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Introduction à la criminologie générale Résumé
Partie I : La criminologie en théorie
1)Chapitre introductif : Qu’est-ce que la criminologie?
La criminologie = étude du crime, de la criminalité, du phénomène criminel.
Le crime est le rapport entre un acte, un comportement, et une manière institutionnelle de
définir (pénalement) cet acte. Cet objet comporte 2 dimensions:
-renvoie à une comportement (svt blamâble)
-renvoie à une manière de définir et de réagir à ce comportement.
Il ne suffit donc pas qu’un actes soit dommageable ou “grave” pour qu’il devienne crime. Il
faut qu’il entre dans une catégorie pénale susceptible de l’accueillir.
La criminologie n’est donc pas:
1.De la criminalistique (sciences et techniques en justice pr établir les faits matériels de l’acte
délictueux et la culpabilité de la personne qui l’a commis) confer les experts...lol
2.Une branche particulière du droit (même objet: l’action criminelle). Car la criminologie
recourt aux méthodes empiriques des sciences sociales (observation, expérimentation).
3.Un moyen de lutter efficacement contre le crime (domaine de la politique criminelle). La
pénologie, science de la peine, étudie les fonctions des sanctions pénales, les modalités de
leur exécution et méthodes utilisées dans leur application.
1.1e question : La criminologie est-elle une science autonome?
La définition de la criminologie pose problème sur 3 points. L’idée de crime dépend d’une
décision législative et judiciaire : sans la définition pénale du crime, le comportement en
question disparaît.
L’orientation du noyau dur : se situe à l’intérieur de la loi pénale et réduit l’objet de la
criminologie à un noyau dur d’actes considérés comme les vrais crimes. Ces actes seraient
universellement réprouvés (naturel = universel). Cela serait une tentative d’éliminer la
dimension politique du choix du législateur et apporterait la thèse de l’anormali des
personnes criminalisées (ex: Garofalo).
L’orientation des critères juridiques (pénaux). Pour respecter les exigences scientifiques,
le crime doit être défini comme tous les actes ayant les mêmes caractéristiques externes, et
seulement ceux-là. Pour Durkheim, la loi pénale n’est que la forme concrète d’une volonté
commune de rejet de certaines conduites et le crime est une offense aux états forts de la
conscience collective.
Ces 2 orientations considèrent donc:
-(1)que la criminalité est un fait brut et univoque
-(2)qui précède ou préexiste à la loi pénale
-(3)qui détermine la loi pénale et non l’inverse.
On soutient donc le primat épistémologique de la criminalité sur la loi pénale.
L’orientation des paramètres extra-pénaux : cette orientation se place au-delà de la loi
pénale et émerge dans les années 1915-40 autour de l’Ecole de Chicago et de Louvain
(perspective phénoménologiques). Ici, on pose le problème en terme de déviance et non de
crime. Ex: Pr Merton, l’objet de la crimino est le comportement déviant conçu comme une
réponse normale aux problèmes posés par la structure sociale à l’adaptation des individus.
On comprend pourquoi les criminologues ne s’accordent pas sur l’objet de la criminologie...
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Statut théorique de la criminologie : 3 représentations majeures
1.comme branche d’une autre science.
2.comme science autonome
3.comme champ d’étude ou corpus de connaissances
Pour Pires, elle serait plutôt une activité de connaissance. Cette idée a un avantage de
concilier les points difficiles présentés ci-dessus :
La criminologie est une activité de connaissance interdisciplinaire (scientifique et
éthique) sur la question criminelle (y compris la création d’une discipline
d’enseignement).
2.2e question : Quels sont les objets de la criminologie?
La criminologie s’approprie des objets plus qu’elle n’en détiendrait d’avance.
Une définition étroite de la criminologie (Ph. Robert) considèrerait que les comportements
qui ne sont pas sanctionnés par une loi pénale ne peuvent faire l’objet d’une étude
criminologique (ex: homosexualité, tabac,etc.).
Pour d’autres (ex: Pires), la criminologie a une objet paradoxal en soi : le crime. Il renvoie à
un comportement et à une manière de le définir ou d’y réagir.
Rétrospectivement, on divise l’histoire du savoir scientifique sur la criminalité en 2 blocs:
1.Le paradigme étiologique ou du passage à l’acte : le crime comme fait social brut
2.Le paradigme de la réaction sociale ou de la définition sociale : étude des processus de
criminalisation (primaire et secondaire). La faille de ce paradigme est qu’il nie l’existence de
comportements problématiques dans les interrelations sociales.
Aujourd’hui, la criminologie favorise 2 axes :
1.L’étude des situations problématiques qui comportent aussi bien les
comportements criminalisés, que tout autre comportement jugé problématique
2.L’étude du contrôle social qui comprend la création des lois pénales ; le
fonctionnement de la justice; le système correctionnel et l’intervention psycho-sociale
auprès de personnes ayant eu des démèlés avec la justice, la politique criminelle, les
modes alternatifs de résolution des conflits ; l’histoire et l’analyse des aspects pertinents
du droit et des pratiques et institutions de contrôle social (au sens large).
Rmq : Ces 2 notions sont des concepts ouverts :
-La notion de situation-problème permet d’inclure tout acte perçu comme tel.
-La notion de contrôle social comprend :
l’étude de la création et du maintien des lois pénales ainsi que l’application
des lois et ses conséquences
les questions relatives au système correctionnel, à l’intervention socio-
psychologique, à la réaction sociale et aux politiques sociales et criminelles.
D’après cette définition, Pires va construire un 3e paradigme : Le paradigme des
interrelations sociales.
Il s’articule autour de 2 axes principaux:
1)Horizontal : relations de pouvoir entre les individus et les groupes (dimensions
matérielles et éthiques)
2)Vertical : processus de la création et de l’application de la loi (constitution du crime).
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Ce paradigme introduit une dimension nouvelle : les énoncés performatifs : déclarer et
accomplir dans le fait même de déclarer.
2)Chapitre 2 : 1e débat : Libre arbitre VS Déterminisme
1.L’individu est doté d’un libre-arbitre
Cette conception est liée à la société libérale et défendue par les théoriciens du contrat
social. Elle reprend de la vigueur aujourd’hui.
1.1.Naissance de la rationalité pénale moderne
La criminologie est née en réaction à la conception du droit pénal véhiculée par l’Ecole
classique.
A l’origine de la rationalité pénale moderne se trouve un certain nombre de philosophes
(Lumières) qui réagissent à la manière dont la juste pénale est conçue sous l’Ancien
Régime.
a)L’Ancien Régime
La Justice sous l’ancien régime a un double fonctionnement : vengeance et expiation. Le
crime est une offense personnelle au Roi qui infligera une vengeance terrible. Ainsi, sous
l’Ancien Régime, les peines sont inégales, arbitraires et cruelles (supplices + mort).
b)C. Beccaria : le traité des délits et des peines de 1764
Ce traité s’articule autour de principes simples :
1.Seul le législateur peut faire des lois et seules les lois pénales peuvent fixer les lits
et les peines.
2.Tous les citoyens sont soumis à ces lois. Seul le magistrat peut excercer le
jugement.
3.Les juges ne peuvent pas interpréter la loi. Ils se prononcent uniquement sur
l’imputabilité et la culpabilité.
4. La cruauté des peines est inutile. Le but étant la prévention individuelle et générale
par la certitude qu’elles soient appliquées crédibilité de la justice.
Les sanctions sont donc positives et l’échelle de gravité des crimes et des punitions repose
sur le “dommage causé à la société”. Ils sont de 3 types:
1.Crimes qui tendent à la destruction de la société/ses représentants
2.Crimes qui attaquent le citoyen ds sa vie, ds ses biens ou son honneur
3.Crimes qui sont contraires à la loi.
Dans la mesure du dommage causé, c’est l’acte et non l’intention qui est pris en compte. La
mesure de la peine devrait être strictement proportionnelle à la mesure du délit (il ne faut pas
qu’elle soit identique pour 2 délits de ‘gravité’ différente car cela n’empêchera pas les
hommes de commettre le plus grave des 2).
c)L’Ecole classique
Ses racines philosophiques :
1.Libre-arbitre
2.Hédonisme
3.Rationnalisme
4.Le contrat social
Les conséquences sur le droit pénal :
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1.Une justice égale pour tous
2.Les lois doivent être écrites et codifiées (accessibles et connues de ts)
3.Les lois doivent être assurément et rapidement appliquées
4.Les lois doivent être humaines (proportionnelles à l’acte)
Perspective normative (aucune prétention scientifique ms orientation philosophique)
L’utilitarisme de Bentham (1748-1832)
vision utilitariste : la peine doit être utile, avoir un effet préventif-dissuasif, afin d’être
acceptée des citoyens. De plus, selon le “principe d’analogie”, l’idéal de la peine est d’être
une sorte de clone ou de copie du crime.
Le rétributivisme d’E. Kant : “oeil pour oeil, dent pour dent”
Le droit de punir puise son fondement dans une obligation morale (rétablir l’ordre en
imposant une souffrance au coupable). La loi nale est un impératif catégorique : si nous
ne punissons pas, nous sommes complices.
d)Réception, application et critique des idées classiques
Il est incontestable que la révolution française de 1789 a favorisé la réception des idées
classiques dans les systèmes judiciaires. Ainsi la déclaration universelle des droits de
l’homme et du citoyen affirmera le principe de légalité. Le code pénal de 1791 et 1795
instituent un système de peines fixes correspondant au crime selon la gravité de l’infraction
(tarif déjà fixé pour ‘alléger’ la tâche du juge). L’égalité est synonyme d’identité : on ne tient
pas compte des différences entre les individus (récidiviste, aliéné, mineur...).
Or, l’uniformité est génératrice d’injustices
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. Les critiques vont se multiplier à l’encontre du
système jugé trop absrait et technico-juridique. La loi est devenue une fin en soi, inflexible,
alors qu’elle devrait être un instrument pour rencontrer certains besoins de la société. Elle ne
devrait pas être tournée vers le passé (viser l’action) mais vers le futur (en vue de faire du
délinquant un citoyen utile et productif. Pour cela, il est nécéssaire de développer une
connaissance scientifique du délinquant (médecine et psychiatrie). Cette conception est à la
base de la naissance de la criminologie comme discipline scientifique.
1.2.L’actualité de cette conception
Dans le champ criminologique, cette conception du criminel comme individu doté d’un libre
arbitre, hédoniste, responsable de ses actes, a repris de l’envergure ces dernières années.
L’émergence de ce discours criminologique doit se comprendre en rapport avec des
changements plus fondamentaux qui affectent l’organisation sociale.
Selon D. Garland, le discours étatique en matière de criminalité et de lutte contre la
criminalité s’est radicalement modifié entre le début des années 70 et le début des années
90. Avant les années 90, on ne doutait pas de la capacité de l’Etat à endiguer le problème
même si l’on s’accordait à dire que la criminalité augmentait. Or depuis ces années, on
reconnaît les limites de l’Etat (réduction du taux d’élucidation et de poursuite). La gestion
politique et les théories criminologiques se modifient. Le criminel n’est plus perçu comme un
individu différent, sous-socialité ou victime de carences affectives, qu’il s’agit de rééduquer,
mais comme un individu normal, hédoniste et opportuniste. Le crime est de plus en plus
considéré comme un phénomène “normal” (éléments criminels réguliers, prévisibles,
systématiques). Il en résulte que l’action sur le crime devrait cesser d’être avant tout une
action sur les personnes déviantes et devenir plutôt une action conçue pour gouverner les
habitudes sociales et économiques. Du côté des victimes ou de la société, le crime devient
un risque à calculer ou un accident à éviter. Il faut donc décourager le passage à l’acte et
développer la prévention situationnelle, en s’appuyant sur les technologies de sécurité et
de supervision.
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Il faudra attendre 1832 pour que soient introduites les circonstances atténuantes.
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Maurice Cusson, criminologue québecois (1des plus théoriciens francophone les+connus de
ce type d’approches) considère 4 influences majeures de la criminologie de l’an 2000 :
1. En combinant les indicateurs de diminution du crime (- de crimes, meilleure
protection, - de 14-24ans) et d’augmentation du crime (famille-école : régulation
sociale et opportunités de crime), on peut prévoir une diminution de la criminalité
sans pour autant être accompagnée d’une de la pop. pénitentiaire (moyenne d’âge +
élevée en prison). De plus, le vieillissement de la population s’accompagne d’une de
la demande de sécurité, de la sévérité des peines.
2.Les progrès technologiques facilitent la découverte et la surveillance des criminels.
3.La criminologie sera empreinte d’un retour au classicisme (crise de l’idéal
réhabilitatif, affirmation des dimensions répressives et rétributives + traitement sur base
volontaire)
4.Désinvestissement progressif de l’Etat dans le domaine de la sécurité (pr celui du
privé) (car Critique p/r à l’effet déresponsabilisant de l’Etat social + problèmes financiers
des Etats occidentaux).
L’intervention criminologique portera sur la décision, la surveillance et, de manière facultative
l’aide et le traitement. La prison de pourra pas être abolie (car fonctions de neutralisation,
dissuasion et rétribution) mais à côté seront utilisées d’autres peines : amende, surveillance
électronique, travail compensatoire et réparation. Quant au traitement, il sera limité aux
thérapies comportementales.
L’analyse criminologique devient alors “l’étude opérationnelle de problèmes criminels
spécifiques dans le but de leur apporter une solution”
2.L’individu criminel est un être déterminé
On considère communément que c’est l’Ecole positiviste italienne (1880-1925) qui donne
naissance à la criminologie comme activité de connaissance complexe et spécifique. Partant
du constat d’échec du système pénal en vigueur tel qu’élaboré par l’Ecole classique, la
criminalité augmentant et le peines étant inefficaces, les prisons étant des écoles du crime,
l’école positiviste italienne va développer une position radicalement différente.
Influencée par le positivisme, cette école a pour objectif de produire une science sur le
crime, le criminel et la réaction sociale. Ce projet vise à élaborer un modèle de réaction
sociale et pénale pour enrayer/contrôler les crimes ou délits en se basant sur l’étude de
l’homme criminel. Ici, le droit pénal est une simple application des connaissances
criminologiques. Cette école est à l’origine du mouvement de défense sociale.
L’être humain est ici un individu déterminé ( libre). 3 conceptions différentes :
a)”l’homme criminel né” (école pos.italienne)
b)La”personnalité criminelle”
c)La transgression comme reflet des conditions de vie des individus
2.1.L’école positive italienne (Lombroso et ses 2 élèves Garofalo et Ferri)
Que la différence instrinsèque entre “criminels et individus “normaux soit d’ordre biologique
(Lombroso), psychologique (Garofalo) ou multifactorielle (Ferri), “l’homme criminel” est né.
Le socle de cette discipline, melée aux thèses évolutionnistes, est la différence
anthropologique et les prisons sont un lieu d’observation idéale de cet “homme criminel”.
a)Grandes différences entre Ecole classique et l’Ecole positive italienne
Ecole classique
Ecole positive
Libre arbitre
Déterminisme absolu (organique,
psychologie ou social)
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