stockées dans notre esprit et dont le lien avec la réalité extérieure est
purement virtuel. Car le monde est simplement unique et en mouvement.
Plus avant, cette philosophie atemporaliste, ou qu’on pourrait qualifier
aussi de « cognitivo-temporaliste » (en ceci qu’elle considère l’idée de
temps comme une construction de l’esprit), remet en question et invite à
lire d’une autre façon les notions « temporelles » de la physique
newtonienne ou relativiste. Les notions temporelles de la physique
pourraient être reformulées sous la forme de purs rapports de mouvement et
distances parcourues. L’unité temporelle de la physique, la « seconde », est
d’ailleurs en réalité une unité de mouvement, à savoir un 84.600ème du
mouvement de rotation de la terre sur elle-même. En revanche, les
hypothèses d’élasticité, d’arrêt ou de rebours du temps, qui sont basées sur
une représentation réaliste extra-cognitiviste du temps, au delà de la réalité
d’un monde unique, ne peuvent être interprétées, à la lumière d’une
philosophie cognitivo-temporaliste, autrement que comme des spéculations
erronées, basées sur des erreurs de raisonnement et le présupposé d’une
existence extra-cognitive du temps. Outre le présupposé réaliste-extra-
cognitif, l’une des erreurs de raisonnement des dérives relativistes-
temporalistes est de fonder une hypothèse « élasticiste » sur la double
prémisse contradictoire selon laquelle « on ne peut ni atteindre ni dépasser
la vitesse de la lumière » et « on suppose qu’on atteint ou dépasse la vitesse
de la lumière ». Nous savons qu’il est possible, sur la base d’une double
prémisse contradictoire ou absurde, d’échafauder logiquement n’importe
quelle hypothèse, même la plus farfelue. « Si les poules ont des dents, alors
je suis la Reine d’Angleterre » est une proposition logiquement correcte. Il
en est de même pour : « Si la vitesse de la lumière est à la fois indépassable
et dépassable, alors on peut remonter dans le temps » (ou « Je suis la
Reine d’Angleterre »).
On peut arrêter un mouvement – si on dispose de l’énergie nécessaire
(qui est d’ailleurs elle-même probablement toujours constituée de matière
en mouvement). Mais « arrêter le temps » est une idée dépourvue de sens,
sans réalité possible. On ne peut arrêter que des mouvements – celui de
l’horloge, de la terre, de notre cerveau… – car il n’existe dans le monde
que des mouvements. « Arrêter le temps » n’a pas et ne peut avoir d’autre