La géographie économique - Cours-univ

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Note : 11 ouvrages utiles – six en français et cinq en anglais – sur la civilisation russe et sa langue vous sont offerts à la fin de
ce livre.
L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques fut proclamée le 30 décembre 1922. Lénine
assure alors une libéralisation contrôlée du régime, qui permet la relance de l’économie et une hausse
du niveau de vie avec la NEP (« nouvelle politique économique. ») La construction de l’État soviétique
se consolide avec l’absorption des républiques non russes, l’adoption de la Constitution de 1924 et sa
reconnaissance par les puissances occidentales. Après la mort de Lénine en 1924, Staline, secrétaire
général du Parti Communiste de l’Union Soviétique (PCUS), élimine Trotski et l’opposition de « gauche »
en 1929, puis l’opposition de « droite » (Boukharine.) Staline peut alors donner la priorité à deux
objectifs : le renforcement de l’État et le développement économique. De 1934 à 1939, le NKVD,
nouvelle police politique, instaure la terreur, emprisonnements, exécutions et déportations en masse
vers les camps de concentration. Une série de grands procès (1936-1938) décime notamment l’armée
Rouge et le parti communiste, frappant en priorité la « génération d’octobre. » Les plans quinquennaux,
à partir de 1929, exigent de chaque citoyen un travail acharné et de grands sacrifices matériels.
L’infrastructure et l’industrie lourde font des progrès importants, mais les industries légères sont
négligées, et le niveau de vie reste bas. Dans les campagnes, la collectivisation forcée se heurte à
l’opposition des paysans enrichis par la NEP : les koulaks. La répression est impitoyable, et le secteur
agricole se trouve complètement désorganisé pour de longues années. En politique extérieure, Staline
soutient la constitution de « fronts populaires » (France, Espagne.) En 1939, le pacte germanosoviétique permet l’annexion de vastes territoires occidentaux et retarde la guerre avec l’Allemagne, qui
envahit l’URSS en 1941.
Le 30 décembre 1922 l’union des républiques socialistes soviétiques est fondée. A cette date elle
comprend les Républiques de Russie – qui englobe toute l’Asie centrale – d’Ukraine, de Biélorussie et
de Transcaucasie. Remaniée en 1923 et 1924, la constitution soviétique proclame l’égalité en droit des
républiques et leur souveraineté, mais le fonctionnement institutionnel de l’union favorise de fait
l’intervention du pouvoir central dans les organes républicains. De nombreux changements dans les
découpages et les statuts territoriaux interviennent jusqu’à l’adoption de la Constitution de 1936, qui
donne à l’Union soviétique sa physionomie quasi définitive, sauf sur la frontière occidentale, où de
nouvelles modifications interviendront à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis sa première attaque cardiaque, survenue en mai 1922, Lénine ne participe que sporadiquement
à la vie politique, avant de s’en trouver définitivement écarté en mars 1923. A la fin de sa vie, il exprime
ses inquiétudes devant l’évolution du parti – marquée notamment par le poids de la bureaucratie -,
critique les principaux dirigeants, en particulier Staline, secrétaire général depuis 1922, avec lequel il est
en désaccord sur la question national et qu’il recommande d’écarter de son poste. Le retrait de Lénine
attise les oppositions au sein de la direction du parti, qui s’étalent au grand jour après la mort, le 21
janvier 1924, du chef historique de la révolution.
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La lutte pour la succession domine dès 1924 la vie politique soviétique. Le secrétaire général renforce
ses positions au sein du parti en s’alliant avec Léon Kamenev et Grigori Zinoviev pour lutter contre le
« nouveau cours » réclamé par Trotski, lequel défend la nécessaire démocratisation de l’appareil.
Cependant, la troïka – Staline, Zinoviev et Kamenev – qui dirige le pays éclate lors du XII ème congrès
du parti en décembre 1925. Aux rivalités de personnes s’ajoutent des différends sur les grands choix
politiques et économiques de l’URSS. La poursuite de la NEP ou son abandon au profit d’une
industrialisation de massive du pays, revendiquée par Trotski, et le mode de fonctionnement du parti
constituent les principaux enjeux qui opposent les dirigeants. Tandis que Zinoviev et Kamenev
rejoignent Trotski dans l’ »opposition unifiée » de gauche, Staline se pose en médiateur entre celle-ci et
la droite du parti – incarnée par Nicolas Boukharine. Se présentant comme le fidèle héritier de Lénine,
utilisant son rôle de secrétaire général pour placer ses partisans aux postes clés de l’appareil, Staline
parvient à évincer l’ « opposition de gauche » en 1927. Trotski, exclu du parti en novembre, est expulsé
de l’URSS en 1929.
L’adoption en 1928 du premier plan quinquennal, qui marque le début de l’industrialisation accélérée du
paya et de la collectivisation, permet à Staline d’engager la lutte contre Boukharine et l’aile droite,
partisans de la poursuite de la NEP. En 1929, sa victoire est acquise au sein du parti. Le cinquantième
anniversaire du secrétaire général inaugure le culte dédié à Staline, qui, vingt-trois ans durant, va diriger
l’URSS.
La réalisation du premier plan quinquennal (1929 -1933) provoque un changement radical de l’univers
social soviétique. Après des années d’atermoiement sur fond de crise économique, toute la société se
trouve brusquement mobilisée pour entreprendre la modernisation structurelle du pays. Le plan est
orienté vers le développement de l’industrie lourde, l’ouverture des immenses chantiers de grands
combinats, notamment à Magnitogorsk (Oural) et à Dniepropetrovsk (Ukraine.) Vécue comme un défi
face aux crises qui frappent les pays capitalistes, la réalisation du plan est orchestrée par une
propagande de masse, qui associe étroitement le thème de la modernité du pays à l’édification de
socialisme. La « lutte sur tous les fronts », décrétée par le parti, se traduit par une grande campagne
antireligieuse, en 1929, et par une série de procès spectaculaires, en particulier celui du « parti
industriel » en 1930 et celui des mencheviks en 1931. La collectivisation agraire est accélérée entre
1929 et 1933. A la fin de l’année 1929, Staline lance la campagne de « liquidation des koulaks en tant
que classe. » Les grandes répressions qui accompagnent la « dékoulakisation » (expropriation,
réquisition des céréales et du bétail, déportation des paysans) et la collectivisation forcée du monde
rural provoquent la désertification des campagnes. En Ukraine, dans le Nord du Caucase et dans la
basse Volga, une famine d’une ampleur inégalée fait 6 millions de victimes en 1932 – 1933. En dépit des
conséquences désastreuses de la collectivisation, le premier plan est déclaré achevé avec succès en
décembre 1932. A cette date l’industrie lourde a augmenté de 273%, et 61% des terres ont été
collectivisées.
Une brève détente s’esquisse dans les deux années suivantes, mais elle est brutalement interrompue
après l’assassinat, le 1er décembre 1934, de Sergueï Kirov, secrétaire du parti de Leningrad. Le meurtre
de Kirov donne le signal de nouvelles mesures d’exception et d’une répression de masse. Les grands
procès publics de Moscou, intentés en 1936-1937 contre les dirigeants historiques du parti (Zinoviev,
Kamenev, Radek, Boukharine, Rykov), le jugement à huis clos des principaux chefs de l’armée
constituent la face visible des purges, qui atteignent toutes les couches sociales et toutes les régions du
pays. La population des camps soviétiques – assujettis depuis 1930 à l’administration du Goulag, qui
dépend du ministère de l’intérieur (NKVD) – passe de 500 000 détenus en 1934 à 2 millions en 1937 et
à 3 millions en 1939. Alors que le règne de la terreur atteint son paroxysme dans la seconde moitié des
années 1930, la nouvelle Constitution soviétique de 1936, présentée comme « la plus démocratique du
monde », définit les cadres de la légalité socialiste. L’évolution de l’idéologie officielle est marquée par le
retour progressif aux valeurs culturelles et sociales traditionnelles, vilipendées durant les années
révolutionnaires. L’interdiction de l’avortement en 1936 consacre la naissance d’un nouvel ordre moral
glorifiant la famille comme modèle de stabilité de la société socialiste. La révision de l’histoire aboutit à la
réhabilitation des figures fondatrices de la grande Russie et à une relecture positive de l’expansionnisme
tsariste qui annonce l’émergence du nouveau discours nationaliste. L’éthique et l’esthétique
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néoclassiques sont requises pour fonder les références d’une société radicalement bouleversée par le
grand tournant économique des années 1930 et les purges de masse qui l’accompagnent.
La politique internationale de 1920 à 1941.
Durant ses premières années d’existence, le nouveau régime subordonne sa victoire à celle de la
révolution mondiale, sans laquelle le communisme russe, proclamé dans un pays socialement arriéré et
encerclé par les puissances capitalistes, n’aurait aucune chance de l’emporter. Lors de sa fondation à
Moscou, en mars 1919, l’Internationale communiste (Kominterm) se donne pour mission de coordonner
l’action des mouvements révolutionnaires pour préparer l’avènement du nouvel ordre mondial. Le
onzième congrès du Kominterm, tenu en 1920, adopte le principe de créer « un seul parti communiste
ayant des branches dans chaque pays. » Lénine et Trotski élaborent les 21 conditions d’admission au
Kominterm. Mais dans la pratique la priorité est donnée au développement des forces révolutionnaires
dans le monde, ardemment défendue par Trotski, est abandonnée avant même l’éviction politique de ce
dernier. Et la montée au pouvoir de Staline, partisan de « la construction du socialisme dans un seul
pays », consacre bientôt la subordination du Kominterm aux intérêts de l’URSS. Dans les années 1930,
l’organisation devient un pur instrument aux mains de l’État soviétique, qui téléguide la politique des
partis communistes étrangers. A partir de 1936, ses principaux dirigeants disparaissent, victimes des
purges. Lorsqu’il est officiellement dissous, en 1943, afin de rassurer les alliés, le Kominterm n’est plus
qu’une organisation fantôme.
Dès les années 1920, l’État soviétique cherche à normaliser ses relations internationales. Le traité de
Rapallo, signé avec l’Allemagne en 1922, inaugure une décennie d’échanges privilégiés avec ce pays,
qui constitue le principal partenaire occidental de l’URSS. En revanche, les relations du gouvernement
avec la France et la Grande-Bretagne restent distantes en dépit de la reconnaissance de jure de l’URSS
par ces États, en 1924. Jusqu’à l’avènement de Hitler, la politique extérieure de Staline s’inspire de la
théorie léniniste selon laquelle les « contradictions impérialistes » ne peuvent que renforcer la position
de l’URSS dans le monde. Toutefois, cette orientation change à partir des années 1933-1934 : face à
l’accroissement des tensions internationales suscitées par la montée au pouvoir du parti nazi, Moscou
entre dans le jeu de la sécurité collective engagé par les puissances occidentales. L’Union Soviétique
multiplie les traités de non-agression et d’assistance avec les États d’Europe et adhère à la Société des
Nations en 1934. Après avoir violemment condamné toute collaboration avec les sociaux démocrates
européens, Staline prône un front des forces antifascistes et intervient activement dans la guerre civile
espagnole. Mais la passivité des démocraties occidentales au moment de l’Anschluss renforce sa
méfiance à l’égard des pays alliés, dont il craint toujours un revirement dirigé contre l’État Soviétique.
L’abandon de la Tchécoslovaquie signe la faillite de la politique de sécurité collective et détermine le
rapprochement soviético-allemand. Il se concrétise le 23 août 1939 par la signature d’un pacte de nonagression, assorti de clauses secrètes sur les zones d’influences en Europe de l’Est. Le pacte germanosoviétique met en évidence le primat des intérêts géostratégiques sur les orientations idéologiques des
deux États.
Après plus de six ans de guerre de dévastations, le bilan est lourd pour le nouvel État, confronté à
l’ampleur des pertes humaines, à la famine et aux épidémies, à la désorganisation complète de
l’économie; la production industrielle et agricole recule bien au-dessous du niveau d’avant guerre, le
mécontentement populaire s’exprime par des révoltes paysannes, des grèves ouvrières, l’insurrection
des marins de Kronstadt en février mars 1921. Le pouvoir réprime impitoyablement le soulèvement, et le
dixième congrès du parti cherche au même moment à renforcer la discipline et la cohésion de ses
membres. Mais ce congrès marque aussi le lancement de la NEP, qui doit permettre le relèvement du
pays : son objectif premier est de rallier la paysannerie au régime et de restaurer la confiance, avec la fin
des réquisitions, la levée d’un impôt en nature puis en argent, et la liberté de vendre les surplus. Dans le
commerce et l’industrie, l’État fait une place au secteur privé, tout en gardant le contrôle des
mécanismes essentiels. Dès 1924/1925, l’augmentation de la production et de la productivité témoigne
d’un net redressement économique dont bénéficie l’ensemble de la population.
Cette période est aussi celle d’une refonte des institutions, marquée par la création de l’URSS en 1922
et par l’élaboration d’une constitution fédérale, ratifiée en janvier 1924. Mais les réformes économiques
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et constitutionnelles s’accompagnent d’un durcissement de la lutte contre les opposants, d’une
intensification de la pression idéologique et, dans le parti lui-même, d’un renforcement des moyens de
centralisation et de contrôle. Avec la maladie de Lénine, frappé par une première attaque en 1922, se
développent d’âpres luttes pour le pouvoir. C’est le début d’une nouvelle période au cours de laquelle
Staline, devenu secrétaire général du parti en 1922 mettra progressivement en place un pouvoir absolu,
avec pour toile de fond le débat sur la NEP et ses effets.
L’ascension de Staline.
La lutte pour la succession a commencé avant la mort de Lénine, qui s’exprime, dès 1922-1923,
son inquiétude devant l’évolution du parti. L’ascension de Staline se fera par étapes, l’une de ses
grandes forces étant, dès 1924, de se poser en humble porte-parole du léninisme, soucieux des intérêts
du parti, sachant rester en retrait lors des grandes controverses pour jouer ensuite un rôle apparemment
modérateur. Il emploie en même temps ses fonctions de secrétaire général à un patient investissement
de l’appareil ; contrôlant peu à peu les rouages d’une organisation qui se renouvelle profondément avec
l’arrivée massive de nouveaux membres à la conscience politique encore limitée, plus dociles que les
vétérans de la révolution ou de la guerre civile. Moins brillant que nombre de ses adversaires, Staline
est, en revanche, plus proche d’une base qu’il sait mobiliser dans de grandes certitudes, n’hésitant pas à
utiliser des méthodes répressives héritées des années précédentes contre de nouveaux « ennemis »,
non plus extérieurs mais intérieurs au parti.
Les rivalités de personnes se doublent de controverses politiques et économiques, relevant de choix
décisifs pour l’avenir de l’URSS (poursuite ou abandon de la NEP, possibilité de construire le socialisme
dans un seul pays, rôle du Kominterm.) Mais les débats sont souvent empreints de confusion et
d’ambiguïté, alliances et retournements d’alliances se succédant dans une lutte sans merci pour le
pouvoir : la troïka Staline – Zinoviev – Kamenev contre Trotski en 1924 – 1925 ; la rupture de 1925,
Staline écartant les adversaires de la NEP regroupés en 1926 – 1927 en une « Opposition unifiée »
(avec Trotski, Zinoviev et Kamenev, et l’ « Opposition ouvrière » de Chliapnikov), qui s’effondre fin
1927 ; le revirement de 1928, par lequel Staline abandonne l’alliance avec la paysannerie, engageant le
pays sur la voie de l’industrialisation accélérée, de la planification et de la collectivisation, avant
d’éliminer, en 1929, l’ « opposition de droite » attachée à la défense de la NEP, avec Boukharine, Rykov
et Tomski. Staline se pose dès lors en maître du parti et lance le pays tout entier dans l’épreuve d’une
nouvelle bataille.
La mise en œuvre du premier plan quinquennal – officiellement lancé le 1er octobre 1928- marque un
tournant décisif dans l’histoire de l’URSS. La priorité est donnée à l’industrialisation et, en particulier, à
une industrie lourde guidée par d’ambitieux objectifs. Cette mutation exige un gigantesque effort, une
main d’œuvre nombreuse dont il faut améliorer la qualification, des techniciens compétents, parfois le
recours à l’expérience étrangère. Les énergies sont mobilisées par une véritable « mystique du plan »,
mais aussi par des stimulants matériels et par un système de contraintes qui pèse de plus en plus lourd
sur l’ouvrier soviétique. Au début de 1933, on proclame le premier plan accompli avec 9 mois d’avance,
et des résultats exceptionnels dans l’industrie lourde, qui augmente sa production de 273%. Mais
nombre d’objectifs ne sont pas atteints, tandis qu’apparaissent des difficultés liées à la rigidité de la
planification. Dans les campagnes, on avait d’abord envisagé une mise en œuvre progressive de la
collectivisation. A la fin de 1929, le rythme s’accélère, la généralisation des kolkhozes est à l’ordre du
jour en même temps que le parti décrète la « liquidation des koulaks en tant que classe. » Dès lors, la
collectivisation est menée par la contrainte et le plus souvent par la terreur. A l’issue du premier plan, le
régime recense 210 000 kolkhozes (70% des terres cultivées), 4 300 sovkhozes (10% des terres
cultivées) et 2 400 stations de machines et de tracteurs. Le bilan de l’opération est catastrophique, avec
un recul général de la production et le repli sur elle-même d’une paysannerie violentée. La vie politique
est, elle aussi, engagée dans la bataille pour le plan : le parti semble se forger une nouvelle unité, avec
la mise à l’écart ou le ralliement des opposants et les purges qui frappent les « mauvais communistes. »
La responsabilité des échecs est rapidement imputée aux saboteurs de l’économie nationale, dont les
procès se succèdent jusqu’en 1933. En 1934 cependant, après le douzième congrès, une relative
détente semble se dessiner, en même temps que l’URSS confirme par son admission à la SDN son
retour dans le concert des nations.
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La révolution devant le tribunal.
Après l’assassinat de Kirov, sans doute à l’investigation de Staline, le premier décembre 1934 à
Leningrad, s’ouvre une période de répression et de terreur, dont l’ampleur et la brutalité marqueront pour
longtemps l’ensemble de la société soviétique. L’aspect le plus spectaculaire en est la série de trois
procès qui, de 1936 à 1938, mènent à l’élimination des représentants les plus en vue de la vieille garde
bolchevik. Les aveux arrachés aux accusés les accablent des crimes les plus divers et souvent les plus
invraisemblables – complots contre les dirigeants, relations avec Trotski, trahison au profit de
l’Allemagne ou du Japon, sabotage de l’industrie et de l’agriculture- en même temps qu’une série de
procès secrets fait disparaître, en 1937, les hauts responsables de l’Armée rouge. A tous les niveaux, le
parti est frappé par de grandes purges, éliminant ceux qui se sont, à un moment ou à un autre, opposés
à la politique stalinienne, facilitant la promotion d’hommes nouveaux dont l’avenir reste cependant
incertain, dans un climat de peur où la méfiance, le calcul ou la fidélité aveugle font taire les désarrois.
Au-delà du parti, l’ensemble de la société soviétique est touché par cette pédagogie infernale au cours
de laquelle une propagande soigneusement calculée désigne les responsables de tous les échecs :
paysans, ingénieurs, écrivains. Tous peuvent être pris dans le tourbillon d’arrestations et de procès
expéditifs qui mènent à la mort ou peuplent les camps de travail d’une main d’œuvre exploitée sans
retenue.
En même temps que cette pratique de la terreur quotidienne renforce le pouvoir stalinien, la Constitution
de 1936 vient donner à l’État soviétique – « État socialiste » de type nouveau – une façade
démocratique. Sont affirmés le rôle dirigeant du parti et le choix d’une économie planifiée. Les deuxième
et troisième plans reprennent, pour l’essentiel, les objectifs et les méthodes du premier, poursuivent
l’industrialisation et achèvent la collectivisation des campagnes. Forte de succès économiques
hautement revendiqués, l’URSS prétend désormais jouer un rôle international : cherchant des alliés
contre la menace nazie en Europe et les agressions japonaises en Asie, elle fait adopter par le
Kominterm, en 1935, la tactique du « front commun » des partis de gauche contre la montée du
fascisme.
La seconde guerre mondiale.
Après la signature en septembre 1938 des accords de Munich, Staline rompt avec la politique de
sécurité collective de son ministre des affaires étrangères Litvinov : il le remplace en mai 1939 par
Molotov et fait conclure, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique. Ce traité de « non-agression »
est complété par un protocole secret sur le partage des zones d’influence en Europe orientale, qui
permet à l’URSS d’annexer dans les mois qui suivent la Pologne orientale, la Carélie, les États baltes, la
Bessarabie et la Bucovine du Nord. Malgré le répit accordé par le pacte, l’effort de réorganisation d’une
armée décimée par les purges et le renforcement du potentiel militaire soviétique ne peuvent remédier à
l’impréparation criante du pays, envahi le 22 juin 1941 par des forces allemandes très supérieures en
détermination et en matériel. Cette offensive éclair mène en quelques mois l’ennemi aux portes de
Leningrad et de Moscou, et au-delà de Kiev. Pourtant, l’offensive marque une première pause avant de
reprendre en 1942 vers le Caucase et la Volga. Malgré ses difficultés, le pouvoir soviétique cherche à
mobiliser toutes les ressources spirituelles, humaines et matérielles dans un grand élan d’union
nationale dirigé par Staline, commandant suprême et bientôt maréchal. L’attaque allemande sort l’URSS
de son isolement international ; l’aide anglo-saxonne se traduit par des livraisons d’armes et de matériel,
les Soviétiques attendant en outre avec impatience l’ouverture d’un second front européen. De
novembre 1942 au début de février 1943, la bataille de Stalingrad marque la fin de la progression
allemande. L’Armée rouge reprend l’initiative, occupe l’Europe orientale et centrale jusqu’à la prise de
Berlin, qui est suivie de la capitulation allemande en mai 1945. Sûre de sa force, l’URSS discute
désormais avec les Alliés des conditions de la paix et de la reconstruction de l’après-guerre. Mais déjà
se dessinent les divisions de l’Europe.
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LA NOUVELLE RUSSIE 1992-2010
VIE POLITIQUE
Introduction
Situation du pays au 1er janvier 1992.
L’URSS est en crise économique et politique depuis le milieu des années 70, on se dirige vers
une gérontocratie. La crise économique est niée par le pouvoir.
1982 : mort de Brejnev. Youri Andropov lui succède : c’est l’ex patron du KGB, il sait qu’il faut
entreprendre des réformes, et il arrive donc avec une équipe de gens plus jeunes, dont Gorbatchev. Il se
heurte à la bureaucratie du parti et meurt en 1984.
Tchernenko, âgé, reste un an au pouvoir et meurt en mars 1985.
Gorbatchev devient le nouveau secrétaire général. Il entreprend des réformes avec la perestroïka et la
glasnost. Il veut transformer la Russie en un pays moderne, instaurer un état de droit, transformer
l’économie pour faire un pays prospère sur le modèle occidental.
Les changements sont très positifs au début : vent de liberté, très belles années jusqu’en 1988.
Mais les problèmes réapparaissent avec les conservateurs qui veulent freiner les réformes et les
radicaux libéraux démocrates qui au contraire veulent accélérer les choses.
Selon la constitution de 1977, il existe un peuple soviétique, mais les nationalismes se réaffirment,
d’abord en 1987 avec les pays Baltes. Comme la censure a été fortement amoindrie, que la radio
étrangère n’est plus brouillée, les Baltes ont beaucoup appris sur leur rattachement à l’URSS, d’où leur
demande d’indépendance. Fin 1989-1990, la Géorgie, l’Ouzbékistan, l’Ukraine et la Moldavie
revendiquent leur indépendance. Problèmes internes en Moldavie (où les roumanophones veulent leur
rattachement à la Roumanie, et slaves et ukrainiens non) et en Ouzbékistan.
De nouveaux problèmes économiques en 1990. La dernière année de la perestroïka est dominée par un
projet de Gorbatchev, approuvé à 76% suite à un référendum en 91. Mais 6 républiques l’ont boycotté
(les 3 Baltes, la Géorgie, la Moldavie et l’Arménie), et avis mitigés 50/50 à Moscou et à St-Petersbourg.
Tentative de putsch en 1991, et défaite de Gorbatchev face à Eltsine qui a un avantage car il a plusieurs
mandats populaires.
Le 1er décembre 1992 a lieu un référendum en Ukraine portant sur son indépendance, l’élection du
président ukrainien a lieu en même temps. 90% de oui, et Krat ???, le nouveau président de l’Ukraine
déclare qu’il ne signera aucun traité avec l’URSS.
Gorbatchev a perdu, mais il tente de créer la CEI, le 8 décembre 1991, qui regroupe l’Ukraine, la
Biélorussie et la Russie, elle sera élargie le 21 décembre avec les Républiques Centrales d’Asie, la
Moldavie et l’Arménie.
Pourtant, fin 1991, tout l’espace ex-soviétique est dans un état catastrophique. Gorbatchev a ruiné
l’URSS ; il prononce officiellement son discours d’adieu le 25/12/1991 et quitte ses fonctions de
président de l’URSS, qui a disparut de façon échelonnée.
Reste une inquiétude pour les occidentaux : la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan ont
l’arme nucléaire.
Le 1/1/1992, la Russie est devenue un État indépendant avec des frontières qu’elle n’a jamais eu avant.
Avec 17 millions de km², c’est le plus grand pays du monde devant le Canada.
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Pourtant les Russes se sentent à l’étroit et ont le sentiment d’avoir perdu beaucoup de territoires (ils ont
perdu 5 millions de km² et des territoires stratégiques ayant des débouchés sur la mer intéressants, plus
la bordure de la Mer Noire où se trouvaient de nombreux lieux de villégiature.)
La Russie a hérité de presque toutes les ressources minières de l’URSS c’est le principal héritier de
l’URSS du point de vue mondial, mais le poids de la dette de l’URSS retombe justement sur la Russie.
Du point de vue de la politique intérieure, au 1/12/1992, la Russie est un État fédéral avec à sa tête un
président : Boris Eltsine. Il est peu apprécié des dirigeants occidentaux, à la différence de Gorbatchev. A
l’intérieur du pays, au contraire, Gorbatchev est rejeté et Eltsine est le chouchou de la population. Sa
cote de popularité atteint son faîte en août 1991, il sera un peu moins aimé par la suite.
Eltsine est né en 1931, il est issu d’une famille paysanne aisée (déportée pendant la collectivisation.) Il
entre au parti en 1961, il fait sa carrière dans la construction. En 1976, il devient premier secrétaire de sa
région, Sverdlovsk, qu’il quitte en 1985. C’est une des régions les plus touchées. Les habitants gardent
tout de même une bonne opinion de lui. Fin 1985, Eltsine devient premier secrétaire de Moscou, où il
entretient d’excellents contacts avec la population, mais pas avec l’appareil du parti. Pendant la
Perestroïka, Gorbatchev veut que Eltsine calme un peu son jeu. En 1987, il est révoqué, et en 1988 il est
exclu du Bureau Politique. A partir de ce moment, Eltsine devient un martyr : c’est le début de son
ascension. En mars 1989, il est élu avec 88% des voix au Congrès des Peuples. 1989 : création du
groupe parlementaire interrégional. Printemps 1990, il est président du parlement russe et de la RSFSR
(contre l’avis de Gorbatchev.) Le 12 juin 1991, il est élu président de la RSFSR au suffrage universel,
c’est donc un personnage légitime. Août 1991 : tentative de putsch, apogée de la popularité de Eltsine, il
incarne la résistance. Ensuite, il engage la lutte finale. Eltsine est un impulsif, il est courageux et
cependant il est incapable de tirer profit de ses victoires. Sa santé est fragile, il a des problèmes
d’alcoolisme (ce qui donne une certaine image de marque au personnage.) Le 1 er janvier 1992, sa
popularité est encore importante, mais baisse au fur et à mesure. Son équipe est composée de jeunes
récemment formés, pour le libéralisme pur et dur avec Gaïdar, ministre des finances, il remplit les
fonctions de Premier ministre, Tchoubaïs, jamais sur le devant de la scène, il lance la privatisation, il
vient de St-Petersbourg, le Général Routskoï, vice-président, il a fait l’Afghanistan, c’est un communiste
libéral. Le parlement a été élu en 1990, c’est un fort courant démocratique qui concerne un tiers des
députés. Il y a des professionnels, des chefs d’entreprises, des cadres, ce sont des gens hostiles aux
grands ministères issus de l’URSS. Ce parlement a élu Eltsine, lui a donné en novembre 1990 les pleins
pouvoirs (c'est-à-dire que le président gouverne par décrets.) Khasboulatov est à la tête du
gouvernement, c’est un Tchétchène.
La situation en 1992 est favorable, sauf que les véritables alliés de Eltsine sont minoritaires et ne sont
pas unis. Eltsine aurait du dissoudre le parlement après le putsch. Fin 1991 : velléités d’autonomie des
différentes régions : le Tatarstan (Kazan), et la Tchétchénie, victoire du général Doudaïev en 1991.
Eltsine déclare que cette situation est illégale mais il ne fait rien. La situation est gelée jusqu’en 1994.
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Situation économique :
Ça ne s’est pas vraiment arrangé. En 1990 les dirigeants ont essayé les 500 jours : ce
programme n’a pas été appliqué. Après le putsch, c’est la débâcle : chaos généralisé sur le
monde ex-soviétique, les magasins sont vides, la Russie vit grâce à l’aide internationale. En
novembre Eltsine a les pleins pouvoirs : privatisation, libération des prix prévue pour le 2 janvier
1992. C’est un véritable coup dur pour la population russe. Le monde occidental s’inquiète.
Scène internationale :
Principale héritière de l’URSS, la Russie garde le siège de membre permanent à l’ONU mais
garde également la dette soviétique. Pour les pays occidentaux la Russie n’est plus une super
puissance, mais elle possède tout de même l’arme nucléaire, répartie sur la Russie, l’Ukraine,
la Biélorussie et le Kazakhstan. Les relations entre la Russie et l’Ukraine sont très mauvaises :
le problème de la flotte russe à Sébastopol. Bon nombre des républiques sont décidées à créer
leur propre armée.
26 décembre 1991 au 12 décembre 1993 :
Cette période est caractérisée par un long conflit entre le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif : Eltsine et le gouvernement contre le parlement. Début janvier : qui doit gérer la
politique ? La Russie essaie de trouver des nouvelles institutions. Le 12 décembre 1993 il y a
un référendum sur la nouvelle constitution.
13 décembre 1993 au 3 juillet 1996 :
C’est le deuxième tour de l’élection présidentielle. C’est la période de la première guerre en
Tchétchénie. Le camp démocrate connaît des difficultés, il devient impopulaire.
4 juillet 1996 au 31 décembre 1999 :
Eltsine quitte la présidence après les élections législatives, c’est le mandat raté de Eltsine.
1er janvier 2000 à aujourd’hui :
Poutine et les craintes sur l’évolution du pays.
Chapitre 1 : La Russie en quête de nouvelles institutions
1.1 Le conflit entre le législatif et l’exécutif (26/121991-21/9/1993)
Le parlement n’est pas pro Eltsine, mais il n’est pas hostile non plus, il est loyal, prêt à aider l’équipe
gouvernementale si elle fait preuve de raison.
Le 1er janvier 1992, c’est la thérapie de choc : la libéralisation des prix est une mesure difficile, car il n’y
a pas de mesure compensatoire. La situation devient pénible. Le Parlement a un avis différent et veut
freiner les réformes, il veut que le gouvernement prenne des mesures. Cette situation dure jusqu’en avril
1992, date à laquelle débute la session de printemps du Congrès des députés du peuple. Eltsine sait
que ça va être chaud alors il écarte Gaïdar du ministère des finances, ce qui reste une mesure
symbolique puisque Gaïdar continue son travail. Du 6 au 21 avril, les députés expriment leur hostilité
aux réformes, au renforcement de l’exécutif, le Parlement veut diriger la politique du pays, et demande à
Eltsine de ne plus être Premier ministre. Le 14 avril, le Parlement accepte que Eltsine soit Premier
ministre. En contrepartie, Eltsine doit ralentir les réformes. Le chaos règne, les gouverneurs des régions
appliquent les réformes à leur guise.
La session d’automne du congrès des députés du peuple débute le 22 septembre. Eltsine fait attention,
surtout envers Volski, président de l’union des industriels, très influent au Parlement. Eltsine augmente
les commandes de l’État au BMK (complexe militaro-industriel) en plus des biens de consommation et
augmente également les subventions.
L’union civique : conduite des réformes au Parlement. Pour surveiller Gaïdar demande de ralentir les
réformes et leur rythme.
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Le 3 novembre, l’Union civique pose un ultimatum dans lequel on demande à Boris de limoger : le
ministre des affaires étrangères Kozyrev, Bourboulis (éminence grise qui tire les ficelles), Poltoramine,
ministre de l’information, en échange du soutien à la politique économique du gouvernement. Le 25
novembre Eltsine pousse Poltoramine à la démission, il supprime les fonctions de secrétaire d’État (exit
Bourboulis), mais Kozyrev reste. Le 26, Gaïdar présente le plan anti-crise : il n’y a pas de changement
de la ligne politique. La session d’automne du Congrès du peuple est marquée par le conflit qui éclate le
9 décembre, Boris veut que Gaïdar soit officiellement Premier ministre, mais les députés refusent. On
accorde un référendum à Eltsine : « Qui doit diriger la politique du pays ? », le 14 décembre, le
référendum est fixé pour avril 1993 sur une future constitution. Le même jour, Eltsine propose la
candidature de Tchernomyrdine comme Premier ministre, il est vieux, soviétique, responsable de
Gazprom. Sa candidature est acceptée sans problème. Les députés sont persuadés d’être écoutés par
Tchernomyrdine, seulement il ne change pas la ligne politique, et son gouvernement est le même que
celui de Gaïdar.
1993 : situation de conflit entre le parlement et le gouvernement.
Mars : le soviet suprême convoque le congrès des députés en séance extraordinaire. C’est un conflit
très vif, Eltsine se bat pour un pouvoir présidentiel fort, le parlement refuse la prolongation des pouvoirs
spéciaux, et refuse d’organiser le référendum, tout ça sur fond de crise économique très grave.
Le 20 mars : Eltsine annonce à la télévision qu’il soumet le pays à son administration directe jusqu’au
référendum d’avril.
Le 24 mars : Session extraordinaire : destitution de Eltsine. On trouve un compromis : élections
anticipées générales pour novembre, et on accepte le référendum pour le 25 avril : questions : la
confiance à Eltsine, le soutient à sa politique économique, l’approbation des élections présidentielles et
législatives anticipées.
Le 25 avril : le taux de participation est de 64%, les Russes boudent un peu les élections, 58%
accordent leur confiance à Eltsine (ce n’est pas terrible, sa cote de popularité est en baisse), 59% sont
pour sa politique économique, 32% sont pour l’élection présidentielle, ce que Eltsine ne voulait pas, 41%
sont pour l’élection législative, alors que Eltsine voulait un nouveau parlement. C’est un donc un succès
relatif qui ne résout rien : le vice-président Routskoï lâche Eltsine et se rapproche de l’Union civique, et,
début mai, il n’a plus de pouvoirs. Il n’y a pas d’initiative de la part du gouvernement, à par la mise en
place d’une commission pour la nouvelle constitution.
Août : l’Intelligentsia demande une entrevue à Eltsine, les intellectuels demandent de prendre des
mesures et veulent plus de fermeté. Effectivement, les choses bougent. Le 1er septembre Routskoï est
limogé. Le 16 c’est le retour de Gaïdar au gouvernement. Le 21 septembre Eltsine dissout le parlement,
convocation pour les élections législatives.
1.2 Les événements d’octobre 1993 et la mise en place de nouvelles institutions
Les journées d’octobre, les élections de décembre et la Constitution
Octobre 1993 : les députés restent au parlement, ils destituent Eltsine et instituent Routskoï président.
Pour les députés c’est un coup d’État, car Eltsine n’a pas le droit de dissoudre le parlement, la Russie
fonctionne toujours sous la constitution de 1977. Mais Eltsine s’octroie ce droit. Le parlement siège à la
maison blanche. C’est un nouveau bras de fer qui s’engage, le gouvernement soutient le président,
comme la plupart des chefs d’État, surtout de la CEI, et la cour constitutionnelle soutient les députés.
Le 23 septembre, Eltsine annonce des présidentielles pour le 12 juin 1994, c’est un geste qui diminue de
deux ans son mandat. Il place l’armée devant la maison blanche, et il coupe l’électricité et les moyens de
communication. Il y a des manifestations pro-députés accompagnées d’affrontements avec les forces de
l’ordre.
Le 1er octobre : l’Église orthodoxe propose un plan qui est rejeté par le parlement.
Le 3 octobre : nouvelle manifestation pour les députés, les manifestants se trouvent cette fois-ci face à
l’armée, qui finit par fraterniser avec les manifestants. Routskoï appelle les manifestants à s’emparer de
la mairie et de l’immeuble de télévision Ostankino. Les affrontements sont très violents, il y a de
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nombreux blessés, Gaïdar demande aux moscovites de défendre la démocratie. Finalement Eltsine est
assuré du soutient de l’armée et il décrète l’état d’urgence.
Le 4 octobre, le parlement est cerné par des blindés, l’assaut est donné à 7 heures du matin. Routskoï
et Khasboulatov, le président du parlement, sont arrêtés. Eltsine dénonce la rébellion des députés. On
dénombre 142 morts selon les chiffres officiels et plus d’un millier selon d’autres sources.
Le 5 octobre, c’est l’arrestation d’opposants, l’interdiction de plusieurs journaux. L’Intelligentsia fait
paraître un texte dans lequel elle soutient le gouvernement contre les opposants, et demande des
mesures plus dures. L’intelligentsia progressiste et pro-occidentale se bat une démocratisation, elle
soutient Gorbatchev puis finit par le combattre, elle pousse Eltsine au pouvoir. L’intelligentsia ne fait part
d’aucune commisération envers les victimes.
Ces évènements ont été beaucoup plus violents qu’en 1991 (il n’y avait eu que 3 morts.) Pourquoi n’y
avait-il eu que très peu de forces de police le 3 octobre autour de la maison blanche ?
Le 4 octobre au soir Eltsine a gagné.
Le comportement de Eltsine change : pour une fois il tire avantage de sa victoire, il confirme les
élections législatives en décembre, demande la dissolution des soviets locaux. Le 15 octobre un projet
de référendum est fixé pour le 12 décembre. Le pouvoir crée le 16 octobre le choix de la Russie, parti
pro-gouvernemental dirigé par Gaïdar. Création du parti de l’unité et de la concorde russe (dirigé par
Chakhraï.) Contrôle absolu de la télévision.
Nettoyage de la capitale, les ressortissants du Caucase sont renvoyés chez eux. L’état d’urgence est
levé le 18 octobre. Eltsine a gagné grâce à l’armée. Le 2 novembre c’est l’adoption de la nouvelle
doctrine militaire du pays. Intervention à l’intérieur des frontières pour assurer la souveraineté et l’unité
de la fédération (c’est pour la Tchétchénie), à l’extérieur des frontières dans l’ex URSS et au-delà en cas
d’agression des alliés de la Russie. La Russie n’exclue pas d’utiliser l’arme nucléaire en cas de
nécessité en premier.
Eltsine se débarrasse du soviet. Élections en décembre 1993, ce sont les premières élections
démocratiques en Russie, le système de parti unique reste, mais avec des courants différents. Le
parlement ne pourra exister que si la Constitution est acceptée. L’assemblée générale est composée de
deux chambres : Le conseil de la fédération, qui est composé de 178 sièges qui correspondent à deux
représentants pour chacun des 89 sujets de la fédération, et la douma (comme la douma sous le règne
de Nicolas II) avec 450 députés, 225 élus au scrutin majoritaire à un tour dans des circonscriptions, et
225 élus sur des listes au scrutin proportionnel, les listes doivent obtenir 5% des voix. Ces deux
chambres sont élues pour 4 ans, mais évidemment, pour la première fois elles ne sont élues que pour 2
ans. Pour se présenter, il faut 100 000 signatures, avec un maximum de 15 000 signatures dans chaque
région. Au départ il y a 35 formations : 21 formations passent le cap, 8 sont éliminées ; il en reste donc
13.
1er courant : les libéraux :
Le Choix de la Russie (Vibor Rossii), le parti pro Eltsine, ses membres font partie du gouvernement,
des proches de Eltsine, ceux qui viennent du parti Russie démocratique, parti dirigé par Gaïdar, il
présente 212 candidats, il a le plus de moyens financiers, et c’est le seul parti à avoir accès à la
télévision. Le programme est basé sur l’économie de marché, la propriété privée et les investissements.
Le parti Iabloko avec Iavlinski, Boldyrev et Loukine : c’est le parti de la pomme. Le leader, Iavlinski est
connu pour avoir été l’auteur du programme des 500 jours, programme censé sauver l’URSS, parti qui
ne soutient pas Eltsine, ni la politique du pouvoir, c’est un parti qui veut changer, qui est pour la
dictature, qui est contre la constitution qu’il considère comme provisoire. Le parti de la pomme est ignoré
par le pouvoir, mais il est soutenu par les intellectuels.
Deuxième courant : les modérés, ils veulent introduire davantage de dirigisme.
Parti de l’unité et de la concorde russe : parti dirigé par Chakhraï, c’est le parti des régions, qui se
définit comme la maison commune des 150 nationalités du territoire. C’est un parti conservateur qui
prône les valeurs traditionnelles comme la famille, la propriété et l’État. C’est le parti du Premier ministre
en titre, Tchernomyrdine.
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Le mouvement des réformes démocratiques : dirigé par l’ancien maire de Moscou Gavriil Popov et le
maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, ce parti est pour la décentralisation, l’économie mixte,
ses dirigeants se soucient des intérêts des travailleurs, ils veulent créer une véritable protection sociale,
une politique culturelle et scientifique.
L’union civique : Avec Volski, c’est plus un lobby qu’un parti, elle représente les intérêts de la grande
industrie. Sa politique c’est le maintient des subventions aux entreprises et aux kolkhozes.
Le parti démocrate : ce parti prend ses distances vis-à-vis du pouvoir.
Troisième courant : les conservateurs
Le parti agraire : ce parti possède 30 millions de membres (!), c’est un parti qui défend les intérêts des
kolkhozes, c’est en fait un sous-marin du PC. Ce parti est pour la propriété et pour développer le
complexe agro-industriel.
Le PC de la fédération de Russie : avec Ziouganov, c’est le traître, il est le seul à revendiquer
l’héritage soviétique, il veut des réformes raisonnables, pour lui il ne peut y avoir de Russie sans justice
sociale. C’est en fait le seul véritable parti, le seul à être structuré, implanté et réellement représenté.
Parti nationaliste : Le parti libéral démocratique de Russie dirigé par Jirinovski, personnage haut en
couleurs qui avait fait parler de lui pendant les élections présidentielles de 1991, il s’était présenté et son
seul programme était la baisse du prix de la vodka. Jirinovski a approuvé l’assaut du parlement, il vote
pour la constitution qui prône un exécutif fort. Son programme vise à relever l’économie… en vendant
des armes (!), en arrêtant les aides à l’étranger (ex-URSS), et il est pour une grande Russie qui
comprendrait la Russie, l’Ukraine, les Pays Baltes, la Finlande, la Pologne, le Caucase, (…) et la
Turquie. Il a toujours été du côté de Eltsine.
Partis divers : les Femmes de Russie (pro communiste), le Cèdre (des écologistes), Dignité et
Charité. Les élections ont lieu le 12 décembre, avec les élections législatives et le référendum
concernant la constitution. 58.4% de votes pour la constitution avec un taux de participation de 54.8%.
Quelques problèmes se posent : les résultats arrivent en retard, certains sont truqués, en fait, il n’y a eu
que 46.1% de votes pour la constitution. Pour les législatives il y a également eu des irrégularités avec
des pressions, des bourrages d’urnes et une surestimation de la population. Il n’y a pas eu de recours et
les élections ont été validées. On peut noter ici que la Russie fonctionne depuis 1994 sur une
constitution qui n’a pas été approuvée par le peuple.
Et c’est une surprise : 24% pour Jirinovski et 13.75% pour le Choix de la Russie. Le parlement élu est
hostile à Boris Eltsine, les députés rejettent sa politique. Le fossé entre le pouvoir et l’opinion s’accroît,
alors que l’administration de Eltsine était persuadée de la victoire. Le gouvernement est soutenu par
Moscou et par Saint-Pétersbourg, mais l’immense majorité est hostile. La situation a-t-elle changé ?
Eltsine s’appuie sur une nouvelle constitution, constitution taillée sur mesure pour le président, qui n’a
plus besoin de parlement.
La constitution de 1994 :
Cette constitution est composée de 137 articles. Le premier chapitre est une rupture totale avec
l’héritage soviétique, puisque tous les principes démocratiques y sont affirmés.
Article 1. La constitution instaure un état de droit (dans la pratique c’est différent.)
Article 2. La constitution parle de l’homme et non du peuple : prise en compte de l’individualité.
Article 3. Le peuple a un pouvoir qu’il exprime par l’intermédiaire des élections et des référendums.
Article 4. « Les lois fédérales imposent leur suprématie sur tout le territoire », notamment en
Tchétchénie.
Article 6. La nationalité russe est acquise définitivement, sauf si le citoyen décide d’en changer.
Article 7. La fédération de Russie est un état de droit dont la politique est faite pour créer les conditions
qui garantissent une vie digne et un libre développement de l’homme. Ce n’est pas appliqué dans les
faits. Le salaire minimum est appliqué, mais c’est un véritable minimum (!). Aide aux défavorisés et
services sociaux.
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Article 8. Libre activité économique, propriété multiple, c’est-à-dire privée, d’État et municipale. La
propriété privée est reconnue et défendue.
Article 9. La terre et les ressources naturelles (les entreprises privées peuvent les exploiter.)
Article 10. La Constitution admet le pluralisme idéologique, c'est-à-dire qu’il n’y a plus d’idéologie
unique. Il est également question du pluralisme politique  le multipartisme. Énumération de ce qui est
interdit : la création et l’activité des organisations et des associations qui visent à changer par la force les
bases du régime constitutionnel et qui visent à détruire l’intégrité de la fédération, à porter atteinte à la
sécurité de l’État, la création de bandes armées, les incitations à la discorde nationale, raciale…
Article 14. La fédération de Russie est un État laïque.
Article 15. La Russie est un sujet du droit international.
Chapitre 2 : Les droits et les libertés
Chapitre le plus long de la constitution, il traite des obligations des citoyens et s’ouvre avec l’affirmation
de la reconnaissance et de la garantie des droits et des libertés.
Article 20. Le droit à la vie. La peine de mort est abolie. En réalité elle ne l’est pas, mais on a arrêté les
exécutions, c’est une situation moratoire, il y a les partisans pour et contre.)
Article 21. Personne sans son consentement ne peut être soumis à des expériences médicales,
scientifiques ou autres.
Article 23. Respect du secret de la correspondance, de toutes les communications (plus ou moins
appliqué.)
Article 27. Toute personne en situation légale peut se déplacer et choisir son lieu de résidence librement
(la propiska, en particulier à Moscou en est une belle contradiction.)
Article 83 et 84. Les pouvoirs du président sont particulièrement étendus : il a l’initiative des lois, il est
garant de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité de l’état, il peut suspendre les appels
administratifs, il accorde ou il retire la citoyenneté russe et il peut gouverner par décrets.
Chapitre 3 : L’assemblée fédérale
L’assemblée fédérale est composée de deux chambres : la Douma d’état et le conseil de la fédération.
La Douma est élue pour 4 ans avec 2 scrutins majoritaires et proportionnels. Le conseil est constitué de
178 membres (2 par sujets.)
Article 96. Le conseil de la fédération a des pouvoirs propres : il entérine les décrets du président pour
les cas d’urgence. Il destitue le président (mise en accusation.)
Article 103. La douma peut proclamer une amnistie, les deux chambres approuvent la loi. Le président et
le gouvernement prennent l’initiative. En cas de conflit le dernier mot revient à la Douma d’État.
Article 111. Après trois rejets des candidatures au poste de président du Gouvernement de la Fédération
russe par la Douma d'État, le président de la Fédération russe nomme le président du Gouvernement de
la Fédération russe, dissout la Douma d'État et organise de nouvelles élections.
Article 117. La Douma d'État peut exprimer sa défiance au Gouvernement de la Fédération russe.
L'arrêté de défiance à l'égard du Gouvernement est adopté à la majorité de l'ensemble des députés à la
Douma d'État. Dès que la Douma d'État a exprimé sa défiance à l'égard du Gouvernement, le président
de la Fédération de Russie a le droit d'accepter la démission du Gouvernement de la Fédération russe
ou de refuser la décision de la Douma d'État. Si, dans les trois mois, la Douma d'État exprime à nouveau
sa défiance à l'égard du Gouvernement de la Fédération russe, le président de la Fédération russe
accepte la démission du Gouvernement ou dissout la Douma d'État.
Article 109, La Douma d'État ne peut être dissoute pour les motifs prévus à l'article 117 de la
Constitution de la Fédération russe au cours de l'année qui suit son élection.
La Douma d'État ne peut être dissoute entre le moment où elle a mis en accusation le président de la
Fédération russe et l'adoption de la décision par le Conseil de la Fédération
12
La Douma d'État ne peut être dissoute lorsque la loi martiale où l'état d'urgence sont appliqués sur
l'ensemble du territoire de la Fédération russe, ainsi que pendant les six mois qui précédent l'expiration
du mandat du président de la Fédération russe.
Chapitre 4 : Le gouvernement de la Fédération russe
Le gouvernement est responsable devant le président, il est révocable et il ne détermine pas la politique.
Chapitre 5 : Le pouvoir judiciaire
Le pouvoir judiciaire est composé par la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême et la Cour Suprême
d’arbitrage pour les régler les conflits économiques. Les juges sont nommés, inamovibles et
indépendants.
Chapitre 6 : L’administration locale
Chapitre 7 : Les amendements constitutionnels et la révision de la Constitution
La constitution n’est pas facile à modifier.
7.2. La première guerre de Tchétchénie et la fin du premier mandat de B. Eltsine
De 1994 à juillet 1996.
1er janvier 1994 les élections ont porté au pouvoir un gouvernement hostile au président, mais ce dernier
a beaucoup de pouvoirs. Eltsine écarte Gaïdar du gouvernement, c’est un geste pour l’opposition. Les
principaux libéraux sont évincés, mais le conflit entre le gouvernement et le parlement reste présent. Le
23 février 1994, la Douma d’état vote un arrêté, une amnistie pour les participants des événements
d’août 1991 et d’octobre 1993. Il n’y a pas d’enquête officielle. (On peut dire que la glasnost est finie.)
Eltsine accepte, mais ne calme pas le jeu.
La guerre de Tchétchénie
C’est un contexte de conflit feutré pendant lequel les relations entre la Russie et la Tchétchénie se
durcissent. La Tchétchénie s’est proclamée indépendante en 1991, et malgré quelques rappels à l’ordre
la situation est gelée. En août 1994 la situation change, et la Russie essaye de renverser le pouvoir en
place. De son côté Doudaïev décrète la mobilisation générale face à l’invasion russe. La situation paraît
gelée jusqu’en novembre avec le bombardement de Groznyï (non reconnu par la Russie.) Le 11
décembre l’armée intervient, c’est l’invasion de la Tchétchénie. Un décret du 9 décembre autorise le
gouvernement à rétablir l’ordre constitutionnel. L’armée russe est mal commandée et les Tchétchènes
sont très motivés. La situation s’enlise. Ce conflit et très mal ressenti par la majorité de la population
russe. Le début de l’année 1995 est dominé par la guerre de Tchétchénie. La classe politique est hostile
à ce conflit, au gouvernement et au président. Il y a des rumeurs à propos des élections.
Les élections législatives de décembre 1995
Les élections ont lieu le 17 décembre, ce sont des élections qui n’éveillent pas beaucoup de passions.
De manière générale ces élections se déroulent dans un contexte à peu près normal, il n’y a pas eu
beaucoup de fraude. C’est la victoire des communistes et une nouvelle défaite des partis au pouvoir,
défaite de l’opposition. Il y avait au départ 43 partis candidats, 4 ont réussi à franchir les 5% et à avoir
des représentants à la Douma. Ces 4 partis ont recueilli 50% des voix.
Fin décembre il y a une nouvelle Douma d’opposition nettement à gauche. La Russie a repris le
vocabulaire traditionnel. A six mois des présidentielles, il y a un vent de panique chez les démocrates.
C’est un moment de grande réflexion, on s’intéresse plus à la Tchétchénie. A la fin de 1995 on voit
l’apparition d’un mouvement pour l’arrêt des hostilités. Le 9 janvier 1966, a lieu la prise d’otages au
Daguestan par un commando tchétchène. Ils ont capturé des soldats russes, et finalement le 15 janvier
c’est le début de la grande boucherie qui dure jusqu’au 18. Bon nombre d’otages périssent. Cette affaire
est menée en dépit du bon sens et met Eltsine en mauvaise position. Il a menti. C’est une rupture très
forte. Pour les démocrates Eltsine est un boulet. Tchernomyrdine est le nouveau candidat aux élections,
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c’est le seul qui peut faire échec à Ziouganov, et le seul à pouvoir terminer le conflit. Il y a également
Iavlinski, Gaïdar, Nemtsov (ex-gouverneur de Novgorod, jeune brillant), et également le général Lebed,
(révélé par le conflit en Moldavie), c’est un personnage national qui se voit un peu comme le général de
Gaulle russe, il a des supporters.
Le 15 février, Ziouganov se présente, et à la surprise générale, Eltsine aussi. Les choses se présentent
alors différemment et Tchernomyrdine ne se présentera pas. Le président n’a pas le droit de dissoudre
le Parlement, mais Eltsine se base sur un référendum (1993.)
Les séparatistes tchétchènes sont aussi peu diplomates que le gouvernement russe.
La campagne électorale démarre, finalement les démocrates se rallient à Eltsine (c’est un moindre mal),
la campagne est axée principalement contre le retour des bolcheviks. Eltsine a le soutient inconditionnel
des médias, et un soutient financier de la presse démocratique. Il y a deux grands problèmes : les
arriérés de salaires et la Tchétchénie.
Les bombardements reprennent. Le 31 mars, Eltsine propose un règlement : le cessez-le-feu, retrait
progressif des forces, élections libres et négociations sur le futur statut de la république. On va vers une
limitation des compétences. En pratique, il n’y a pas de changements. Le 22 avril Doudaïev est tué par
un missile. Son successeur est Iandarbiev, qui est encore plus dur que Doudaïev. Le 27 mai est signé
un accord de cessez-le-feu à Moscou, et qui doit entrer en vigueur le 31 mai. Le 1er juin, Eltsine annonce
qu’il a gagné la guerre et il donne un nouveau statut à la Tchétchénie.
Les élections présidentielles de juin-juillet 1996
Le 16 juin c’est le premier tour des élections présidentielles. Entre les deux tours Ziouganov joue les
patriotes. Le 18 juin Eltsine rencontre Lebed et le nomme secrétaire du conseil de sécurité. Le 23 juin il
a les libéraux dans sa poche. Le 27 Eltsine disparaît. Le 3 juillet a lieu le 2ème tour, Eltsine a 53% : c’est
le règlement du conflit avec la Tchétchénie.
III. Le deuxième mandat de B. Eltsine
Fin de la première guerre de Tchétchénie
Début août les Tchétchènes reprennent l’offensive, Lebed ouvre un accord le 3 août 1997, signé à
Khassaviourt avec Maskhadov (commandant en chef des forces indépendantistes tchétchènes.) Cet
accord comprend le retrait des troupes russes avant la fin du mois de septembre, tandis que le statut
définitif de la Tchétchénie est repoussé à 5 ans (c’est-à-dire en 2001.) Cet accord est dénoncé par
l’opposition.
La « valse » des Premiers ministres
Eltsine est à l’hôpital en novembre. Le 17 octobre 1996, Lebed est limogé, il prend trop d’importance.
Crise économique, c’est le début du remaniement ministériel. En mars 1997 il y a deux vices premiers
ministres, Tchoubaïs et Nemtsov. Mais il n’y a pas de décollage économique. Le 23 mars 1998 Eltsine
avait « la grippe », 10 jours à l’hôpital. Kirienko est proposé deux fois Premier ministre, la Douma refuse
deux fois. Dans ce contexte Eltsine a deux solutions : soit il dissout la Douma, soit il propose quelqu’un
d’autre. La Douma finit par accepter (contre l’achat de quelques voix). La situation économique est très
mauvaise. Le FMI accorde des aides mais veut en échange une politique de rigueur. Mais cela ne sauve
pas le pays, à cause de la baisse du cours du pétrole. Le 17 août 1998 c’est la dévaluation du rouble,
mais la situation ne s’arrange pas, le 23 août Kirienko est limogé et remplacé par Tchernomyrdine. La
Douma refuse deux fois ce changement. Eltsine propose alors Primakov qui le 10 septembre reçoit
l’investiture de la Douma. Primakov est vieux, il a travaillé avec Gorbatchev, il est connu, c’est un
apparatchik communiste. Eltsine recule. C’est une période de cohabitation. Il gouverne à l’ancienne,
renforcement de l’état, contrôle des changes, monopole des taxes sur l’alcool, versement régulier des
salaires et des pensions.
Préparation de l’après Eltsine
On assiste à la course à la succession. Fin novembre c’est l’assassinat de Starovoïtova, et la création
d’une nouvelle formation отечество, la patrie, par Loujkov. Il peut gagner les élections de 2000 car c’est
un candidat sérieux. En 1999 il y a toujours des conflits au gouvernement. En avril 1999, deuxième
formation Вся Россия, Toute la Russie, avec Chamaïev, président du Tatarstan. En mai le monde
politique est en effervescence, il y a un débat à la Douma sur le début d’une investiture de destitution de
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Eltsine pour corruption et génocide. L’issue est incertaine. Le président décide de renvoyer Primakov le
12 mai pour avoir retardé les réformes. Eltsine finit par gagner, la procédure de destitution est rejetée
(grâce à l’achat de quelques voix.) Le 19 mai le Premier ministre présenté est Stepachine (avant
ministre de l’intérieur, chef du FSB puis du KGB.)
La reprise des hostilités en Tchétchénie et arrivée au pouvoir de Poutine
En été 1999, notamment en juillet, la Tchétchénie revient sur le devant de la scène avec un incident
avec le Daguestan. Au final le 27 août, des combattants menés par Bassaïev, chef des rebelles, libèrent
le Daguestan des forces russes. Le 10 août c’est la création d’un état indépendant du Daguestan. Le 9
août Eltsine limoge le Premier ministre et propose Poutine (alors chef du FSB et totalement inconnu) et
le désigne comme son successeur. Poutine est élu et l’investiture a lieu le 16 août. Primakov est le chef
de la coalition La Patrie et Toute la Russie (coalition créée le 4 août.) Au début il n’y a que 2 à 5%
d’intentions de vote pour Poutine dont le programme est basé sur la lutte contre le terrorisme. Offensive
au Daguestan, les Tchétchènes reculent. Bombardements. Début septembre : série d’explosions au
Daguestan et à Moscou qui font un total de 300 morts. C’est un traumatisme général. L’enquête va
démontrer que les coupables sont les Tchétchènes. Poutine veut lutter jusqu’à la victoire finale. Le 23
septembre Groznyï est bombardée. Dans un communiqué à la presse Poutine annonce qu’il va
poursuivre les Tchétchènes jusque dans leur intimité et c’est un discours qui plaît. L’opinion change, le
pays est derrière Poutine. Groznyï tombe le 1er février 2001. Tout est pardonné, Moscou lutte contre les
bandits.
Les élections législatives de décembre 1999 et les conséquences
Les élections législatives se déroulent en décembre, le parti de Poutine, Unité, a un programme très
simple. Il est partout. Poutine a réussi, quasiment comme le PC. Les nouvelles formations ne font pas de
très bons scores. Eltsine démissionne le 31 décembre 1999. Pour profiter à fond de la situation Poutine
est président par intérim, le président a par décret l’immunité judiciaire à vie.
IV. L’ère Poutine
Les élections présidentielles de 2000
C’est le début de la période Poutine. Poutine est difficile à cerner. Il a étudié le droit avant d’être envoyé
en RDA, ensuite il travaille à la municipalité avec Sobtchak devenu maire (qui était également son
professeur de droit.) Sobtchak a toujours défendu Poutine. On ne sort jamais du KGB. La dictature de la
loi et la verticale du pouvoir sont son programme. Au début de la campagne en janvier 2000, Poutine a
fait élire l’ancien président de l’assemblée un communiste. L’offensive contre la Tchétchénie était prévue
depuis mars 1999. Il y a des zones d’ombre. C’est une campagne électorale morne, Primakov
abandonne, il ne reste plus qu’un seul candidat. Le 26 mars 2000 c’est le premier (pas de deuxième
tour). C’est une victoire sans appel 54%, dans 83 sujets. Selon les opposants le score serait de 42%,
mais il n’y a pas eu de remise en cause.
Les premières mesures de Poutine
Le 7 mai le Premier ministre Kassianov lutte contre la corruption et pour le retour à l’ordre. C’est la mise
au pas des régions (la verticale du pouvoir), la réforme du conseil de la fédération, les gouverneurs n’en
feront plus partie, ainsi que les présidents (qui n’ont plus d’immunité parlementaire.) Le projet est adopté
en août 2000. Création le 13 mai 2000 de sept districts fédéraux calqués sur les arrondissements
militaires russes, avec un super préfet désigné par le président. Parmi les préfets 5 sortent de l’armée et
du FSB. Structure de force. Ils n’ont pas le pouvoir de décision, ils sont là pour coordonner des organes
fédéraux, restaurer l’autorité du pouvoir central.
Programme politique de Poutine et jugements
Lutte contre la corruption : mise au pas des oligarques. Il n’a proposé aucune remise en cause des
privatisations. Offensive contre NTV, trop hostile au gouvernement. C’est la désinformation. La
démocratie administrée, contrôle des médias. Réforme de la vie politique. Poutine veut deux ou trois
partis. Il pose des conditions. Création d’un parti gouvernemental, suite du parti Unité.
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La géographie générale
La géographie économique
I. Le passage à l’économie de marché
1.1 Les réformes générales
La situation est catastrophique : le 28 octobre 1991 Eltsine annonce le passage à l’économie de
marché : nouvelle réglementation fiscale, désétatisation, restructuration agricole, libération des prix.
C’est inéluctable. Cette libération débute le 2 janvier 1992. C’est une augmentation de 80% pour les prix
de gros et de 90% pour le détail. Les biens de consommation sensibles échappent à cette libération
comme le pain, le lait, les aliments pour bébés, le sel, le sucre, la vodka, mais aussi les loyers, les
charges et les transports publics (limitation des marges commerciales.) Les secteurs stratégiques :
électricité, combustibles, métaux précieux et transport de marchandises.
La libération des prix
Mars 1993 : Libération du prix du pétrole brut. Mais il y a eu des résistances de la part des
administrations locales. Moscou a bloqué le prix de l’essence, du lait, du savon, etc.
Conséquence : inflation terrible en 1992 de 3000%. Début 1993 l’inflation est de 23% par mois, puis en
mai l’État limite les crédits pour ramener l’inflation à 5%, c’est un échec, mais il y a quand même
quelques résultats, à la fin de 1993 l’inflation est de 13% en décembre. En 1993 il y a eu 900%
d’inflation.
Mars 1995 : Décélération de l’inflation jusqu’en août 1998 avec 15%, et un total de 73% sur l’année.
Néanmoins l’économie a pu repartir. On parle aujourd’hui d’inflation maîtrisée. Perte de pouvoir d’achat,
destruction des épargnes des ménages. La production a baissé, les producteurs ont augmenté leurs prix
et abaissé le niveau de la production, ils vont se retrouver évincés et remplacés par les concurrents
étrangers (les parts des entreprises étrangères passent de 23% en 1992 à 52% en 1995.)
Crise de 1998. Les marchandises étrangères sont hors de prix (surtout dans l’alimentaire), la Russie a
perdu beaucoup de fournisseurs avec la chute de l’URSS (notamment pour les textiles.)
Disparition du système de répartition (Gosplan) et fermeture des marchés de l’URSS et de l’Europe de
l’Est, tous les pays liés à l’URSS. C’est une situation dramatique.
Politique monétaire et financière
Mise en place d’une politique rigoureuse en vue de freiner l’inflation. Il faut ramener les entreprises à la
réalité, qu’elles soient plus responsables. Encadrement du crédit (relèvement du taux de coefficient des
réserves obligatoires.) Les entreprises se sont retrouvées sans argent. On commence à faire du troc,
des crédits de face à face (le client paye quand il peut.) En 1992 la dette interentreprises revient à 36%
du PIB.
Juillet 1992 : Le président nomme Viktor Gerashchenko à la tête de la banque centrale qui mène une
politique d’accord de crédits à taux zéro à l’Industrie, l’Agriculture et à la CEI.
Premier semestre 1993
La banque centrale, face à une situation catastrophique se rallie à la position du gouvernement et décide
de ne plus accorder de prêts aux états de la CEI. Il y a toujours des problèmes financiers, avec
notamment le problème des impôts.
La libéralisation du commerce extérieur
Libéralisation du commerce extérieur dès 1992, l’autorisation est donnée aux particuliers et aux
entreprises d’importer et d’exporter. Suppression des contrôles administratifs, excepté pour les produits
spéciaux. La Russie exporte des produits stratégiques comme les hydrocarburants, les métaux à un prix
inférieur à celui du marché mondial. Ces exportations sont soumises à une licence est sont limitées.
1993 voit la suppression des subventions aux importations ce qui entraîne leur baisse qui se poursuit en
1994. En 1995 c’est la levée des quotas sur les produits stratégiques. Peu à peu l’économie redémarre.
Les mesures pour l’investissement
Il y a des mesures pour les investissements provenant de l’étranger, comme des allègements fiscaux,
sous la réserve de ne pas former de sociétés à capital mixte dans le domaine de la défense et des jeux,
et il faut également des autorisations pour le domaine des banques, des assurances et de l’industrie
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lourde. Sinon il n’y a pas de restrictions, rapatriement des bénéfices et des capitaux sans garantie
d’indemnisation. Les résultats sont mauvais, entre 1992 et 2000 la Russie reçoit 12 milliards de dollars,
alors que la Chine en reçoit 350. En 2003 la Russie a reçu 30 milliards de dollars, les capitaux
reviennent.
2. Les réformes de structure
Le changement de profil de l’économie
C’est la désétatisation fin 1998, 61% des emplois sont dans le privé, ces entreprises constituaient 82%
du total des entreprises et fournissaient 60% du PIB. On observe une forte croissance dans le tertiaire et
une démilitarisation de l’industrie. On note par ailleurs une modification de l’équilibre entre l’extraction et
la transformation :
La branche extractive représente 15% en 91 et 23% en 94 ;
La branche de construction représente 25% en 91 et 18% en 94 ;
La branche du textile représente 16% en 91 et 3% en 98
La Russie est un pays qui exporte des matières premières, cette tendance actuelle est assez
inquiétante, étant donné que le pays est incapable d’exporter des produits finis.
Les privatisations (première et deuxième étapes)
Les privatisations sont rapides et se font à grande échelle. Les privatisations devraient précéder la
libéralisation des prix (dans un contexte de libre concurrence) et donner lieu à une offre publique
d’achat. En pratique la conjoncture n’était pas favorable. Situation anarchique en 1991-1992. Des pans
entiers de l’économie échappent aux mains de l’état et sont sous le pouvoir des ministères. Le
gouvernement reprend l’affaire en main. La Russie est très dépendante du FMI qui accorde les crédits et
les prêts sous certaines conditions. Le FMI veut des réformes.
Il faut vendre. Mais à qui ? Les Russes n’ont plus d’argent.
Le gouvernement est en conflit avec le parlement. Le gouvernement opte finalement pour une
privatisation de masse qui va débuter en octobre 1992.
On remet à chaque citoyen un coupon de privatisation d’une valeur de 10 000 roubles (ce qui revenait à
l’époque à 1.5 fois le salaire mensuel moyen.) Ces coupons pouvaient être échangés contre des actions,
des parts, des fonds d’investissement ou bien être revendus.
Les ¾ de la population ont joué le jeu tandis que le quart restant s’est empressé de les revendre.
Certaines entreprises n’étaient pas concernées (dans les domaines de la défense, du transport, des
secteurs stratégiques, bancaires et financiers, pour lesquels il fallait une autorisation). Les PME de
service et de commerce sont vendues aux enchères avec en priorité aux employés. 51% des actions
reviennent aux employés et à la direction, l’État garde 20%, 20% sont remis en vente sur le marché en
ce qui concerne les moyennes entreprises.
Bilan : Dès la fin 1992 33 000 entreprises sont des sociétés par action avec une redistribution de 60% de
leur capital. Le 1er juillet 1994 c’est la fin des privatisations : sur 205000 entreprises 110000 sont
privatisées avec un résultat bénéfique pour les petits commerces, mais pour les moyennes entreprises
le bilan est un plus mitigé, elles sont restées aux mains des employés et de l’administration, mais il n’y a
pas de gestionnaires efficaces. Les actionnaires ont laissé faire (les mêmes directeurs restent en place.)
Les directions ont créé des sociétés écrans, elles ont acheté des journaux, des banques (mafia.) Il y a
des liens opaques entre les forces publiques et les décideurs économiques locaux.
1er juillet 1994 : Deuxième privatisation : objectifs financiers. L’État se débarrasse de ce qu’il détient
dans les entreprises, et en ce qui concerne les entreprises qui n’avaient pas été privatisées, elles vont
être vendues à la meilleure offre. 51 % des recettes sont reversées aux entreprises, le reste est répartit
entre le budget fédéral et les collectivités locales. Cette privatisation concerne également les terrains
construits et les bâtiments, avec une résistance notamment du maire de Moscou Loujkov. Problème : le
schéma traîne, les échéances se rapprochent, notamment les élections législatives de 1995. Panique du
gouvernement.
Fin août 1995 : le gouvernement accepte un marché avec 9 banques, marché dans lequel le
gouvernement propose un prêt contre 12 entreprises dans des secteurs importants dont les banques
deviennent propriétaires. En échange les banques s’engagent à financer la campagne de Eltsine de
1996. Le fleuron de l’économie russe est détenu par les banques. C’est l’arrivée en force des financiers
russes. C’est également le début d’une lutte entre les actionnaires. Résultat : beaucoup de problèmes,
pression de l’opposition.
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Le 1er avril 1997 examen au cas par cas pour les ventes d’actifs, les repreneurs sont sélectionnés par
une commission. A partir de cette date les privatisations s’essoufflent. Il reste les télécoms et Gazprom.
On note que les perdants ont toujours dénoncé l’opacité régnante. Les groupes financiers ont dû s’allier
à d’autres acheteurs, notamment avec des russes. Entrée remarquée des étrangers dans le monde
industriel.
3. La situation économique actuelle
Situation économique : réussite : stabilisation monétaire et financière. On note que les efforts structurels
ont été largement insuffisants. Le pays vit grâce aux emprunts et à l’exportation de pétrole et de gaz. Le
cours du pétrole va baisser.
Crise en août 1998. Le gouvernement ne peut gérer la situation, la dévaluation est faite n’importe
comment. Cependant le pays rétablit la situation rapidement. Cette crise s’avère bénéfique. La situation
redevient à peu près normale en 2000, avec une croissance qui redémarre en 1999.
L’inflation est stabilisée. Entre 2000 et 2004 le PIB a augmenté de 30%. Les investissements restent
insuffisants, fuite des capitaux. Les salaires sont particulièrement bas, l’économie parallèle est très
importante. Quelques réformes sont souhaitables comme le droit à la propriété, des réformes sociales
pour les plus défavorisés. Ça va plutôt dans le sens inverse. Stabilité du rouble, amélioration de la
collecte fiscale, meilleure organisation et campagne de communication (le taux d’imposition est de 13%.)
II. Les différents secteurs de l’économie
1. L’agriculture et l’agro-industrie
Tout au long des années 1990 c’est un terrain d’affrontement, il faut essayer d’assurer le ravitaillement
de la population, et cela pose problème. Réforme agraire et développement des industriels en aval.
C’est un enjeu planétaire. La rationalisation allait arrêter les importations voire même exporter comme
au début du 20ème. Il y a également le problème de la transformation du monde agricole à cause de la
collectivisation. Les libéraux pensent que le principal échec de l’URSS c’est la collectivisation des terres.
Le pays n’a jamais pu se relever. Il faut imposer un modèle libéral sur la propriété privée et l’exploitation
privée. Les mesures de Eltsine vont dans ce sens. Il y a des résistances, et pas seulement de la part
des conservateurs. La Russie est un pays largement collectiviste, et le fait que les paysans se soient
habitués au système de collectivité (avec les sovkhozes et les kolkhozes.) On observe une stagnation
très importante dans les années 70, c’est également le moment où l’État investi beaucoup dans
l’agriculture (salaires et matériel), mais la production ne suit pas. L’agriculture reçoit de plus en plus
d’aides et produit de moins en moins.
Les héritages de l’agriculture soviétique
Les filières d’aval, transport, stockage, transformation et distribution ne fonctionnent pas correctement.
On observe une faiblesse des industries de transformation, mise en évidence par les dirigeants de base.
Même quand des kolkhozes marchaient bien ils avaient du mal à s’en sortir. Les bénéfices étaient en
effet redistribués vers les kolkhozes en difficultés. Le système soviétique était caractérisé par le
problème du territoire et du transport. Chaque région produisait un peu de tout en dépit du bon sens. Il
fallait que les régions soient autosuffisantes, avec les résultats que l’on sait.
La bataille de la privatisation
A la fin de l’URSS on constate que la majorité des gens sont plus ouverts et conscients de l’importance
des réformes. Ceux qui veulent rester dans un système d’exploitation collective avec une modernisation
du système s’opposent à ceux qui souhaitent devenir fermiers. C’est la bataille de la privatisation. Les
premiers fermiers apparaissent en 1987 avec les premières réformes de la perestroïka sur les terres à
bail (très peu répandu cependant.) La réforme agraire débute fin 1990, avec les 22 et 23 novembres la
loi sur l’exploitation privée et l’embauche de salariés agricoles. Le cadre juridique est créé. C’est le début
de la guerre entre les libéraux et les conservateurs, le bloc agrairien qui représente les intérêts des
sovkhozes et des kolkhozes. Un décret, fin de 1991, demande aux kolkhozes et aux sovkhozes de
changer de statut. En octobre 1993 un décret lève les dernières dispositions sur le partage des terres.
Décembre 1993, lors du référendum pour la Constitution, les élections législatives qui se tiennent en
même temps sont perdues par le bloc agrairien (le Parti), et plus important encore, le gouvernement
lâche un peu du lest. Le système agricole est scindé entre les exploitations collectives et les
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exploitations privées. Les mesures sont précisées, chaque paysan est libre de se mettre à son compte. Il
reçoit alors un certificat auquel est attaché une part des terres, vendable, louable et négociable. Le lot
de terre va de 3 à 15 hectares, et le paysan peut augmenter ses terres par achat ou location. Cependant
il y a des mesures pour éviter la création de trop vastes domaines. Les étrangers n’ont pas non plus le
droit d’acheter des terres. Les kolkhozes et les sovkhozes pouvaient proposer de racheter les terres au
prix du marché. Les paysans avaient d’autres problèmes. Les terres sont de médiocre qualité, et il y a
également le problème du matériel des kolkhozes qui est prévu pour des grandes surfaces, et non pour
des exploitations privées plus petites. Le prix du matériel est exorbitant et très peu de crédits sont
accordés. Il y a une certaine hostilité envers les paysans qui s’enrichissent. Situation fin 1994 : sur
27 000 sovkhozes, 25% n’ont pas évolué, 55% se sont transformés en sociétés par action. Il y a
beaucoup de problèmes à gérer, en 1994 20 000 entreprises sont abandonnées. Les exploitations
privées représentent 5% des terres agricoles, avec 43 hectares en moyenne par exploitation pour une
production revenant à 2% de la production nationale. Ces exploitations privées sont petites et produisent
peu. Il y a des mouvements, des initiatives au niveau des régions, par exemple avec le vote de codes
fonciers régionaux. Il y a des mouvements inverses visant à freiner les réformes notamment dans les
républiques du nord, les républiques musulmanes et les républiques du caucase. Au parlement les
choses évoluent après les élections de 1999, qui donnent une majorité qui soutient le gouvernement.
Adoption en juin 2002 du code foncier. Les terres agricoles peuvent appartenir aux personnes et aux
sociétés, elles peuvent être transmises en héritage. Une concession est tout de même faite aux
communistes, les terres ne peuvent pas être vendues aux étrangers, tout particulièrement les terres
stratégiques. Les terres reçues en héritages ne doivent pas être cultivées. Ces mesures doivent
permettre l’optimisation de l’utilisation des terres. Il y a cependant la crainte des grands groupes
industriels et financiers.
La chaîne agro-industrielle
Le secteur agro-industriel est en pleine mutation, c’est un domaine où les privatisations ont été rapides
(PME.) Il y a des difficultés dans le domaine des transports, du matériel spécialisé, et de
l’approvisionnement. Le secteur de la boucherie et de la charcuterie industrielle, des laiteries et des
boulangeries marche bien, avec un appui des pouvoirs locaux (avantages fiscaux) et souvent en
collaboration avec des exploitations agricoles. Ce secteur est concurrencé par les étrangers (Danone et
Nestlé) qui s’implantent. Leur politique est d’acheter des usines et de constituer des réseaux de
production et de distribution. Le grand point faible du secteur est les surgelés.
2. L’industrie
L’héritage
L’industrie, qui était le point fort de l’URSS, fait une chute spectaculaire. Entre 1990 et 1998 la
production a chuté de 54% (attention toutefois à l’importance de l’économie parallèle et aux nondéclarations.)
L’héritage soviétique est caractérisé par la diversité et la richesse des matières premières, le système
était autosuffisant. Aujourd’hui il y a un triple handicap : l’organisation (les entreprises n’ont pas
l’expérience du marché), la faiblesse de la productivité (les produits ne sont pas exportables) et
l’adaptation. Le secteur de l’industrie lourde est cloisonné, hyper centralisé avec de très grosses usines
et un matériel désuet. Avec la fin de l’URSS la plupart des usines de sous-traitance se retrouvent à
l’étranger.
La situation actuelle
La privatisation a tout bouleversé, de 28 000 entreprises en 1991 on est passé à 160 000 entreprises de
moins de 200 salariés en 1998. C’est un renversement total. Formation de groupes industriels et
financiers sensés organiser une nouvelle forme de coopération et d’investissement.
Les matières premières et industries lourdes
Les matières premières sont abondantes mais éloignées, d’où un problème de transport et de coût
d’exploitation. La reprise se confirme mais reste en dessous du niveau de l’URSS.
o Combustibles et énergies
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En 1999 ce secteur représente 35% de la valeur de la production industrielle globale, 12% des emplois
de l’industrie, 42% des revenus du budget, 46% des exportations. Le gaz représente 49% de la
production, le pétrole 32% et le charbon 12%. Le gaz représente 51% de la consommation, 30% pour le
pétrole et 18% pour le charbon. Cet équilibre est conforté après 1986 (Tchernobyl) avec une envolée du
gaz. La production électrique est fournie à 2/3 par les centrales thermiques, à 20% par l’hydroélectricité,
et à 12% par le nucléaire. La tendance actuelle est la baisse du thermique (hausse du prix des
carburants), l’hydroélectricité reste stable et le nucléaire repart.
La production des combustibles : la production du pétrole n’est pas optimale, relativement basse, mais
Tchernomyrdine a lancé un plan qui n’a pas fonctionné. Baisse de la production du charbon, avec la
fermeture de mines entraînant la suppression de 40 000 emplois, et c’est une tendance qui se poursuit.
La production du gaz est normale et stable.
o Métallurgie
La métallurgie était au temps de l’URSS un secteur privilégié qui favorisait la quantité et non la qualité, la
Russie est donc en retard dans le domaine des aciers et des alliages. Ce secteur s’est privatisé très
rapidement et de façon opaque.
Sidérurgie : baisse de la production, augmentation de la qualité, modernisation, concurrence des
occidentaux, la Russie doit accepter les quotas, les prix minimums. La sidérurgie reste en crise.
Les aluminiums et les non ferreux : hausse des exportations (baisse de la demande intérieure) qui
entraîne des protestations de la part des occidentaux, donc diminution des exportations. Secteur
aujourd’hui en pleine restructuration, avec cependant une amélioration de la qualité de la production.
o Chimie
Ce secteur a été très touché par la chute de l’URSS avec des pertes d’approvisionnement, l’industrie
chimique était en effet très développée dans des ports qui se sont retrouvés à l’étranger. Augmentation
des prix des matières premières, la situation est difficile avec une baisse de la demande intérieure et la
concurrence des entreprises étrangères, les fibres synthétiques, les plastiques et les produits
pharmaceutiques sont les plus touchés, et également les engrais (les paysans n’ont plus les moyens de
s’en acheter.)
Constructions mécaniques et ВПК (complexe militaro-industriel)
C’est le premier secteur en termes d’emplois, en termes de volume de production il est loin derrière les
combustibles. C’est un secteur totalement bouleversé suite aux privatisations et aux crises
économiques. La plupart des usines se sont scindées en plusieurs groupes (50 000 en 1991 et 60 000
aujourd’hui). Les privatisations ont entraîné la création de holdings sectoriels, et beaucoup de ces
nouvelles structures regroupent les anciens ministères. Les nouvelles entreprises ont développé de
nouvelles productions comme le matériel ferroviaire et l’industrie automobile.
o ВПК (complexe militaro-industriel)
Secteur assez flou qui comptait en 1990 5 millions d’emplois soit 25% de la main d’œuvre industrielle,
soit 2300 entreprises, 500 instituts et bureaux d’études, etc. Une très grande structure. La production a
baissé de 82% entre 1991 et 1998. L’emploi a baissé de 65%, la crise fut dure notamment à partir de
1993 (question de financements), asphyxie en 1997. Heureusement Poutine s’engage à soutenir le ВПК,
il relance la guerre de Tchétchénie (donc la production d’armes pour les nouveaux équipements ce qui
donne un bol d’air important). L’exportation est importante (aviation et fusées) et la concurrence rude
(l’URSS était le premier exportateur mondial d’armes alors qu’aujourd’hui ce sont les USA suivis de la
France, de la Grande Bretagne et de la Russie, qui vend des armes à ses anciens amis…)
o Matériels de transport
Les transports russes sont en crise, dans le ferroviaire et le naval, mise en place d’un programme. Les
fournisseurs sont étrangers. La production d’automobiles est en chute, notamment la production de
camions, en regard des normes internationales, de la qualité des prix. Les grosses usines sont
restructurées avec une intervention de l’état en 1998 avec l’ouverture aux constructeurs occidentaux
pour des productions communes.
L’industrie aéronautique et spatiale a beaucoup de mal à revenir au niveau de l’URSS avec des
problèmes techniques, toujours en fonction des normes internationales, et des problèmes de
concurrence. Pour le spatial, la Russie a le savoir-faire mais ne dispose pas de suffisamment de
capitaux et a donc besoin de financements étrangers.
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Biens de consommation
Ce secteur était totalement délaissé du temps de l’URSS, le matériel était obsolète, le personnel peu
qualifié et les bâtiments en mauvais état.
o Électronique
Les productions sont faites en partenariat avec les firmes étrangères et permettent ainsi aux russes de
rester en course (on assiste également à une reconversion du complexe militaro-industriel.)
o Textile
Le secteur du textile subit une chute brutale, l’URSS produisait 8 milliards de m² par an et en 1999 la
Russie n’en produit que 1.7 milliard, ceci est du à la crise des approvisionnements (coton, laine et lin), et
à la mauvaise qualité de la production. Il y a cependant un redémarrage avec quelques usines
dynamiques (le lin serait en bonne voie.)
3. Le tertiaire
Ce secteur a été délaissé du temps de l’URSS (commerce, distribution, artisanat), ce secteur a été le
premier à être privatisé.) Aujourd’hui, l’économie parallèle reste très importante.
Administrations et grands services publics
Le service public est toujours présent pour la scolarité, la santé et la culture, mais se désengage de plus
en plus. Tout est ouvert à la concurrence du secteur privé. Les compétences sont décentralisées, le
financement est assuré par les pouvoirs régionaux et locaux qui n’ont pas les moyens. L’éducation, la
santé et la culture se dégradent.
On assiste à la fermeture de d’institutions scientifiques et culturelles.
o Éducation et santé
Éducation. La détérioration de ce service est très importante, les établissements préscolaires sont
presque tous payants, d’où une grande baisse de leur fréquentation. L’école est obligatoire jusqu’à 15
ans, dans loi du 10 juillet 1992 l’État s’engage à offrir un enseignement général de base dans l’école
publique. En pratique beaucoup de services sont payants. L’enseignement élémentaire se prolonge par
un enseignement technique supérieur toujours dans le public et gratuit, mais beaucoup de services sont
également payants. Ouverture d’établissements privés, y compris religieux, surtout dans le supérieur.
Les prix sont élevés et il n’y a pas de garantie d’avoir un bon enseignement.
Santé. Même chose que pour l’éducation, la médecine de base est gratuite, et en parallèle il y a un
développement des cliniques privées. Le système se rapproche du modèle américain, d’où une
détérioration de la couverture sociale.
o Recherche
C’était un secteur privilégié en URSS, mais elle était coupée de l’enseignement. On assiste aujourd’hui à
un fort désengagement de l’état dans ce domaine, et à la création de centres nationaux de recherche en
partenariat avec quatre groupes financiers et industriels pour les innovations technologiques. Mais ces
centres manquent d’argent.
o Communication
La privatisation de ce secteur n’est pas totale. L’état possède une part majoritaire. La poste reste
publique et est gérée par l’état qui a également accordé des licences à des compagnies privées. C’est
un service à deux vitesses avec un service bon marché et peu efficace et un service privé cher qui
fonctionne bien. L’essentiel des investissements est injecté dans les télécommunications pour rattraper
le retard, les choses tendent à s’améliorer dans les grandes villes mais dans les campagnes la situation
reste critique.
Commerces et services courants
o L’explosion du commerce
A la fin des années 1980 on observe une multiplication des points de vente sauvages, en 1992 les
vendeurs à la sauvette se voient accorder des licences. La privatisation entraîne la vente des
commerces d’état, d’abord achetés par les travailleurs puis par de nouveaux entrepreneurs. Peu à
peules chaînes de distribution se mettent en place. 1998 voit l’apparition des premiers hyper marchés.
Remodelage des centres-villes avec la création de quartiers commerçants et de galeries marchandes.
o Tourisme et restauration
La privatisation est achevée, l’extension de ces commerces est freinée par la baisse du pouvoir d’achat.
Les riches vont à l’étranger, et c’est un secteur assez peu exploité. Pour les étrangers, les destinations
sont Moscou, Saint-Pétersbourg et le Caucase.
21
Banques et assurances
Notaires, courtiers, etc., sont des domaines créés ex nihilo à la chute de l’URSS, création de centres de
formation avec l’aide de pays occidentaux, il y a beaucoup de monde, pour les nouveaux arrivants ce fut
souvent un deuxième emploi.
Le système bancaire démarre en 1988 avec quatre banques, la Banque Centrale, la Caisse d’épargne,
la banque pour les investissements et une autre banque pour les opérations extérieures. En parallèle
apparaissent les premières banques non étatiques privées. Fin 1989 il y a 43 banques privées. Fin 1990
est mise en place une loi sur les activités bancaires qui définissent ces compétences entre les banques
d’état et les banques privées. Fin 1991 il y a 1270 banques privées, fin 1997 1800 et 2600 en 1994. En
1997 il y a 1200 compagnies d’assurance. En 1998 la crise touche tout ce système, les banques et les
compagnies d’assurance sont emportées, quelques-unes s’accrochent, d’autres sont restructurées de
façon opaque. Aujourd’hui le système bancaire est concentré à Moscou, 9 des grandes banques russes
y ont leur siège social. Arrivée des banques étrangères qui sont très contrôlées. Le système reste faible
avec des problèmes de financement et des fuites de capitaux. Il faut simplement savoir qu’il y a plus de
dollars en circulation en Russie qu’aux USA.
Transports
Là on peut dire que c’est le talon d’Achille de la Russie, transport qui se caractérise par la sa faiblesse,
sa lenteur et sa vétusté. L’état en est responsable en grande partie. Aujourd’hui la privatisation reste
partielle, l’état contrôle le ferroviaire, les routes et les tubes. Les aéroports, et les sociétés de transports
sont soit mixtes ou privés. L’état veut la libre concurrence qui sera bénéfique de manière générale.
La structure est globalement inadaptée. Le secteur des transports concerne 5 millions d’emplois et
80 000 entreprises. Les marchandises sont transportées par tubes, pour les hydrocarbures, par rail,
mieux adapté et moins cher, et par route, pour les petites distances. Les passagers prennent le train, qui
est lent, 43km/h en moyenne en 1990 contre 56km/h en 1999. L’aviation a baissé (à cause des prix) et
le transport en car remonte. De toute façon les Russes se déplacent moins que les Occidentaux.
Le réseau est insuffisant. Faible densité sur l’ensemble du territoire, pour 1000 km² il y a 5 km de voie
ferrée (en comparaison au Canada c’est 9 km), 20 km de route (Canada 85.) Disparité entre la partie
européenne et la partie asiatique qui est quasiment vide, à part l’axe du transsibérien et quelques voies
vers le nord.
La qualité des transports est très médiocre. Les voies sont vétustes (faiblesse des soubassements)
beaucoup de ponts sont en bois, ou en béton avec de gros défauts, les signalisations sont très souvent
défectueuses, voire inexistantes. Mais on y travaille depuis 1996.
L’objectif est de densifier le réseau (multiplier le réseau routier par 3, notamment dans les régions
reculées avec des routes goudronnées), réaliser des autoroutes entres les principales villes avec des
péages, et pour les transports ferroviaires électrifier le réseau et doublement des tronçons à voie unique.
Débouchés vers l’extérieurs : développement de nouveaux ports, vu que certains se sont retrouvés à
l’extérieur de la Russie à la chute de l’URSS. Trafic de marchandises entre l’Europe et l’Asie, route de la
soie, concurrence avec les pays de l’ex-URSS.
Les chemins de fer employaient 1.5 million de personnes en 1999, dans les gares, les dépôts et les
usines. Quelques problèmes dans les années 90 mais ce secteur est redevenu rentable, le personnel
est bien payé, il y a équilibre financier pour le transport de marchandise (libéralisation des prix) mais pas
pour le transport de passagers, car le prix du billet est contrôlé, et on estime que le prix du billet couvre
30% de son coût effectif. La situation est bonne puisque l’activité de transport de marchandises couvre
le déficit engendré par le transport de passagers.
Pour le transport routier la privatisation fut accélérée et déjà décentralisée à l’époque de l’URSS, mais il
reste cependant quelques grandes usines.
Le transport aérien quant à lui souffre de gros problèmes de sécurité (catastrophes), en fin 1991 le
ministère a été dissout, s’ensuivit une dérégulation du secteur d’où une grosse pagaille. Problèmes
d’administration en plus du matériel désuet. L’état a réagit en instaurant des contrôles, des contraintes et
des licences. De 400 compagnies aériennes en 1995 on est passé à 310 en 1999, dont 85 compagnies
se partagent 90% du marché. Aeroflot réalise 80% des vols, compte 20 000 salariés et est bénéficiaire,
elle dispose de 122 avions dont 24 occidentaux. Problème de vieillissement de la flotte aérienne du au
manque de financements. Des efforts sont faits pour améliorer le contrôle aérien, ouvrir de nouveaux
vols, augmenter les parts de marché des vols internationaux, et pour créer de véritables aéroports
internationaux.
22
La cathédrale Saint-Basil de Moscou.
Le Russionnaire, petite encyclopédie de toutes les Russies – 429 pages (PDF)
Saviez-vous que deux peuples différents portent exactement le même nom :
les Avars. Que les matriochkas, ces poupées gigognes très russes, sont
venues du Japon au début du XXème siècle ? Voulez-vous savoir ce que
mangent les Caucasiens ou avoir une liste de plus de 150 partis et
mouvements politiques de Russie ? Connaissez-vous un dictionnaire qui vous
dira ce qu'est un kormlenchtchik, un assomtavrouli ou un bountchouk ?
Le Russionnaire saura vous répondre. Cet ouvrage couvre, à la manière d'un
dictionnaire encyclopédique, divers aspects des réalités russes et soviétiques,
tant historiques qu'actuelles. Il définit plus de 3500 termes et expressions et
en donne l'équivalent en langue russe. Un outil indispensable pour quiconque
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Modern World Nations : Russia – 142 pages (fichier zippé)
Russia is the world's largest country - it is nearly twice the size of both China
and the United States, and it stretches over 11 time zones. Much of Russia
consists of vast plains, and the nation has an abundance of natural
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updated edition of "Russia" is enhanced by vital new information that will
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23
Lonely Planet Russia & Belarus – 704 pages (fichier zippé)
Cosmopolitan cities, bubbling volcanoes, spectacular mountains and
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those in search of a Soviet experience. Untangle the conspiracy theories and
immerse yourself in the rich heritage - from Minsk to Moscow, Siberia to
Kamchatka, make sure you're carrying this best-selling guide to the world's
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Cultural Context - in-depth background information brings you up to date on
Belarusian politics and Tuvan throat-singing.
Discerning Reviews - hand-picked listings from our team of expert authors
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The Russian Century – 308 pages (PDF)
Russia has had a great influence on the twentieth century world. Russian
music, dance, theatre, art, and literature have shaped contemporary life in
significant ways. It is very unlikely that one reaches adulthood without reading
Dr. Zhivago, seeing the films of Eisenstein or the plays of Chekhov. And any
overview of 20th century art and music will prominently include Malevich,
Kandinsky, Stravinsky and Prokofiev.
But this influence also has a dark side. The Russian version of communism
was a virulent ideology during a major part of the twentieth century, its global
impact so profound that it has rightly become the source of countless studies
and extensive documentation. While this focus on Russian communism is
invaluable and completely justified, it too often overshadows the many other
aspects of Russian life. There is still an unknown Russia, a Russia comprised
of private lives as opposed to public history...
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ASSIMIL Le nouveau russe sans peine – 566 pages + 4 CDs audio (fichier zippé)
Comme de nombreuses autres langues slaves, le russe utilise l'alphabet
cyrillique, écriture introduite au moment de l'évangélisation de la Russie par
les moines Méthode et Cyrille, d'où son nom. Appréhender ce nouveau mode
d'écriture et cette langue vous ouvrira les portes de la culture russe, dont
l'influence rayonne indiscutablement sur une grande partie de l'Europe de
l'Est.
Les textes qui servent de base à votre apprentissage présentent le russe tel
qu'il est parlé aujourd'hui et vous font découvrir, avec souvent un brin
d'humour, la vie quotidienne, la littérature, l'histoire et les particularités du
caractère russe. Au fil des 100 leçons, vous acquerrez les connaissances
pour communiquer au quotidien : correspondre et téléphoner, vous exprimer,
poser des questions, expliquer… Ainsi vous saurez vous débrouiller avec
aisance dans les situations les plus diverses de la vie en Russie.
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Larousse lire et écrire le russe – 131 pages (PDF)
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l'alphabet russe ? Vous souhaitez décrypter les mystères de l'écriture russe ?
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de la lecture et de l'écriture russes. Sa démarche pédagogique originale,
fondée sur la curiosité et le plaisir d'apprendre, vous permet de rester
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votre démarche. Un lexique et un index bilingues permettent de retrouver à
tout moment le sens d'un mot. En six semaines vous serez capable de :
Maîtriser l'alphabet russe (lire un nom, un panneau routier, une affiche de
film...) ; Ecrire en écriture manuscrite russe ; Vous repérer dans des
situations concrètes (pendant un voyage, dans un restaurant ou un hôtel...) ;
Décoder des références culturelles propres à la Russie.
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Russian for Dummies – 385 pages (PDF)
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Russian-English mini-dictionary, lists of vital verbs, and more!
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 Have everyday conversations in Russian
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Russian phrases for Dummies – 214 pages (fichier zippé)
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Manière de voir (Le Monde diplomatique) – Un siècle russe – 100 pages (fichier zippé)
Le parti pris adopté par ce numéro de Manière de voir pour aborder
l’histoire de l’Union soviétique puis de la Fédération de la Russie apparaît
résolument original : l’angle de vue est celui des relations tourmentées de
fantasmes et de désirs, de répulsion et de fascination, tout en réciprocité,
entre l’Europe occidentale, mais aussi l’Amérique du Nord, et ce continent
« eurasien » qui oscille perpétuellement entre deux pôles.
I. De la révolution au combat antinazi
II. De la guerre froide à la perestroïka
III. De Boris Eltsine à Vladimir Poutine
Pour le télécharger, cliquez sur l’image (en maintenant Ctrl.)
Dictionnaire russe-français d’étymologie comparée – 368 pages (PDF)
Les mots ont une " mémoire " secrète : leur histoire, c'est celle de nos cultures, de
notre pensée collective inconsciente. A ce titre, le russe a une grande valeur
pédagogique, comparable à celle du latin ou du grec, pour faire comprendre à un
francophone la formation et le fonctionnement de sa propre langue, le français, et
pour lui faire mieux connaître les autres principales langues européennes.
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40 leçons pour parler russe – 317 pages (fichier zippé)
Ce manuel est un outil d'auto-apprentissage complet, un véritable « tout en
un », avec 40 leçons comprenant un exposé progressif des bases du russe
accessible à tous - grammaire - vocabulaire - prononciation ; des exercices
avec corrigés une annexe comprenant une initiation à l'écriture cyrillique
manuscrite des tableaux récapitulatifs de grammaire, un index thématique
(grammaire et expressions), un index lexical russe/français avec traduction et
renvoi aux leçons.
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26
2 reportages sur l’actualité de la Russie sont disponibles sur le site de France
Télévisions: (Pour les voir, cliquez sur les titres en maintenant Ctrl)
(2008) Russie : L'empire contre-attaque ?
Le 2 décembre, les élections législatives russes devraient sacrer la victoire écrasante des listes du parti
Russie Unie, emmenées par Vladimir Poutine. Après 8 ans de présidence, l’homme fort du Kremlin
envisage de devenir Premier ministre. Autant dire que Vladimir Poutine va rester au pouvoir, ou dans
son périmètre, probablement pour très longtemps…
Selon les sondages, une large majorité de Russes est d’ailleurs favorable à ce scénario. La côte de
popularité de Poutine atteint 70 %. Rien de vraiment étonnant quand les prix du pétrole et du gaz, dont
la Russie est le premier producteur mondial, sont au plus haut. Le niveau de vie général s’élève comme
les ambitions internationales du Kremlin. Vladimir Poutine a rendu la fierté à son peuple. Moscou a
aujourd’hui les moyens financiers de sa politique, qu’elle plaise ou non aux Occidentaux. Et les médias
russes sont aux ordres…
Quels sont les mécanismes de la popularité de Vladimir Poutine ? Comment agit-il en profondeur sur la
société russe ? Qui sont ses conseillers ? Ses mentors ? Est-il encore possible de s’opposer à ses
desseins ? La Russie redevient-elle une menace pour l’Occident ? Première puissance énergétique
mondiale, mais aussi deuxième marchand d’armes, la Russie est à nouveau incontournable sur la scène
internationale. Ce qui s’y passe influera, que nous le souhaitions ou non, sur l’avenir de notre monde.
(2009) Russie : le temps de la reconquête ?
Il y a un an, un Œil sur la planète se demandait à propos de la Russie : est-ce que l’Empire contreattaque ? En Géorgie, on ne se pose plus la question. Cet été, les chars russes sont arrivés à 30
kilomètres de la capitale, quand Tbilissi a lancé une offensive contre les séparatistes ossètes.
C’est la première fois depuis l’invasion de l’Afghanistan en 1979 que l’Armée rouge sort de ses
frontières. En quelques jours, la Géorgie a été écrasée. Avec la reconnaissance par Moscou de
l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie-du-Sud, le territoire géorgien est de facto amputé de 20%.
Comment interpréter ce coup de force totalement disproportionné de la Russie contre un pays souverain
? La Géorgie a-t-elle été châtiée pour sa « révolution des roses » ? Pour oser demander son entrée
dans l’Otan ? Et si oui, ce qui s’est passé dans le Caucase peut-il se reproduire ailleurs ? En Ukraine, en
Pologne, dans les pays baltes, on en est persuadé. Le président Medvedev a d’ailleurs déclaré que son
pays n’avait pas peur d’une nouvelle guerre froide. Alors, la Russie redevient-elle une menace pour nos
démocraties ?
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