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En principe, au regard des besoins en ce nutriment de la population, l’enri-
chissement obligatoire représente la stratégie la mieux adaptée en matière
de santé publique, assurant la sécurité et l’efficacité. En effet, l’enrichisse-
ment volontaire du sel et d’autres aliments a de nombreuses limites et peu de
bénéfices. La tendance mondiale actuelle consistant à diminuer les rations
de sel de façon à prévenir des maladies cardiovasculaires graves présente un
nouveau défi dans la manière de prendre en charge la carence en iode à la
fois dans les pays développés et ceux en voie de développement [4].
Complémentation iodée
La complémentation en iode est un moyen de prévention de la carence
iodée, mais c’est une stratégie à la fois coûteuse, inefficace et non durable.
Cependant, une complémentation iodée devrait être proposée aux popu-
lations où l’IUS n’a pas été instaurée ou bien là où elle n’a pas fonctionné
[3]. Lorsqu’elle est destinée aux femmes en âge de procréer, spécialement
celles qui sont enceintes et allaitantes, ainsi qu’à leurs nourrissons, la com-
plémentation en iode est une stratégie à court et moyen termes pour pré-
venir les troubles dus à la carence iodée. Une complémentation à base
d’huile iodée à effetretard peut s’avérer la seule manière de lutter contre la
carence en iode, en particulier dans les régions éloignées connaissant une
fréquence importante de crétinisme neurologique. C’est effectivement
grâce à cette approche, mise en place depuis une dizaine d’années, que
de bons résultats ont été obtenus dans les régions montagneuses du Tibet
[5]. A la fois dans les pays développés et ceux en voie de développement,
en l’absence d’IUS, une complémentation iodée quotidienne peut être
Tableau 1. Recommandations pour la complémentation en iode pendant la
grossesse et la petite enfance lorsque l’IUS n’est pas en vigueur [3]
Femmes en âge de procréer Complément quotidien avec du KI pour
couvrir les besoins nutritionnels estimés à
150 μg/jour (selon les AJR) ou avec une dose
orale annuelle de 400 mg d’huile iodée
Femmes enceintes ou allaitantes Complément quotidien avec du KI pour
couvrir les besoins nutritionnels estimés à
250 μg/jour (selon les AJR) ou avec une dose
orale annuelle de 400 mg d’huile iodée
Nourrissons âgés de 0 à 24 mois Complément quotidien pour couvrir les
besoins nutritionnels estimés à 90 μg/jour
(selon les AJR) ou avec une dose orale annuelle
d’huile iodée de 100 mg pour nourrissons de 0
à 6 mois ou de 200 mg pour les nourrissons de
7 à 24 mois