UNIVERSITE PARIS DAUPHINE MASTER CMA
Le Suicide d’Emile DURKHEIM
Olivier DELACOTE
Ces trois articles étaient la conséquence d’un voyage entrepris par Durkheim en Allemagne
pour y étudier les sciences sociales auprès de Wundt.
Dès son arrivée à Bordeaux, il utilise le cadre de l’enseignement pour approfondir des thèmes
qui lui sont chers. Son premier cours, en 1887, est consacré à « la solidarité sociale »; puis il
traite des précurseurs de la sociologie (Aristote, Montesquieu, Comte), de « la famille et la
nature des liens de parenté », de « la physique du droit et des mœurs ».
En 1893, il donne à la Revue philosophique un article sur le socialisme. Plusieurs fois il
reviendra sur ce thème, comme cela est naturel puisque le socialisme fait, lui aussi, un
diagnostic des maux des sociétés industrielles et propose un remède. Mais Durkheim ne croit
ni au diagnostic ni au remède. Rien de bon pour la société ne lui paraît devoir sortir de
l’opposition des classes. Il voit bien plutôt dans les doctrines socialistes la conséquence des
dérèglements sociaux entraînés par l’évolution des sociétés industrielles. La même année, il
soutient sa thèse de doctorat, De la division du travail social. La thèse complémentaire en
latin sur La Contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale fait de
nouveau écho à son intérêt pour ce précurseur.
En 1895, il publie Les Règles de la méthode sociologique et fonde en 1896 L’Année
sociologique. Cette revue recensera chaque année la production sociologique mondiale en de
longues analyses qui témoignent de la diversité et de l’évolution des intérêts de Durkheim.
Parmi ces études, beaucoup sont des chefs-d’œuvre du genre. Les premières portent sur « La
Prohibition de l’inceste et ses origines » et sur « La Définition des phénomènes religieux ».
On trouvera ensuite dans L’Année de nombreuses analyses, dues à sa plume, sur des ouvrages
de démographie (Bertillon, Prinzing, Juglar) ou de « statistique morale », sur la sociologie
religieuse, les théoriciens contemporains (Richard, Tarde), etc. Les premiers disciples,
Bouglé, Fauconnet, Simiand, Mauss, partagent la responsabilité des rubriques de L’Année et
signent les analyses.
En 1897, il publie Le Suicide, étude de sociologie. Ensuite, nous pouvons observer une
recrudescence de l’intérêt de Durkheim pour l’analyse des phénomènes religieux. Il n’est pas
impossible que ce fait soit pour une part au moins la conséquence de l’affaire Dreyfus, qui
l’avait profondément bouleversé. Ses réflexions sur les phénomènes religieux culmineront en
1912 avec Les Formes élémentaires de la vie religieuse, le dernier des grands livres de
Durkheim.
Si la nature de sa production se modifie à partir de 1900, c’est que Durkheim est nommé en
1902 suppléant de Ferdinand Buisson à la chaire de science de l’éducation de la Sorbonne – il
en deviendra titulaire à partir de 1906. Son activité essentielle se porte alors sur L’Année