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Selon Bourdieu, il y a une culture légitime et les autres valent pour autant qu’elles se rapprochent de
cette norme.
Il y a deux points d’application de l’authenticité, de l’originalité et de la pureté d’une culture : la
langue et le sang. Cette vision offre de multiples dangers comme l’isolement (l’ethnocentrisme chez
Lévi-Strauss). Herder pose l’originalité d’une culture mais il dit qu’elles sont toutes valables tant
qu’elles ont gardés leur capacité créatrice. Cette vision va se dégrader par rapport à l’ethnocentrisme et
la tendance raciste. L’intérêt c’est que, ayant cette vision de l’originalité des cultures, elles sont
incomparables : chaque peuple garde son style. Chaque langue est originale, chaque culture a la
volonté de garder son originalité, la solution est la traduction qui permet de dépasser l’enfermement du
particularisme à la fin du 18ème (le romantisme), ça interdit de penser que l’on possède l’universel :
c’est un progrès important de la pensée humaine.
Dans la version française, l’universalisme est déjà réalisé (valeurs portées par la révolution, ils
demandent aux autres d’être comme eux, c’est un peu comme du colonialisme) alors que dans la
vision de Herder, l’universalisme n’est jamais réalisé (les traductions ne sont jamais parfaites, c‘est
une approximation) mais il y a une possibilité en traduisant (échange des significations) : la langue
n’est donc pas vouée à rester renfermée sur elle-même, on est dans un travail d’universalisation.
Il y a donc l’universalisme contre le particularisme : le particularisme n’est pas fermé, il peut s’ouvrir
sur l’autre. Herder : « tout le sens de mon œuvre est une substitution à un universalisme reposant sur
une prééminence d’un modèle unique et exclusif de toutes autres formations culturelles, d’un
universalisme posant l’égale dignité d’incarnations différentes d’une même essence [humaine] »
B) La symétrie : l’apport français.
1) l’aspect folklorique
La culture populaire, l’aspect folklorique.
L’aspect folklorique comble une partie du mouvement « Sturm und drang » et de la définition de
Taylor. Les folkloristes sont les précurseurs de l’anthropologie et de l’ethnographie dans l’espace
européen et ils portent leur attention sur les façons de vivre, les us et les coutumes, l’objet de la vie de
tous les jours, etc. C’est un mouvement du 19ème siècle composé de gens ayant un métier intellectuel,
c’est donc l’œuvre d’observations et de récits faits par des curés, des avocats, des notaires, des
médecins (généralement des bourgeois), etc.
Les thèmes des folkloriques sont la maison, la culture matérielle traditionnelle, les coutumes, la
religion populaire et la tradition orale (recoupe les « Sturm und drang »). Cette grille a servi à collecter
des tonnes d’observations (plus dans les pays du centre et du Nord de l’Europe).
Dans le cas de la France, il faudrait mentionner plusieurs évènements qui scandent la naissance et le
développement de cette activité folklorique. Paradoxalement, l’un des 1er évènement se fait pendant la
révolution française et émane de l’abbé Grégoire élu à l’assemblé du tiers Etat (c’est un
révolutionnaire) : il a permis l’intégration des juifs en France, il a contribué à la transformation du
statut des esclaves et il est à l’origine d’un questionnaire traitant de l’usage des dialectes régionaux (il
pense que la meilleure façon d’unifier la nation est d’imposer à tous les français une langue
commune : le français). Ce français est un dialecte régional de l’Île-de-France, à côté de cela, il y a
d’autres dialectes : le picard (Nord), le flamand, le breton, le basque, le franco-provincial, l’occitans
etc. Dans ce questionnaire, il demande de recueillir les restes de langue dont les Français voudraient
faire disparaître : c’est un paradoxe.
Pour lui, soit tout le monde parle un patois soit tout le monde parle le français, c’est là le souhait de
Grégoire : c’est l’esprit des girondins (centralisateur, unificateur), le jacobinisme cherche plus à garder
des prestiges.
2) L’académie celtique
Cette académie fait un questionnaire en 1805 qui partage le même principe que l’abbé Grégoire. C’est
un mouvement et une période qui a un intérêt pour les origines celtes de la France, son but est de
retrouver et de mémoriser ce qui est à l’origine de la France. Depuis le 12 et 13ème siècle, il y a un
débat autour de cette origine, qui est à l’origine ? Les francs (les barbares qui ont envahis la France :
les conquérants, la noblesse française) ou les celtes ? Le celtisme est un mouvement développé au
19ème siècle qui part à la recherche des traces celtes. Où les trouver ? Grâce aux questionnaires (au
total 51 questions) : travail de réhabilitation d’une tradition jusqu’ici rejeté.