LSVS – Semestre 5 – Biologie des interactions - 2
sulfooxydante, a la capacité de transformer ce sulfure en sulfate en libérant néanmoins du peroxyde
d’hydrogène, dont une augmentation de concentration lui serait fatale. Le roseau intervient alors de par sa
capacité de sécrétion de catalases, enzymes décomposant la molécule toxique en eau. Les symbiontes
bénéficient ainsi l’un de l’autre sans contact direct.
Nous pourrons cependant observer des cas d’associations dans lesquels des enchevêtrements d’hyphes
peuvent entourer des microorganismes, lors de symbioses lichéniques par exemple, tout comme des cas de
colonisation cellulaire où nous aurons un contact direct entre les deux organismes. Cette dernière association
peut être illustrée par l’entrée d’une bactérie dans la racine d’une plante, colonisant méats et sillons
intercellulaires, sans pour autant qu’il y ait différenciation en structure spécialisée ou pénétration des tissus par
la bactérie.
NATURE ET ENJEUX DES ECHANGES
Les microorganismes favorisant la croissance et améliorant généralement le fitness des plantes sont appelés
PGPB « Plant Growth Promoting Bacteria ». Tout comme lors de la symbiose riz-Azospirillum où le
microorganisme synthétise de l’auxine, certaines bactéries permettront aux plantes hôte d’acquérir des
nutriments et interviendront dans la compétition contre les pathogènes de ces plantes à travers, par exemple,
une meilleure fixation des composés d’intérêt nutritif ou une libération de toxines.
Les échanges entre la plante et le microorganisme consistent alors en des échanges nutritionnels, mais aussi en
des fonctions de protection pouvant être favorables aux deux organismes. Pour cela, certaines interactions où
les microorganismes colonisent les plantes de manière intracellulaire utilisent des systèmes très développés de
reconnaissance entre les symbiontes. Ainsi et d’une manière générale, plus le contact entre les symbiontes sera
étroit et la colonisation importante, plus la reconnaissance sera spécifique.
Certains cas de symbioses mutualistes ne seront pas aisés à mettre en évidence. Prenons l’exemple de
certaines graminées, pouvant être colonisées par des champignons endophytes pénétrant dans la plante à
partir de la fleur et se développant au sein de la tige et jusqu’à la graine dont la dissémination entraînera celle
du parasite. Certains de ces champignons ne pouvant ainsi plus se développer sans leur plante hôte, nous
pourrions alors dans certains cas considérer un cas de parasitisme. Mais en réalité, nous avons souvent affaire
à un commensalisme au bénéfice du champignon, quelquefois à une pathogénie de par la perte de la capacité
de reproduction de la plante, ainsi que parfois un bénéfice pour la plante, comme par exemple lors de la
symbiose entre l’ergot du seigle Claviceps purpurea et la fétuque.
Cette dernière étant en effet une plante fourragère très prisée des ruminants,
une consommation de celle-ci couplée à l’endophyte (produisant des acides
lysergiques) entraine chez les bovins une diminution de la production laitière,
une léthargie, un grossissement, puis la mort. Le champignon apporte ainsi une
protection contre les herbivores et insectes brouteurs qui pourraient décimer
des populations de fétuques par champs entiers, et favorise ici la croissance de
la plante, sans pour autant avoir un rôle nutritionnel.
Concernant l’épipogeon Epipogeum alphilum, une orchidée rare ne pratiquant
pas de photosynthèse et n’étant donc pas autotrophe, il est difficile de conclure
à un cas de symbiose ou de parasitisme. En effet, cette plante sera en
association avec des champignons mycorhiziens qui, en association avec
d’autres plantes, autorisent les échanges carbonés entre une première plante
et l’orchidée. Ce mécanisme permet ainsi la croissance d’un organisme relativement parasite, qui en échange
pourrait favoriser la stabilité de la structure : nous oscillons donc entre un cas de parasitisme et de
commensalisme.