12 Moyen-Orient 28 • Octobre - Décembre 2015
Malgré cet optimisme et l’intérêt du marché iranien, il ne faut pas négliger les obstacles majeurs à l’essor de la coopéra-
tion économique. Il faut aussi relever la corruption, les lourdeurs bureaucratiques, les difcultés liées au cadre juridique,
le protectionnisme et le nationalisme économique – certains secteurs réservés ou fermés à l’investissement étranger –, les
risques politiques, etc. Dans son rapport Doing Business 2015, la Banque mondiale classe l’Iran au 130e rang mondial
(sur 189) en matière de facilité pour développer les affaires ! Un facteur à garder en mémoire. L’économie iranienne a aussi
été considérablement étatisée sous le régime islamique. Certains groupes liés au pouvoir – fondations religieuses, Pasdaran,
bassidjis – ont acquis des intérêts et contrôlent de larges parts de l’économie du pays qu’ils ne sont pas près d’abandonner.
Ce sont des concurrents redoutables pour tout acteur souhaitant pénétrer le marché iranien. Une transformation structurelle
prendra donc du temps.
L’élection du président Hassan Rohani en juin 2013 est-elle le début d’une
ouverture intérieure sociale, religieuse et économique ? Quelle est la
vision de la frange la plus conservatrice du régime aux accords et peut-elle
limiter l’ouverture ?
Contrairement aux espoirs d’amélioration suscités à l’étranger par l’élection du « modéré » Hassan Rohani en 2013 et aux
attentes de la population iranienne en matière d’ouverture et de Droits de l’homme, la situation a continué de se dégrader.
Un constat amer partagé par le rapporteur spécial de l’ONU qui relevait, en mars 2015, la recrudescence des exécutions
capitales (753 personnes en 2014, chiffre le plus élevé depuis douze ans), le renforcement de la censure, l’emprisonnement
de journalistes et de militants, les discriminations envers les femmes et les minorités. Difcile de parler dans ces conditions
d’« ouverture » du régime.
On notera par ailleurs que les conservateurs en Iran n’ont pas manqué de dénoncer l’accord du 14 juillet 2015, dont ils
craignent les répercussions à long terme pour l’évolution du régime. Ils se sont ingéniés à jeter le doute sur ses visées réelles,
le présentant comme une tentative destinée à accroître le poids des forces pro-occidentales an d’obtenir in ne un change-
ment de régime. Dans ce climat, certains craignent que ce courant ne cherche à répondre de manière radicale à l’ouverture
potentielle que l’accord offre à l’Iran en accroissant la pression sur les opposants, les critiques du régime, les démocrates et
les intellectuels.
Océan
Indien
Golfe
d’Oman
Golfe
Persique
Mer
Caspienne
Mer
Méditerranée
Mer
Rouge
ARABIE
SAOUDITE
IRAN
1
OMAN
YÉMEN
Sinaï
Kurdistan
ÉMIRATS
ARABES UNIS
TURQUIE
JORDANIE
ISRAËL 2
2. TERRITOIRES
PALESTINIENS
ÉGYPTE
IRAK
SYRIE
LIBAN
QATAR
BAHREÏN
AZERBAÏDJAN
AZ.
ARMÉNIE
PAKISTAN
AFGHANISTAN
TADJIKISTAN
TURKMÉNISTAN OUZBÉKISTAN
KOWEÏT INDE
CHINE
C
a
c
h
e
m
i
r
e
Baloutchistan
Hassa
Meched
Bandar
Abbas
Karachi
Bouchehr
Tabriz
Arak
Ispahan
Natanz
Damas
Amman
Le CaireLe Caire
Bagdad
Téhéran Kaboul Islamabad
Achgabat Douchanbé
Beyrouth
Tel-Aviv
Riyad
Sanaa
Mascate
Abou
Dhabi
La Mecque
Ankara Erevan
Hérat
Moyen-Orient no 28, 2015 © Areion/Capri
Voir aussi Moyen-Orient no 27, p. 38-39
250 km
Influence/ingérence de l’Iran
Influence/ingérence de l’Arabie saoudite
Pays disposant de l’arme nucléaire
Pays ayant des centrales nucléaires,
construites ou en projet
La menace chiite vue d’Arabie saoudite
La menace sunnite vue d’Iran
Site nucléaire majeur en Iran
Géopolitique régionale et course à l’atome
Sources : Rédaction de Moyen-Orient, 2015 ; CNRS, Mondes iranien et
indien, 2015 ; Manuel d’histoire critique, Le Monde diplomatique,
2014 ; Bruno Tertrais, Fondation pour la recherche stratégique, 2013
1. Pays considéré capable
d’acquérir l’arme nucléaire
Territoires de conflits
Une guerre froide saoudo-iranienne au Moyen-Orient ?