ACTUALITÉ Pr Mourad Semrouni* à Santé Mag Le dépistage néonatal de l’hypothyroïdie est impératif Propos recueillis par Tanina Ait obligatoire sur tout le territoire national et théoriquement, n’est commercialisé que le sel iodé. Ce serait presque un délit de vendre du sel sans iode. Nous recommandons un dépistage néonatal de l’hypothyroïdien, dans les 5 premiers jours suivant la naissance de l’enfant Santé Mag: Aujourd’hui, nous célébrons la journée mondiale de la thyroïde; quel est l’intitulé de cette année et quel est le rôle de la glande tyroïde ? Pr Mourad Semrouni: la glande tyroïde est extrêmement importante, car elle fabrique des hormones thyroïdiennes, qui interviennent, notamment, dans le développement cérébral et somatique; c'est-à-dire, dans tous les métabolismes, glucidiques, lipidiques, hydrominérales… . Aussi, la perturbation de cette glande entraînera des conséquences néfastes, telles qu’un retard de croissance et un retard mental, souvent irréversible. A cet effet, en partenariat avec les laboratoires Merck, nous célébrons la journée internationale de la tyroïde, parrainée par monsieur Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé publique et de la réforme hospitalière, qui a bien accepté de répondre à notre appel. La campagne de cette année est intitulée «repérer les symptômes évocateurs des troubles thyroïdiens, chez les enfants». L’objectif de cette campagne est, donc, de sensibiliser le grand public sur les troubles thyroïdiens, chez les enfants; en particulier, une hyperactivité (hyperthyroïdie) et une hypoactivité de la thyroïde (hypothyroïdie), et d’encourager les parents à consulter un médecin, dans le cas où leurs enfants présentent des symptômes. 16 Santé-MAG N°51 - Mai 2016 Comment peut-on prévenir ? Nous recommandons un dépistage néonatal de l’hypothyroïdien, dans les 5 premiers jours suivant la naissance de l’enfant. Cet examen, très simple à réaliser, consiste à prélever quelques goutes de sang au niveau du talon du bébé, étalé sur un papier buvard, puis examiné dans un laboratoire, afin d’éliminer trois pathologies: l’hypothyroïdie néonatale, la phénylcétonurie - une pathologie grave, que les pédiatres connaissent bien - et l’hyperplasie des surrénales, qui est, aussi, fréquente. Les résultats de ces examens sont connus en moins d’une semaine. Une fois ces pathologies diagnostiquées, le traitement doit être entrepris immédiatement, afin de contrer les séquelles, graves et souvent irréversibles, que ces maladies entraînent. Le dépistage néo-natal est-il systématique, en Algérie ? A une certaine époque, le dépistage de l’hypothyroïdien ce pratiquait; mais, malheureusement, plus maintenant. Il faut, donc, que les gynécologues, les pédiatres et les endocrinologues, avec l’aide du ministère de la Santé, se réorganisent à nouveau, pour essayer de relancer le dépistage de l’hypothyroïdien. En outre, l’Algérie est considérée comme un pays où l'on rencontre une carence en iode; aussi, depuis 1992, l’utilisation du sel iodé est rendue A cet effet, qu’elle est la situation de la carence iodée, en Algérie ? Depuis, environ, 18 ans, nous n’avons pas évalué, au niveau national, la carence en iode. Par ailleurs, peut-être qu’à partir d’aujourd’hui, nous aurons l’opportunité de le faire, du moment que le ministère vient d’être contacté par le laboratoire Merck. A cet effet je souligne que ce même laboratoire vient d’offrir à l’Algérie une clinique mobile, munie de matériels adéquats. Cette ambulance sillonnera tout le pays; notamment, les écoles, car notre objectif est de cibler la population jeune, afin dépister la carence iodée, chez les enfants et faire, ainsi, le point sur la situation de la carence iodée, en Algérie. Quels peuvent –être les troubles dus à la carence iodée ? Une carence en iode entraîne un ensemble de maladies, tels que des goitres, dont 6% à 8% sont cancéreux et donc, il faut les opérer. Cette carence entraîne, également, une hypothyroïdie et il est avéré que le niveau intellectuel d’un enfant, né dans un pays carencé en iode, est plus bas qu’un autre, né dans une région qui ne connaît pas cette carence. Ce déficit en iode peut, également, altérer la fertilité de la femme, entraîner la mortalité néo-natale. De ce fait, il est impératif de s’assurer que la couverture en iode est correcte. Il faut, donc, que le ministère de la Santé mène des opérations de veille et de contrôle, régulièrement; c'est-à-dire, tous les 10 à 15 ans, afin de s’assurer que l’apport en iode est conforme; car, les dégâts d’une carence en iode, sur la population et les coûts, sont très importants * Professeur Mourad Semrouni, - Professeur en endocrinologie au CHU de Beni Messous, - Ex. président de la Société algérienne d'endocrinologie et métabolisme (SAEM)