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Ce que tente notre Grande Illusion n’est pas d’apporter une réponse à la question viripaevienne,
pas même d’émettre un jugement ou de prononcer un dogme. Elle tente d’ouvrir des voies,
des pistes de réflexions, de donner des clés pour s’ouvrir, de peut-être s’émanciper: « l’amour
et l’illusion », qu’est-ce à dire ? Comment fabriquer, rêver nos vies ? Comment questionner
nos acceptations ?
Notre Grande Illusion s’adresse à un large public, et davantage encore aux collégiens et lycéens,
pour le familiariser avec les différentes notions abordées dans Illusions. Cette première pièce,
écrite pour deux acteurs en novembre 2014, dure 20 minutes. Elle est présentée dans des
collèges et les lycées, en immersion dans les lieux et est suivie d’un débat, à chaud, mené par
les acteurs pendant qu’ils se démaquillent.
synopsis de la grande illusion #1
Dans la salle, le spectacle « La Grande Illusion » du magicien Roger et de son assistante
Caroline se fait attendre. Deux acteurs rentrent, Judith et Serge, visiblement tracassés.
Ils nous apprennent que leur ami Roger le magicien est mourant, qu’il ne peut donc être
présent et qu’ils le remplacent. Ils sont acteurs, ils vont donc nous interpréter leur Grande
illusion autrement. Mais l’embarras de Serge, le pragmatisme de Judith, leur couple, prennent
le pas sur le spectacle annoncé. Rien n’est prêt, et puis « ici » rien n’est « sûr ». Quant au final ils
se griment en vieux et décident de donner leur Grande Illusion, c’est leur propre couple qui se
voit représenter, quarante ans plus tard.
Au sortir, l’illusion est totale. Y a-t-il eu véritablement un magicien Roger ? N’avait-il pas
commencer La Grande Illusion en entrant dans la salle ?
Rien n’est moins sûr...
extrait de la grande illusion #1
SERGE- Magicien, magicien, mon oeil. N’empêche que depuis Nancy, ça fait une trotte.
« Nous serons à l’heure, à l’heure dite »
JUDITH- Tu parles ; on m’appelle, j’accepte, je dis ça, c’est pour eux. un peu de récon-
fort
SERGE- Elle aurait pu y penser aussi, en prévenant deux heures à l’avance
JUDITH- C’est pas tout le trajet qui faut mais-
JUDITH / SERGE- (Bonjour)
SERGE- Sans être là-bas, comment être ici ?
JUDITH- (Excusez-nous)
SERGE- Et puis ici-
JUDITH- (On est un peu)
SERGE- Mais oui mais
JUDITH- (sur les nerfs)
SERGE- Alors sans être ailleurs, comment être là-bas ?
JUDITH- (c’est à cause de notre ami Roger, le magicien)
SERGE- Et pis si t’es pas là-bas, bah t’es bien emmerdé pour être ici, parce que « ici »-
JUDITH- Oui bah ça, c’est sûr hein / (Roger, le magicien a fait une rechute là)
SERGE- Bah non justement. « Ici » c’est pas sûr. « Ici » n’est pas une certitude. Tu dis
« oui bah ça, c’est sûr», tu dis « Ici c’est sûr »
JUDITH- (La rechute, c’était la semaine dernière)
SERGE- Bah non / justement non
JUDITH- (Mercredi. C’est quand même terrible / en milieu de semaine)
SERGE- C’est pas sûr
JUDITH- (Tu commences ta semaine, tu crois la finir, pis-)
SERGE- « Ici » c’est pas sûr
La Grande Illusion| Java Vérité 2014-2015/ 4