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FICHE DE LECTURE
Max Weber
Le savant et le Politique
Biographie de l’auteur
Max Weber est en 1864 dans une
famille d'industriels de Westphalie. Dès son
plus jeune âge, il côtoie des intellectuels et
des politiciens sous l'influence de son père
qui poursuit une carrière politique.
Universitaire de grande envergure, il
enseigne d'abord le droit et l'économie. Il
crée en 1904 la revue d'archives de sciences
sociales et de sciences politiques et
enseignera la sociologie. Ces ouvrages les
plus connus sont, outre Le savant et le
politique : L'éthique protestante et l'esprit
du capitalisme (1905), et Economie et
Société (1922).
Le savant et le politique correspond au
texte de deux conférences données par Max
Weber en 1919 alors qu'il participe à
l'élaboration de la constitution de Weimar et
que l'Allemagne se croit proche de la
révolution.
Les numéros de pages présentés ici
correspondent au texte de l’édition
française, collection 10/18.
Le métier et la vocation du savant
La carrière du savant
Weber distingue le système académique
allemand, dans lequel les Privatdozent
(professeurs apprentis) ne sont pas
rémunérés mais ont toute liberté de choisir
leurs cours, et le système américain, dans
lequel les étudiants devenus assistants sont
rémunérés mais ont une forte charge de
travail et ne maîtrisent pas le contenu de
leur cours (p. 71-75).
Le système de promotion universitaire
laisse grande place au hasard et a tendance
à favoriser les 'médiocres' (p. 76). Weber y
voit une loi générale de toute décision
collective, mais explique aussi que la
carrière universitaire a deux visages : celui
du professeur et celui du savant (p. 78). La
valeur du savant est intangible, tandis que
celle du professeur se mesure par l’assidui
des étudiants à son cours (p. 79-80).
Spécialisation et péremption de la
science
La science est spécialisée, et le savant qui
veut durer doit respecter cette spécialisation
(p. 81). Passion, inspiration et travail
acharné (p. 82-83) sont les conditions de la
découverte.
A la différence de l’art, la sciences est
soumise au progrès : les œuvres
scientifiques postérieures remplacent les
œuvres antérieures (p. 87). Une œuvre
scientifique achevée est celle qui fait naître
d’autres questions. Le destin d’un savant est
d’être dépassé (p. 88).
La science et le monde
Le progrès scientifique fait partie d’un
processus d’intellectualisation du monde.
Les hommes ne connaissent pas mieux leurs
propres conditions d’existence (p. 90), mais
ils peuvent expliquer le monde sans faire
appel à des forces ou puissances
mystérieuses (p. 91). Ce processus de
désenchantement du monde enlève son
sens à la vie et à la mort.
La vocation de la science a radicalement
changé. Les grecs pensaient atteindre la
vérité () qui permet de savoir
comment se comporter en société (p. 94). A
la renaissance, avec l’avènement de
l’expérimentation scientifique, on voyait
dans la science un chemin vers la nature
(p. 95) et vers Dieu (p. 96). Ces espoirs se
sont écroulés à tel point que Tolstoï a pu
affirmer que la science n’a pas de sens, car
elle ne donne aucune réponse à la question
essentielle : « que devons-nous faire ?
Comment devons-nous vivre ? ».
Max Weber Le savant et le politique
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Le scientifique et le politique
La science présuppose que le résultat du
travail scientifique vaut la peine d’être
connu (p. 98). La cosmologie suppose ainsi
que l’univers vaut la peine d’être étudié, la
médicine que le corps humain doit être
conservé en vie (p. 99). L’esthétique ne
s’intéresse pas aux implications théologiques
des œuvres d’art (p. 100).
Selon Weber, la politique n’a pas sa place
dans les universités et les sciences
humaines doivent se limiter à étudier les
structures de l’action collective et non pas à
juger les valeurs qui les guident (p. 103) :
d’abord parce que cela les empêcherait
d’avoir une connaissance intégrale des faits
(p. 104), ensuite parce qu’il est important
que le professeur apprenne à ses élèves
qu’il existe des faits désagréables (p. 105),
et enfin parce que divers ordres de valeurs
s’affrontent sans que la science ne puisse
trancher.
L'éthique du scientifique correspond donc
précisément à se limiter au champ de la
science et à s'abstenir de s'aventurer dans
celui de la politique. L'intérêt de la science
est de produire des connaissances, de
produire des méthodes et de faire œuvre de
clarté (p. 111 112) : elle peut déterminer
les conséquences d'une prise de position (p.
113) et faire que les individus se rendent
compte du sens de leurs actes.
Le métier et la vocation du politique
Qu’est ce que la politique ?
Utili pour qualifier toute « activi
directive autonome » (p. 123) au sens large,
le terme ‘politique’ est compris par Weber
comme « la direction du groupement
politique que l’on nomme Etat » (p. 124).
L’Etat se définit non pas par le contenu de
son action mais par son moyen. « Tout Etat
est fondé sur une force », comme disait
Trotski, et plus précisément : « l’Etat
contemporain est une communauté humaine
qui, dans les limites d’un territoire
déterminé, revendique avec succès pour son
propre compte le monopole de la violence
physique légitime ». Ainsi, la politique est
l’effort fait pour participer au pouvoir ou
influer sur sa répartition (p. 125).
L’Etat consiste donc en un rapport de
domination qui s’appuie sur trois formes de
légitimités :
la tradition (coutume sanctifiée par sa
validité immémoriale),
le charisme (grâce personnelle et
extraordinaire d’un individu),
la raison (ou la loi : compétence
positive fondée sur des règles établies
rationnellement).
Selon Weber, les politiques
charismatiques ont partout été dans
l'histoire des chefs de guerre et des
prophètes. En occident on trouve aussi les
démagogues, chefs de partis parlementaires
qui sont des hommes politiques par
vocation.
Etat-major administratif et moyens
matériels de domination
L’entreprise de domination de l’Etat
nécessite des hommes voués (l’Etat-
major administratif) et des moyens
matériels de gestion (p. 129). L’obéissance
de l’Etat-major peut être fondée sur la
rétribution matérielle ou sur l’honneur social
(p. 130). La possession des moyens
matériels de domination permet de
distinguer les groupements organisés
« selon le principe des ordres », dans
lesquels les moyens matériels sont en
totalité ou partie propriété personnelle de
l’Etat-major administratif, des autres formes
de pouvoir (patriarcal, patrimonial, et Etats
à structure bureaucratique) dans lesquelles
l’Etat-major ne possède pas ces moyens
(p. 132).
L’Etat moderne est ainsi selon Weber un
groupement qui, dans le but de revendiquer
le monopole de la violence physique
légitime, a « réuni dans les mains des
dirigeants les moyens matériels de gestion »
(p. 133).
Max Weber Le savant et le politique
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C’est dans l’Etat moderne que sont
apparus les hommes politiques
professionnels, c'est-à-dire qui exercent une
activité politique à temps plein (p. 134 -
135).
Les conditions de recrutement
des hommes politiques
L’homme politique peut vivre pour la
politique ou de la politique. Dans le premier
cas il y trouve une jouissance ou exprime sa
valeur en se mettant au service d’une cause,
dans le second il y trouve une source
permanence de revenus (p. 137).
Ainsi, l'ouverture de la politique aux
personnes sans fortune nécessite sa
rémunération (p. 140). Le recrutement des
hommes politiques ne pourrait sinon être
que ploutocratique (seuls ceux qui disposent
d’une source de revenu leur permettant
d’être ‘disponibles’ peuvent faire de la
politique, p. 139).
Dans le cas l'activité politique est
rémunérée, les luttes de pouvoir ont
également pour enjeu la distribution des
emplois (p. 141). Cette lutte étant un
fondement du jeu politique jusque dans les
pays occidentaux (p. 142).
Le développement de la technique
militaire, la complexification des procédures
juridiques et des techniques financières a
rendu nécessaire la création de corps de
fonctionnaires intellectuellement spécialisés
et hautement qualifiés (p. 145).
Ceux-ci ont d'abord lutté contre le pouvoir
discrétionnaire du prince (p. 146).
L’apparition des Parlements a modifié cette
situation, soit par la collusion des
fonctionnaires avec le monarque contre le
parlement (p. 147), soit par le transfert des
véritables appareils de gouvernement au
Parti majoritaire (p. 148).
Dans le même temps s’est imposée la
distinction entre « fonctionnaires de
carrière » et « fonctionnaires politiques »,
ces derniers pouvant être mis en
disponibili ou déplacés à chaque
changement de majorité (p. 149). Le
fonctionnaire politique est avant tout le
représentant de la constellation politique au
pouvoir, il juge en fonction de son
programme les propositions faites par les
fonctionnaires spécialisés, à l’image du
conseil d’administration d’une entreprise
privée (p. 150).
L’avènement
des hommes politiques professionnels
Plusieurs types d’hommes politiques
professionnels ont tenu le pouvoir selon les
siècles et les pays : les clercs d’abord, car ils
savaient lire et n’étaient pas tentés de
prendre le pouvoir des seigneurs (p. 152),
puis les lettrés ayant reçu une formation
humaine. La noblesse de cour, ensuite, une
fois dépossédée du pouvoir politique
(p. 153), le patriarcat (petite noblesse
anglaise) et enfin les juristes formés dans
les universités (p. 154), qui eurent un rôle
fondamental en Europe ils consolidèrent
à la fois l’absolutisme royal et la démocratie
portée par la Révolution (p. 155).
Les journalistes peuvent être considérés
comme une catégorie d’hommes politiques
professionnels au sens ils vivent de la
politique (p. 158). Pourtant le journalisme
n’est par une voie d’accès au pouvoir
politique, et cela tient aux exigences en
terme de temps de leur métier (p. 160).
L’avènement des partis politiques
L’organisation du politique à grande
échelle a conduit à la distinction entre
citoyens politiquement actifs et citoyens
passifs. « L’existence de chefs et de
partisans qui cherchent à recruter librement
des militants et l’existence d’un corps
électoral passif constituent des conditions
indispensables à la vie de tout parti
politique. »
Weber distingue les partis constitués de
notables qui s’organisèrent d’abord
localement (p. 167), et les partis modernes,
organisés sous la domination des individus
qui font de l’activité politique leur profession
principale (p. 170). Dans ces partis le
pouvoir est entre les mains des permanents.
Max Weber Le savant et le politique
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L’influence démagogique de la personne du
chef devient prépondérante : c’est l’entrée
en jeu de la démocratie plébiscitaire
(p. 172).
Weber analyse alors l'émergence du
système plébiscitaire en Angleterre
(système du caucus, p. 174) et aux Etats-
Unis (spoil system, p. 180). Il s'interroge
ensuite sur la structure des partis politiques
à adopter pour l'Allemagne (p. 187).
L’éthique de l’homme politique
A la fin de son exposé, Weber expose les
trois qualités qui font pour lui l'homme
politique (p. 195) : la passion, le sentiment
de la responsabilité et le coup d'œil. La
vanité qui peut toucher l'homme politique
est celle d'un désir de puissance qui n'est
pas au service d'une cause (p. 197).
Cela lui permet de distinguer les deux
éthiques du politique :
l'éthique de la conviction qui pousse
l'homme moral à agir de manière
parfois irrationnelle,
l'éthique de la responsabili qui est
celle de l'homme qui prend en compte
les conséquences prévisibles de ses
actes.
Il montre que l'éthique de la conviction
seule ne suffit pas à l'action politique car
elle ne prend pas en compte les
conséquences de cette action (p. 205
206), et surtout parce qu'elle justifie les
moyens employés par la fin recherchée (p.
207).
Le paradoxe éthique de l'homme politique
est donc que, gui par la conviction, il
s'expose à la responsabilité (p. 215 - 216).
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