Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
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Série STHR – Histoire et géographie
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Geneviève de Gaulle Anthonioz (1920-2002) est la nièce de Charles de Gaulle. Elle naît dans
une famille à la fois traditionnelle et non-conformiste, où elle côtoie des personnalités pensant
contre leur « milieu », dont son oncle, déjà repéré pour ses positions particulières dans l’armée :
« Dans un milieu en majorité antidreyfusard, écrira-t-elle, mon grand-père a été dreyfusard ; dans
un milieu en majorité munichois, mes oncles et mon père étaient antimunichois». Son père est
ingénieur des mines. Elle perd sa mère à quatre ans, puis sa sœur à 18 ans. Elle part étudier
l’histoire à l’université de Rennes.
La guerre commence et cette jeune femme, que la lecture de Mein Kampf a horrifiée à 14 ans,
réagit au discours du 17 juin de Pétain par une volonté immédiate d’entrer en désobéissance. Très
tôt, elle perpétue des actes isolés de résistance avant d’agir dans des réseaux plus structurés,
notamment avec sa tante Madeleine à Paris, et en 1943 dans le mouvement Défense de la France.
Elle bascule dans la clandestinité. Sous le pseudonyme de « Gallia », elle écrit dans le journal
clandestin du mouvement. Elle est membre du comité directeur de l’organisation et assure la
diffusion du journal résistant qui aura le plus fort tirage de la presse clandestine. Arrêtée par un
milicien en juillet 1943, elle est emprisonnée à Fresnes, comme Germaine Tillion, et déportée à
Ravensbrück quatre mois après elle en février 1944. La détention va la mettre dans un état
critique. Elle tient grâce à l’entourage de ses camarades qui l’ont surnommée le « petit de Gaulle ».
Les gardes SS ne savent pas au départ son lien avec Charles de Gaulle, dont elle apprend dans le
camp qu’il a descendu les Champs-Elysées. En octobre 1944, son identité ayant été repérée par
les nazis, Himmler veut l’utiliser comme monnaie d’échange ; mais après un traitement de faveur,
elle est parquée deux mois dans un bunker. Libérée en avril 1945, elle pèse 40 kilos. Elle se marie
l’année suivante avec un ancien résistant dont elle aura quatre enfants. Elle contribue à la
fondation de l’Association nationale des Anciennes Déportées et Internées de la Résistance (Adir),
dont elle devient la présidente dans les années 1960.
Elle restera sa vie durant attentive à la mémoire de la guerre, comme « gardienne du passé », lors
du procès de Klaus Barbie notamment en 1987. Aux côtés de son oncle dans le lancement du
RPF, elle sera collaboratrice d’André Malraux en 1958. Elle quitte cependant ce cabinet ministériel
quand elle découvre les bidonvilles de la banlieue parisienne et s’engage à cette époque contre la
grande pauvreté dans le mouvement Aide à Toute Détresse créé par Joseph Wresinski en 1957,
devenu ensuite ATD Quart Monde. Elle en sera présidente près de 40 ans, de 1964 à septembre
2001. Membre du Conseil économique et social en 1988, elle est à l’origine de la loi contre la
grande pauvreté, votée en 1998. Sa foi chrétienne et son parcours dans la Résistance et la
déportation ont nourri cet engagement spécifique contre l’extrême pauvreté en faveur de la dignité
humaine, comme elle l’a exprimé : « Peu à peu, ce que j’apprends des pauvres et des humiliés
laboure mon expérience de la déportation. J’ai essayé, dès mon retour, de l’enfouir au fond de moi
pour vivre enfin mon bonheur de femme aimée, de jeune mère, mais tout revient à la surface ».
Geneviève de Gaulle-Anthonioz a laissé trois écrits témoignages de sa vie : sur Ravensbrück et
l’univers concentrationnaire, La traversée de la nuit, en 2001 ; lors du procès de Klaus Barbie, la
préface du livre de Lise Lesèvre en 1987 ; sur son engagement contre la grande pauvreté, Le
Secret de l’espérance, en 2001.
Germaine Tillion (1907-2008), fille de notables provinciaux, bachelière en 1925, première année
où les épreuves sont mixtes, fait des études d’abord éclectiques : elle dira elle-même avoir fait
« des études qui me plaisent : archéologie (comme les parents), puis préhistoire, puis histoire des
religions, égyptologie, folklore français et celtique et surtout ethnologie qui me passionne ». Elle
approfondit en ethnologie et c’est dans cette voie qu’elle mène, dès les années 1930, des missions
d’étude en Algérie dans les Aurès, ce qui est rare pour une femme à l’époque. Cette immersion
dans les sociétés berbères traditionnelles, qui sont à peine touchées par les frémissements d’un
changement qu’elle pressent venir des grandes villes, marquera à jamais sa réflexion scientifique,
mais aussi humaniste et politique au moment de la guerre d’Algérie. Sa dernière mission de
l’époque se termine en mai 1940 et elle rentre en France alors que le pays vit les déboires
militaires et l’exode. Et c’est sur la route de l’exode, avec sa mère, qu’elle entend le 17 juin le
discours de Pétain qui suscite chez elle une réaction immédiate de refus de la défaite.
Résistante de la toute première heure, elle agit notamment dans ce qui sera nommé « le réseau du
musée de l’Homme ». Victime d’une trahison en août 1942, Germaine Tillion passe plusieurs mois
en prison avant d’être déportée en octobre 1943 à Ravensbrück. Sa mère, déportée elle aussi, y
mourra gazée. Germaine Tillion pose son regard d’ethnologue sur la mécanique concentrationnaire
et en décortique le fonctionnement. Pendant l’hiver 1944-1945, elle écrit en cachette avec l’aide