Médecine d'Afrique Noire : 1999, 46 (4)
explorer la constipation distale qui semble être le princi-
pal type des constipations africaines.
Une fois éliminée une cause tumorale, il faut exclure
d’autres maladies avant d’affirmer le caractère fonctionnel
de la constipation.
•Maladies endocriniennes : diabète hypothyroïdie,
hyperparathyroïdie,
•Maladies neurologiques : maladie de Parkinson,
neuropathies périphériques,
•Maladies iatrogènes : neuroleptiques, opiacés etc.
Toutes les causes organiques étant éliminées, il faut insti-
tuer un traitement.
QUEL TRAITEMENT DE LA CONSTIPATION ?
Le traitement pour être rationnel doit se fonder sur le
mécanisme de la constipation.
Les règles hygiéno-diététiques sont toujours de mise.
Aussi, faut-il s’assurer :
• d’un apport hydrique suffisant, au moins deux litres
d’eau par jour ; de préférence entre les repas,
• d’un apport en fibres végétales surtout sous forme de
légumes verts et de fruits,
• de prendre les repas à heures régulières en mastiquant
bien,
• de pratiquer une activité physique régulière,
• si possible, de se présenter à la selle après les principaux
repas, notamment après le petit-déjeuner, afin d’opti-
miser les périodes de motricité digestive (réflexe gastro-
colique) et rééduquer l’exonération.
En cas de constipation atonique, il est nécessaire de dimi-
nuer les apports excessifs en fibres alimentaires.
En cas de constipation spasmodique, il faut augmenter les
apports en fibres alimentaires : 20 g de son brut par jour,
soit 4 cuillères à soupe à atteindre progressivement, car des
ballonnements et des fermentations excessives apparaissent
fréquemment en début de traitement. Les fibres alimentai-
res peuvent être incorporées à un légume, un potage ou à
un laitage.
Le traitement médicamenteux
Le traitement médicamenteux repose sur la prescription de :
• laxatifs de lest (mucilages),
• émollients (huile de paraffine),
• laxatifs osmotiques (disaccharides, hydratants).
Les laxatifs mucilagineux ( N o r m a c o l ®, Spagulax®,
Transilane®, Mucipulgite®, etc...), comme les fibres végé-
tales non digestibles, forment un ballast qui retient l’eau
dans la lumière intestinale. L’utilité de cet effet ballast
résulte de la corrélation existant entre le volume du conte-
nu colique et la fréquence des contractions propulsives.
Ces laxatifs sont hélas difficiles à avaler et sont contre-
indiqués en cas d’atonie colique.
Les laxatifs émollients, essentiellement les huiles de paraf-
fine (Lubentyl®,L a n s o y l®, Laxamalt®, etc...), sont des
huiles non absorbables et non modifiables qui provoquent
une action sur le transit par ramollissement et lubrification
du bol fécal. Ces substances sont à prendre avec précaution
en cas de troubles de la déglutition, fréquents chez les
sujets âgés, qui leur feraient courir un risque de pneumo-
pathie d’inhalation. En cas de reflux gastro-œsophagien,
l’utilisation de laxatifs émollients sera déconseillée avant
le coucher. Les laxatifs lubrifiants peuvent également
majorer une incontinence fécale en cas de suintement anal.
Enfin, leur prise au long cours peut être à l’origine d’un
déficit en vitamines liposolubles A, D, E et K.
Les laxatifs osmotiques sont de deux types : les plus
anciens, à base de lactulose, et les plus récents, à base de
macrogol.
Les laxatifs osmotiques disaccharides (lactulose, lactitol)
sont des sucres non absorbables qui exercent un eff e t
osmotique grâce à leur concentration endoluminale. Paral-
lèlement, la fermentation de ces sucres au niveau du côlon
droit entraîne la formation d’acides gras volatiles venant
renforcer le pouvoir osmotique, et stimuler la motricité
colique. En revanche, cette fermentation colique est sou-
vent la cause de ballonnements consécutifs à une produc-
tion excessive de gaz.
Les laxatifs osmotiques hydratants (macrogol) ne sont pas
transformés dans la lumière digestive. Leur action s’exerce
par une augmentation locale de la pression osmotique.
LA CONSTIPATION 246