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LIBERTÉ INFO
N° 115 - OCTOBRE 2015
ÉCONOMIE
par
Hugues DUBLY - dublycontact@dubly.fr
Un vent d’optimisme a régné au début
de cette année dans les milieux politiques
et économiques européens : nous al-
lions vivre une période forte car les taux
étaient bas, le dollar était orienté à la
hausse et le pétrole à la baisse.
La conjonction de ces trois éléments que
l’on a surnommé « l’alignement des pla-
nètes » devait favoriser à la fois l’inves-
tissement, la consom-
mation, l’exportation,
les marges des entre-
prises, la confiance…
De fait, les taux bas
devaient inciter les
consommateurs à
(emprunter pour)
consommer, les inves-
tisseurs à (emprun-
ter pour) investir ;
la baisse du pétrole devait permettre
aux ménages d’économiser sur leurs
dépenses d’énergie et de carburant,
économie qui se serait reportée sur la
consommation ; et la hausse du dollar
devait permettre aux entreprises d’ex-
porter plus facilement dans les pays de la
zone dollar (et en Chine dont la monnaie
est très liée au dollar).
Et la Bourse a cru en cette conjonc-
ture favorable : les indices européens
ont gagné environ 15% sur le premier
semestre. Hélas, on avait oublié qu’en
matière économique à toute action cor-
respond une réaction.
Les taux bas sont une drogue à laquelle
l’économie s’habitue et dont il est ex-
traordinairement difficile de se sevrer,
comme le démontrent aujourd’hui les
Etats-Unis qui en ont bénéficié depuis
six ans et qui en repoussent sans cesse
la hausse de crainte de
la récession, comme
le démontrent aus-
si les pays mal gérés
qui peuvent augmen-
ter leurs déficits sans
être pénalisés par une
hausse des frais finan-
ciers.
La hausse du dollar
fait des dégâts col-
latéraux. Les entreprises américaines
exportatrices voient leur chiffre d’af-
faires et leurs marges baisser et même
les produits chinois sont pénalisés par la
hausse de leur monnaie, le Yuan. D’où
un ralentissement de l’économie chinoise
qui a provoqué cet été en bourse des
soubresauts importants.
La baisse du pétrole (et des matières
premières) enfin est très néfaste pour les
pays producteurs qu’ils soient dévelop-
pés comme le Canada, ou en voie de dé-
L’ALIGNEMENT DES PLANÈTES :
DOCTEUR JEKYLL OU MISTER HYDE
2
Les taux bas
sont une drogue
à laquelle l’économie
s’habitue et dont il est
extraordinairement
HMJ½GMPIHIWIWIZVIV
veloppement (Venezuela, pays du Moyen
Orient, Brésil, etc…). Les diffi cultés de
ces pays reviennent tel un boomerang sur
les pays développés auxquels ils achètent
moins, provoquant des interrogations
voire des difficultés dans des secteurs
aussi différents que le luxe, l’automobile
ou la pharmacie.
Ces incertitudes ont provoqué cet été
des reculs, parfois brutaux et importants
(de l’ordre de 10-15 %) des bourses ef-
façant pratiquement l’avance du premier
semestre.
Il est probable que la réaction des mar-
chés fi nanciers ait été un peu exagérée.
Mais ils nous ont rappelé que l’économie
aujourd’hui était mondiale et la nécessité
pour les nations de se concerter et de
faire taire les égoïsmes pour parvenir à
mettre en œuvre un développement har-
monieux pour le plus grand bien de tous.
Sommaire
> L’alignement des planètes : Docteur
Jekyll ou Mister Hyde p 2 à 3
> Assouplissement quantitatif
ou « quantitative easing » :
ange ou démon ? p 4 à 6
> Le dollar est notre monnaie
mais c’est votre problème p 7 à 9
> BIC s’envole avec le dollar p 10 à 11
> La baisse du prix du baril :
une bonne nouvelle ?
p 12
à 14
> La fortune…
sourit aux audacieux p 15
Directeur de la publication : Hugues Dubly
Imprimerie : PRINT FORUM
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Tél.
03 20 65 65 20
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3
4
Devant les crises majeures que nous ve-
nons de connaître, des crises potentiel-
lement systémiques pour les banques et
le fi nancement de l’économie en général,
les différentes Banques centrales autour
du monde ont décidé d’intervenir vigou-
reusement par des programmes d’assou-
plissement quantitatif.
Le terme assouplissement quantitatif,
traduction de l’anglais 5YERXMXEXMZIIEWMRK
(QE), est le fait pour une Banque centrale
d’utiliser une politique moné-
taire non convention-
nelle en achetant des
actifs avec de la
monnaie qu’elle
crée.
Le caractère non
conventionnel
de ces politiques
tient au fait que
la Banque cen-
trale n’est plus en
mesure d’utiliser les
outils traditionnels de
politique monétaire en cas
de circonstances économiques
exceptionnelles (taux directeur proche
de zéro conjugué à un risque de défl a-
tion).
Dans la pratique, l’assouplissement quan-
titatif consiste à augmenter le bilan de la
Banque centrale au travers de l’acquisi-
tion d’actifs (créances obligataires : em-
prunts d’Etat, titres hypothécaires voire
corporate).
Cette politique de création monétaire
s’effectue par l’achat direct sur les mar-
chés, elle bénéfi cie directement aux dé-
tenteurs de ces titres qui par l’allègement
de leurs bilans seront susceptibles de
réallouer une partie de leurs ressources
au financement de l’économie ce qui
est le principal but recherché
par la mise en œuvre de
cette politique. Bien
entendu, celle-
ci s’accom-
pagne d’une
politique
de taux
proche de
zéro des-
tinée à en-
courager les
acteurs éco-
nomiques qu’ils
soient ménages
ou entreprises à re-
prendre le chemin de la
consommation ou de l’investisse-
ment puisque la liquidité est disponible
et peu chère.
Historiquement c’est au Japon dans les
années 2001 et 2006 pour faire face à
une grave crise déflationniste que l’on
ASSOUPLISSEMENT QUANTITATIF
OU « QUANTITATIVE EASING » :
ANGE OU DÉMON ?
ECONOMIE
Stéphane COCHENER - [email protected]
5
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IRNIYW´qPrZIRX
à 60MdTEVQSMW
a mis en place très tardivement les pre-
mières mesures de ce type, le résultat a
été décevant car les montants ont été
trop faibles et le Japon a arrêté très bru-
talement cette expérience en 2006.
Paradoxalement, c’est la crise de 2008
qui a provoqué un déclenchement simul-
tané des mesures de
« QE » dans les pays
anglo-saxons.
L’Angleterre, dès mars
2009, a acheté plus de
165 Md£ d’actifs à ses
institutions financières
puis dès 2010 plus de 200 M£ permet-
tant de réactiver le crédit interbancaire
anglais complètement bloqué.
A la même époque devant une crise
des subprimes qui allait provoquer une
déflation mortifère, les Etats-Unis, dès
novembre 2008, ont lancé leur premier
QE à hauteur de 600 Md$.
La Banque centrale américaine (FED)
a poursuivi son action pendant 6 ans
d’abord en 2010 puis en 2012 par des
rachats massifs d’actifs financiers afin
d’augmenter la quantité de monnaie en
circulation dans l’économie.
La réalité de 2015 nous montre que ces
actions ont permis de sécuriser les sys-
tèmes bancaires en octroyant de la liqui-
dité à des taux très bas et en mettant en
œuvre l’assainissement des bilans. Une
partie du risque est désormais porté
par les Banques centrales qui, en sécu-
risant le système tout entier, prennent
peu de risque de défaut. Il est également
démontré que la politique monétaire in-
fluence l’économie réelle après un délai
qui s’étage entre 18 et 24 mois. Ainsi,
si on analyse le « QE » américain entamé
en novembre 2008, la croissance est re-
passée positive après six trimestres et
ne s’est pas ralentie depuis, alors que
la FED a continué le
programme d’assou-
plissement quantita-
tif jusqu’en octobre
2014.
La Banque centrale
européenne (BCE) a
décidé début 2015 d’adopter l’assou-
plissement quantitatif pour lutter contre
les mêmes maux (inflation faible, crois-
sance atone et Etats surendettés). Les
montants en jeu s’élèvent à 60 Md par
mois. Gageons que la décision de la BCE
aura les mêmes effets sur la croissance,
avec un premier constat concluant sur
l’inversion de tendance de l’octroi de
crédits dans la zone Euro qui est nette-
ment repassé en territoire positif.
Il faut néanmoins considérer une po-
litique de « QE » comme un outil utile
mais qui doit s’accompagner de mesures
structurelles des Etats afin de relancer la
confiance des acteurs économiques.
En zone Euro, alors que les politiques
budgétaires sont loin d’être harmoni-
sées, l’intervention de la BCE, destinée
à relancer l’économie et à abaisser de
manière drastique le coût de la dette
des Etats membres, permet aux mau-
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