Max Weber – Le savant et le politique
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C’est dans l’Etat moderne que sont
apparus les hommes politiques
professionnels, c'est-à-dire qui exercent une
activité politique à temps plein (p. 134 -
135).
Les conditions de recrutement
des hommes politiques
L’homme politique peut vivre pour la
politique ou de la politique. Dans le premier
cas il y trouve une jouissance ou exprime sa
valeur en se mettant au service d’une cause,
dans le second il y trouve une source
permanence de revenus (p. 137).
Ainsi, l'ouverture de la politique aux
personnes sans fortune nécessite sa
rémunération (p. 140). Le recrutement des
hommes politiques ne pourrait sinon être
que ploutocratique (seuls ceux qui disposent
d’une source de revenu leur permettant
d’être ‘disponibles’ peuvent faire de la
politique, p. 139).
Dans le cas où l'activité politique est
rémunérée, les luttes de pouvoir ont
également pour enjeu la distribution des
emplois (p. 141). Cette lutte étant un
fondement du jeu politique jusque dans les
pays occidentaux (p. 142).
Le développement de la technique
militaire, la complexification des procédures
juridiques et des techniques financières a
rendu nécessaire la création de corps de
fonctionnaires intellectuellement spécialisés
et hautement qualifiés (p. 145).
Ceux-ci ont d'abord lutté contre le pouvoir
discrétionnaire du prince (p. 146).
L’apparition des Parlements a modifié cette
situation, soit par la collusion des
fonctionnaires avec le monarque contre le
parlement (p. 147), soit par le transfert des
véritables appareils de gouvernement au
Parti majoritaire (p. 148).
Dans le même temps s’est imposée la
distinction entre « fonctionnaires de
carrière » et « fonctionnaires politiques »,
ces derniers pouvant être mis en
disponibilité ou déplacés à chaque
changement de majorité (p. 149). Le
fonctionnaire politique est avant tout le
représentant de la constellation politique au
pouvoir, il juge en fonction de son
programme les propositions faites par les
fonctionnaires spécialisés, à l’image du
conseil d’administration d’une entreprise
privée (p. 150).
L’avènement
des hommes politiques professionnels
Plusieurs types d’hommes politiques
professionnels ont tenu le pouvoir selon les
siècles et les pays : les clercs d’abord, car ils
savaient lire et n’étaient pas tentés de
prendre le pouvoir des seigneurs (p. 152),
puis les lettrés ayant reçu une formation
humaine. La noblesse de cour, ensuite, une
fois dépossédée du pouvoir politique
(p. 153), le patriarcat (petite noblesse
anglaise) et enfin les juristes formés dans
les universités (p. 154), qui eurent un rôle
fondamental en Europe où ils consolidèrent
à la fois l’absolutisme royal et la démocratie
portée par la Révolution (p. 155).
Les journalistes peuvent être considérés
comme une catégorie d’hommes politiques
professionnels au sens où ils vivent de la
politique (p. 158). Pourtant le journalisme
n’est par une voie d’accès au pouvoir
politique, et cela tient aux exigences en
terme de temps de leur métier (p. 160).
L’avènement des partis politiques
L’organisation du politique à grande
échelle a conduit à la distinction entre
citoyens politiquement actifs et citoyens
passifs. « L’existence de chefs et de
partisans qui cherchent à recruter librement
des militants et l’existence d’un corps
électoral passif constituent des conditions
indispensables à la vie de tout parti
politique. »
Weber distingue les partis constitués de
notables qui s’organisèrent d’abord
localement (p. 167), et les partis modernes,
organisés sous la domination des individus
qui font de l’activité politique leur profession
principale (p. 170). Dans ces partis le
pouvoir est entre les mains des permanents.