2002a). Selon Heidegger l’individu est essentiellement engagé dans un monde partagé et
ainsi, le réseau des significations personnelles est historiquement, culturellement et
socialement défini. Depuis les premiers soupçons de l’enfant en ce qui concerne
l’intentionnalité des gestes de la mère (Vygotsky, 1930/1978) jusqu’à la reconnaissance
humaine mutuelle (Hegel, 1807/1967 ; Mead, 1934/1962), la signification jaillit de
l’interaction interpersonnelle.
Dans une tradition plus sociologique et ethnométhodologique, (Garfinkel, 1967), stipule que
la signification d’un contexte communicatif est établie de manière interactive et est réalisée
par les participants qui créent un ordre social à la volée. Entendons par là que la signification
de différentes expressions individuelles n’est pas donnée par quelques idées préconçues et
exprimés avec des symboles verbaux. La signification des expressions produites est plutôt
négociée par les émetteurs et les récepteurs. Toute production d’expression et leur
interprétation s’ancre dans un contexte communicatif interactionnel. La signification
d’une expression spécifique peut être définie et affectée par des expressions, réponse,
gestes, pauses, etc. (Sacks, 1992). En d’autres mots, la signification des faits des individus est
construite ou réalisée dans le discours du groupe et forme le champ interprétatif dans lequel la
connaissance est partagée durant l’interaction.
La recherche scientifique plus récente en matière de collaboration a été appréhendée à travers
des paradigmes différents par les différentes disciplines impliquées. Dillenbourg, Baker
O’malley et Baye (1996, cité par Jermann, 2004) propose une synthèse des différents champs
d’étude en distinguant trois paradigme :
le paradigme des effets (effects paradigm) qui étudie les différences d’apprentissage
entre l’apprentissage individuel et en groupe (voir Salvin, 1980, 1995).
le paradigme des conditions (conditions paradigm) qui s’occupe principalement de
mettre en évidence les conditions selon lesquels l’apprentissage collaboratif porte ses
fruits en étudiant principalement la taille des groupes, l’hétérogénéité des membres du
groupe, et les propriétés de la tâche à effectuer. (pour une méta-analyse voir Salvin,
1995, Johnson, Johnson & Stanne, 2000).
le paradigme d’interaction (interaction paradigm) étudie les interactions comme étant
à la base de l’effet d’apprentissage découlant d’une situation collaborative. Selon
Jermann (2004), 3 facteurs caractérisent cette approche : les conditions initiales,
l’interaction et les produits des activités. Les conditions initiales ont un effet sur les
caractéristiques de l’interaction (quantité d’interaction, symétrie de la participation,
complexité de l’argumentation produite, qualité de la connaissance partagée)
l’interaction elle-même et la production d’activité. les caractéristiques l’interaction
ont un effet sur la performance et l’apprentissage.
Pour entrer un peu plus en détail en ce qui concerne ce 3ème paradigme d’étude, il nous faut
examiner d’un peu plus près les implications pratiques dans les études expérimentales. Un
premier champ d’étude utilise l’interaction comme variable dépendante pour étudier
l’influence des caractéristiques d’une situation d’apprentissage collaborative. On y observe
par exemple une correspondance entre le niveau de structuration de l’interaction et le degré
de demande cognitive d’une tâche. Les activités qui impliquent un niveau de réflexion bas
demande par exemple une structuration plus élevée des interactions et vice versa.