
et constitutionnelles s’accompagnent d’un durcissement de la lutte contre les opposants, d’une
intensification de la pression idéologique et, dans le parti lui-même, d’un renforcement des moyens de
centralisation et de contrôle. Avec la maladie de Lénine, frappé par une première attaque en 1922, se
développent d’âpres luttes pour le pouvoir. C’est le début d’une nouvelle période au cours de laquelle
Staline, devenu secrétaire général du parti en 1922 mettra progressivement en place un pouvoir absolu,
avec pour toile de fond le débat sur la NEP et ses effets.
L’ascension de Staline.
La lutte pour la succession a commencé avant la mort de Lénine, qui s’exprime, dès 1922-1923,
son inquiétude devant l’évolution du parti. L’ascension de Staline se fera par étapes, l’une de ses
grandes forces étant, dès 1924, de se poser en humble porte-parole du léninisme, soucieux des intérêts
du parti, sachant rester en retrait lors des grandes controverses pour jouer ensuite un rôle apparemment
modérateur. Il emploie en même temps ses fonctions de secrétaire général à un patient investissement
de l’appareil ; contrôlant peu à peu les rouages d’une organisation qui se renouvelle profondément avec
l’arrivée massive de nouveaux membres à la conscience politique encore limitée, plus dociles que les
vétérans de la révolution ou de la guerre civile. Moins brillant que nombre de ses adversaires, Staline
est, en revanche, plus proche d’une base qu’il sait mobiliser dans de grandes certitudes, n’hésitant pas à
utiliser des méthodes répressives héritées des années précédentes contre de nouveaux « ennemis »,
non plus extérieurs mais intérieurs au parti.
Les rivalités de personnes se doublent de controverses politiques et économiques, relevant de choix
décisifs pour l’avenir de l’URSS (poursuite ou abandon de la NEP, possibilité de construire le socialisme
dans un seul pays, rôle du Kominterm.) Mais les débats sont souvent empreints de confusion et
d’ambiguïté, alliances et retournements d’alliances se succédant dans une lutte sans merci pour le
pouvoir : la troïka Staline – Zinoviev – Kamenev contre Trotski en 1924 – 1925 ; la rupture de 1925,
Staline écartant les adversaires de la NEP regroupés en 1926 – 1927 en une « Opposition unifiée »
(avec Trotski, Zinoviev et Kamenev, et l’ « Opposition ouvrière » de Chliapnikov), qui s’effondre fin
1927 ; le revirement de 1928, par lequel Staline abandonne l’alliance avec la paysannerie, engageant le
pays sur la voie de l’industrialisation accélérée, de la planification et de la collectivisation, avant
d’éliminer, en 1929, l’ « opposition de droite » attachée à la défense de la NEP, avec Boukharine, Rykov
et Tomski. Staline se pose dès lors en maître du parti et lance le pays tout entier dans l’épreuve d’une
nouvelle bataille.
La mise en œuvre du premier plan quinquennal – officiellement lancé le 1er octobre 1928- marque un
tournant décisif dans l’histoire de l’URSS. La priorité est donnée à l’industrialisation et, en particulier, à
une industrie lourde guidée par d’ambitieux objectifs. Cette mutation exige un gigantesque effort, une
main d’œuvre nombreuse dont il faut améliorer la qualification, des techniciens compétents, parfois le
recours à l’expérience étrangère. Les énergies sont mobilisées par une véritable « mystique du plan »,
mais aussi par des stimulants matériels et par un système de contraintes qui pèse de plus en plus lourd
sur l’ouvrier soviétique. Au début de 1933, on proclame le premier plan accompli avec 9 mois d’avance,
et des résultats exceptionnels dans l’industrie lourde, qui augmente sa production de 273%. Mais
nombre d’objectifs ne sont pas atteints, tandis qu’apparaissent des difficultés liées à la rigidité de la
planification. Dans les campagnes, on avait d’abord envisagé une mise en œuvre progressive de la
collectivisation. A la fin de 1929, le rythme s’accélère, la généralisation des kolkhozes est à l’ordre du
jour en même temps que le parti décrète la « liquidation des koulaks en tant que classe. » Dès lors, la
collectivisation est menée par la contrainte et le plus souvent par la terreur. A l’issue du premier plan, le
régime recense 210 000 kolkhozes (70% des terres cultivées), 4 300 sovkhozes (10% des terres
cultivées) et 2 400 stations de machines et de tracteurs. Le bilan de l’opération est catastrophique, avec
un recul général de la production et le repli sur elle-même d’une paysannerie violentée. La vie politique
est, elle aussi, engagée dans la bataille pour le plan : le parti semble se forger une nouvelle unité, avec
la mise à l’écart ou le ralliement des opposants et les purges qui frappent les « mauvais communistes. »
La responsabilité des échecs est rapidement imputée aux saboteurs de l’économie nationale, dont les
procès se succèdent jusqu’en 1933. En 1934 cependant, après le douzième congrès, une relative
détente semble se dessiner, en même temps que l’URSS confirme par son admission à la SDN son
retour dans le concert des nations.