LIBERTÉ INFO N° 115 - OCTOBRE 2015 ' 8 % /< ' 2 8 , / + ( 7 * ( 6 7 , 2 1 ÉCONOMIE par Hugues DUBLY - [email protected] L’ALIGNEMENT DES PLANÈTES : DOCTEUR JEKYLL OU MISTER HYDE Un vent d’optimisme a régné au début de cette année dans les milieux politiques et économiques européens : nous allions vivre une période forte car les taux étaient bas, le dollar était orienté à la hausse et le pétrole à la baisse. semestre. Hélas, on avait oublié qu’en matière économique à toute action correspond une réaction. Les taux bas sont une drogue à laquelle l’économie s’habitue et dont il est extraordinairement difficile de se sevrer, comme le démontrent aujourd’hui les La conjonction de ces trois éléments que Etats-Unis qui en ont bénéficié depuis l’on a surnommé « l’alignement des plasix ans et qui en repoussent sans cesse nètes » devait favoriser à la fois l’invesla hausse de crainte de tissement, la consomla récession, comme mation, l’exportation, le démontrent ausles marges des entreLes taux bas si les pays mal gérés prises, la confiance… sont une drogue qui peuvent augmenter leurs déficits sans à laquelle l’économie De fait, les taux bas être pénalisés par une devaient inciter les s’habitue et dont il est hausse des frais financonsommateurs à extraordinairement ciers. (emprunter pour) consommer, les invesHMJ½GMPIHIWIWIZVIV La hausse du dollar tisseurs à (emprunfait des dégâts colter pour) investir ; latéraux. Les entreprises américaines la baisse du pétrole devait permettre exportatrices voient leur chiffre d’afaux ménages d’économiser sur leurs faires et leurs marges baisser et même dépenses d’énergie et de carburant, les produits chinois sont pénalisés par la économie qui se serait reportée sur la hausse de leur monnaie, le Yuan. D’où consommation ; et la hausse du dollar un ralentissement de l’économie chinoise devait permettre aux entreprises d’exqui a provoqué cet été en bourse des porter plus facilement dans les pays de la soubresauts importants. zone dollar (et en Chine dont la monnaie est très liée au dollar). La baisse du pétrole (et des matières premières) enfin est très néfaste pour les Et la Bourse a cru en cette conjoncpays producteurs qu’ils soient dévelopture favorable : les indices européens pés comme le Canada, ou en voie de déont gagné environ 15% sur le premier 2 veloppement (Venezuela, pays du Moyen Orient, Brésil, etc…). Les difficultés de ces pays reviennent tel un boomerang sur les pays développés auxquels ils achètent moins, provoquant des interrogations voire des difficultés dans des secteurs aussi différents que le luxe, l’automobile ou la pharmacie. Ces incertitudes ont provoqué cet été des reculs, parfois brutaux et importants (de l’ordre de 10-15 %) des bourses effaçant pratiquement l’avance du premier semestre. Il est probable que la réaction des marchés financiers ait été un peu exagérée. Mais ils nous ont rappelé que l’économie aujourd’hui était mondiale et la nécessité pour les nations de se concerter et de faire taire les égoïsmes pour parvenir à mettre en œuvre un développement harmonieux pour le plus grand bien de tous. Sommaire > L’alignement des planètes : Docteur Jekyll ou Mister Hyde p 2 à 3 > Assouplissement quantitatif ou « quantitative easing » : ange ou démon ? p 4 à 6 > Le dollar est notre monnaie mais c’est votre problème p 7 à 9 > BIC s’envole avec le dollar p 10 à 11 > La baisse du prix du baril : une bonne nouvelle ? p 12 à 14 > La fortune… sourit aux audacieux p 15 Directeur de la publication : Hugues Dubly Imprimerie : PRINT FORUM Z.I. La Pilaterie • 15, rue de Mons • 59290 Wasquehal Tél. 03 20 65 65 20 0SVWUYIZSYWWSYLEMXI^RSYWXVERWQIXXVIYR SVHVIHIFSYVWITEVGSYVVMIVqPIGXVSRMUYIQIVGM H´YXMPMWIVP´EHVIWWI²HYFP]FSYVWI$HYFP]JV² 3 ECONOMIE Stéphane COCHENER - [email protected] ASSOUPLISSEMENT QUANTITATIF OU « QUANTITATIVE EASING » : ANGE OU DÉMON ? Devant les crises majeures que nous venons de connaître, des crises potentiellement systémiques pour les banques et le financement de l’économie en général, les différentes Banques centrales autour du monde ont décidé d’intervenir vigoureusement par des programmes d’assouplissement quantitatif. Le terme assouplissement quantitatif, traduction de l’anglais 5YERXMXEXMZIIEWMRK (QE), est le fait pour une Banque centrale d’utiliser une politique monétaire non conventionnelle en achetant des actifs avec de la monnaie qu’elle crée. Le caractère non conventionnel de ces politiques tient au fait que la Banque centrale n’est plus en mesure d’utiliser les outils traditionnels de politique monétaire en cas de circonstances économiques exceptionnelles (taux directeur proche de zéro conjugué à un risque de déflation). Dans la pratique, l’assouplissement quantitatif consiste à augmenter le bilan de la 4 Banque centrale au travers de l’acquisition d’actifs (créances obligataires : emprunts d’Etat, titres hypothécaires voire corporate). Cette politique de création monétaire s’effectue par l’achat direct sur les marchés, elle bénéficie directement aux détenteurs de ces titres qui par l’allègement de leurs bilans seront susceptibles de réallouer une partie de leurs ressources au financement de l’économie ce qui est le principal but recherché par la mise en œuvre de cette politique. Bien entendu, celleci s’accompagne d’une politique de taux proche de zéro destinée à encourager les acteurs économiques qu’ils soient ménages ou entreprises à reprendre le chemin de la consommation ou de l’investissement puisque la liquidité est disponible et peu chère. Historiquement c’est au Japon dans les années 2001 et 2006 pour faire face à une grave crise déflationniste que l’on a mis en place très tardivement les premières mesures de ce type, le résultat a été décevant car les montants ont été trop faibles et le Japon a arrêté très brutalement cette expérience en 2006. peu de risque de défaut. Il est également démontré que la politique monétaire influence l’économie réelle après un délai qui s’étage entre 18 et 24 mois. Ainsi, si on analyse le « QE » américain entamé en novembre 2008, la croissance est reParadoxalement, c’est la crise de 2008 passée positive après six trimestres et qui a provoqué un déclenchement simulne s’est pas ralentie depuis, alors que tané des mesures de la FED a continué le « QE » dans les pays programme d’assou0IWQSRXERXW anglo-saxons. plissement quantitaIRNIYW´qPrZIRX L’Angleterre, dès mars tif jusqu’en octobre 2009, a acheté plus de 2014. à 60Md€TEVQSMW 165 Md£ d’actifs à ses La Banque centrale institutions financières européenne (BCE) a puis dès 2010 plus de 200 M£ permetdécidé début 2015 d’adopter l’assoutant de réactiver le crédit interbancaire plissement quantitatif pour lutter contre anglais complètement bloqué. les mêmes maux (inflation faible, croissance atone et Etats surendettés). Les A la même époque devant une crise montants en jeu s’élèvent à 60 Md€ par des subprimes qui allait provoquer une mois. Gageons que la décision de la BCE déflation mortifère, les Etats-Unis, dès aura les mêmes effets sur la croissance, novembre 2008, ont lancé leur premier avec un premier constat concluant sur QE à hauteur de 600 Md$. l’inversion de tendance de l’octroi de La Banque centrale américaine (FED) crédits dans la zone Euro qui est nettea poursuivi son action pendant 6 ans ment repassé en territoire positif. d’abord en 2010 puis en 2012 par des rachats massifs d’actifs financiers afin Il faut néanmoins considérer une pod’augmenter la quantité de monnaie en litique de « QE » comme un outil utile circulation dans l’économie. mais qui doit s’accompagner de mesures structurelles des Etats afin de relancer la La réalité de 2015 nous montre que ces confiance des acteurs économiques. actions ont permis de sécuriser les systèmes bancaires en octroyant de la liquiEn zone Euro, alors que les politiques dité à des taux très bas et en mettant en budgétaires sont loin d’être harmoniœuvre l’assainissement des bilans. Une sées, l’intervention de la BCE, destinée partie du risque est désormais porté à relancer l’économie et à abaisser de par les Banques centrales qui, en sécumanière drastique le coût de la dette risant le système tout entier, prennent des Etats membres, permet aux mau5 vais élèves de différer ou d’étaler dans le pour faire baisser l’Euro dont la force temps les réformes indispensables. Ceux pesait sur la compétitivité des entrequi, sous la pression, ont été obligés de prises européennes et qui contrecarrait s’y résoudre après la crise de 2011/12 la reprise tant attendue. (Espagne, Portugal, Irlande, Italie) récoltent les premiers fruits de réformes Ange ou démon cette vision dichotocourageuses en matière de croissance et mique du « QE » doit être relativisée. de reflux du chômage. D’autres, qui ont Ange, car c’est un instrument efficace choisi d’utiliser cette qui permet dans des manne pour « gagner circonstances excepdu temps » dans l’estionnelles de redon%RKISYHqQSR poir de ne pas être ner conf iance aux contraints à réformer, GIXXIZMWMSRHMGLSXSQMUYI investisseurs et aux sont plus à la peine acteurs économiques du « QE » avec une activité qui par l’assurance du HSMXsXVIVIPEXMZMWqI tarde à redémarrer. pilotage d’une croisForce est de constater sance économique a que sans décision pominima. Démon, car litique d’ajustement structurel et budgécela ajoute une forte volatilité sur l’entaire, cet outil de politique monétaire semble des actifs que sont les matières ne permettra que de différer des mepremières, les monnaies, les actifs finansures qui devront de toutes manières ciers obligations et actions, et par les être prises. retraits de liquidités futurs qui mettront les marchés financiers et les Etats dans Le côté plus obscur d’une telle politique des situations parfois délicates s’ils sont est la conséquence sur le niveau des réalisés trop tôt. C’est tout le dilemme monnaies et sur la volatilité des actifs en de la FED aujourd’hui, qui a différé sa dégénéral. Le Japon a repris l’initiative il y a cision de remontée des taux courts pour deux ans, de manière massive (80 Md$ ne pas accentuer les difficultés financières par mois) avec pour corollaire une forte de certains pays émergents. dévaluation du Yen. Les pays limitrophes Dès lors, on constate toute la difficulté et les concurrents directs des produits à sortir de ces UYERXMXEXMZI)EWMRK au nijaponais que sont les entreprises alleveau mondial. Le sevrage risque d’avoir mandes ont eu à souffrir de cette dédes conséquences insoupçonnées, c’est valuation compétitive de plus de 30%. pourquoi, le bilan des Banques centrales La BCE a repoussé le plus longtemps risque d’être élevé très longtemps et le possible la mise en œuvre de son proreflux des engagements se fera sur des gramme mais l’a fait pour combattre la années voire sur une décennie. déflation qui menaçait mais également 6 DOLLAR par Michel VELGHE - [email protected] LE DOLLAR EST NOTRE MONNAIE MAIS C’EST VOTRE PROBLÈME* Le « roi dollar » est la monnaie la plus diffusée dans le monde. Elle est utilisée par les ressortissants américains mais également comme monnaie de référence pour les transactions de produits largement utilisés dans le monde comme le pétrole ou les céréales. C’est également une monnaie de réserve et à ce titre elle est souscrite par les pays les plus développés mais aussi par les pays émergents. Ces derniers ont parfois, en plus, contracté des emprunts en dollar comme monnaie de référence. Il y a un an nous évoquions les rencontres de Jackson Hole** aux Etats-Unis où les grands responsables financiers de la planète s’étaient concertés sur le bon niveau du dollar. Très vite après cette réunion on a constaté une baisse de l’euro par rapport au dollar de 1.30 à 1.20 en fin d’année et 1.12 aujourd’hui. Le dollar est utilisé presque partout et l’on comprend que sa valeur par rapport aux autres devises soit une préoccupation permanente pour ceux qui sont amenés à l’utiliser. Compte-tenu de sa diffusion et des intérêts divergents des agents qui l’utilisent, toute fluctuation fait le bonheur des uns et toujours le malheur des autres. (qGPEVEXMSRHI.SLR&S[HIR'SRREPP]WIGVqXEMVIEYXVqWSVEQqVMGEMRIRTIRHERXPIQERHEXHI6MGLEVH2M\SRUYMEHqGMHq P´MRGSRZIVXMFMPMXqHYHSPPEVIRSV½RHIWEGGSVHWHI&VIXXSR;SSHW .EGOWSR,SPIZMPPIEQqVMGEMRIHSQMRqITEVPIW6SGLIYWIWWMXYqIHERWP´qXEXHY;]SQMRKEYRSVHSYIWXHIW)XEXW9RMWIXGLSMWMITEVPIW KSYZIVRIYVWHIFERUYIWGIRXVEPIWQSRHMEPIWTSYVHMWGYXIVHIP´EZIRMVHYQSRHI'´IWXYRIWSVXIHIVIRXVqI½RERGMrVIHIWKVERHWEVKIRXMIVW 7 La Chine, atelier du monde depuis les années 2000, a accumulé des réserves de change et a été obligée de replacer ces réserves là où le marché des changes était le plus large, sur le dollar. Elle a également accroché (PEG) sa monnaie au dollar (le Yuan ou Renminbi était évalué jusqu’au 11 août par rapport à un panier de monnaie dominé par le dollar). La hausse du dollar couplée à une hausse de la main d’œuvre chinoise rend les produits chinois moins compétitifs à l’exportation et a amené la Chine le 11 août 2015 à modifier la méthode d’évaluation de sa monnaie entraînant une dévaluation de 5 % du Yuan par rapport au dollar. Les intérêts deviennent divergents. Inversement, une hausse du dollar permet aux investisseurs américains d’acheter des actifs hors Etats-Unis à des conditions plus favorables. Par exemple Général Electric fait probablement une bonne affaire en achetant Alstom aujourd’hui plutôt qu’il y a deux ans. De même, on assiste au rachat du transporteur Norbert Dentressangle par XPO Logistics. Les américains font leur marché. De même, une hausse du dollar n’est pas pour déplaire aux exportateurs européens qui travaillent avec les EtatsUnis et qui peuvent proposer à prix de revient égal un produit moins cher converti en dollar. A condition que la production du produit soit réalisée en Europe avec des coûts européens, comme Bic ou Hermès. Pour les entreprises européennes qui produisent aux Etats-Unis, il y a quand même un intérêt à une hausse du dollar quand ils rapatrient les bénéfices, de leurs filiales américaines convertis du dollar en euro, c’est le cas pour les entreprises comme Lafarge et Publicis. Evolution du dollar contre toutes les autres devises entre 1975 et 2015 8 une récession économique dans le pays. Inversement, pour les entreprises exportatrices américaines, la hausse du De surcroît, ces pays se sont souvent endollar est un frein à leurs affaires. Par dettés à long terme en dollar à des taux exemple quand United Technologies d’intérêts bas pour financer leur crois(moteurs Pratt et Withney) se trouve sance, et un retournement de tendance en concurrence avec provoquera égaleSafran pour vendre ment des effets négades moteurs d’avions Et aussi, tifs sur leur croissance aux compagnies aépar augmentation de PELEYWWIHYHSPPEV riennes européennes, leur endettement. EIYYRIJJIXTIVZIVW si le dollar est élevé par rapport à l’euro, TSYVPIWTE]WqQIVKIRXW Aujourd’hui, les moul’avantage compétitif vements sont de plus TSYVHIY\VEMWSRW© va à Safran. Si malgré en plus violents, de tout United Technoloforte amplitude et ragie remporte l’affaire pides. Seules les entreprises structurées et si le contrat est libellé en euro, alors et de tailles mondiales arrivent à tirer le jour de la facturation c’est-à-dire à la parti ou à se protéger (par des couverlivraison plusieurs mois plus tard, si le tures en devises) de ces mouvements dollar a continué à monter (c’est-à-dire monétaires. que l’euro aura baissé contre le dollar), l’américain encaissera moins de dollars Ces différentes situations mettant en qu’il ne l’avait escompté à la commande. évidence des intérêts divergents, déCela se traduira par une perte de change. montrent qu’il n’est pas facile de trouver au bon moment le bon taux de change Et aussi, la hausse du dollar a eu un effet pays par pays pour trouver le bon équipervers pour les pays émergents pour libre afin de favoriser une croissance deux raisons. D’abord l’afflux de capimondiale harmonieuse. Pour les pays taux dont ils avaient bénéficié dans les faibles la dévaluation est souvent trop années 2000 va se transformer en reflux. forte et les pays forts ne favorisent pas Les américains ont investi massivement la réévaluation de leur monnaie. Ces élédans ces pays depuis 2000. Face aux ments contribuent à augmenter la volatendances haussières du dollar, et aux tilité des marchés, et nous forcent plus anticipations de hausse des taux d’intéque jamais à avoir une vue long terme rêts aux Etats-Unis, ils voudront rapatrier pour la gestion de nos portefeuilles. leurs fonds en dollar et cela entraînera LE DOLLAR EST EFFECTIVEMENT NOTRE PROBLÈME ! 9 BIC par Marin LOUVIGNE - [email protected] BIC S’ENVOLE AVEC LE DOLLAR Créée en 1945 par Marcel BICH & Edouard BUFFARD, la société française spécialiste en pièces détachées de stylo et de porte plume a su étendre son expertise. Après la révolution du stylo à bille en 1950, le groupe n’a cessé d’innover et de lancer de véritables best-sellers indétrônables. Le succès de BIC tient dans sa formidable expertise technique au service d’une vision. L’industriel répond à des besoins simples (écrire, se raser, avoir du feu) par un produit qui semble l’être tout autant. En réalité, la marque offre des produits de très grande qualité dont la technicité n’a jamais été égalée par la concurrence étrangère et qui témoigne de sa très grande compétence industrielle. Le groupe spécialiste des stylos, briquets et rasoirs (répartition respective : chiffre d’affaires 34%, 29% et 19% ; marge opérationnelle 21%, 60% et 17%) connaît depuis un an un fort rebond boursier. A l’instar des années 80, l’entreprise profite d’une conjoncture favorable sur la hausse du dollar combinée à la baisse des matières premières et particulièrement du pétrole. Avec un chiffre d’affaires exposé à 42% en Amérique du Nord, l’entreprise bénéficie de deux phénomènes. Sur la première partie de l’année, le chiffre d’affaires du groupe progresse 10 de 17,1%. Ce bon résultat est attribué pour près de 11,5% aux évolutions des changes. La seule poussée du dollar se traduit par un gain de 96M€ de chiffre d’affaires. Evolution du cours de BIC comparée à celle du dollar En plus du pur effet de change sur les nettes, les marges d’exploitations sont comptes de BIC, la progression du favorablement impactées par les flucdollar fait gagner tuations sur les devises en compétitivité. et l’impact positif des Avec YRGLMJJVI L’activité rasoir ferait état d’un gain H´EJJEMVIWI\TSWqk matières premières » M. Guevara Directeur de part de marché en Amérique du Nord, Général. Fort de ce estimé à 2% et pasP´IRXVITVMWIFqRq½GMI serait ainsi en trois constat, le groupe est ans de 20% à 25% de deux phénomènes… confiant sur l’atteinte grâce au différentiel des objectifs sur l’année de prix face à Gilcomplète. Le consensus lette son principal concurrent qui s’est donne une estimation de croissance du en effet vu contraint d’augmenter ses chiffre d’affaires 2015 à 12,4% contre prix pour conserver ses marges. « Supporté par de bonnes ventes 6% annoncée. 11 PÉTROLE par Julien BRUN - [email protected] LA BAISSE DU PRIX DU BARIL : UNE BONNE NOUVELLE ? Les ONG écologistes ne voyaient pas d’un très bon œil la baisse des cours du baril de pétrole, elles craignaient qu’elle n’encourage un regain de consommation de carburant et donc une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Ils n’avaient pas tort, au cours de l’année passée, les ventes de grosses cylindrées, SUV* et autres 4x4 ont bondi de plus de 20 % aux Etats-Unis. Mais cette baisse cache bien d’autres effets. D’un point de vue strictement économique, c’est une très bonne nouvelle pour les particuliers et les entreprises qui profitent d’un moindre coût de l’énergie leur permettant de consommer d’autres biens ou d’investir. En plus des ménages qui possèdent une voiture, les entreprises de transport sont directement concernées par la baisse du prix du pétrole. Quel meilleur exemple que les compagnies aériennes : le carburant représente environ un tiers des coûts ! 0EGVSMWWERGIQSRHMEPIIRTVS½terait aussi. D’après les estimations réalisées par le Fonds Monétaire International, une baisse de 20 dollars du prix du baril entrainerait une hausse supplémentaire du PIB mondial comprise entre 0,3 % et 0,7 % cette année. Ce PIB additionnel ne serait d’ailleurs pas un luxe pour l’économie mondiale. Après une année 12 2014 décevante, les prévisions de croissance globale passeraient tout de même de 2,6 % en 2014 à au moins 3 % cette année. %UYMTVS½XIVqIPPIQIRXPEFEMWWI de la facture pétrolière ? Cette amélioration profite bien évidemment aux pays importateurs de pétrole. En témoigne l’exemple chinois : le pays importe 6 millions de barils/jour, ce qui signifie qu’une baisse de 50 dollars représente un allègement de la facture énergétique de plus de 70 milliards de dollars sur un semestre. Autre exemple, la France en profite également, si le déficit de sa balance commerciale a baissé de 5,3 milliards d’euros au premier semestre 2015 c’est surtout grâce aux 3 milliards d’euros dus à la réduction de la facture énergétique. 1EMWP´IJJIXIWXFMIRTPYWGSRXVEWté dans d’autres pays… Le cas des Etats-Unis est particulièrement intéressant. Ils sont à la fois gros producteurs de pétrole de schiste et gros consommateurs. Les entreprises liées à la production d’hydrocarbures n’ont plus la cote : depuis l’amorce de la chute du baril en juin 2014, l’indice qui regroupe les valeurs du secteur de l’énergie a reculé de 30 %. Malheureusement ce recul n’est pas 79:7TSVX9XMPMX]:ILMGPI compensé par les hausses dans d’autres secteurs. Pourquoi ? D’abord, parce que les économistes ne sont pas certains que la baisse du prix des carburants renforce la confiance des consommateurs et les incite à consommer davantage. De plus, on observe une réduction importante des investissements dans les Etats producteurs de pétrole de schiste et les premiers licenciements dans le secteur sont à déplorer. On peut remarquer des phénomènes comparables en Europe où des producteurs de la mer du Nord commencent à annoncer des reports d’investissements et des suppressions d’emplois. …voire préoccupant Au Venezuela la situation atteint un niveau dramatique. En effet, le pétrole représente 95 % des exportations et 40 % des revenus fiscaux. Cet Etat très mal géré depuis de nombreuses années est proche de la faillite. D’ailleurs, si Cuba a accepté de se rapprocher des Etats-Unis, c’est bien parce que ses dirigeants ont compris qu’Hugo Chávez et son successeur Nicolás Maduro ont mené leur pays au bord du gouffre et qu’il était urgent de chercher un nouveau soutien. D’autres pays, sans être dans des situations aussi alarmantes, subissent les effets de la chute des cours du brut : c’est le cas par exemple de la Russie, du Nigéria, de l’Algérie, etc. Sans compter les effets collatéraux : fuite des capitaux, pertes en réserves de devises, fortes dépréciations ou hausse du risque souverain sur le marché de la dette. 5YERH PE VIRXEFMPMXq HMQMRYI l’investissement en pâtit également… Quant au Royaume de l’Arabie Saoudite, dont les coûts de production sont faibles, l’exploitation de ses gisements est encore rentable. Selon les experts, un cours du baril à 84 dollars serait nécessaire pour équilibrer son budget. Mais cela ne semble pas être un problème majeur pour un pays qui possède un matelas confortable de réserves financières. Cette solidité du Royaume est essentielle dans la situation actuelle. En effet, sur le marché, l’Arabie Saoudite est un véritable arbitre. En augmentant ou en réduisant sa production elle peut intervenir sur le prix du brut. Cette fois, elle n’a pas agi (elle avait déjà laissé chuter le baril avant 1986) arguant que le Royaume ne souhaitait pas voir fondre ses parts de marchés au profit des EtatsUnis et de la Russie. Pour rappel, les Etats-Unis sont les principaux responsables du déséquilibre actuel entre offre et demande : depuis 2009, la production de pétrole brut aux Etats-Unis a augmenté de 65 % et atteint 9,1 millions de barils par jour en décembre 2014, modifiant complétement la géopolitique du pétrole. …et les prix pourraient à nouveau ¾EQFIV Les experts estiment qu’à 60 dollars le baril, la majorité des programmes ne sont plus rentables. Avec un ralentissement de l’investissement (les puits d’exploitation du pétrole et du gaz de schiste 13 s’épuisent très vite et il faut sans cesse en ouvrir d’autres) et une accélération progressive de l’activité mondiale, les prix devraient remonter, mais après être restés durant une période assez longue à un prix bas. Les experts de Goldman Sachs estiment aujourd’hui que le baril de brut américain restera en moyenne à 47,15 dollars cette année (leur prévision antérieure était de 73,75 dollars). Pour relativiser ces prévisions, il faut remonter en mai 2008 lorsque ces mêmes experts affirmaient que le baril de brut atteindrait 200 dollars dans un délai de six à 24 mois. En ce domaine, il faut être modeste. En mai 2014, l’Agence internationale de l’énergie revoyait à la hausse ses esti- mations de demande de pétrole et s’interrogeait sur la capacité de l’OPEP** à augmenter sa production au deuxième semestre. Dix-huit mois après, beaucoup déplorent que cette même OPEP soit incapable de s’entendre... sur une baisse de sa production. Le bonheur des uns fait le malheur des autres, si la chute vertigineuse du prix du Brent (passé de 115 USD début juillet 2014, à moins de 50 USD mi-septembre 2015) est présentée comme une chance pour la classe moyenne des pays importateurs elle est aussi synonyme de déséquilibre pour les pays producteurs. Elle semble surtout traduire l’atonie de la croissance mondiale. 4SMRXQSVXHYTVM\HYFEVMPTIVQIXXERXH´qUYMPMFVIVPIWVIGIXXIW et les dépenses selon le pays d’extraction. Source : FMI, Banque Mondiale, BSI Economics 14 34)43VKERMWEXMSRHIW4E]W)\TSVXEXIYVWHI4qXVSPI LITTÉRATURE par André GOSSELET - [email protected] LA FORTUNE … SOURIT AUX AUDACIEUX Etymologiquement le mot « fortune » vient du nom de la déesse romaine « Fortuna ». C’est la divinité du Destin à la fois capricieuse et arbitraire. Comme ses caprices sont dangereux, il importe de s’en protéger en lui rendant un culte. Son attribut essentiel est la corne d’abondance. Littérairement c’est une puissance mystérieuse qui est censée fixer aux êtres humains leur sort. Dans le langage courant, elle peut aussi bien désigner le sort (du latin « fors ») que la richesse. • Las ! Où est maintenant ce mépris de fortune ? Où est ce cœur vainqueur de toute adversité ? .SEGLMQHY&IPPE] • La fortune tourne tout à l’avantage de ceux qu’elle favorise.0E6SGLIJSYGEYPH • Il lit au front de ceux qu’un vain luxe environne. Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.0E*SRXEMRI • Je n’ai pas songé à faire ma fortune par le moyen de la Cour ; j’ai songé à le faire en faisant valoir mes terres et à tenir toute ma fortune immédiatement de la main des Dieux. 1SRXIWUYMIY • Les revers de fortune n’affligent pas plus le sage que les changements de lune. &IRNEQMR*VEROPMR • Il est faux qu’on ait fortune lorsqu’on ne sait pas en jouir. :EYZIREVKYIW Les citations de ce mot en littéVEXYVIWSRXXVrWRSQFVIYWIW)R voici quelques-unes. • Faire contre mauvaise fortune bon cœur est un soutien. 4PEYXI • La fortune est de verre ; au moment où elle brille le plus, elle se brise. 4YFPMPMYW7]VYW • La fortune aime les gens peu sensés ; elle aime les audacieux et ceux qui ne craignent pas de dire : le sort en est jeté. )VEWQI • Il y a des gens qui n’ont de leur fortune que la crainte de la perdre. 6MZEVSP • Les biens de la terre ne font que creuser l’âme et en augmenter le vide. 'LEXIEYFVMERH • C’est parce que la fortune vient en dormant qu’elle arrive si lentement. %PTLSRWI%PPEMW • Plus grande est notre fortune et plus sombre est notre sort. 6SFIVX(IWRSW 15 LE TRIMESTRE EN CHIFFRES par Nicolas LEVRIER - [email protected] 31.12.2014 30.09.2015 3 146,43 3 003,95 17 823,07 4 736,05 2 058,90 17 450,77 8 983,37 6 566,09 9 805,55 4 272,75 1 184,86 54,96 57,33 3 100,67 2976,73 16 284,70 4620,165 1920,03 17388,15 8513,41 6061,61 9660,44 4455,29 1115,07 45,09 48,37 Variation depuis le 31.12.2014 MARCHÉS BOURSIERS TAUX 10 ANS France (OAT) Etats-Unis 2 ANS France (OAT) Etats-Unis 3 MOIS Zone Euro Etats-Unis -1,5 % -0,9 % -8,6 % -2,4 % -6,7 % -0,4 % -5,2 % -7,7 % -1,5 % 4,3 % -5,9 % -23,3 % -15,6 % 0,83 2,17 0,99 2,04 0,16 0,13 -0,03 0,72 -0,18 0,67 -0,14 -0,06 -0,05 0,11 -0,20 0,15 -0,15 0,04 Euro/Dollar Euro/Livre Euro/Franc Suisse Euro/Yen Dollar/Yen 1,2098 0,7765 1,2030 144,85 119,78 1,1177 0,7388 1,0879 133,99 119,88 -7,6 % -4,9 % -9,6 % -7,5 % 0,1 % DUBLY DOUILHET GESTION* Liberté 50 Liberté Euro PEA Liberté Amérique Liberté Santé Liberté Oblige 154,45 170,65 440,24 233,58 223,77 162,45 179,10 451,12 266,73 223,84 5,18 % 4,95 % 2,47 % 14,19 % 0,03 % Mise en page et impression : PRINT FORUM 03 20 65 65 20 - Crédits Photos : Shutterstock © EUROSTOXX 50 STOXX 50 NEW YORK (Dow Jones) NEW YORK (Nasdaq) S&P 500 TOKYO (Nikkei) SUISSE (SMI) LONDRES (Ftse 100) FRANCFORT (Dax) PARIS (CAC 40) Or (Once en $) Pétrole (WTI en $) Pétrole (Brent en $) DEVISES 7SYVGI&PSSQFIVKWITXIQFVI0IWTIVJSVQERGIWTEWWqIWRITVqWEKIRXTEWHIWTIVJSVQERGIWJYXYVIW :EPIYVPMUYMHEXMZIHIW34'(YFP](SYMPLIX+IWXMSR ' 8 % /< ' 2 8 , / + ( 7 * ( 6 7 , 2 1 LILLE NANCY FSYPIZEVHHIPE0MFIVXq0-00) 8qP*E\ VYI7XERMWPEW2%2'= 8qP*E\ )QEMPHYFP]GSRXEGX$HYFP]JV[[[HYFP]JV 7%EYGETMXEPHI€6'70MPPI&