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Item 267 : OBESITE DE L’ENFANT (et de l’adulte*)
Objectifs pédagogiques :
-Diagnostiquer une obésité de l’enfant (et de l’adulte*)
-Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient
Auteurs: Pr. Maithé TAUBER, Dr. Béatrice JOURET, Dr. Gwenaëlle DIENE
Référent : Pr. Maithé TAUBER ( tauber.m[email protected] )
Version 2008
Points importants :
-L’obésité infantile est un problème de santé publique du fait de sa prévalence et de son
augmentation très rapide
-Dans la très grande majorité des cas il s’agit d’une obésité dite commune, interaction entre une
susceptibilité génétique et l’environnement
-Il est important de rechercher une cause secondaire obésité syndromique ou endocrinienne
-La prise en charge doit être faite par une équipe multidisciplinaire et peut être organisée en réseau.
-Elle a comme objectif de modifier les habitudes de vie avec une alimentation équilibrée, une
diminution de la sédentarité et une augmentation l’activité physique afin de diminuer l’IMC et de
prévenir les complications.
-Un suivi rapproché, concerté et prolongé est nécessaire pour maintenir les changements acquis.
-L’obésité a des complications à court, moyen et long terme
-La connaissance des facteurs de risque, la construction systématique et l’analyse de la courbe
d’IMC sont indispensables pour un dépistage précoce des enfants obèses ou à risque d’obésité
-La prévention est indispensable
*Ce chapitre ne traite que ce qui concerne l’enfant
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PLAN
1 DEFINITION
2 DIAGNOSTIC
2-1 La courbe d’IMC
2-2 Le diagnostic étiologique
3 ATTITUDE THERAPEUTIQUE
3-1 L’interrogatoire
3-2 L’examen clinique
3-3 La prise en charge
3-3-1 Prise en charge médicale
3-3-2 Prise en charge diététique
3-3-3 Lutte contre la sédentarité
3-3-4 Pratique régulière de l’activité physique
3-3-5 Prise en charge psychologique
3-3-6 Place de la chirurgie bariatrique chez l’adolescent
4 COMPLICATIONS
4-1 Complications à court et moyen terme
4-1-1 Retentissement psycho social
4-1-2 Complications respiratoires
4-1-3 Complications orthopédiques
4-1-4 Complications hépatiques
4-1-5 Complications digestives
4-1-6 Complications neurologiques
4-1-7 Troubles du métabolisme glucidique
4-1-8 Complications cardio-vasculaires
4-1-9 Anomalies pubertaires
4-1-10 Syndrome des ovaires polykystiques
4-1-11 Inflammation chronique
4-2 Complications à long terme
4-2-1 Persistance de l’obésité à l’âge adulte
4-2-2 Morbidité et mortalité
4-2-3 Conséquences psychosociales
5 PLANIFICATION DU SUIVI
6 CONCLUSIONS
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1 DEFINITION
L’obésité est un excès pathologique de masse grasse. Chez l’enfant, comme chez l’adulte,
l’obésité se définit à partir de l’indice de masse corporelle (IMC) égal au rapport Poids (Kg)/Taille²
(m²). L’IMC varie en fonction du sexe et de l’âge. Chez l’enfant l’obésité a une définition
statistique, tandis que chez l’adulte elle est définie par rapport à la comorbidité qu’elle entraîne.
Ceci est au faible nombre de données prospectives menées chez des cohortes d’enfants obèses
permettant de décrire les complications à long terme.
L’IMC augmente de la naissance à un an, puis diminue jusqu’à l’âge de 6 ans pour remonter
(rebond d’adiposité) jusqu’à l’âge adulte (fig. 1). Ces variations physiologiques sont bien visibles
sur les courbes d’IMC représentées en centile en fonction de l’âge (de 0 à 18 ans) et du sexe (une
courbe pour chaque sexe). Jusqu’en 2000, chaque pays utilisait des courbes de corpulence et un
seuil à partir duquel on définissait l’obésité. Aux Etats-Unis c’était le 85
ème
percentile, en France et
dans la majorité des pays c’était le 97
ème
percentile. En 2000, l’International Obesity TaskForce
(IOTF) a proposé une définition internationale dont l’intérêt essentiel réside en l’homogénéisation
des définitions. L’obésité est définie par le centile qui passe par l’IMC 30 à 18 ans (seuil de
définition de l’obésité chez l’adulte) et qui suit la même évolution que les courbes de corpulence de
0 à 18 ans. Le centile qui passe par l’IMC 25 définit de la même manière le surpoids.
2 DIAGNOSTIC
2-1 La courbe d’IMC
Le diagnostic d’obésité se fait par le calcul de l’IMC et report de la valeur sur la courbe de l’IMC.
On parle d’obésité lorsque l’IMC est supérieur ou égal à la courbe qui passe par le percentile 30 à
l’âge adulte. Sur les courbes françaises distribuées par le PNNS apparaissent les limites de
définition de l’obésité de degré 1 équivalent au surpoids environ sur les courbes IOTF et obésité de
degré 2 correspond à l’obésité sur les courbes IOTF (fig 1)
La constitution de la courbe d’IMC doit être associée à la réalisation de la courbe de croissance
staturale afin de savoir si la croissance staturale est normale, insuffisante ou excessive. L’analyse
des courbes permet de recueillir des données importantes et d’évaluer l’effet des différentes prises
en charge:
-le poids et la taille de naissance. Existe-t-il une macrosomie ou au contraire une petite taille
de naissance ?
-existe-t-il un rebond d’adiposité précoce (avant 6 ans) comme cela se voit chez la plupart
des enfants obèses ou est-ce que l’IMC a diminué après un an ? (si la réponse est non cela équivaut
à une absence de rebond d’adiposité)
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-existe-t-il un croisement successif des courbes d’IMC ?
2-2 Le diagnostic étiologique
Dans la très grande majorité des cas, l’obésité est dite commune, résultant de l’interaction de gènes
de susceptibilité avec un environnement à risque (mauvaises habitudes alimentaires, excès de
sédentarité et faut d’activité physique). Cependant on doit rechercher des arguments en faveur
d’une cause secondaire d’obésité. L’interrogatoire, l’analyse des courbes et l’examen clinique
orienté, permettent d’éliminer d’emblée les obésités secondaires. En premier lieu, l’étude de la
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courbe de croissance permet d’évoquer une cause endocrinienne ou syndromique devant un
ralentissement ou l’absence d’accélération de la croissance contemporaine en général de
l’installation de l’obésité.
-Obésités endocriniennes
Les principales causes endocriniennes sont l’hypercorticisme, hypothyroïdie et le déficit en
hormone de croissance. L’existence d’une HTA, de vergetures pourpres et d’une érythrose faciale
évoque un hypercorticisme confirmé par l’élévation du cortisol libre urinaire et sa non freination par
la dexaméthasone. Il peut s’agir d’un adénome corticotrope ou d’une tumeur surrénalienne.
L’existence d’une peau sèche, constipation, d’une chute des cheveux et/ou d’un goitre évoque une
hypothyroïdie confirmée par le dosage des hormones thyroïdiennes T4L, TSH. L’existence d’une
obésité abdominale et d’une courbe pondérale régulière parallèlement à un ralentissement de la
vitesse de croissance évoque un déficit en GH qui justifie la réalisation de tests de stimulation de
GH, et un dosage d’IGF-1.
- Obésités syndromiques
La présence de signes néonataux, d’hypotonie néonatale recherchée par l’interrogatoire, d’un
retard psychomoteur, d’un retard mental, de troubles sensoriels (vision, audition), d’un
syndrome dysmorphique, d’un retard statural, doit faire évoquer une obésité syndromique. Les
principaux syndromes associant une obésité sont le syndrome de Prader-Willi, la pseudo-
hypoparathyroïdie, le syndrome de Bardet-Biedl et l’X fragile (Tableau 1).
- Obésités monogéniques
Il existe des obésités monogéniques certaines rarissimes (mutation du gène de la leptine ou
de son récepteur) d’autres plus fréquentes (mutation du gène du récepteur 4 de la mélanocortine
(MC4R) retrouvées dans 5 à 6 % des enfants présentant une obésité) concernant des gènes
régulateurs de l’appétit et du métabolisme énergétique.
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