La revue de morbi-mortalité (RMM)

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La revue de morbi-mortalité (RMM)
Dr Francine Bonnet
Médecin praticien hospitalier en anesthésie-réanimation
Service de réanimation chirurgicale de l’hôpital Saint-Louis
Vous avez mis en place dans le service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital
Saint-Louis une revue de morbi-mortalité (RMM). En quoi consiste ce type
de revues ?
La revue de morbi-mortalité (RMM) est un moment d’analyse collective des cas
dont la prise en charge a été marquée par un événement imprévu et indésirable
ayant entraîné des complications, voire le décès du patient. La revue de morbimortalité consiste à examiner et étudier ces événements afin d’en comprendre le
mécanisme et d’en identifier les facteurs favorisants, sans rechercher à
culpabiliser un individu ou une équipe. L’objectif est de mettre en place des
actions correctrices préventives au niveau des protocoles, de la formation, de
l’organisation, etc. C’est une méthode de gestion des risques.
Comment les RMM se déroulent-elles concrètement ?
D’une part nous constituons une banque de données informatisée incluant un
chapitre « événements indésirables » (EI) par l’enregistrement systématique de
tous les patients lors de chaque intervention chirurgicale ou de chaque séjour en
réanimation. D’autre part des supports de signalement d’EI sont disponibles
pour que les acteurs de soins puissent déclarer les événements indésirables
graves (EIG) survenus. Ces supports comportent notamment un rapport factuel
de l’événement et une grille simplifiée d’analyse systémique. En tant que
responsable de la coordination des RMM, et en lien avec un comité de pilotage
comprenant 8 médecins et 3 cadres de santé, je collecte et sélectionne ces
déclarations pour la réunion. Cette sélection est effectuée environ deux semaines
avant la RMM.
Les réunions ont lieu deux fois par trimestre et durent environ 1h30. Toutes les
personnes du service sont invitées à y participer : médecins et personnel non
médical.
Un à trois dossiers sont présentés et analysés. La RMM se déroule selon un
protocole standardisé qui prévoit :
- le suivi des décisions de la RMM précédente
- la présentation de l’épidémiologie des EI d’après la banque de données
- l’analyse des nouveaux cas
- l’élaboration des décisions
En 2007, 15 dossiers ont ainsi été présentés. Tous ont fait l’objet d’actions ou de
mesures correctrices.
Chaque action identifiée est confiée à un membre de l’équipe qui en suit la mise
en oeuvre.
Le suivi des résultats des actions mises en place est assuré par des indicateurs.
La confidentialité est-elle assurée dans le cadre des RMM ?
Oui, complètement. À l’issue de chaque réunion un résumé « anonymisé » est
rédigé. Il reprend l’ensemble des points évoqués. Il décrit chaque cas présenté et
les mesures correctives proposées. Le résumé n’est pas conservé dans le dossier
du patient mais dans un dossier de travail spécifique à l’organisation et au
fonctionnement du service.
Le nom des médecins participant à la réunion est noté afin de permettre à chacun
de faire valoir sa participation, dans le cadre de son évaluation des pratiques et
de l’accréditation des spécialités à risque.
Quel est le ressenti pour le groupe ?
Un an après la mise en place de la RMM, le ressenti est très positif. La RMM a
eu un rôle fédérateur en raison de l’utilisation d’outils communs et d’une
réflexion collective. Les erreurs sont reconnues et sources d’apprentissage. Les
mesures correctrices sont discutées, argumentées et leur application augmentée.
Quelques questions demeurent : comment favoriser la participation active du
plus grand nombre ? Comment assurer la pérennité de la démarche ? Comment
avoir les leviers d’action sur les problèmes d’organisation ?
Les RMM ont-elles permis aux médecins participant de valider leur EPP ?
Les RMM sont considérées comme une excellente méthode d’amélioration
continue de la qualité permettant de faire valider la pratique de l’EPP. Les
médecins ayant régulièrement déclaré et analysé des événements indésirables,
participé aux réunions et/ou s’étant impliqués dans la mise en place des mesures
d’amélioration sont considérés comme participants actifs au programme RMM.
En pratique, la délivrance du certificat d’EPP est du ressort de la CME, au vu de
l’avis d’un médecin expert extérieur (MEE). Le médecin responsable de la
RMM présente le programme devant la sous-commission EPP en précisant quels
sont les médecins engagés. Un avis favorable cosigné par le médecin expert
extérieur (MEE) et le président de la sous-commission est envoyé à la CME qui
délivre le justificatif. Dans le cas présent, la RMM a été présentée lors des
journées EPP de l’AP-HP devant un MEE, et les présidents de la CME et de la
sous-commission EPP. La validation a été remise aux participants à la fin de la
journée.
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