Les quelques années qui ont suivi la crise asiatique ont été marquées, pour les chaebols, par un
changement en profondeur des règles du jeu qui avaient prévalu au cours des quarante années
précédentes. Ce choc sans équivalent dans la région a pris la forme d'un accroissement brutal des
contraintes règlementaires qui encadrent l'activité des chaebols, d'un rationnement des financements
bancaires et d'un découplage très net entre les familles fondatrices des chaebols et le pouvoir politique
incarné par le Président Kim Dae-jung. Cette politique a principalement concerné les 30 premiers
groupes (en termes d'actifs) auxquels un cadre législatif dérogatoire du droit commun a été imposé. Les
principales mesures ont concerné:
- le désendettement des grands groupes: les autorités coréennes ont imposé aux 30 premiers
conglomérats un objectif de ratio dette / capital inférieur à 200%, alors que le ratio moyen s'établissait à
519% à la fin de 1997. Les garanties croisées entre filiales d'un même groupe ont également été
interdites.
- le recentrage sur quelques métiers de base: l'expansion des groupes coréens a également été limitée
par une pression à la baisse sur le nombre total de filiales et par l'interdiction faite aux chaebols de
consacrer plus de 25% de leur capital à de nouvelles prises de participation.
- L'accroissement de la transparence des comptes: les trente premiers chaebols ont été soumis à une
obligation de publication annuelle de leurs comptes consolidés (pour la première fois en juillet 2000) et
à un renforcement du contrôle des petits actionnaires sur les résultats financiers des groupes. Ces
mesures inédites ont profondément affecté le fonctionnement des chaebols. Pour autant, elles n'ont pas
toujours atteint leur objectif.
- Une amélioration inégale de la situation financière des grands groupes:
Globalement, les contraintes réglementaires et financières imposées aux grands groupes et la nouvelle
discipline imposée au secteur bancaire en matière de prêts ont incité les chaebols à mettre en oeuvre
une restructuration salutaire. Elles ont surtout permis d'éviter la transmission des difficultés financières
d'une société aux autres filiales du groupe. L'analyse financière des chaebols passe donc aujourd'hui
moins par une analyse par groupe que par une analyse plus ciblée au niveau des entreprises
individuelles, dont la situation, à l'intérieur d'un même chaebol, peut être très contrastée.
D'autre part, si l'endettement et la solvabilité de la plupart des grands groupes se sont sans conteste
améliorés, la capacité des sociétés coréennes à dégager des profits, et donc de la valeur pour les
actionnaires, reste, à quelques exceptions près, trop limitée.
¤ En termes d'endettement, le ratio dette sur capital moyen des 30 principaux chaebols est passé de
521% en 1997 à 170% en 2001. Celui des cinq principaux chaebols est passé de 352% à 161,9% en
moyenne sur la même période. Ces résultats ont été permis en partie par la réduction du stock de la
dette mais surtout par l'augmentation rapide des fonds propres (augmentations de capital, ventes
d'actifs). En valeur absolue, la dette des principaux chaebols reste très importante: 97 milliards d'euros
pour le groupe Samsung et environ 45 milliards d'euros pour Hyundai ou LG.
¤ L'endettement encore très important de la plupart des chaebols entretient une inquiétude justifiée
quant à la solvabilité des groupes coréens. Ainsi, la majorité des chaebols présentent des ratios de
solvabilité égaux ou inférieurs à 1,0 ce qui signifie qu'ils ne sont pas en mesure d'honorer le
remboursement des intérêts de leur dette (sans parler de rembourser le capital!). Sur les 15 principaux