Le 21 août 1849, il préside à Paris le Congrès de la Paix et propose l'Union
de l'Europe fondée sur le suffrage universel. Il réclamera même la constitution
des « États-Unis d'Europe » :
« Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous
Allemagne, vous Angleterre, vous toutes les nations du continent, sans perdre
vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez dans
une unité supérieure et vous constituerez la fraternité européenne…
Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes,
par le suffrage universel des peuples, par le véritable arbitrage d'un Sénat
souverain qui sera à l'Europe ce que le Parlement est à l'Angleterre, ce que la
Diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée Législative est à la France. »
Malheureusement le jeu des alliances allait très vite opposer deux groupes
de puissances : d'une part les Empires centraux réconciliés et d'autre part la
France, l'Angleterre et la Russie.
La mécanique infernale était lancée et l'attentat contre l'archiduc d'Autriche
à Sarajevo allait précipiter l'Europe dans la catastrophe de 14 -18 et ce dans une
étonnante ambiance de chauvinisme populaire.
La guerre 14- 18 fera au moins 10 millions de morts et verra l'effondrement
de l'Empire austro-hongrois, de la Russie tsariste et de la monarchie allemande.
Mais les vainqueurs eux-mêmes, aidés par l'armée américaine, sortiront
exsangues du conflit.
L'Europe cesse d'être le centre du monde (sauf peut-être pour les
révolutionnaires bolcheviques qui fondent leur espoir dans la révolution russe,
mais qui coupera durablement la Russie de l'Europe).
Néanmoins l'idée européenne renait après la Guerre dans les années 20,
portée par l'idéal de paix. La SDN aurait pu incarner cette idée, mais elle sera
très vite paralysée, alors même que le Congrès américain a refusé la
participation des États-Unis. Le comte Coudenhove-Kalergi aristocrate
autrichien fonde en 1923 l'Union Paneuropéenne dont le premier congrès réunit
à Vienne, en 1926, 2000 participants venus de 24 pays. C'est dans ce cadre
qu'Aristide Briand, Président du Conseil en France, Prix Nobel de la Paix en
1926 mais aussi président d'honneur de l'Union Paneuropéenne, propose, en
1929, devant la SDN un « lien fédéral » entre les nations européennes et publie
en 1930 un « mémorandum sur l’organisation d’un régime d’Union fédérale
européenne » élaboré par le Secrétaire Général du Quai d’Orsay, Alexis Léger
(plus connu sous son nom de plume : Saint John Perse, prix Nobel de
littérature).