7.1.2. Spécificités d’hôte et d’organe
Lorsqu’on parle de pouvoir de virulence, il faut aussi définir l’espèce ou les espèces hôtes cibles. En effet, toutes
les bactéries pathogènes n’infectent pas toutes les espèces de mammifères ou d’oiseaux (pour se limiter à celles
qui représentent notre intérêt principal). Cette spécificité d’hôte est souvent fonction de la présence de récepteurs
aux principaux facteurs de virulence de la bactérie, et donc, de la base génétique de l’hôte. Certaines espèces
animales, ou certains individus à l’intérieur de l’espèce cible, ne produisent pas de récepteurs aux adhésines qui
permettent la colonisation des muqueuses, ou aux toxines qui provoquent l’apparition de lésions. Un excellent
exemple actuel est la résistance de certains humains au virus du SIDA, car leurs lymphocytes T ne produisent
pas le récepteur spécifique de ce virus. Un example du monde vétérinaire est représenté par l’absence sur les
entérocytes de l’homme de récepteur aux adhésines F5 (K99) produites par les souches entérotoxinogènes
bovines, ovines et porcines d’Escherichia coli, responsables de diarrhée chez ces espèces animales, mais
totalemen dépourvue de potentiel zoonotique pour ces souches animales. La spécificité d’hôte est parfois reflétée
dans le nom de la bactérie : Taylorella equigenitalis, Haemophilus parasuis, Avibacterium paragallinarum,
Salmonella enterica serovars Abortusequi ou Abortusovis, Mycoplasma bovis, Mycoplasma hyopneumoniae,
Brachyspira hyodysenteriae, …
De plus, à l’intérieur d’une espèce cible, la réceptivité peut être limitée à une période de la vie, période pendant
laquelle lesdits récepteurs sont présents seulement : c’est ainsi que l’on peut parler de maladies néonatales, du
jeune âge, de l’adulte. Les récepteurs aux adhésines F5 (K99) des souches entérotoxinogènes d’Escherichia coli
ne sont présents sur les entérocytes bovins, ovins et porcins que pendant les 24 à 72 premières heures de vie,
limitant leur potentiel pathogène aux premières heures de la vie des veaux et porcelets (= diarrhée néonatal).
Pour des raisons similaires, les bactéries pathogènes peuvent présenter un tropisme d’organes qui peut aussi se
refléter dans leurs noms : Taylorella equigenitalis, Salmonella enterica sérovars Abortusequi ou Abortusovis,
Mycoplasma hyopneumoniae, Brachyspira hyodysenteriae, …
7.1.3. Les postulats de Koch
Au début de la bactériologie, le principal dilemme du monde médical était de différencier une bactérie pathogène
d’une bactérie non pathogène. Un médecin allemand, Robert Koch (1843-1910), émit, fin du XIXème siècle, les
règles suivantes, ou postulats, qu’une bactérie doit suivre avant d’être qualifiée de pathogène. A l’origine, ces
postulats étaient d’application pour le monde médical humain, mais ils peuvent être étendus au monde médical
vétérinaire :
(i) Association. La bactérie doit se trouver chez tous les individus malades (= montrant des signes cliniques
spécifiques) et dans les parties atteintes du corps (= organes avec lésions) ;
(ii) Culture pure. La bactérie doit être isolée et maintenue en culture pure à partir des individus malades et de
leurs organes avec lésions ;