Étude de l'ONU sur les gaz à effet de serre - Les pays
accusent bien du retard pour stabiliser le climat
SOURCE : Le Devoir ; Louis-Gilles Francoeur ; 23 novembre 2010
Si tous les pays réalisaient les engagements inscrits dans l’Entente de Copenhague, cela correspondrait à 60
% des réductions nécessaires pour stabiliser d’ici 2020 la hausse du climat. Les engagements actuels de la
communauté internationale pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre en vue d'enrayer la hausse du
climat d'ici 2020 correspondent à 60 % des réductions qu'exige l'atteinte de cet objectif.
C'est ce que révèle une étude faite par une trentaine de sommités internationales en matière de modélisation
climatique, commandée par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Ce groupe
d'experts avait pour mandat de délimiter l'ampleur des engagements supplémentaires que doivent aller
chercher les négociateurs internationaux au sommet de Cancún afin d'atteindre l'objectif de stabilisation du
climat, qui a fait consensus jusqu'à présent.
Le rapport divulgué simultanément tôt ce matin à Helsinki, Mexico, Nairobi, Londres et Washington délimite
à sa façon l'enjeu principal de la conférence de Cancún, selon Achim Steiner, le directeur du PNUE.
«Ce partenariat sans précédent sur le plan scientifique de la part des modélisateurs du climat rend un verdict
clair et sans équivoque: confiner la hausse du climat à l'intérieur d'une marge sécuritaire est réalisable. Mais
la possibilité d'y arriver avec des investissements, dont les avantages couvrent les coûts, rétrécit chaque fois
qu'on ajoute de nouveaux délais. En ce sens, la conférence de Cancún représente la meilleure prochaine
ouverture qui nous permettra de réduire l'écart entre ce que la science souhaite et que les nations peuvent
réaliser dans le cadre d'un nouveau traité international», a ajouté Achim Steiner, laissant de côté toute
référence au protocole de Kyoto.
La nouvelle étude onusienne évalue dans un premier temps l'importance des réductions de GES que les
différents pays de la planète ont inscrites volontairement dans le cadre défini l'an dernier par l'Entente de
Copenhague. Si tous les pays réalisent avec rigueur les engagements inscrits dans cette entente, cela
correspondrait à 60 % des réductions nécessaires pour stabiliser d'ici 2020 la hausse du climat de la planète.
Ils estiment que les émissions planétaires doivent être ramenées à 44 milliards de tonnes ou gigatonnes (Gt)
de GES par an d'ici 10 ans si l'on veut contenir la hausse du climat à 2 degrés Celsius au cours du XXIe
siècle. Au-delà de ce point, des phénomènes de rétroaction peuvent s'enclencher, comme la libération du
méthane enfoui au fond des mers ou dans le pergélisol, qui rendraient dérisoires les efforts de l'humanité
pour contrôler la hausse du climat terrestre.
Si rien n'est fait en ce sens et que l'économie mondiale continue de consommer des hydrocarbures au rythme
actuel, les émissions atteindront en 2020 quelque 56 milliards de tonnes. En 2009, elles se situaient à 48
gigatonnes.
L'Entente de Copenhague permettrait de ramener les émissions anthropiques à 49 Gt d'ici 2020, ce qui laisse
aux négociateurs de Cancún la tâche d'aller chercher des engagements supplémentaires de 5 gigatonnes,
selon l'ONU.