Marie-Laure Deneffe-Dobrzynski - INTERACTIONS INTERCULTURELLES
Créer une zone d’intercompréhension dans la relation soignant-
soigné
1. La zone d'intercompréhension
INTER et COMPREHENSION: il s'agit d'une relation de compréhension entre deux personnes, l'autre et moi,
chacun appartenant à un monde qui lui est propre.
On pourrait aussi dire “espace de recherche de compréhension mutuelle ou réciproque”, “espace de
dialogue et de négociation entre deux subjectivités”ou encore “interface entre deux systèmes dont font
partie les deux personnes”.
Il s'agit donc d'une relation horizontale, de personne à personne. Dans ce modèle, l'accent est mis sur les
aspects socioculturels de chacune des deux personnes et du contexte dans lequel s'insère l'interaction.
Les habitudes, les pratiques et le règles sont explicitées, les attentes et les représentations réciproques sont
dévoilées, les représentations de la santé, du corps, de la maladie sont échangées, les savoirs sont partagés.
Dans la relation soigné soignant, le but de cet espace est de favoriser l'émergence d'informations significatives
d'un point de vue socioculturel pour les deux parties, et de permettre une intervention professionnelle
négociée entre les deux parties.
2. Les facteurs socioculturels qui influencent la création d’une « zone d’intercompréhension »
Giger et Davidhizar proposent aux soignants de tenir compte de 6 grands phénomènes socioculturels, qui se
retrouvent dans toutes les cultures, selon des modalités propres à chacune. Ces facteurs influencent l'espace de
dialogue soigné soignant. Il s'agit de:
La communication: l'expression verbale (la langue, le langage, etc.), l'expression non verbale (le toucher, les
expressions faciales, la position du corps, etc.), l'expression des sentiments, l'humour, l'expression écrite, les
obstacles à la communication (le non respect, les préjugés inconscients, l'ethnocentrisme, le racisme, etc.)
L'espace: tout ce qui à trait à l'environnement physique, les perceptions (visuelles, tactiles, olfactives,
auditives),le besoin de territorialité (avoir un espace à soi), la façon d'utiliser l'espace (la place des objets, les
mouvements du corps, les distances à respecter), les caractéristiques d'un milieu de vie ou de travail
l'organisation du bâti (architecture, aménagement, relations avec l'environnement, pollution, etc.),
Le temps: conception (durée ou intervalle, instant particulier), perception, mesure, orientation de la société
vers le passé, le présent ou l'avenir; le rythme de vie, la ponctualité; l'histoire (de la personne, de sa famille, de
la société, etc.)...
Le corps : les représentations du corps, les pratiques du corps (l'hygiène, les bijoux, les vêtements, etc.), les
caractéristiques physiques visibles (la taille, la corpulence, la couleur de la peau, la pilosité, etc.), les
préférences et les carences alimentaires, la sensibilité de certains groupes à certaines maladies, etc.
Les comportements de santé et le contrôle de l'environnement: les représentations de la santé et la maladie,
les pratiques (habitudes, façons de faire) et savoirs autour de la santé (polulaires ou savants, pour maintenir ou
rétablir la santé), la capacité à agir sur l'environnement physique, la croyance en un “site de contrôle interne”
(la personne perçoit que l'évènement est la conséquence de son comportement) ou un “site de contrôle
externe” (l'évènement est en lien avec la chance, la fatalité, une puissance supérieure, etc.) ...
L'organisation sociale: les pratiques, croyances, savoirs en lien avec les évènements de la vie quotidienne
(naissance, éducation des enfants, les repas, la maladie, la mort, etc.; les différents systèmes de la société