La prévention du crime sous tous ses angles! - cedtc

Les lieux publics
Une collecvité en santé en est une qui sait organiser la
vie de quarer en orant une panoplie dacvités aux
jeunes et aux moins jeunes. Cest aussi une collecvité
qui sait entretenir ses lieux publics pour que les citoyens
se sentent ers de leur quarer. Généralement, le fait
dorir des acvités dans des endroits publics, tels les
parcs, permet aux citoyens de sapproprier ou de se
réapproprier leur quarer. En occupant ces lieux et en
sassurant de bien les entretenir, on sassure par le fait
même de créer un senment dappartenance à sa
communauté. Cela peut avoir un eet protecteur pour
certains jeunes et leur famille, sans compter quon
sadresse directement au senment dinsécurité de la
populaon. Très peu dévaluaons permeent de
conclure avec certude que de tels types dacvités
préviennent la délinquance et la vicmisaon, mais chose
certaine, cela permet de sadresser directement à des
facteurs de risque présents dans les collecvités où la
délinquance et la vicmisaon sont choses fréquentes.
En résumé, neoyer les parcs, sapproprier les espaces
publics et organiser des acvités dans le quarer permet
daméliorer le senment de sécurité des citoyens en plus
de sser des liens daachement à sa communauté,
brisant ainsi lisolement social.
Lécole
La grande majorité des élèves du Québec disent se senr
en sécurité dans leur école et ont une percepon posive
du climat. Les écoles les élèves perçoivent une plus
grande équité et esment que les règles sont claires
présentent moins de délinquance et de vicmisaon. Les
acteurs dune école aux prises avec des problèmes de
délinquance et de certaines formes de violence (ex. :
menaces, taxage, bagarres) pourraient avoir le réexe de
se réfugier derrière des éléments sécuritaires tels des
caméras de surveillance, des détecteurs de métal et la
présence dautopatrouille aux abords de lécole.
Généralement, ces moyens ont leet contraire à ce qui
est escompté. Ce sont des disposifs qui sèment
davantage le doute et la peur quant au climat sécuritaire
à lécole. Sans compter que ce sont des moyens qui
donnent plutôt lillusion dune sécurité, avec pour eet
inévitable de déplacer le problème. Ainsi, les jeunes qui
fréquentent lécole, et même ceux qui ne la fréquentent
pas, trouveront dautres endroits pour faire leurs
acvités illicites ou leurs actes de violence. Pour
sadresser véritablement à cee réalité, il importe que
les élèves développent un senment dappartenance
(engagement/aachement) à leur école, quils sy
sentent importants, respectés, protégés et appréciés.
Pour ce faire, il importe de créer un climat bienveillant
au sein de lécole et des relaons posives entre les
élèves et les adultes. Les élèves qui fréquentent des
établissements scolaires, où le personnel professionnel et
enseignant est près deux, sintéresse à eux et
communique avec eux, sont plus suscepbles de mere
en place des mesures de souen et dappliquer des
mesures disciplinaires de manière ecace lorsque
nécessaires. Mais dans les écoles ce lien est peu
observable, lapplicaon de telles mesures peut savérer
davantage complexe et surtout, peut venir envenimer
davantage le climat à lintérieur des murs de lécole. La
clé du succès : sassurer daller vers les élèves et de créer
un lien de conance avec eux. Ainsi, ils se senront
davantage appréciés, compris et surtout, cela risque
davoir un eet concret sur le climat sécuritaire de lécole
qui, rappelons-le, est essenel à toute forme
dapprenssage.
LE BULLETIN DU RÉSAL février 2016
La prévenon du crime sous tous ses angles!
Bullen numéro 8
du Réseau déchange et de
souen aux acons locales
Février 2016
Ce bullen est produit par le
Centre dexperse|Déliquance
et troubles de comportement
Par René-André Brisebois,
M.Sc. Criminologie
Coordonnateur du RÉSAL
Centre dexperse | Délinquance
et troubles de comportement du
Centre intégré universitaire de
santé et de services sociaux du
Centre-Sud-de-lÎle-de-Montréal
Installaon - Centre jeunesse de
Montréal - Instut universitaire
Pour plus de renseignements concernant cette publication ou émettre des commentaires, visitez le site Internet du Résal au
http://cedtc.cjm-iu.qc.ca/Fr/resal/
Prévenir le crime : acteurs et cibles dintervenon
B
ien des acons peuvent être considérées comme prévenves, mais la queson la plus importante à se poser est : en
prévenon de quoi? Prévenir la délinquance est une chose, prévenir la vicmisaon en est une autre. Il en est de
même pour la queson de prévenir ladhésion aux gangs de rue. Toutefois, certaines acons doivent être déployées dans
une collecvité qui souhaite prévenir de telles problémaques. Ce type diniave doit généralement sadresser au
senment dinsécurité de la populaon, car des citoyens qui ont peur sont des citoyens qui sisolent, créant ainsi dautres
problémaques tel lisolement social.
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Le travail policier
L
es stratégies répressives sont incontournables en
prévenon de la criminalité, car elles permeent de
neutraliser les auteurs de délits. Toutefois, dans une réelle
opque de prévenon de la criminalité, la neutralisaon nest
quune des étapes nécessaires. Une fois cee neutralisaon
faite, des alliances doivent être établies avec des acteurs de la
communauté qui, pour leur part, pourront déployer des
iniaves pour aider et soutenir ces individus dans une
démarche de réinseron sociale à plus long terme. Ici on
pense, par exemple, à des organismes de travail de rue qui
pourront aider et accompagner ces jeunes dès leur retour dans
leur milieu de vie, cest-à-dire leur quarer. De plus, les
iniaves les plus probantes pour le travail policier sont celles
qui sappuient sur une «police de proximité», cest-à-dire un
travail policier qui axe davantage ses intervenons sur la
créaon de liens avec les citoyens de la communauté et qui
protent de ces liens pour instaurer une image posive de la
police. Il sagit, en retour, dune iniave gagnante puisque les
citoyens sasfaits seront davantage enclins à dénoncer des
situaons problémaques et à recourir à la police en cas de
besoin. Une autre stratégie ecace est celle de la «police
orientée vers la recherche de soluon», soit un travail policier
qui consiste à saarder à des problémaques criminelles qui
sont devenues préoccupantes, à en chercher les causes, à
recenser les bonnes praques sur le sujet et à appliquer la
stratégie la plus adaptée pour résoudre le problème. Toutes
ces iniaves sont considérées comme ecaces au plan du
travail policier. Dautres acons doivent être sérieusement
envisagées si un service de police ne souhaite pas envenimer
une situaon déjà tendue dans un quarer. Par exemple, des
contrôles et des interpellaons aléatoires (fait au hasard),
basés sur un «prolage» racial et économique dindividus, sont
des praques suscepbles de générer des tensions et des
conits importants au sein dune collecvité. Ce traitement
sera eecvement considéré tant injuste quinjusé. Les
contrôles et interpellaons ecaces sont eectués auprès des
contrevenants à haut risque, en suivi probatoire, et auprès des
individus qui sont recherchés pour la commission dun délit.
Bref, une praque policière reconnue comme ecace est celle
qui recherche des soluons probantes aux problèmes, crée des
liens de conance avec ses citoyens et travaille avec des
partenaires dans un souci de protecon durable de la société.
Les jeunes à risque
Dans une perspecve de bien-être collecf, tous les jeunes
dun quarer doivent être ciblés par des acons prévenves,
axées sur le développement communautaire. Cependant, si
nous souhaitons nous adresser directement à la
problémaque de délinquance et de vicmisaon, il importe,
dans un premier temps, de bien cibler notre clientèle à
desservir. Les jeunes les plus à risque de développer des
comportements délinquants et criminels sont ceux chez qui on
dénote des problèmes dans leurs diérentes facees de vie.
Par exemple, un jeune dont la famille est dysfonconnelle,
lécole est une source de frustraons pour lui, que les pairs
prosociaux rejeent en raison de son tempérament trop
colérique et dont le quarer est fortement criminalisé se voit
grandement fragilisé, car toutes les dimensions de sa vie sont
aeintes par des dicultés. Ainsi, en ciblant les jeunes vivant
un cumul de facteurs de risque, et encore plus ceux dont les
diérentes facees de vie sont touchées par ces facteurs de
risque, on idene la clientèle la plus vulnérable à choisir la
délinquance comme mode de vie ou stratégie dadaptaon.
Une fois la bonne clientèle ciblée, il faut penser aux acons.
Bien entendu, il importe de leur orir des acvités récréaves,
des perspecves demployabilité, un accompagnement dans
leurs démarches visant à régler leurs démêlés avec la jusce,
etc. Certainement, tout cela est crucial mais ce qui lest
encore plus est de sadresser aux croyances et atudes qui
entreennent leurs comportements problémaques ou
délinquants. Orir une acvité récréave à un jeune en
diculté cest bien, mais que faire lorsque celui-ci en vient
quà se bare avec un autre jeune de lacvité? Et orir un
emploi à un jeune en diculté, cest bien, mais quarrivera-t-il
lorsque son patron lui exigera une tâche dont il na vraiment
pas le goût daccomplir? Bref, sadresser aux pensées ou aux
atudes qui souennent leurs comportements permet de
recadrer certaines croyances ou idées qui, ulmement,
pourront avoir un impact réel sur leurs choix de vie et
comportements futurs.
LE BULLETIN DU RÉSAL février 2016
La prévenon du crime sous tous ses angles!
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Prévenir le crime : trois dimensions à
considérer
Il faut savoir quil existe trois cibles concrètes pour prévenir le crime :
le contrevenant, la vicme et la situaon. Concernant les
contrevenants, il importe de souligner quune minorité dindividus
sont responsables dune majorité de délits. Ainsi, les contrevenants à
haut risque et les jeunes à risque de le devenir doivent être des cibles
de choix dans le développement des projets de prévenon. La
deuxième cible, soit la vicme, suit également cee même logique
puisquune minorité dindividus subissent des vicmisaons
répétées. Et dans le même sens que les contrevenants, il importe de
sadresser aux vicmes potenelles en leur orant service et souen,
mais également des moyens déviter une éventuelle vicmisaon.
Enn en ce qui a trait à la troisième cible, elle consiste à agir sur une
situaon propice à la commission dun délit. Par exemple, en venant
changer les conguraons dendroits mal éclairés ou encore isolés et
sans issues de secours, on agit sur les lieux les plus propices à la
commission des délits. Bref, cest en travaillant à la fois sur les
contrevenants, les vicmes et les situaons propices au crime quil
est réellement possible de faire des acons qui auront une portée sur
la criminalité dans un lieu donné.
Les types de prévenon : primaire, secondaire
et teraire
Il est possible de penser à la prévenon du crime selon trois types de
prévenon, soit primaire, secondaire et teraire. En prévenon
primaire, on sensibilise et on informe la populaon enère sur la
délinquance et la criminalité. On peut orir aux citoyens des conseils
ou astuces an déviter dêtre vicme dun acte criminel ou de savoir
comment réagir si un tel événement survient. On peut aussi orir des
acvités sporves, arsques ou récréaves à lensemble des
citoyens, ou aux jeunes du quarer, de sorte à créer le ssu social
nécessaire an déviter la commission de délits. Que ce soit en
prévenant loccurrence du crime ou en prévenant loccurrence de la
vicmisaon, on assure une meilleure sécurité globale aux citoyens.
En prévenon secondaire, on cible une populaon parculière soit
celle suscepble de commere, dêtre vicme ou dêtre témoin de
crimes et de sassocier à des acvités de gangs. Lexercice didener
les populaons à risque devient alors crucial pour leur orir des
services adaptés à leurs besoins. Que ce soit à travers des
apprenssages dhabiletés sociales et interpersonnelles, une ore de
formaon académique ou professionnelle ou à travers lore
dacvités récréaves structurées (ex. : ligue de sports), on cherche à
cibler les jeunes ayant le plus de besoins entourant les enjeux de
sécurité. Cibler nest pas synonyme de sgmaser, autrement dit,
orir des services à des jeunes en diculté ne veut pas dire quon
exclut tous les autres jeunes de nos acvités et quon accole une
équee à nos jeunes présentant plus de vulnérabilités. Ce que cela
signie, cest que notre acvité doit comporter un volet spécique
pour ces jeunes dit «en diculté» an de répondre à leurs besoins
réels. Par exemple, organiser un tournoi de basketball peut être une
excellente iniave, mais en soi, il ne sagit pas de prévenon. Le fait
davoir du personnel apte à intervenir lors dune situaon de conit,
dinsultes ou de violence permet plus concrètement le travail de
prévenon. Ainsi, on peut prévenir lescalade des conits et se créer
une opportunité de travailler la geson de la colère ou la résoluon
des conits. En orant les bons services aux bons clients, on est en
mesure dagir de manière plus ciblée et prévenve.
En prévenon teraire, on cible spéciquement les jeunes qui sont
déjà impliqués dans une criminalité ou des acvités de gangs de rue,
ou qui en ont été vicme. Le but de cee prévenon est déviter la
commission dautres délits, aussi appelé la prévenon de la récidive
ou de la revicmisaon. Ainsi, en orant une qualité de traitement et
dintervenon aux «agresseurs» et des stratégies de protecon aux
«vicmes», il est possible davoir un impact sur léventuelle
commission de délits et conséquemment, orir aux citoyens un
senment de sécurité et de protecon. On parle ici de «protecon
durable de la populaon», en ce sens que si le jeune contrevenant
change son mode de vie et sa façon de penser, il pourra éviter de
récidiver et conséquemment, la populaon sen senra plus
sécurisée.
Ces trois types de prévenon, pour être plus ecaces, doivent être
intégrés à un connuum de services. Cest en agissant en amont du
problème, auprès de populaons ciblées, et en agissant en aval,
auprès des individus déjà aux prises avec une problémaque, que nos
acons peuvent avoir une portée plus grande. Et pour ce faire, il
importe de travailler autour dacons concertées qui interpellent
tous les acteurs clés de la communauté (scolaire, municipal,
organisme communautaire, centre jeunesse, policier, citoyen, etc.)
pouvant sassurer de mieux répondre aux besoins des citoyens dun
quarer.
Sources :
Howell, J. C. (2010). Gang Prevenon: An Overview of Research and
Programs. Juvenile Jusce Bullen. Oce of Juvenile Jusce and
Delinquency Prevenon.
Waller, I. (2013). Smarter crime control: a guide to a safer future for
cizens, communies, and policians. Rowman & Lileeld.
Goredson, D., MacKenzie, D., Eck, J., Reuter, P., & Bushway, S.
(1997). Prevenng crime: What works, what doesn't, what's
promising: A report to the United States Congress. Washington,
DC: US Department of Jusce, Oce of Jusce Programs.
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