Port 2000

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Port 2000,
L’accompagnement
environnemental
d’un chantier innovant
sommaire
1. Port 2000, un chantier innovant au cœur de l’estuaire de la
Seine
1.1. Contexte estuarien, politique du GPMH
1.2. Pourquoi Port 2000 ?
1.3. Un projet d’intérêt public majeur
1.4. Les grandes étapes du chantier
1.5. Réduire les impacts du chantier en s’adaptant aux spécificités de
l’estuaire de la Seine
2. Préserver le patrimoine archéologique
3. Les mesures en faveur de la biodiversité
3.1. Les mesures préventives : la sauvegarde des espèces protégées
3.2. Pour les oiseaux, des sites dédiés au repos et à la tranquillité
3.2.1Le reposoir sur dune
3.2.2L’îlot en Seine, une nouvelle île pour les oiseaux dans l’estuaire
3.2.3Reposoir pour les canards à l’est du pont de Normandie
3.3. L’espace préservé : la préservation et gestion écologique d’un espace
naturel
3.4. La plage à vocation écologique
3.5. Le renforcement de l’intérêt écologique de la Réserve Naturelle
Nationale de l’Estuaire de la Seine
3.6. La réhabilitation des vasières de l’estuaire : une opération de génie
écologique d’envergure
4. Mesurer l’efficacité des actions : les suivis scientifiques
5. La suite : partager, valoriser, transmettre
2
1.
1.1.
Port 2000, un chantier innovant
au cœur de l’estuaire de la Seine
Contexte estuarien, politique
de HAROPA - Port du Havre
L’estuaire de la Seine est un vaste ensemble de milieux naturels
et d’habitats d’une grande richesse écologique abritant de très
nombreuses espèces protégées.
Pour traduire cette réalité écologique, différents dispositifs de
protection sont en place : Natura 2000 et sa Zone de Protection
Spéciale pour les oiseaux, la Réserve Naturelle de l’Estuaire de la
Seine, l’une des plus grandes réserves de France et le Parc Naturel
Régional des Boucles de la Seine Normande.
HAROPA - Port du Havre développe ses activités dans cet
environnement estuarien où l’équilibre entre développement des
activités industrialo-portuaires et préservation d’un écosystème à la
fois riche et fragile doit être recherché en permanence.
HAROPA - Port du Havre s’engage depuis maintenant plusieurs
années en faveur de l’environnement
- en assurant une gestion cohérente de son territoire dans le
respect du patrimoine naturel
-
en œuvrant pour réduire l’impact environnemental des activités
portuaires et industrielles
- en intégrant l’environnement dans chaque projet
d’aménagement dès l’origine
-
et en développant des partenariats avec les acteurs locaux.
Port 2000 s’intègre complètement dans cette politique
Environnement ambitieuse et, pour réduire et compenser les
impacts du projet, un vaste programme d’action contribuant à
la préservation de l’environnement a été engagé dès 1999 avec
l’ambition d’amorcer un véritable programme de réhabilitation de
l’écosystème estuarien.
3
5
éme
1.2. Pourquoi Port 2000 ?
Les années 90 voient l’essor des échanges intercontinentaux et
du trafic conteneurs dans un environnement ultra-concurrentiel,
entraînant l’accroissement continu de la taille des porte-conteneurs.
Pour anticiper la saturation progressive des infrastructures
portuaires havraises, le Port du Havre décide la création d’un
nouveau port extérieur assurant l’accueil et le traitement rapide
des plus grands porte-conteneurs du monde dans des conditions
nautiques et logistiques optimales. Port 2000 était né !
Port 2000 comprendra à terme 12 postes à quais associés à de
larges terre-pleins pourvus d’équipements de manutention à haut
rendement et connectés à des parcs logistiques dont l’un en
relation directe avec les nouveaux terminaux à conteneurs.
Cinquième port européen, HAROPA - Port
du Havre est à la fois un port généraliste
qui accueille environ 6 000 navires
par an, le 1er port français pour les
conteneurs avec 2,6 millions d’unités
en 2014 (soit 59% du trafic conteneurisé
hexagonal), un port pétrolier, un port de
référence pour le trafic roulier et un site
d’accueil pour les navires.
1.3. Un projet d’intérêt public majeur
En septembre 1995, au Havre, Jacques Chirac, Président de la République,
déclarait le projet Port 2000 comme un « projet d’intérêt public majeur ».
Vue aérienne de l’estuaire avant Port 2000 (1997)
Le Havre devient avec Port 2000 une plate-forme incontournable
pour une logistique européenne performante.
Pour prendre en compte les enjeux socio-économiques au niveau régional
et national et le contexte écologique, un Débat Public, le premier du
genre, est lancé. Pendant quatre mois, de novembre 1997 à mars 1998,
quarante-deux réunions ont ainsi été organisées, cette concertation large
des parties prenantes prenant pied sur les deux rives de l’estuaire et à
Paris. Elle s’est poursuivie jusqu’aux enquêtes publiques de mars à mai
2000.
Port 2000, c’est...
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un volume total de matériaux dragués de 45 millions de m3
12 postes à quais et 4 km de quais constitués d’une paroi
en béton moulée dans le sol d’une hauteur de 40 m et d’une
épaisseur de 1,20 m
un tirant d’eau de 14,5 m en toutes conditions de marées,
pour une profondeur moyenne de 16 m
des terre-pleins d’une largeur de 500 m
la digue au Nord de 500 m et la digue Sud de 5 800 m
le chenal d’accès de 4 000 m et le cercle d’évitage dans
Port 2000 de 700 m de diamètre
des mesures environnementales pour réduire et compenser
les impacts
Vue aérienne de l’estuaire (2015)
1.4.
Les grandes étapes du chantier
Un chantier en 3 phases
Après obtention des différentes autorisations, les travaux commencent en
mai 2001. Les premières étapes sont les autorisations pour :
-
la création du quai et des digues et accès maritimes
-
la réalisation de 4 premiers postes à quai,
-
le creusement d’un chenal,
-
la création de nouvelles dessertes terrestres proches des terminaux,
-
et les mesures environnementales.
4
En 2007, la seconde phase de Port 2000, comprenant la réalisation de
six postes à quai supplémentaires, de dessertes terrestres et de mesures
environnementales complémentaires, commence. Après obtention des
autorisations, les travaux débutent mi-2007. Cinq postes supplémentaires
à l’ouest des quatre premiers, et un poste fluvial en fond de darse, à
l’est des quatre premiers, sont livrés mi-2010. En parallèle, des dessertes
terrestres, routières et ferroviaires sont développées.
5
Le chantier en quelques dates
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-
1995 : 1995 - 1997 : Novembre 1997 à mars 1998 : 1998 - 2001 :
Été 2001 : Automne 2005 : Été 2007 : Eté 2010 : J. Chirac, Président déclare le projet « d’intérêt national »
Maturation du projet au Port du Havre
Débat public
Constitution des dossiers de demandes d’autorisation
Démarrage du chantier
Fin du chantier Phase 1 et mise en service des 4 premiers postes
Lancement de la phase 2
Fin du chantier Phase 2 et mise en service des 6 postes suivants
1.5.
Réduire les impacts du chantier en s’adaptant aux spécificités de l’estuaire de la Seine
Partenariat : Groupement Digue de protection et Accès Maritime 2000 DPAM 2000 (dont DREDGING International)
La réalisation d’un chantier de cette taille, dans un milieu estuarien riche
et mouvant, a posé 3 questions complexes :
- Comment minimiser l’impact sur les courants à la suite de la
construction de la digue ?
-
Comment réutiliser les matériaux, pour un chantier qui en nécessite
plusieurs dizaines de millions de m3 ?
- Comment travailler au maximum avec les éléments naturels,
courants et marées ?
… défi technique auquel les ingénieurs en charge de la réalisation de
Port 2000 ont répondu en 3 actions :
-
les dragages d’accompagnement
-
le phasage de la construction des digues
-
la réutilisation des matériaux locaux.
Opération de dragage en cours
Les dragages d’accompagnement
La construction de la digue de Port 2000 au sud a modifié le chenal de flot (trajet de la mer à marée montante) au nord de l’estuaire.
Pour éviter des dépôts de sédiments plus en amont dans le chenal de navigation de la Seine ou sur les vasières situées au pied du
pont de Normandie, des dragages dits « d’accompagnement » ont été entrepris entre la nouvelle digue de Port 2000 et la digue Basse
Nord de l’Estuaire. Le résultat est visible sur l’illustration ci-dessous.
1
6
AVANT
2
APRES
7
2.
Préserver
le patrimoine archéologique
Partenariats : Département de la Recherche Archéologique
Subaquatique et Sous-Marine (DRASSM) du ministère en charge
de la Culture, Arc’Antique, Arc Nucléart
Actions
Avant le chantier, une recherche d’engins de guerre a été menée.
Sur la base des données du Port du Havre, le Département de la
Recherche Archéologique Subaquatique et Sous-Marine (DRASSM)
a effectué une campagne de prospection préventive et d’expertise
approfondie sur 19 épaves probables, complétée par un important
travail d’analyse d’archives conduit par des archéologues.
Résultats
Mise en œuvre des enrochements sur le chantier (construction de la digue)
Le phasage de la construction des digues
Le phasage de la construction des digues a été décidé sur la base de
modélisations innovantes des dynamiques hydrosédimentaires. Objectif
atteint, les érosions parasites ont été minimisées, les sédimentations dans
les secteurs sans incidences environnementales ont pu être favorisées.
Les déplacements de matériaux, en particulier pour le soubassement des
digues ont pu être anticipés.
La réutilisation des matériaux
Au total, 35 millions de m3 ont été réutilisés. De plus, la conception des
digues a été adaptée pour permettre l’utilisation des matériaux graveleux
dragués. Stockés sous l’eau dans un endroit facilement accessible, à
l’abri de la digue en construction, puis décantés, ils ont été repris pour
les travaux.
Les enrochements, du local, du local, encore du
local pour un développement durable !
Les enrochements des digues ont été fournis par des carrières
normandes. Les blocs de granit, de quartzite et autres matériaux
ont été amenés par la mer ou par le fleuve. Résultat, pas un seul
des 600 000 m3 d’enrochements venant de Basse-Normandie, ni
un seul des 800 000 m3 de matériaux venant de Haute-Normandie
n’aura transité par la route !
Et cerise sur la gâteau, la réhabilitation en fin de chantier de la carrière
de Trouville-La-Haule (en Haute-Normandie dans le Parc Régional
des Boucles de la Seine) est à l’origine de la création d’une zone
humide et d’une prairie pour accueillir rapaces, chauves-souris et
flore patrimoniale. Finalement, le site de cette carrière qui est dans
le périmètre du Parc Naturel s’est trouvé entièrement réhabilité
grâce au chantier portuaire.
Cinq des 19 épaves potentielles se sont révélées être des épaves
de navires modernes du XIXe et du XXe siècle. Des débris d’un
navire du XVIIe ont été remontés, avec des pièces exceptionnelles :
deux canons en fonte de fer du XVIIe et un pierrier en fer forgé
monté sur poutre affût du XVIe, une pièce rarissime ! Au total, plus
de 150 objets d’intérêt divers, dont un octant, ont ainsi été extraits
des fonds. Après leur découverte, les principaux objets présentant
un intérêt archéologique ont été remis à des laboratoires spécialisés
pour faire l’objet de traitements conservatoires. L’examen de leur
rapatriement au Havre est en cours.
Octant
Fragment d’une assiette en faïence
Pierrier en fer forgé du XVIème siècle
Canon en fonte du XVIIème siècle
8
9
3.
Le paysage aussi !
Partenariats : Agence d’Urbanisme de la Région du Havre AURH,
communautés de communes riveraines
Un double mur-écran a été installé entre Port 2000 et le terminal
pétrolier de la CIM (Compagnie Industrielle Maritime) pour des
raisons de sécurité et surtout pour masquer les bacs de stockage
pétroliers aux riverains du sud de l’estuaire. Ce mur est constitué
d’environ 1 000 conteneurs, lestés de sables et graviers issus des
dragages de Port 2000.
Cet écran participe à la mise en valeur des paysages, un camaïeu
de peintures aux couleurs spécifiquement étudiées (vert clair,
vert foncé et blanc) a été appliqué sur les conteneurs pour qu’ils
s’intègrent harmonieusement au site.
Un rideau d’arbres planté à l’abri de ce dispositif permettra à terme
de masquer le haut des bacs vus de la rive sud.
Les mesures
en faveur de la biodiversité
Avec plus de 50 millions d’euros dédiés aux mesures environnementales,
Port 2000 s’intègre dans une véritable politique de développement
durable dans l’Estuaire de la Seine en étroite concertation avec les acteurs
concernés. Mis en œuvre par le Grand Port Maritime du Havre à partir de
2001, ce programme a été réalisé en très étroite concertation avec le
Conseil Scientifique de l’Estuaire de la Seine, la Direction Régionale de
l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement DREAL de HauteNormandie et la Maison de l’Estuaire, gestionnaire de la Réserve Naturelle
Nationale de l’Estuaire de la Seine.
Mise en place des conteneurs du mur écran
Réserve Naturelle Nationale de l’Estuaire de la Seine
Zones Natura 2000
Espace sous convention de gestion
Les mesures environnementales de Port 2000 ont été mises en œuvre,
soit à titre de compensation d’impacts directs, soit en accompagnement
environnemental, pour s’inscrire dans une dynamique d’amélioration de
l’environnement de l’estuaire de la Seine et comprennent :
-
des mesures préventives de sauvegarde des espèces
-
l’aménagement de plusieurs lieux de repos pour les oiseaux
-
la préservation et la gestion écologique d’un espace naturel, l’Espace
Préservé
-
la création d’une plage à vocation écologique
-
le renforcement de l’intérêt écologique de la Réserve Naturelle de
l’Estuaire
-
une opération de génie écologique pour réhabiliter les vasières
-
la formation et l’information environnementales d’un large public
-
un important programme de suivis scientifiques
Limite de circonscription
Plage à vocation écologique
L’Espace Préservé
Port 2000, les premiers terminaux avec collecte
et traitement des eaux pluviales !
Les vasières
Reposoir sur banc herbeux
Le reposoir sur dune
Les terminaux de Port 2000 ont été les tout premiers terminaux
en France conçus avec un réseau de collecte et de traitement
des eaux de pluie. Les potentielles pollutions accidentelles
sur un terre-plein sont isolées dans les réseaux de collecte et
traitées pour éviter tout rejet dans les bassins portuaires.
L’îlot reposoir en Seine
1er terminal de PORT 2000 : Terminal de France (2006)
10
8 Km
11
3.1. Les mesures préventives : la sauvegarde des
espèces protégées
3.2.
3.2.1 Le reposoir sur dune
Partenariat : Conservatoire Botanique National de Bailleul CBNBl,
Maison de l’estuaire, Université de Savoie
Partenariat : Conseil Scientifique de l’estuaire de la Seine, DREAL,
Observatoire de l’avifaune, Maison de l’estuaire, DERREY, SCE
CREOCEAN, GTM, ETPO, EIFFEL, CEMAT, Cabinet Reymond.
Avant le démarrage des travaux terrestres, environ 5 000 spécimens
de crapauds calamites et pélodytes ponctués, espèces protégées,
ont été capturés puis réintroduits dans des secteurs appropriés à leur
préservation, dans l’estuaire et à Antifer. Un suivi scientifique de ces
populations (marquage et radiopistage) a été réalisé par un laboratoire
de l’université de Savoie pour estimer la réussite de l’opération. Selon
les sites, les populations se sont plus ou moins bien adaptées à leurs
nouveaux milieux de vie.
La transplantation de deux plantes protégées (le Crambé maritime et
l’Orobanche du picris) a également été entreprise avant destruction
des sites où elles avaient été repérées. Compte-tenu des particularités
écologiques de ces deux plantes, le Conservatoire Botanique National de
Bailleul chargé de l’opération a proposé un programme d’expérimentations
et d’observations scientifiques s’étalant sur plusieurs années. Après
prélèvements de graines, boutures et plantes entières, des essais en
laboratoire ont permis de les cultiver. Les populations de plantes ainsi
transférées sont toujours sous la surveillance du Conservatoire Botanique.
Pour les oiseaux, des sites dédiés au repos et à la tranquillité
Sterne caugek
Premier chantier réalisé dans le cadre de Port 2000, le reposoir sur dune
est une zone de repos pour les oiseaux d’eau de l’estuaire (canards et
autres espèces se nourrissant sur les vasières à marée basse), dont
la vocation est de remplacer le site de 40 hectares où ces oiseaux se
concentraient avant les travaux de construction de Port 2000. Défini en
lien avec la DREAL et la Maison de l’Estuaire, cet aménagement a été
réalisé fin 2001.
Bécasseau variable
Crapaud Calamite
Pluvier argenté
Vue aérienne du « reposoir sur dune »
Le projet a consisté à créer, sur un espace de 45 hectares :
-
un bassin soumis à l’influence de la marée,
- de grandes zones à sec parsemées de végétation (arbustes,
roselières et herbacées) pour fournir aux oiseaux les conditions
nécessaires à la nidification.
Liparis de loesel
Orobranche du picris
Elyme à feuilles de jonc
Glaux maritime
Pyrole à feuilles rondes
Malgré une fréquentation relativement faible à la mise en service due
à des difficultés à définir les niveaux d’eau appropriés, aujourd’hui le
reposoir accueille de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau, canards en
migration, mouettes et sternes, courlis cendrés, gravelots, chevaliers,
pluviers, bécasseaux, spatule blanche… et une cinquantaine de couples
d’avocettes élégantes en nidification ont déjà été observés !
Courlis cendré
Le site est ouvert au public et, pour permettre de découvrir ce site et
la biodiversité ornithologique de l’Estuaire de la Seine, deux postes
d’observation ont été installés en 2005.
Avocette élégante
12
13
3.2.2 L’îlot en Seine, une nouvelle île pour les oiseaux dans l’estuaire
Partenariat : Conseil Scientifique de l’estuaire de la Seine, DREAL,
Port de Rouen GPMR, Observatoire de l’avifaune, Maison de l’estuaire,
Atlantique Dragage, Boskalis International, Groupe Ornithologique
Normand, ARTELIA
L’îlot reposoir, situé dans la partie sud de l’estuaire en face de Villerville,
entre Honfleur et Trouville, a été achevé en avril 2005, après un an de
travaux. Ce site mesure 320 mètres de long par 200 m de large. Conçu par
les ingénieurs du port du Havre, avec l’aide d’ornithologues, l’îlot artificiel
a été construit sur le banc du Ratier, un haut-fond au sud du chenal de
Rouen. Prouesse technique compte-tenu de sa situation en plein cœur
d’un estuaire soumis aux marées de forte amplitude, sa création a nécessité
l’apport de 544 000 tonnes de sédiments sablo-graveleux et de 57 000
tonnes d’enrochements. La conception de l’îlot reposoir a tenu compte
de plusieurs exigences techniques et environnementales, les courants
de l’estuaire ne devaient pas être affectés, et l’îlot reposoir devait à la
fois résister aux tempêtes et disposer d’une plage susceptible d’évoluer
naturellement. Une forme en « haricot » a ainsi été imaginée pour
mieux résister aux conditions de houle et offrir différents habitats
pour l’avifaune. Il fait aujourd’hui 5 hectares à marée basse et près
de 1,5 hectare à marée haute. A l’exception des agents de la Maison
de l’Estuaire, qui assurent la gestion et le suivi du site, toute présence
humaine y est interdite, afin de préserver la quiétude du lieu.
Après 9 années de suivis et d’observations de l’îlot reposoir, la stratégie
retenue pour la création de l’îlot a porté ses fruits. Le site évolue
naturellement au fur et à mesure des marées, du temps et des saisons. Il
accueille aujourd’hui de nombreuses espèces comme la Sterne caugek,
la Sterne pierregarin, le Gravelot à collier interrompu, le Courlis cendré,
la Sterne naine, la Mouette pygmée, l’Huîtrier pie, le Courlis cendré et le
Courlis corlieu. Depuis 10 ans, environ 70 espèces d’oiseaux différentes
fréquentent ou ont fréquenté le site !
Tadorne de belon
Sarcelle d’hiver
Spatule blanche
Aigrette garzette
Butor étoilé et ses petits
3.2.3 Reposoir pour les oiseaux à l’est du pont de Normandie
Partenariat : Conseil Scientifique de l’estuaire de la Seine, DREAL,
Observatoire de l’avifaune, Maison de l’estuaire, Groupe Ornithologique
Normand
L’aménagement d’un plan d’eau sur le Banc herbeux, un site à l’est
du Pont de Normandie, constituait une mesure optionnelle pour créer,
dans un secteur de l’estuaire où la chasse est interdite, des plans d’eau
destinés au repos et à l’alimentation des canards. L’aménagement
comporte également des zones favorables au butor étoilé, héron protégé
en Europe. Sa conception a été étudiée conjointement par la Maison de
l’Estuaire (maître d’ouvrage), les chasseurs de l’estuaire et les associations
locales de protection de la nature.
Après de premières études de conception menées dans le cadre du
premier plan de gestion de la Réserve Naturelle, les reconnaissances de
sol ont conduit à revoir sa conception et les travaux ont pu être réalisés
en 2012. Et les oiseaux s’approprient peu à peu ce site en plein cœur de
l’estuaire !
14
Plan d’eau estuarien : milieu attractif pour les canards
15
3.3. L’espace préservé : la préservation et gestion
écologique d’un espace naturel
Partenariat : Conseil Scientifique de l’estuaire de la Seine, DREAL,
Observatoire de l’avifaune, Maison de l’estuaire, Conservatoire Botanique
National de Bailleul
En 1999, les études environnementales préalables à Port 2000 ont
identifié, dans un espace d’anciens remblais portuaires au sud-est
de Port 2000, initialement destiné aux aménagements, différentes
espèces protégées ou rares : des plantes, dont plusieurs orchidées en particulier le Liparis de Loesel, la gesse des marais et l’élyme des
sables-, d’amphibiens protégés (grenouilles, tritons, crapauds) et plus
d’une centaine d’oiseaux protégés, nicheurs, migrateurs et hivernants. Le
Port du Havre a donc décidé de retirer du secteur aménagé cet espace
d’environ 70 ha, aujourd’hui dénommé Espace Préservé et d’y mettre en
œuvre une gestion environnementale.
Des mesures de gestion environnementales ont été mises en œuvre dès
2001 et pour répondre au souci de conservation des espèces protégées
et rares, la protection de cet espace a donné lieu à la signature d’une
convention en 2004, entre l’État et le Grand Port Maritime du Havre.
Deux plans de gestion écologique, élaborés de 2004 à 2016, ont été
mis en œuvre avec l’aide des gestionnaires de la Réserve Naturelle, du
Conservatoire Botanique National de Bailleul et de la Direction Régionale
de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement.
Les principales opérations prévues au plan de gestion sont menées par
la Maison de l’Estuaire, le Conservatoire Botanique National de Bailleul
et le Port du Havre. Ce plan comporte des opérations de restauration,
de gestion des milieux les plus intéressants et le suivi scientifique des
espèces protégées et les botanistes du conservatoire sont chargés de
gérer les secteurs où se développe l’orchidée Liparis de loesel. Ils ont,
par exemple, entrepris en 2004 et 2014 des opérations expérimentales
de creusement des zones abritant le Liparis pour favoriser l’humidité
des sols, facteur déterminant pour la survie de cette plante des zones
humides.
Les premiers suivis montrent que les populations d’espèces protégées et
rares (plantes, oiseaux, amphibiens) se maintiennent et dans certains cas,
progressent sous l’effet des mesures de gestion entreprises. Le Liparis,
quant à lui, est surveillé plus attentivement depuis quelques années,
sa population montrant un déclin préoccupant. Le Port du Havre et le
Conservatoire Botanique réfléchissent actuellement à des actions pour
maintenir cette espèce rare et emblématique.
Vue aérienne de la plage à vocation écologique
3.4.
La plage à vocation écologique
Partenariat : Groupement Dragage et Accès Maritime de Port 2000
DPAM 2000, GTM terrassement, Conservatoire Botanique National de
Bailleul
La plage à vocation écologique a été aménagée à l’abri des endiguements
de Port 2000, avec pour principal objectif de recréer un milieu pour les
plantes des milieux salés et des cordons de galets et de servir de reposoir
pour les oiseaux marins.
D’une surface de 4,5 hectares, cette plage est constituée d’une succession
d’étendues de sable à faible pente et de galets. Elle a été réalisée avec
des matériaux issus du creusement des accès nautiques de Port 2000.
Des laridés et limicoles, dont le Gravelot à collier interrompu, le Grand
Gravelot, de nombreuses espèces de mouettes et de sternes, sont
régulièrement observés et confèrent à cette plage une vraie valeur
patrimoniale.
Crambé maritime ou « choux marins »
Le crambé maritime ou « chou marin », plante protégée en France,
initialement présent dans l’emprise du chantier de Port 2000, y a été
implanté par le Conservatoire Botanique National de Bailleul, avec peu
de succès au début, la plage se façonnant au fil du temps sous l’action
de la houle. La plage semble actuellement se stabiliser, l’opération de
réimplantation va être renouvelée dans les années à venir.
16
17
3.5.
Le renforcement de l’intérêt écologique de la Réserve Naturelle Nationale de l’Estuaire de la Seine
Partenariat : Conseil Scientifique de l’Estuaire de la Seine, CSRPN,
Maison de l’estuaire, Conservatoire du littoral, DREAL et DDTM, GEPAES,
Fédération de la Chasse de Seine Maritime, CNRS, Office National de la
Chasse et de la Faune Sauvage
Depuis 2001, le Port du Havre contribue au financement d’actions inscrites
au plan de gestion de la Réserve Naturelle, et ces contributions peuvent
représenter jusqu’à 30 à 40% du budget annuel de fonctionnement de la
Réserve Naturelle.
Le fonds d’adaptation des pratiques de chasse a financé une
étude des populations d’oiseaux chassées (canards et sarcelles) et
des pratiques de chasse dans la Réserve Naturelle. Les ressources
alimentaires disponibles, mais aussi différents types de perturbations,
dont celle liée à la chasse, conditionnent l’abondance et la répartition
dans l’estuaire de ces oiseaux. Sur cette base, un cahier des charges
a été défini en concertation avec les acteurs concernés. Enfin, ce fonds
a permis d’accompagner la diminution de la pression de chasse sur
l’estuaire ; ainsi, près de 25 gabions de chasse ont pu être désactivés.
Plus spécifiquement, plusieurs actions ont été financées pour améliorer
l’intérêt écologique de la Réserve Naturelle.
Pour concilier agriculture et présence d’espèces rares, les gestionnaires
de la Réserve Naturelle incitent les agriculteurs à adopter des pratiques
agricoles plus écologiques comme la fauche centrifuge des parcelles, des
fauches tardives ou partielles laissant en place des zones refuges pour, par
exemple, préserver des nids de râles des genêts, espèce protégée rare
et emblématique. Grâce au fonds d’adaptation des pratiques agricoles,
un cahier des charges plus écologique pour les prairies humides a été
élaboré et des primes compensatoires ont été versées aux agriculteurs
mettant en œuvre ces mesures agro-environnementales.
Râle des genêts (oiseau nicheur des prairies humides, en voie de disparition et protégé)
3.6.
La réhabilitation des vasières de l’estuaire : une opération de génie écologique d’envergure
Partenariat : DREAL, Conseil Scientifique de l’estuaire de la Seine,
ARTELIA
Action
Le programme de réhabilitation des vasières de l’Estuaire de la Seine
représente la moitié du budget environnemental de Port 2000, 25 millions
d’euros, et concerne environ 300 hectares situés en rive nord de l’estuaire
de la Seine, de part et d’autre du Pont de Normandie. Il s’agit de créer
des vasières et de limiter la progression des herbus, les prés salés inondés
uniquement lors des grandes marées. Objectif : préserver les nourriceries
de poissons et d’oiseaux !
Initié durant l’été 2003 après la réalisation de modélisations, le chantier de
réhabilitation des vasières s’est achevé durant l’été 2005. En 2003, pour
retenir les sédiments fins et constituer de nouveaux dépôts de vases, un
épi de 550 mètres de long, perpendiculaire aux courants, a été réalisé
dans la fosse de flot Nord de l’estuaire. Puis, en 2004, l’épi a été rehaussé
sur 500 mètres, et la digue basse Nord a été prolongée, sur une longueur
de 2 000 mètres. Enfin, un chenal environnemental d’une largeur d’environ
90 mètres du nord au sud et une longueur de 2 800 mètres d’ouest en
est a été creusé et une nouvelle brèche dans les endiguements existant
au pied du Pont de Normandie a été créée au débouché amont du chenal
environnemental.
Nouveau chenal environnemental créé dans la vasière
Crevette
Néréis (ver de vase)
Flet (poisson plat)
Epinoche
Coque
Corophium (petit crustacé)
Résultats
Fauche des foins dans les prairies humides de la Réserve Naturelle
La progression des herbus a bien été stoppée. Des vasières se
développent sur plus de 150 ha à l’aval des aménagements le long de
la digue basse Nord et au sud du reposoir sur dune (mais un peu plus à
l’aval que prévu !) et le Banc de la passe s’est bien exhaussé. Néanmoins,
un apport de sable et de vase conséquent se produit dans le chenal
environnemental. Cette évolution non envisagée lors de la conception
des aménagements continue à être suivie en étroite concertation avec le
Conseil Scientifique de l’Estuaire de la Seine. Des études permettant de
comprendre la dynamique de ce secteur et les éventuelles adaptations à
y apporter sont en cours.
Vasière à marée basse
18
19
4.
Mesurer l’efficacité des actions :
les suivis scientifiques
En concertation avec les scientifiques travaillant dans l’estuaire de la
Seine, le suivi porte sur l’évolution des milieux et des espèces sensibles de
l’estuaire, notamment ceux sur lesquels Port 2000 est susceptible d’avoir
un impact. Il comporte principalement des suivis des fonds estuariens
(profondeur, nature des sédiments), des eaux (courants, qualité) et des
suivis biologiques (principales espèces aquatiques peuplant les fonds
sédimentaires, benthos, jeunes poissons et crevettes, oiseaux…). Pour
l’instant, les peuplements marins et aquatiques se maintiennent.
Le suivi des activités de la pêche professionnelle
Un suivi des activités de la pêche professionnelle a été mis en place dans
l’estuaire et en baie de Seine en étroite collaboration avec les comités
locaux des pêches de Haute et Basse-Normandie et sous l’égide des
Affaires Maritimes. Il s’agissait initialement de suivre l’impact du chantier
sur l’évolution des captures (produits pêchés et quantités) réalisées par les
pêcheurs pendant la période des travaux dans la baie de Seine orientale,
l’objectif étant de détecter le plus tôt possible d’éventuelles incidences
des aménagements portuaires sur les rendements de pêche. Depuis la
fin du chantier, les suivis continuent mais, cette fois, uniquement pour
mieux caractériser les pratiques de pêche et améliorer la connaissance
scientifique, d’un commun accord avec les professionnels de la pêche !
Un observatoire permanent de l’avifaune a aussi été mis en place par la
Maison de l’Estuaire. Les financements de Port 2000 dédiés aux suivis
scientifiques y contribuent. Ces dernières années, les oiseaux limicoles et
les canards plongeurs dénombrés dans l’estuaire sont en baisse, tandis
que certaines espèces sont en progression : oiseaux des roselières, oies
et canards de surface, spatule blanche et cigogne, busard des roseaux…
Poste d’observation du reposoir sur dune
Activités de pêche pratiquées dans l’estuaire et en baie de Seine
CSLHN
La crevette grise, espèce typiquement estuarienne
20
21
5.
La suite :
partager, valoriser, transmettre
Le programme de sensibilisation et de communication environnementale
en cours a pour principal objectif de faire connaître au grand public et
aux riverains l’intérêt écologique de l’Estuaire de la Seine. Des supports
de communication ont été élaborés, « Port 2000 et la biodiversité dans
l’Estuaire de la Seine », des affiches permettant de visualiser le patrimoine
exceptionnel de l’Estuaire de la Seine, les postes d’observation de
l’avifaune aux abords du reposoir sur dune font partie de ce programme.
Par ailleurs, les nombreuses opérations de découverte de la Réserve
Naturelle de l’estuaire amenées par la Maison de l’Estuaire viennent relayer
ces initiatives (mare pédagogique, sentiers pédestres…) non financés par
Port 2000.
Tous les résultats de suivis scientifiques sont partagés au niveau national
et régional, en particulier au sein du Groupement d’Intérêt Public Seine
Aval GIPSA.
Les mesures
environnemen
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Tél : 02 35 24 re
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22
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Réalisation
: Studio Préfér
Crédits photo
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s : Maison
de l’Estuaire,
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é. Édition 2013.
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téléphone
: 02 35 24 80 e
00
télécopie :
Courriel : comm
02 35 24
unication@
maisondelestu 80 09
site internet
aire.o
: www.mais
ondelestuaire.n rg
et
23
BV/CdC/2108260
Service Environnement
Terre-plein de la Barre - CS 81413
76067 LE HAVRE CEDEX - FRANCE
Tél. : 02 32 74 74 00 - Fax : 02 32 74 74 29
Accès : Port du Havre N° 3878
[email protected]
Mai 2015 – Conception : Direction Communication HAROPA - Port du Havre / Crédit photos : Frank DESCHANDOL & Philippe SABINE, GPMH, HAROPA
HAROPA - Port du Havre
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