SUJET PROPOSÉ A UN CONTRAT DOCTORAL 2014 FINANCÉ PAR LA REGION BRETAGNE A retourner complété et signé, avant le 21 mars 2014 : à Joëlle BISSON UNITE DE RECHERCHE Nom de l’Unité de Recherche: Centre de Recherches Historique de l’Ouest N° de l’Unité de Recherche : UMR CNRS 6258 Nom du Directeur de l’Unité de Recherche : Madame Annie Antoine SIGNATURE DU DIRECTEUR DE L’UNITE: SUJET DE THESE ACRONYME : GUERPROF Intitulé Français du sujet de thèse proposé 200 caractères maximum espaces compris La contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre ou l’impossible contrepartie de l’impôt de sang, une comparaison entre la Bretagne et le Nord (1916-1943) Intitulé Anglais du sujet de thèse proposé 200 caractères maximum espaces compris The extraordinary contribution on war profits, a way the restore certain equity in front of sufferings required by the War? A comparison between Brittany and North of France (1916-1943) Domaine d’innovation stratégique Sous Domaine 1/ Innovations sociales et citoyennes pour une société ouverte et créative 1C- Patrimoine et tourisme durable Voire 1 A – Démarches d’innovation sociale et citoyenne. 1 DIRECTEUR DE THESE CIVILITE NOM PRENOM Adresse mail Date d’obtention HDR Nombre d’encadrement en cours au 1er octobre 2014 Monsieur Bergère Marc [email protected] 2013 0 CO- DIRECTEUR le cas échéant CIVILITE NOM PRENOM UNIVERSITE D’AFFECTATION UNITE DE RECHERCHE Adresse mail Date d’obtention HDR Nombre d’encadrement en cours au 1er octobre 2014 Madame Touchelay Béatrice Université de Lille3 Institut de Recherches Historiques du Septentrion CNRS UMR 8529 [email protected] 2009 2 S’agit-il d’un projet de thèse en cotutelle ? non, il s’agit d’une co-direction. 2 ARGUMENTAIRE SCIENTIFIQUE Argumentaire scientifique présentant les enjeux de la thèse : - problématique, - contexte, - méthodologie 1 page maximum MOTS CLES (5) : Acculturation à l’impôt, Bretagne et Nord, Grande Guerre, Fiscalité et citoyenneté, Histoire économique et sociale Problématique. Le sujet concerne la contribution extraordinaire sur les bénéfices suscités par la guerre, c'està-dire le premier impôt sur les bénéfices introduit en France. Les étapes de la mise en place de cette taxation et ses résultats seront étudiés à travers deux exemples régionaux, celui de la Bretagne (départements du Finistère, des Côtes d’Armor, du Morbihan, d’Ille et Vilaine et de Loire Atlantique) et celui du Nord (départements du Nord et Pas-de-Calais). Votée au terme de débats houleux, la loi du 1er juillet 1916 définit cette contribution qui porte sur les bénéfices réalisés entre le 1er août 1914 et les six mois qui suivront la fin des combats. Elle vise à rétablir un peu d’équité entre les assujettis à l’impôt de sang et ceux qui s’enrichissent dans la guerre. Les agriculteurs sont exemptés. Pour lever l’impôt, la régie des Contributions directes s’appuie sur des commissions administratives. Les sources disponibles, tant régionales que nationales, représentent une masse considérable d’informations inexplorées sur les pratiques des producteurs et sur leurs relations avec le fisc. Leur examen permettra de comparer l’acculturation de deux grandes régions à l’impôt moderne, d’éclairer et de confronter deux situations régionales distinctes au regard de la proximité du front et de l’occupation allemande et de se demander dans quelle mesure ces contextes induisent des comportements différents ou des représentations et des attentes spécifiques par rapport aux bénéfices de guerre. Il informera également sur la façon dont les acteurs s’adaptent à la situation de guerre, puis à la reconstruction et sur les premiers temps de la confrontation entre le fisc et les contribuables, « petits » ou « gros », jusqu’en 1943, date de la fin des poursuites. L’étude projetée doit aussi offrir une histoire sociale originale de la société civile française de l'arrière pendant la Grande Guerre permettant à la fois de préciser, par exemple, la place des femmes dans les économies régionales, de souligner l’extraordinaire capacité d’adaptation des acteurs économiques et sociaux à des circonstances dramatiques et de s’interroger sur les finalités morales et patriotiques de l’impôt.. Contexte. Les dossiers sur les marchés de guerre comme ceux des bénéfices de guerre sont sous exploités. Des premiers travaux (Sandrine Grotard, Pierre-Cyrille Hautcoeur, cf bibliographie) sont restés sans suite ou inaboutis. Pourtant la contribution sur les bénéfices de guerre est le premier impôt sur les bénéfices introduit en France et c’est également le premier impôt direct qui mette en pratique le principe déclaratif. Les archives existent, toutes les conditions semblent réunies pour que l’on s’y intéresse, mais le volume imposant des archives et l’aridité de la matière fiscale dissuadent sans doute nombre de postulants. Le projet de thèse vise d’emblée à combler ce vide historiographique. Il s’agit ainsi d’éclairer la genèse de la fiscalité moderne et du rapport des citoyens à l’impôt direct, complétant ainsi de récentes études qui abordent la question fiscale sous l’angle du consentement et de l’acculturation ie. de la citoyenneté (voir Nicolas Delalande, Les batailles de l'impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, 2011). Cette étude permettrait aussi de mieux comprendre les ressorts des capacités d’adaptation individuelles et collectives au conflit, et la façon dont la contribution influence les comportements et la reconstruction. A l’heure où de nouveaux travaux s’intéressent à la mesure et à la répartition de la richesse au XX e siècle (voir Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, Seuil, 2013), ce doctorat permettrait de réintroduire l’Etat et la fiscalité de guerre au cœur du débat sur la répartition. Le projet peut s’appuyer et bénéficier du potentiel (ressources documentaires et humaines) de deux UMR CNRS à forte assise régionale (L’IRHiS et le CERHIO) qui disposent d’une réelle expertise en matière d’histoire des deux guerres mondiales. Il s’inscrit également dans un contexte historique propice à savoir la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale. Ce doctorat cherchera à mettre en évidence les différences et les similitudes des deux régions face à l’impôt en 3 tenant compte de leur situation économique (puissance de l’industrialisation du Nord, et dans une moindre mesure de la Bretagne, et importance de la population agricole), de leurs conditions démographiques (populations jeunes fauchées par la guerre, prolongation de l’activité par les femmes) et sociales (force de l’artisanat et du commerce) et de leurs transformations pendant et après la guerre. L’étude précisera à la fois les effets de cette taxe sur l’acculturation à l’impôt et sur l’activité économique et l’organisation sociale d’une zone plus exposée aux combats, parfois occupée et qui subit des destructions massives à la fin de la guerre (le Nord), et d’une autre région, à l’écart de la ligne de front, mobilisée dans la « guerre totale » (la Bretagne). Méthodologie. Un travail fondé sur des sources primaires originales et inédites. Le caractère exceptionnel des fonds conservés aux Archives départementales d’Ille et Vilaine, qui possèdent les dossiers des comités du premier degré, offre un éclairage d’une rare précision, au plus près des acteurs et des agents du fisc, sur l’activité économique de ce département immédiatement avant le conflit et jusqu’aux années 1920. L’exploitation de ce fonds, complété par les traces plus partielles des autres archives départementales et par les fonds du Centre des archives économiques et financière du ministère de l’économie et des finances (CAEF, Savigny-le-Temple), les archives d’entreprises conservées aux Archives nationales du monde du travail (ANMT, Roubaix), les archives (commissions) et débats parlementaires (JO) sur le sujet mais aussi la presse régionale et nationale et les fonds municipaux permettent d’envisager un travail en profondeur sur cette contribution. Une approche comparative inter régionale de cette envergure n’a jamais été tentée. Références de l’unité de recherche sur le sujet : - programmes de recherches en cours, - bibliographie sommaire de l’unité et du porteur de projet sur le sujet proposé 1 page maximum Le projet de thèse participe pleinement des axes de recherches du CERHIO en particulier au titre de l’axe I 3.3.2 Mobilisation, démobilisation des populations ou sociétés en guerres. Il est construit au point de rencontre entre deux expertises sur les contributions extraordinaires de guerre ou plutôt d’après-guerre en France (cf bibliographie ci-dessous) : celle de Béatrice Touchelay relative à la taxation des bénéfices de guerre (Grande Guerre) et celle Marc Bergère sur la confiscation des profits illicites post 2WW. Le projet de codirection s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de collaborations déjà anciennes sur le sujet entre les deux chercheurs et/ou institutions. A savoir, l’organisation à Rennes 2 en 2007 par Marc Bergère (CERHIO) du premier colloque national sur l’épuration économique en France avec l’ouverture d’une réflexion sur la longue durée contemporaine autour de Guerres et profits (Béatrice Touchelay, Philippe Verheyde…). A terme, au croisement de l’expertise des deux co-directeurs, une extension chronologique du sujet, ouvrant à la confiscation des profits illicites et s’inspirant fortement de l’expérience de la contribution extraordinaire, pourrait également être envisagée afin de préciser à la fois la nature « morale » de l’impôt et la diversité des héritages des deux guerres mondiales. Ce premier bilan permettra d’évaluer l’impact de la première intervention directe de l’Etat français en matière de redistribution. La thèse aborde également la notion d’« économie morale » du sacrifice et s’inspire en cela de travaux récents menés en histoire sociale de la guerre qui, autour de Jay Winter notamment (directeur de la publication du premier volume de l’Histoire de la Première Guerre mondiale, publiée en 2013 chez Fayard dans la collection Cambridge History), attribue la victoire des démocraties à leur capacité à répartir les ressources et par conséquent ici, à leur capacité à lever des impôts, l’impôt de sang et l’impôt tout court, de façon plus efficace que dans les empires autoritaires. Cette capacité renvoie aux différentes perceptions de la justice sociale et à l’acceptation du sacrifice global. L’impôt sur les bénéfices de guerre relève de cette problématique et pourrait l’éclairer sous un jour nouveau. Béatrice Touchelay complémentairement participera en mai prochain à Rennes 2 au colloque organisé par le CERHIO (Yann Lagadec dir.) sur La Grande Guerre des bretons (1914-2014). Elle proposera la communication suivante : « La perception de la contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre en Bretagne, ou les limites de l’emprise du sentiment patriotique – un cas particulier ? ». Elle a pu ainsi sonder les fonds d’archives régionaux et constater les fonds remarquables (presque unique en France par leur ampleur) disponibles en Bretagne (en particulier aux ADIV de Rennes, Fonds des Contributions directes, 2 P1-126). A moyen terme, une coopération conjointe est également envisagée entre les deux universités autour d’un projet d’exposition tournante intitulée Soudain la guerre (sur les conditions d’entrées en guerre). 4 Bibliographie Marc Bergère (dir.), L’épuration économique en France à la Libération, Rennes, PUR, 2008. « Contribution à un premier bilan national de la confiscation des profits illicites » in L’épuration économique en France à la Libération, Bergère Marc (dir.), Rennes, PUR, 2008, p. 69-83. François Bouloc, Les profiteurs de guerre, 1914-1918, Bruxelles, Complexe, 2008. « Affronter l’invective et les ressentiments : milieux patronaux et d’affaires face à la question des profits de guerre en France en 1914-1918 », in Histoire, gestion, organisations, Conflit(s), Cailluet Ludovic, Saboly Michèle (dir.), Toulouse, 2002, p. 99-112. « Profiteurs et profitants de la Grande Guerre en Aveyron : traits et faits divers d’un phénomène social et d’opinion », Revue du Rouergue, n° 70, 2002, p. 179-207 Sandrine Grotard, « Le premier impôt sur les bénéfices d’entreprises en France. La contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre. 1916-1930 », Paris, CHEFF, Études et Documents, Paris, 1996, p. 259-280. Ludovic Serée de Roch, « La guerre et l’entrée dans la modernité du système fiscal français », Paris, CHEFF, Études et documents, 1999, p. 183-209. La modernisation de la fiscalité en France (1914-1926), l’exemple du Midi toulousain, doctorat en histoire du droit, Université de sciences sociales Toulouse I, 1999. Sandrine Grotard, Pierre-Cyrille Hautcoeur, « Taxation of corporate profits, inflation and income distribution in France, 1914-1926 », HEC, document de travail, juin 2005. Pierre-Cyrille Hautcoeur , « Taxation and accounting regulation, the impact of the 1916 tax on war profits », HEC, document de travail, mai 2008. Béatrice Touchelay, « L’Etat, l’impôt et les deux guerres mondiales ou les limites de la tolérance à l’enrichissement dans la France du XXe siècle », in Guerre juste, juste guerre. Les justifications religieuses et profanes de la guerre de l’antiquité au XXIe siècle, François Baslez, André Encrevé, Corine Peneau, Rémi Fabre (coord.), Bordeaux, Bière, 2013, p.239-249. « D’une sortie de guerre à l’autre : de l’impôt sur les bénéfices de guerre (1916) à la confiscation des profits illicites (1944-1945), l’Etat a-t-il appris à compter ? », in Marc Bergère (dir.), L’épuration économique en France à la Libération, Rennes, PUR, 2008, p. 33-50. 5 Connaissances et compétences requises pour le futur doctorant : Un master Recherche en histoire contemporaine, des connaissances sérieuses en histoire économique et sociales de l’Europe contemporaine, une solide capacité de travail, d’organisation et de synthèse pour exploiter des sources diversifiées, une parfaite maîtrise de la langue et du traitement de texte pour pouvoir rédiger un doctorat de qualité, et une réelle disponibilité pour pouvoir effectuer des recherches dans des archives réparties entre la Bretagne et le Nord. Le recrutement au sein de l’HIRiS d’un poste de « post doc. » pour développer et soutenir les travaux scientifiques engagés dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre et la présence d’une équipe de travail consacrée à l’innovation (et à l’innovation fiscale en particulier) offrira au doctorant tous les soutiens qu’il pourrait souhaiter à l’intérieur du laboratoire. La tradition d’histoire économique de l’université de Lille3 et du laboratoire IRHiS, leur ouverture aux approches pluridisciplinaires et aux doctorants d’autres disciplines, qu’il faudra mobiliser pour soutenir le doctorant travaillant sur les bénéfices de guerre (le recours aux spécialistes des sciences de gestion et à des économistes de Lille1, par exemple) seront des atouts indispensables. Une même synergie interdisciplinaire au sein de Rennes 2 ou entre Rennes 1 et Rennes 2 est également envisageable. Le CERHIO dispose par ailleurs d’une riche bibliothèque de recherche (Renan Donnerh ITA AI CNRS) et d’un poste d’aide à la recherche (production et analyse de données, Aurélie Hess-Miglioretti, ITA IE CNRS). Intérêt du projet quant aux perspectives d’insertion professionnelle du-de la doctorant-e : Deux débouchés sont envisagés au terme du doctorat : 1./ Le premier est lié au développement actuel du tourisme industriel et patrimonial qui est actif en France et dans le Nord en particulier. Il laisse entrevoir de nouvelles créations d’emplois pour lesquels les connaissances acquises par le doctorant sur les aspects économiques, sociaux et culturels de la France et des deux régions dans la Grande Guerre seraient un atout certain. Première collaboration à ce niveau entre les deux régions, ce doctorat pourrait ouvrir des perspectives de collaborations mémorielles et muséales futures pour lesquelles le doctorant serait bien placé. 2 ./ Le second tient à l’approche comparative à laquelle il s’engage qui et c’est son choix aujourd’hui permettrait d’approfondir et de prolonger la recherche à d’autres régions. L’idée d’un programme de recherche français ou bien européen sur la contribution extraordinaire qu’il pourrait piloter comme post doctorant est aujourd’hui ce qui le motive. Priorité régionale de référence : 1/ Innovations sociales et citoyennes Modalité de financement : Financement à taux plein X co-Financement : (cf le courrier joint qui témoigne de l’engagement ferme du partenaire) nom du co-financeur : Région du Nord Pas de Calais adresse : 151 Avenue du Président Hoover, 59800 Lille montant annuel de la participation financière : La Région finance 50 % du salaire soit un montant de 42 000 euros environ sur trois ans. 6 Intérêts du projet vis-à-vis de la politique régionale de développement de la recherche : Valoriser des fonds d’archives régionaux originaux et inédits (les archives départementales d’Ille-et-Vilaine sont presque les seules en France à disposer du fonds des comités du premier degré). Le projet s’inscrit dans une des priorités définie par la Région Bretagne qui est celle des projets cofinancés et/ou soutenus par d’autres collectivités. La Région Nord et l’université Lille 3 (cf courrier joint de Catherine Denys VP recherche) sont également très intéressées par la démarche comparative avec la Bretagne et par les perspectives de développement de collaborations futures qu’elle peut offrir. Les perspectives offertes par les nouvelles technologies qui à travers le tout nouveau Imaginarium ou le learning center du Nord par exemple permettent d’envisager une large diffusion de certains aspects de ces travaux (cartes interactives…) et offrent un contexte propice à cette recherche. Une cartographie des activités économiques décrites et classées par commune dans les dossiers de la contribution et celle des résistances à l’impôt (contentieux) pourront être dressées pour la Bretagne et le Nord, complétant ainsi de manière très fine les informations disponibles sur l’activité économique régionale dans et après la guerre. Enjeux socio- économiques de la problématique de recherche : L’acculturation à l’impôt qui commence avec cette contribution extraordinaire est l’un des fondements de la citoyenneté qui contribue à l’unité nationale, et l’étude de ses processus parait s’imposer au moment où les particularismes de toute sorte menacent cette unité. Sous cet angle, le choix de l’échelle régionale parait particulièrement pertinente. La recherche de spécificités régionales face à l’impôt, le fait par exemple que le Nord soit très investi dans les ligues anti fiscales des années 1920 alors que la Bretagne semble moins les soutenir, l’analyse de l’impact de la guerre sur les populations et de leurs réactions selon leur proximité au front, vise à mieux cerner le fait régional et à proposer éventuellement une relecture des origines des disparités entre le Nord et la Bretagne. Dans quelle mesure ces comportements face à un impôt dont personne ne conteste la légitimité, sont-ils liés aux orientations politiques et/ou économiques des populations concernées ? Dans quelle mesure, la force des ligues et comités de lutte anti-fiscale actifs dans ces deux régions après la guerre est-elle liée à la perception de la contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre ? Qu’est-ce qui unit les contestataires, le secteur d’activité ou la situation géographique ? A l’heure de la mise en cause de la fiscalité directe dans plusieurs pays européens, cette étude vise aussi à mieux comprendre les origines du succès de la dénonciation de « l’inquisition fiscale ». Ne remonte-t-elle pas à la contribution extraordinaire et aux maladresses d’une imposition pionnière qui annonce l’application d’autres réformes fiscales (celle de l’impôt sur le revenu voté en juillet 1914, puis de l’impôt cédulaire en 1917 et de la taxe sur le chiffre d’affaires en 1920, par exemple) ? Mieux comprendre aussi les relations entre le Nord et la Bretagne en insistant par exemple sur les populations du Nord qui se sont installées en Bretagne à l’occasion de la Grande Guerre. Les archives témoignent en effet de transferts de populations entre les deux régions étudiées lorsque plusieurs industriels du Nord s’installent en Bretagne et y sont assujettis à la contribution extraordinaire. La cartographie des activités économiques décrites et classées par commune dans les dossiers de la contribution et celle des résistances à l’impôt (contentieux) peut être dressée pour la Bretagne (et dans une moindre mesure pour le Nord), complétant ainsi les informations disponibles sur l’activité économique régionale dans et après la guerre. Ces informations offrent donc un éclairage inédit sur la situation économique et sociale de la Bretagne et du Nord dans la guerre, puis dans la reconstruction. La comparaison entre Brest ou Lorient, par exemple, et Dunkerque établie grâce aux dossiers des bénéfices de guerre serait particulièrement intéressante, par exemple, pour préciser les modalités des mobilisations économiques des zones portuaires. 7