique. Cela créerait un déséquilibre des