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doit s’adapter à l’évolution quantitative et qualitative des stimuli douloureux pendant
le travail et l’accouchement. Mais, il faut avant tout prendre en compte des variations
interindividuelles considérables : ainsi 10 % des parturientes ont un accouchement quasi
indolore (multipares en travail spontané) ; à l’inverse, 30 % des primipares et 10 % des
multipares ressentent des douleurs atroces et intolérables. Le jeune âge, le surpoids
maternel, la macrosomie fœtale et les présentations postérieures favorisent aussi la
survenue de douleurs intenses.
Outre son retentissement psychologique, la douleur obstétricale peut être
directement délétère pour la mère et pour le fœtus. Ainsi, le débit cardiaque maternel
déjà élevé en fin de grossesse (+ 40 %) continue d’augmenter tout au long du travail
jusqu’à l’expulsion où il atteint le double de celui observé en fin de grossesse. Ceci est
notamment la conséquence d’une stimulation sympathique majeure et explique la
mauvaise tolérance maternelle du travail en cas de cardiopathie préexistante ou
d’hypertension gravidique. Seule, l’analgésie péridurale permet de prévenir efficace-
ment cette stimulation sympathique ; elle réduit ainsi de moitié l’accrois-
sement du débit cardiaque maternel au cours du travail. La douleur induit également
une hyperventilation. Celle-ci est responsable d’une alcalose respiratoire parfois
profonde qui peut entraîner une hypoxémie maternelle par hypoventilation au décours
des contractions, une modification de la courbe de dissociation de l’hémoglobine
diminuant la délivrance d’oxygène au fœtus, et une vasoconstriction utéro-placentaire.
Ainsi, l’hyperventilation maternelle peut favoriser le développement d’une hypoxie
fœtale. Ces phénomènes liés à la douleur, habituellement sans conséquence, peuvent avoir
un retentissement important en cas de pathologie maternelle ou fœtale pré-existante.
2 . ANALGESIE PERIDURALE POUR ACCOUCHEMENT NORMAL
Une enquête nationale réalisée en 1996 [3] a permis de chiffrer à 48 % la
proportion de femmes (toutes parités confondues) bénéficiant d’une analgésie péridu-
rale au cours du travail. Ce chiffre place désormais la péridurale en tête de liste des
méthodes analgésiques utilisées en France pour l’accouchement. Il traduit l’efficacité
très supérieure de la péridurale par rapport aux autres techniques analgésiques
(Dolosal® ou autres morphiniques IV, protoxyde d’azote inhalé, bloc des nerfs
honteux). Cette supériorité est maintenant parfaitement démontrée [2, 4]. Les métho-
des de préparation psychoprophylactiques à l’accouchement ne doivent pas pour autant
être négligées : si elles ne réduisent au mieux que de 30 % l’intensité douloureuse, elles
favorisent en revanche un bien meilleur contrôle vis-à-vis de la douleur. De plus, une
bonne préparation permet d’attendre dans de bien meilleures conditions psychologi-
ques la réalisation de l’analgésie péridurale lorsqu’elle n’est pas immédiatement
disponible et elle s’avère fondamentale dans les rares cas où la péridurale ne peut être
réalisée du fait d’une contre-indication de dernière minute.
2.1. CONSULTATION D’ANESTHESIE.
La connaissance du dossier médical et obstétrical et l’information éclairée de la
parturiente sont indispensables. Elle passe donc par un interrogatoire, un examen
clinique et la lecture des résultats biologiques. L’ensemble doit s’inscrire dans le cadre
d’une consultation d’anesthésie rendue obligatoire par le décret du 9 octobre 1998 sur
la périnatalité. Elle est effectuée au mieux à distance de l’accouchement (8emois). La
consultation d’anesthésie doit concerner toutes les futures accouchées, y compris celles
qui ne souhaitent pas d’analgésie péridurale pour le travail. En effet, ces dernières
peuvent présenter une indication spécifique d’analgésie péridurale qu’elles ignorent.