UNIVERSITE PARIS DAUPHINE MASTER CMA
Le Suicide d’Emile DURKHEIM
Olivier DELACOTE
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Sommaire
Introduction ......................................................................................................... 2
I - Biographie d’Emile Durkheim ...................................................................... 2
II - Postulats et hypothèses ................................................................................. 5
1) Les postulats ...................................................................................................... 5
2) Les hypothèses .................................................................................................. 6
III - Le mode de démonstration ......................................................................... 6
IV - Résumé de l’ouvrage ................................................................................... 8
1) Le contexte de l’ouvrage ................................................................................... 8
2) Le suicide est un fait social ............................................................................... 8
A/ Qu’est-ce qu’un suicide et pourquoi s’y intéresser ? ....................................... 8
B/ Les facteurs extra-sociaux ne suffisent pas à expliquer les taux de suicide .... 9
3) Les causes profondes du suicide sont l’intégration et la régulation sociales . 13
A/ Le facteur intégration ..................................................................................... 13
B/ Le facteur de régulation .................................................................................. 16
4) Le taux de suicide de cette fin de XIXème siècle est révélateur d’une crise
qu’il s’agit de résoudre ........................................................................................ 18
A/ Le suicide est-il moral ? ................................................................................. 18
B/ Le suicide est-il normal ? ............................................................................... 19
C/ Comment rétablir la cohésion social et guérir le « mal de l’infini » ? .......... 19
V - Commentaires et critiques .......................................................................... 20
1) Commentaires ................................................................................................. 20
2) Critiques .......................................................................................................... 21
VI - Bibliographie complémentaire ................................................................. 25
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Le Suicide d’Emile DURKHEIM
Olivier DELACOTE
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Introduction
Durkheim est sans doute, de tous les sociologues classiques, celui qui reste le plus présent
dans la sociologie contemporaine. Cela constitue une sorte de paradoxe. Conservateur, voyant
dans le socialisme plutôt une conséquence des dérèglements engendrés par l'évolution des
sociétés modernes qu'un remède possible à leurs maux, convaincu que l'individu ne peut être
heureux que dans une société qui lui impose normes et contraintes, Durkheim n'est guère au
goût du temps. Pourtant, le visage qu'il donna à la sociologie, la méthodologie qu'il élabora
sont aujourd'hui revendiqués par la communauté scientifique des sociologues comme un bien
commun. S'il n'échappa pas complètement à l'esprit de système, il montra, peut-être le
premier avec une telle force, que la sociologie pouvait être une science positive.
Afin de mieux comprendre cette partie de l’œuvre de Durkheim à savoir Le Suicide, nous
allons tout d’abord effectuer un rappel historique des moment clés de sa vie. Puis nous
verrons, les postulats et hypothèses de Durkheim, son mode de démonstration puis le résumé
de cet ouvrage. Enfin, nous nous attacherons à voir les différentes critiques qui lui ont été
faites.
I - Biographie d’Emile Durkheim
Émile Durkheim est le 15 avril à Épinal en 1858 et appartenait à une brillante lignée de
rabbins érudits. Brillant élève au collège de cette ville, il se décida très tôt pour le professorat.
Il prépara au lycée Louis le Grand, le concours d'entrée à l’École normale supérieure il
entra en 1879. Il y trouva, parmi ses condisciples, Bergson, Blondel, Jaurès et Janet. Il n’aima
pas le climat de l’École: les jeunes normaliens lui paraissaient s’abandonner à une philosophie
superficielle. Il eut cependant pour deux de ses professeurs, Fustel de Coulanges et Émile
Boutroux, une admiration réelle.
C’est surtout par la lecture qu’il découvrit ses véritables maîtres: Spencer, Renouvier et
surtout Auguste Comte. De Spencer et de Comte, il retint le modèle d’une recherche sur les
lois guidant l’évolution des sociétés. De Comte, il conserva la préoccupation de constituer la
sociologie en une discipline autonome, ayant son champ d’application propre. De Renouvier,
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il hérita l’idée de faire de la morale une science positive. Ces trois préoccupations constituent
des traits permanents de l’œuvre de Durkheim.
Dans De la division du travail social, il tente de mettre en évidence une grande loi évolutive,
un peu à la manière de Comte. Ensuite, il renoncera à faire de la recherche de telles lois le
centre du travail du sociologue, mais il gardera toujours le souci d’analyser « l’évolution » des
institutions, comme il le montre notamment dans son œuvre pédagogique.
Le souci de constituer la sociologie en science autonome le guida toute sa vie. Toutes ses
œuvres, Les Règles de la méthode sociologique, Le Suicide ou ses écrits sur l’éducation,
illustrent le désir de réserver à la sociologie des méthodes propres et une manière spécifique
d’aborder son objet.
Quant à l’idée de faire de la morale une science positive, elle est présente à chacune de ses
pages. Aussi bien la spéculation philosophique pure, à l’égard de laquelle il éprouva une
grande répulsion à l’École normale, que la science désintéressée lui parurent toujours vaines.
Ce qu’il lui importait avant tout était de constituer une science capable d’éclairer les sociétés
sur leurs maux, capable d’indiquer les lignes d’action à partir desquelles il serait possible
d’améliorer les rapports entre l’individu et la société. C’est pourquoi nous trouvons mêlées
tout au long de son œuvre une analyse du fonctionnement des sociétés et une réflexion sur
l’éducation: l’éducation n’est-elle pas le chemin privilégié par lequel l’individu s’insère dans
la société?
Durkheim fut en effet très sensible aux problèmes sociaux de son temps, marqué par les
problèmes de son époque et ses problèmes personnels : l'affaire Dreyfus, la défaite de 1870, la
commune, la guerre de 1914, la mort de son fils tué en 1917.
Deux de ses livres parmi les plus importants: De la division du travail social et Le Suicide,
sont nés d’une réflexion sur les désordres sociaux qui découlent de l’industrialisation massive
des sociétés de son temps. Cette réflexion est d’ailleurs guidée par le climat de la IIIe
République et par le souci que manifestent les hommes d’État de constituer une morale
civique.
La convergence entre les préoccupations du jeune Durkheim et l’esprit du temps expliquent
sans doute que le ministère ait jugé utile de lui attribuer une chaire de pédagogie et de science
sociale à la faculté des lettres de Bordeaux, et cela dès 1887, alors qu’il n’était encore que
l’auteur de trois articles dans la Revue philosophique: « Les Études récentes de sciences
sociales », « La Science positive de la morale en Allemagne », « La Philosophie dans les
universités allemandes ».
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Ces trois articles étaient la conséquence d’un voyage entrepris par Durkheim en Allemagne
pour y étudier les sciences sociales auprès de Wundt.
Dès son arrivée à Bordeaux, il utilise le cadre de l’enseignement pour approfondir des thèmes
qui lui sont chers. Son premier cours, en 1887, est consacré à « la solidarité sociale »; puis il
traite des précurseurs de la sociologie (Aristote, Montesquieu, Comte), de « la famille et la
nature des liens de parenté », de « la physique du droit et des mœurs ».
En 1893, il donne à la Revue philosophique un article sur le socialisme. Plusieurs fois il
reviendra sur ce thème, comme cela est naturel puisque le socialisme fait, lui aussi, un
diagnostic des maux des sociétés industrielles et propose un remède. Mais Durkheim ne croit
ni au diagnostic ni au remède. Rien de bon pour la société ne lui paraît devoir sortir de
l’opposition des classes. Il voit bien plutôt dans les doctrines socialistes la conséquence des
dérèglements sociaux entraînés par l’évolution des sociétés industrielles. La même année, il
soutient sa thèse de doctorat, De la division du travail social. La thèse complémentaire en
latin sur La Contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale fait de
nouveau écho à son intérêt pour ce précurseur.
En 1895, il publie Les Règles de la méthode sociologique et fonde en 1896 L’Année
sociologique. Cette revue recensera chaque année la production sociologique mondiale en de
longues analyses qui moignent de la diversité et de l’évolution des intérêts de Durkheim.
Parmi ces études, beaucoup sont des chefs-d’œuvre du genre. Les premières portent sur « La
Prohibition de l’inceste et ses origines » et sur « La Définition des phénomènes religieux ».
On trouvera ensuite dans L’Année de nombreuses analyses, dues à sa plume, sur des ouvrages
de démographie (Bertillon, Prinzing, Juglar) ou de « statistique morale », sur la sociologie
religieuse, les théoriciens contemporains (Richard, Tarde), etc. Les premiers disciples,
Bouglé, Fauconnet, Simiand, Mauss, partagent la responsabilité des rubriques de L’Année et
signent les analyses.
En 1897, il publie Le Suicide, étude de sociologie. Ensuite, nous pouvons observer une
recrudescence de l’intérêt de Durkheim pour l’analyse des phénomènes religieux. Il n’est pas
impossible que ce fait soit pour une part au moins la conséquence de l’affaire Dreyfus, qui
l’avait profondément bouleversé. Ses réflexions sur les phénomènes religieux culmineront en
1912 avec Les Formes élémentaires de la vie religieuse, le dernier des grands livres de
Durkheim.
Si la nature de sa production se modifie à partir de 1900, c’est que Durkheim est nommé en
1902 suppléant de Ferdinand Buisson à la chaire de science de l’éducation de la Sorbonne il
en deviendra titulaire à partir de 1906. Son activité essentielle se porte alors sur L’Année
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sociologique ainsi que sur son enseignement. Les cours et articles de cette période ont été
rassemblés par ses disciples: Éducation et sociologie (P. Fauconnet), Sociologie et
philosophie (C. Bouglé), L’Évolution pédagogique en France (M. Halbwachs), Leçons de
sociologie physique et science des mœurs (G. Davy).
En 1913, la chaire de Durkheim prend le titre de « chaire de sociologie de la Sorbonne ». La
même année, il fait une communication, demeurée célèbre, à la Société française de
philosophie sur « Le Problème religieux et la dualité de la nature humaine ». Puis vient la
Première Guerre mondiale qui lui inspire trois écrits de circonstance, dont « L’Allemagne au-
dessus de tout ». Durkheim meurt le 5 novembre 1917.
Les principales œuvres de Durkheim :
- De la division du travail social (1893),
- Contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale (1893),
- Les règles de la méthode sociologique (1895),
- Le suicide, étude de sociologie (1897),
- Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912).
II - Postulats et hypothèses
1) Les postulats
Après la publication en 1895 des Règles de la méthode sociologique, Durkheim fait paraître
en 1897 cette étude sur Le Suicide qui illustre sa méthode.
« Les volontés individuelles sont insuffisantes à expliquer ces lois qui traduisent la
régularité de certains évènements, comme le suicide. Il faut admettre que des forces
extérieures impersonnelles agissent, qu'il existe donc bien des phénomènes sociaux. C'est
le propre de la sociologie de les étudier, d'observer les habitudes collectives et leurs
représentations. »
Nous pouvons imaginer l'effet que pouvait produire à cette époque une démonstration de ce
genre. Si elle enthousiasmait les esprits scientifiques, désireux de démontrer la mécanique
sociale, comme celle des planètes ou des fluides, quelle pouvait être la réaction de l'homme,
même sans parti pris, pour lequel la décision de vivre ou de mourir représentait l'action la plus
personnelle et la plus libre que l'on puisse entreprendre.
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