alimenter l’imaginaire collectif. Actuellement, des millions de personnes
veulent libérer leurs émotions, parce qu’elles ont eu un blocage émotionnel,
une cristallisation, un mal vécu, etc.….
Quand on lit les textes, on a toujours une théorie de l’enfance
relative aux modes de constitution du corps, c’est à dire comment le corps
s’est construit, dans l’interaction avec la mère, les parents, le père etc.…et
comment l’incorporation s’est effectuée. L’incorporation, n’est pas quelque
chose de seulement biologique, on le sait bien, c’est aussi quelque chose
d’imaginaire et de symbolique, et qu’à partir de ce moment là, il suffirait de
libérer, de tout remettre en situation.
Je voue un culte aux années 60 /70, je collectionne tous les livres de
l’époque, je lis la littérature sur les thérapies de groupe, les marathons etc.
et qu’est-ce que je vois ? Des expériences, qui ont été menées dans les
années 60, où la libération ne se faisait pas n’importe comment, ce n’était
pas une pure décharge émotionnelle ; il y avait un cadre, une méthodologie,
une progressivité dans la formalisation soit collective, soit individuelle du
vécu émotionnel. Ce n’est pas toujours le cas dans la littérature actuelle sur
les théories de l’extase, de la jouissance, sur des théories selon lesquelles, il
suffirait de se libérer pour atteindre un degré de conscience, tel que l’on
atteindrait un degré d’être.
En étudiant les trajectoires de vie des gens en pleine forme, qui
étaient allés à Esalen,
on s’aperçoit qu’il y en a beaucoup, qui ne se sont
pas tournés vers les thérapies corporelles. Qu’est-ce qu’ils sont devenus
30 ou 40 ans plus tard ? Certains se sont tournés vers le trans-personnel,
vers une dimension spirituelle, ils ont fait comme vous : ils ont mis le corps
en position de médiateur. Mettre le corps en position de médiateur, c’était
fondamentalement dualiste. On pensait que le corps ne présentait pas
véritablement un intérêt. Si on se mettait nus, c‘était super, on faisait des
massages, des bains, de la relaxation, etc.… mais au fond ce qu’il fallait,
c’était développer, la conscience de son corps, de soi, de son être pour
accéder à un degré trans-personnel.
Nous avons sur Strasbourg, un représentant de ce courant,
particulièrement prolixe, et qui essaie de transformer les thérapies
corporelles, en ce qu’ils appellent les somato- thérapies qui essaient de faire
le lien entre la psychanalyse et la spiritualité.
Mais je ne crois pas que l’on soit dans ce contexte ici, je crois que
l’approche devrait être une garantie, de ne pas sombrer dans une
progression verticale qui irait, de l’aliénation à la libération, du malheur au
bonheur, de l’archaïque au fusionnel, du fœtus avec la mère, jusqu’à
l’extase dans la jouissance spirituelle. Je ne crois pas que la pensée
holistique soit cela. Je ne pense pas que nous soyons ici dans une nouvelle
échelle ou dans une nouvelle hiérarchie des états émotionnels.
La pensée holistique est une pensée fondée sur un courant qui est
en train de dominer intellectuellement, et qui est l’inter-actionisme.
Institut d’Esalen fondé en 1962 en Californie