La cognition dans le trouble bipolaire

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Mise au point
La cognition dans le trouble
bipolaire
C.S.Peretti*, C.L. Charrel**, F. Ferreri**
Résumé
L’existence de dysfonctionnements cognitifs pendant les phases symptomatiques
du trouble bipolaire a été reconnue très
précocement par Kraepelin en 1921 (1).
Des déficits des capacités attentionnelles,
une atteinte de la flexibilité mentale, une
baisse de l’apprentissage verbal et non
verbal et une altération de la mémoire
ont été rapportés à la fois chez des
patients déprimés et chez des patients
maniaques souffrant de troubles bipolaires (2-6). Cependant, il semble que les
déficits cognitifs soient retrouvés, alors
que les patients sont en phase asymptomatique de la maladie. Des déficits
cognitifs importants et diffus ont été rapportés chez les patients ambulatoires
souffrant de troubles bipolaires et rapprochés d’une diminution de volume
des structures mésencéphaliques à
l’IRM (7). Un grand nombre d’épisodes
psychopathologiques et l’existence d’hospitalisations chez les patients souffrant
de troubles bipolaires, ou à l’occasion de
dépressions, seraient à l’origine de déficits cognitifs plus sévères alors que les
états normothymiques le seraient moins
(8, 9). Cependant, la présence de manifestations infra-cliniques est susceptible
de modifier les performances cognitive s ,
notamment chez les patients présentant
des niveaux de symptomatologie dépressive ou anxieuse comparés à des patients
totalement asymptomatiques (8). Les
* Chef du service psychiatrie,
CHU Robert-Debré, Reims.
** Service psychiatrie,
CHU Robert-Debré, Reims.
fonctions ex é c u t ives sont déficitaires
chez les patients présentant un trouble
bipolaire en phase normothymique (10).
De même, les patients bipolaires présentant des dyskinésies tardives manifestent
une performance inférieure dans des
tâches de vitesse psychomotrice (4, 11).
Très peu d’études ont examiné le profil
cognitif des patients bipolaires en phase
de stabilité de l’humeur. En revanche,
Sapin, en 1987, n’a pas mis en évidence
de déficit des fonctions visuo-spatiales
chez vingt patients bipolaires non traités,
comparés à des témoins sains.
Plus récemment, les patients bipolaires
diagnostiqués euthymiques, avec ou
sans antécédent de dépendance à l’alcool, ont été soumis à une batterie
neuropsychologique. Des déficits en
mémoire verbale ont été mis en évidence,
ces déficits étaient plus marqués chez
des sujets présentant des antécédents
de dépendance à l’alcool. Chez ces
patients, les fonctions préfrontales, les
fonctions exécutives se sont révélées
déficitaires, ainsi que la mémoire verbale.
Les performances en mémoire verbale
et le fonctionnement exécutif de ces
patients sont corrélés négativement au
nombre d’épisodes maniaques et au
nombre total de mois passés en dépression ou en manie (12).
Dans une seconde étude, datant de 1999,
les mêmes auteurs ont montré que les
déficits de mémoire initialement décrits
chez les patients bipolaires étaient limités à ceux repérés par des mesures de
mémoire déclarative et qu’ils n’affectaient pas la mémoire procédurale. On
peut interpréter ces données comme
témoignant d’un dysfonctionnement des
régions corticales temporales expliquant
e trouble bipolaire reste le mal-aimé
des pathologies psychiatriques du
point de vue des études évaluant
la cognition. Comparativement à la
d é p ression et à la schizophrénie, le
trouble bipolaire n’a fait l’objet que d’un
nombre limité d’études. Une des raisons
a vraisemblablement trait aux difficultés
du diagnostic de cette pathologie et à
sa variabilité clinique dans le temps. ■
L
le déficit cognitif observé chez les bipolaires. Il semblerait, chez les bipolaires,
qu’il existe des déficits cognitifs de type
“trait” chez les normothymiques, particulièrement chez ceux qui consomment
de l’alcool. En revanche, en présence
d’une pathologie sévère ou chez des
patients aux antécédents d’alcoolisme, il
paraît difficile de faire la différence
entre les effets de l’alcool et les effets
délétères de la pathologie bipolaire. En
outre, les patients évalués étaient traités
par le lithium, facteur confondant dans
l’interprétation des performances neuropsychologiques.
Aucune relation de cause à effet n’a pu
être établie entre les niveaux plasmatiques de lithium et les scores neuropsychologiques. Les effets du lithium au
plan cognitif sont controversés (13-15).
L’arrêt du lithium a été associé à une
augmentation des performances dans les
tests de mémoire en vitesse motrice et
dans les fonctions associatives (16).
L’existence d’un déficit des fonctions
préfrontales chez les patients bipolaires
a été suggérée par Ferrier en 1999, qui a
étudié 41 patients normothymiques et
retrouvé une performance déficitaire en
fonction exécutive. Les bipolaires de
type I présentent des performances déficitaires en apprentissage verbal, fonctionnement exécutif et coordination
motrice, comparés à des témoins sains
appariés en fonction de l’âge, du sexe et
du niveau d’études.
138
Mise au point
Les mesures d’activité occupationnelle
et le niveau des relations sociales sont
associés à une performance inférieure
dans les tâches d’apprentissage verbal
ainsi qu’au plan du fonctionnement exécutif. Les patients bipolaires de type I
normothymiques présentent un déficit
cognitif au cours des phases asymptomatiques de la maladie. Un certain
nombre de déficits observés chez ces
patients seraient associés à un pronostic
plus sévère de la maladie et à un fonctionnement occupationnel et social plus
pauvre. Le rôle des fonctions cognitives
pourrait donc servir de témoin de la
sévérité et de la gravité de certaines
formes du trouble bipolaire, mais également de valeur pronostique, voire de
mise en évidence, de formes infracliniques de la maladie ou d’un lien entre
fonctions cog n i t ives et vulnérabilité
biologique ou génétique dans certains
types de troubles bipolaires.
Les conceptions anciennes de Kraepelin,
développée dans un ouvrage paru en
1913, qui distinguait la dementia praecox de la maladie maniacodépressive,
ont probablement été à l’origine d’une
certaine désaffection de l’étude des
fonctions cognitives dans la maladie
bipolaire. En effet, Kraepelin avançait
l’existence d’un déclin cognitif marqué
dans la schizophrénie, auquel il opposait
une évolution non déficitaire dans la
maladie maniacodépressive (17).
Malheureusement, la réalité actuelle du
niveau des performances cognitives des
patients souffrant de trouble bipolaire
est tout autre : on estime que 30 à 50 %
des patients bipolaires en rémission restent incapables d’atteindre le niveau prémorbide de fonctionnement psychosocial, en raison principalement d’un déficit cognitif (18).
La comparaison du niveau de fonctionnement cognitif des patients souffrant de
trouble bipolaire à celui de patients souffrant d’autres pathologies mentales permet de dessiner l’existence d’un profil
cognitif relativement spécifique du trouble
bipolaire. Ce type de profil cognitif persiste en dehors des phases symptomatiques de la maladie, ce qui conduit à
envisager l’existence d’un ensemble de
caractéristiques de type “trait”, dispositionnelles de cette pathologie.
Introduction
Pour les cliniciens que nous sommes,
l’étude du fonctionnement cognitif des
patients souffrant de trouble bipolaire
est intéressante au plan évolutif, qui renvoie à des états cliniques différents.
Cette mise au point aura donc comme
premier objectif de dresser un inventaire
aussi complet et précis que possible de
l’état cognitif des patients bipolaires en
fonction du profil clinique. Le deuxième
objectif de cet état des lieux sera de tenter un diagnostic cognitif différentiel
comparé au profil cognitif existant chez
les patients schizophrènes ou déprimés.
Ce travail se fonde sur les études
publiées récemment, gage d’une méthodologie des sciences cognitives suffisamment élaborée et homogène, garantissant un minimum de comparaisons
entre résultats et discussions d’auteurs.
Les mots-clés utilisés pour cette
recherche sont principalement : mémoire,
attention, fonction cognitive, fonctions
exécutives, fonctionnement neuropsychologique, croisés avec maladie maniacodépressive, état maniaque ou dépressif,
trouble bipolaire. La plupart des articles
publiés concernent des adultes d’âge
variable (de 16 à 65 ans) comparés à des
témoins appariés ou normés en fonction
des tests utilisés, le diagnostic étant
fondé sur l’utilisation des critères de la
CIM IX ou X, ou du DSM III ou III révisé ou IV, ou bien encore des critères
Research diagnostic criteria (RDC) définis spécifiquement pour la recherche.
Nous avons délibérément éliminé les
publications qui ne permettaient pas
d’établir avec précision le diagnostic de
l’état clinique des patients étudiés.
Différents types de tâches ont été utilisés
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 6, juin 2004
dans la littérature pour évaluer le fonctionnement cognitif des patients, les premiers sont ceux qui sont censés mesurer
des processus cognitifs. On en trouve un
catalogue dans l’ouvrage de référence
écrit par Mme la docteure Lezak, publié
en 1995 (19). La difficulté rencontrée
dans ce type d’approche est liée à la
relative méconnaissance du type de processus sous-tendant la performance dans
certains tests cognitifs.
Une méthode alternative qui a été proposée dans la littérature consiste en
l’utilisation de l’analyse en cluster telle
que Goldstein l’a effectuée en 1984 ;
elle présente l’inconvénient de laisser de
côté un certain nombre de tâches. La
troisième technique de compilation propose de laisser de côté la méthode systématique et d’accumuler les performances des patients dans des épreuves,
au risque d’aboutir à une certaine confusion. Aucune méthode n’est parfaite ni
capable d’éviter le fait que la performance
des patients, dans la grande majorité
des tâches auxquelles ils sont soumis,
dépende d’un nombre de processus
cognitifs supérieur à un. Certains auteurs
ont contourné l’obstacle d’une étude très
systématique et trop cloisonnée de la
cognition appliquée aux malades souffrant de trouble bipolaire en fournissant
des commentaires et des notes explicatives en marge de leur recueil d’information dans la littérature, remarques
ayant trait aux tests individuels qu’ils
ont recensé dans différentes études (20).
Les descriptions cliniques retrouvées dans
les études publiées dans la littérature
comportent les termes “d’euthymie”,
lorsque les auteurs considèrent que les
patients sont asymptomatiques, et le terme
de patients “en rémission”, lorsque les
patients qui sont étudiés présentent un
certain nombre de symptômes résiduels.
Une autre catégorie de patients décrits sous
le terme de “cliniquement stables” évoque
des patients sympto-matiques, mais ne
souffrant pas d’un épisode d’inconfort
aigu.
139
Mise au point
Une quarantaine d’études publiées dans
les vingt dernières années satisfont aux
critères que nous avons listés, sur un
total d’environ 1 800 études publiées.
Mesures du fonctionnement
intellectuel global
Les études recensées utilisent, pour la
plupart, l’échelle d’intelligence pour
adultes élaborée par Wechsler ainsi que
sa version révisée (WAIS et WAIS-R
publiées respectivement en 1955 et en
1981 par Wechsler) (21, 22). Le test
national de lecture pour adulte (23) est
assez largement répandu, permettant
d ’ avoir une idée du fonctionnement
intellectuel prémorbide. Les quatre
études utilisant l’échelle WAIS-R procèdent à des comparaisons entre des
patients souffrant de trouble bipolaire et
des témoins ; l’étude de Coffman publiée
en 1990 inclut des patients en rémission
en se fondant sur les critères subjectifs
de l’auteur, concluant à une absence de
différences au plan du quotient intellectuel (QI) chez des patients ayant présenté des symptômes psychotiques pendant
les épisodes psychopathologiques (7).
Les autres études ont inclus des patients
symptomatiques de manière aiguë ou
cliniquement considérés comme stabilisés,
aussi bien hospitalisés qu’ambulatoires.
Dalby et Williams (24) concluaient que
les patients bipolaires présentaient un
déficit significatif général, excepté dans
les épreuves verbales du QI. Morice, en
1990, a comparé 20 patients ayant
retrouvé une humeur normale, à la suite
d’un accès maniaque, à des témoins,
sans mettre en évidence un écart de performances significatif (5).
D’autres études ont comparé des
patients souffrant de trouble bipolaire à
d’autres patients psychiatriques. Les
patients inclus présentaient un degré
va r i a ble de symptômes, la plupart
étaient en rémission. Les patients étudiés par Morice (5), des patients bipo-
laires en rémission et des patients symptomatiques issus d’autres études (25-28)
se sont révélés significativement meilleurs
que les patients schizophrènes dans
toutes les mesures composites de l’intelligence. Hoff et son équipe, avaient rapporté, en 1990 (29), une absence de différence entre des patients en phase
maniaque et des patients souffrant de
décompensation d’une schizophrénie,
tandis que Dalby et Williams (24)
retrouvaient, dans une étude réalisée
chez des patients hospitalisés stabilisés
cliniquement, un niveau de performance
supérieure chez les patients bipolaires
par rapport à celui de patients schizophrènes, dans l’échelle générale et dans
la seule sous-échelle verbale.
Dans les études comparant des patients
souffrant de trouble bipolaire à des
patients souffrant de dépression unipolaire, et utilisant la WAIS ou la WAISR, les auteurs ont évalué des patients
en phase de décompensation (récidive)
aiguë. Ces études n’ont pas mis en évidence de différence du niveau des perf o rmances des patients bipolaires
maniaques ou déprimés comparés aux
unipolaires déprimés (25, 26, 28, 30).
L’utilisation des évaluations du niveau
intellectuel prémorbide chez les
patients bipolaires n’a pas permis de
mettre en évidence de différence signifi c a t ive entre le groupe des patients
bipolaires euthymiques et leurs témoins
(10, 31). L’étude réalisée par Gilvarry
en 2000 (32) a montré que les patients
bipolaires déprimés et maniaques se
révélaient supérieurs en termes de
niveau intellectuel prémorbide à des
patients schizophrènes. Sapin, en 1987,
a effectué une étude dans laquelle les
patients qui souffraient de trouble bipolaire étaient vraiment euthymiques, ils
étaient comparés à des témoins (33).
Aucune différence n’a été mise en évidence. Malheureusement, cette étude
n’a pas utilisé la WAIS ou la WAIS-R
mais l’Altus Brief Intelligence Test, qui
ne mesure que l’intelligence verbale.
Les capacités attentionnelles
Il s’agit là d’études ayant eu comme
objectif principal de mettre en évidence
de manière spécifique le niveau des performances attentionnelles. Les tests tels
que le Continuous Performance Test ou
CPT (34) ou le Span of Apprehension
task (SPAN), (35) ont été utilisés pour
évaluer l’attention soutenue. Les tâches
d’écoute dichotique ont été employées
pour évaluer l’attention auditive sélective
tandis que le Stroop et les Word Tests
sont des évaluations du phénomène d’interférence (36, 37). Les Trails Making
Tests (TMT, Reitan, 38) font intervenir
des composantes attentionnelles assez
larges, même si l’on peut les considérer
aussi comme des mesures de composantes exécutives des habiletés. Le Digit
Span (inclus dans la WAIS ou la WAIS-R)
et le Digit Symbol Test sont des mesures
des performances attentionnelles.
Attention soutenue
Trois études ont comparé les performances au CPT ou au SPAN de patients
souffrant de trouble bipolaire considérés
comme cliniquement stables et suivis en
ambulatoire à celles de patients schizophrènes ainsi qu’à celles de témoins. Les
patients souffrant de trouble bipolaire se
sont révélés de niveau interm é d i a i r e
entre les patients schizophrènes et les
témoins. Les patients schizophrènes ont
paru être significativement déficitaires
par rapport aux témoins. La différence
entre les patients souffrant de trouble
bipolaire et les témoins n’était pas
suffisante pour atteindre le degré de
significativité statistique. Cependant, le
nombre de bonnes réponses fourn i e s
après des stimuli non pertinents tendait
à être inférieur.
Les patients souffrant de trouble bipolaire
symptomatiques en phase aiguë ont eu
des performances altérées, témoignant
d’un déficit en attention soutenue.
Les travaux évaluant des patients souffrant
140
Mise au point
de trouble bipolaire symptomatique ont
conclu à l’existence de déficits significatifs touchant l’attention soutenue. Les
patients en phase mania-que présentent
des performances similaires à celles des
patients souffrant de schizophrénie (39).
Chez les patients présentant un premier
épisode psychopathologique, qu’ils
soient unipolaires ou bipolaires, seuls
ceux qui avaient des symptômes psychotiques ont fait preuve de performances
déficitaires au CPT et au SPAN.
Les patients maniaques seraient capables
de témoigner de capacités d’attention
soutenue de manière prolongée dans le
temps, mais ils réalisent néanmoins un
nombre d’erreurs impulsives supérieur.
À l’inverse, les patients déprimés, comparés à des sujets témoins, présentent un
nombre d’erreurs par omission plus
élevé (40). Il est intéressant de constater
que les performances des patients déprimés souffrant de dépression bipolaire
sont supérieures à celles des patients
souffrant de dépression unipolaire.
Plusieurs études ont étudié les performances de patients souffrant de trouble
bipolaire en rémission à l’aide du TMT
(10, 28, 41, 44). Généralement, les performances des patients souffrant de
trouble bipolaire se révélaient inférieures dans toutes les études réalisées,
sans toutefois atteindre le degré de
significativité statistique. Il semble que
l’intensité de la pathologie soit en
mesure d’expliquer le déficit de performances au TMT. Le nombre d’épisodes
psychopathologiques a été proposé par
certains auteurs comme corrélé inversement aux performances, cependant certains auteurs ont mis en avant l’absence
de différence de performances au TMT
entre les patients souffrant de trouble
bipolaire à pronostic supérieur en fin
de traitement comparativement à celles
des patients présentant un résultat fonctionnel moins bon. Il est regrettable de
constater que la seule étude évaluant des
patients souffrant de trouble bipolaire au
premier épisode n’ait pas comparé les
performances de ces patients à celles de
témoins sains (28).
Les patients souffrant de trouble bipolaire
en rémission ont été comparés à des
patients souffrant de trouble unipolaire
et à des patients souffrant de schizophrénie. Les performances au TMT ont été
évaluées et les patients souffrant de
trouble bipolaire en rémission se sont
révélés moins performants que les
patients souffrant de trouble unipolaire
( 4 2 ). Paradiso en 1997 montrait le
contraire (44) tandis que deux autres
études étaient dans l’incapacité de mettre
en évidence une différence (26, 28).
Les comparaisons réalisées avec des
patients schizophrènes ont révélé qu’en
phase aiguë, les patients souffrant de
trouble bipolaire étaient plus performants que les patients souffrant de schizophrénie ; après quatre semaines de
traitement et en dépit d’une amélioration
symptomatique, les patients souffrant de
trouble bipolaire voyaient leurs performances revenir au niveau de celles des
patients schizophrènes. En revanche, les
patients souffrant d’un premier épisode
de trouble bipolaire manifestent un déficit au TMT qui paraît réversible avec la
rémission clinique.
Attention sélective
Dans l’épreuve du Digit Span Test, les
patients maniaques en phase aiguë se
révèlent comparables à des sujets témoins,
de même qu’à la tâche d’écoute dichotique (45) ; ces résultats sont corroborés
par ceux obtenus chez des patients souffrant de trouble bipolaire en r é m i s s i o n
comparés à des témoins (10, 33).
Les patients souffrant de trouble bipolaire
en rémission semblent moins performants qu’une population témoin normée
dans des mesures d’attention sélective
(46) ou comparés à des témoins (41) au test
d’annulation de lettres de Talland (47).
La comparaison de patients atteints d’un
trouble bipolaire à des patients unipolaires
et à des schizophrènes à l’aide du Digit
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 6, juin 2004
Span Test a permis de conclure que les
patients des trois groupes en phase de
rechute présentaient un niveau de performance comparable (28, 48).
La performance des patients souffrant
de trouble bipolaire chronique s’est
révélée comparable à celle des schizophrènes au Digit Span Test lorsque
les patients étaient symptomatiques (25)
tandis qu’elle était meilleure lorsque les
patients étaient en rémission.
P e rf o rmances dans des tâches
mesurant le phénomène
d’interférence
Les patients souffrant de trouble bipolaire
considérés comme stabilisés cliniquement
ont été comparés à des témoins ou à
des échantillons de population normée.
Les patients bipolaires se sont révélés
déficitaires dans leurs performances au
SCWT (41, 46). Cependant, ces résultats
sont controversés, deux études ne mettant
aucune différence en évidence (44, 47).
Une étude menée par Mc Grath, en 1997,
concluait à l’existence d’un déficit aussi
bien pendant l’épisode aigu que lors de
la phase de rémission (6).
Un certain nombre d’études ont comparé la performance des patients atteints
d’un trouble bipolaire dans la tâche du
SCWT à celle de patients schizophrènes
et à des patients souffrant de trouble unipolaire dépressif. Deux études menées
chez des patients présentant un premier
épisode ont mis en évidence que les
patients bipolaires en phase aiguë et les
patients bipolaires en rémission étaient
aussi performants que les patients unipolaires et meilleurs que les schizophrènes (28, 48). Les études réalisées chez
des patients chroniques sont controversées.
En 1997, Paradiso concluait que les
patients bipolaires stabilisés cliniquement et suivis en ambulatoire avaient de
meilleures performances que les patients
unipolaires. Les patients bipolaires avaient
également de meilleurs scores que les
141
Mise au point
schizophrènes d’après les observations
de Krabbendam lors d’une étude publiée
en l’an 2000 (49). Dans son étude, cet
auteur avait inclus des patients en
rémission.
En revanche, Mc Grath, en 1997 ( 6 ),
t r o u vait que les patients bipolaires présentaient des performances similaires à
celles de patients schizophrènes à la
fois en phase aiguë et en phase de
rémission.
Études évaluant la mémoire
Les tests utilisés dans les principales
études évaluant la mémoire des patients
souffrant de trouble bipolaire sont le
California Verbal Learning Test (CVLT)
(50), l’Auditory Verbal Learning Test
(AVLT) (51), le Rey Auditory Verbal
Learning Test (RAVLT) (52) ainsi que
les sous-tests de l’échelle de mémoire de
Wechsler dans sa forme originale ou
révisée (WMS) (53), WMS-R ; (54).
Des mesures de mémoire non verbales
ont également été employées, notamment la Cambridge Neuropsychological
Test Battery (CANTAB) (55) ainsi que
la figure de Rey (56, 57), le test de
rétention visuelle de Benton (58) ainsi
que différentes tâches de reconnaissance
faciale.
Mémoire et apprentissage verbal
Van Gorp en 1998 (12) a inclus des
patients euthymiques dans une étude
prospective de trois mois. Le groupe
témoin était apparié selon le niveau
d’éducation et le niveau d’intelligence
générale. L’ensemble des patients présentait des performances déficitaires
dans la tâche du CVLT, le déficit étant
corrélé à la durée et au nombre des épisodes psychopathologiques précédents.
Les patients qui avaient un troubl e
addictif à type d’abus d’alcool étaient
particulièrement déficitaires.
En 1999, Ferrier observait un déficit
dans le RAVLT chez des bipolaires en
rémission (10). Cet auteur signalait que
le déficit en mémoire verbale était plus
sévère chez les patients qui avaient eu un
nombre réduit d’épisodes et une phase de
rémission interépisodes de bonne qualité.
Les bipolaires en rémission se révélaient
significativement déficitaires en mémoire
verbale, dans le RAVLT, comparés à des
témoins.
Plusieurs études ont évalué des patients
souffrant de trouble bipolaire cliniquement stabilisés en les comparant à des
témoins : Coffman en 1990 (7), Jones en
1994 (41) et Paradiso en 1997 (44) n’ont
pu mettre en évidence de différence
significative dans le WMS, la tâche de
rappel de Babcock et le test de mémoire
de liste de mots issu de la batterie
CERAD. Le score moyen au CVLT d’un
échantillon de patients bipolaires tirés
au sort dans une clinique de trouble de
l’humeur était inférieur de un à deux
écarts-types après correction liée à l’âge
(59). Le degré d’anhédonie des patients
permettait de prédire le déficit en
mémoire. En revanche, le fait qu’un é p isode psychopathologique soit psych o tique entraînait peu de conséquences.
Certains auteurs ont comparé les performances mnésiques des patients bipolaires symptomatiques en phase aiguë à
celles des témoins ou bien à des échantillons comportant des patients à différentes phases de leur maladie. Les
patients bipolaires déprimés présentaient des performances en rappel significativement altérées par comparaison
avec celles des témoins (2). Ali (46) a
comparé un échantillon de patients bipolaires euthymiques, hypomanes ou
déprimés à des témoins et il a mis en
évidence des performances significativement déficitaires chez les patients
bipolaires. Une étude de jumeaux monozygotes discordants pour la bipolarité et
comparés à des jumeaux sains a permis
de montrer que les jumeaux malades de
cette étude étaient déficitaires dans leurs
performances au CVLT et à la WMS
tandis que les jumeaux sains ne l’étaient
pas. Les performances respectives des
jumeaux malades et des jumeaux sains
étaient inférieures à celle des témoins, à
la WMS et à certains sous-tests du
CVLT. Wolfe (2) a évalué des bipolaires
déprimés comme plus déficitaires que
les unipolaires, à l’aide du RAVLT.
Goldberg (26) a retrouvé des performances équivalentes au WMS chez les
bipolaires maniaques et déprimés et chez
les unipolaires déprimés. Ces patients
avaient des scores meilleurs que les schizophrènes, sauf à un sous-test d’apprentissage par paires.
En 1996, Albus (48) examina un groupe
de patients schizophrènes et les compara
à des patients souffrant de trouble de
l’humeur, l’ensemble des patients présentant un premier épisode psychopathologique. Seuls les patients ayant présenté un épisode psychotique uni- ou
bipolaire se révélèrent particulièrement
déficitaires comparés à des patients
n’ayant jamais eu d’épisode psychotique. Les performances de ces patients
furent altérées en apprentissage et en
mémoire verbale. Les patients schizophrènes présentèrent un niveau de performance équivalent à celui des patients
atteints d’un trouble de l’humeur. Une
étude plus importante réalisée chez des
patients psychotiques unipolaires, bipolaires et schizophrènes n’a pas mis en
évidence de différence entre les patients
s o u ffrant de trouble affectif, en
r evanche, les patients unipolaires et
bipolaires se révélaient supérieurs aux
patients schizophrènes dans les soustests de mémoire verbale du WMS-R
(28).
Apprentissage et mémoire
non verbale
Nous avons recensé cinq études comparant des patients bipolaires euthymiques
ou en rémission à des témoins. En 1987,
Sapin (33) évaluait des patients non traités
suivis prospectivement pendant un mois
avant l’évaluation neuropsychologique.
Les habiletés visuo-spatiales mesurées
à l’aide du test de rétention visuelle
142
Mise au point
de Benton ainsi que par des tâches
de reconnaissance de visages ont témoigné d’un niveau de performance équivalent chez les bipolaires et les témoins.
En 1998, Van Gorp (12) n’avait trouvé
aucune différence de performance entre
les bipolaires euthymiques et les témoins
à l’aide de la figure de Rey. En 1999,
Ferrier (10) utilisait la même figure pour
comparer des patients bipolaires en
rémission avec symptômes dépressifs
résiduels à des témoins. La pondération
tenant compte des symptômes dépressifs
permettait d’aboutir à des performances
équivalentes. Rubinsztein, en 2000 (31),
a comparé des patients bipolaires en
rémission depuis quatre mois à des
témoins, cela à l’aide du test de mémoire
de reconnaissance spatiale et des tests
d’appariement issus de la CANTAB.
Les patients présentaient un nombre de
réponses correctes inférieur à celui
des témoins, alors que leur temps de
réponse était équivalent. Lorsque les
patients devaient reconnaître une cible
parmi quatre profils simultanés, leur
performance était normale. Dans la
tâche d’appariement, ils se révélaient
déficitaires dans leur performance
d’identification de profil cible, lorsque
les profils n’étaient pas présentés simultanément.
Deux études ont évalué des patients en
rémission et des témoins en recourant à
l’aide des sous-échelles visuelles de la
WMS et à la figure de Rey. Aucune différence n’a été mise en évidence entre les
patients bipolaires et leurs témoins (7, 41).
Des patients souffrant de trouble bipolaire en rémission partielle ou en rechute
ont été comparés à des témoins à l’aide du
WMS. Dalby et William (24) ont étudié
les mémoires non verbales de patients
schizophrènes et de patients, maniaques,
souffrant de personnalité antisociale et
ils les ont comparées à celle des témoins.
Les schizophrènes, les maniaques et les
témoins ont manifesté des performa n c e s
comparables. Albus (48) a mis en évidence
un déficit en mémoire visuelle à l’aide
du WMS chez les bipolaires psychotiques dont les performances étaient
équivalentes à celles de patients schizophrènes, celles-là non différentes de
celles des témoins. En 1999, Murphy
(60) a comparé des patients maniaques
en phase aiguë à des témoins lors d’un
test de mémoire de reconnaissance
spatiale et d’un test d’association simultanée ou différée, utilisé également par
Rubinsztein ( 3 1 ).Les patients maniaques
fournissaient moins de réponses correctes et leur temps de réponse était
pathologique. Ils ne présentaient aucune
difficulté dans la tâche d’association
simultanée mais se révélaient déficitaires dans la tâche d’association différée.
Gourovitch (27), a examiné des jumeaux
monozygotes bipolaires qui se sont
montrés moins performants que leur alter
ego sain et que des jumeaux témoins
dans une tâche de reconnaissance de
visage. Ces résultats n’étaient pas
retrouvés avec la figure de Rey ou les
sous-tests du WMS. En 2000, Sweeney
(61) s’était servi de la CANTAB pour
évaluer la mémoire visuo-spatiale de
patients bipolaires en phase de manie
aiguë ou lors d’un état dépressif et la
comparer à celle de patients unipolaires
déprimés et à celle de témoins. Les
patients maniaques bipolaires se révélaient
moins performants que les déprimés
unipolaires ou les témoins en mémoire de
travail spatiale ainsi que dans les tâches
de mémoire de reconnaissance spatiale.
Tous les patients étaient déficitaires
comparés aux témoins dans la tâche
d’appariement différée, même si le déficit
était plus sévère dans le groupe des
patients maniaques.
Goldberg (26), retrouvait chez un groupe de patients maniaques et déprimés
bipolaires des performances inférieures
à celles de patients schizophrènes dans une
tâche de reproduction visuelle du WMS.
Aucune différence de performance dans
la tâche de reconnaissance des visages
n’était retrouvée. Mojtabai (28) a comparé des bipolaires psychotiques en
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 6, juin 2004
premier épisode à des schizophrènes et il
a retrouvé une performance supérieure
dans tous les sous-tests du WMS chez
les premiers, particulièrement dans le
sous-test de mémoire visuelle différée à
court terme. Verdoux et Liruad, en 2000
(62), n’ont observé aucune différence de
performance en utilisant le test de reproduction visuelle du WMS-R chez des
patients bipolaires chroniques, hospitalisés en début d’évolution, chez des
unipolaires déprimés et chez des schizophrènes et d’autres psychotiques.
Le Rivermead Behavioural Memory Test
de Wilson (1985) a été utilisé pour examiner la mémoire de patients souffrant
de trouble affectif en phase de rémission ; les patients bipolaires présentant
une pathologie chronique sévère étaient
particulièrement déficitaires, plus gravement atteints que les unipolaires ou les
bipolaires plus jeunes (63).
Les fonctions exécutives
Les fonctions exécutives comprennent
une grande série de processus cognitifs
incluant les capacités de planification,
de motivation et d’autorégulation. Le
plus connu des tests explorant ces fonctions est le Wisconsin Card Sorting
Test (WCST) (64) et le Controlled Word
Association Test (CWAT) ainsi que des
tests de fluence verbale (65). Shallice,
en 1982, avait utilisé la tour de Londres
pour évaluer les habiletés de planification ainsi que la batterie du HalsteadReitan Category Test (38) pour mesurer
le traitement de l’information au niveau
du lobe frontal. Van Gorp (12) a utilisé
le CWAT et le WCST chez un groupe de
bipolaires normothymiques. La moitié
des patients présentaient des antécédents
d’abus d’alcool. L’ensemble des patients
témoignait de performances équivalentes à celles des témoins, au CWAT.
En revanche, les patients aux antécédents d’abus d’alcool se révélaient déficitaires au WCST, particulièrement dans
le nombre de catégories générées, alors
que les autres patients étaient comparables
143
Mise au point
aux témoins. En 1999, Fe rrier (10) mettait
en évidence une diminution des capacités
de fluence verbale chez des bipolaires en
rémission avec symptômes dépressifs
résiduels, par comparaison avec des
témoins. Ces résultats restaient inchangés après un ajustement tenant compte
des symptômes dépressifs.
Docherty, en 1996 (66), a évalué des
patients bipolaires stables en les comparant à d’autres patients psychiatriques et
à des témoins, cela à l’aide d’une mesure de fluence verbale composite comprenant une tâche de génération de mots
associée au Boston Naming Test. La
comparaison des performances des
patients bipolaires à celles de schizophrènes et de témoins a révélé que les
premiers étaient moins performants que
les schizophrènes et que les deux
groupes de patients étaient moins performants que les témoins. La sévérité
des symptômes est apparue comme corrélée négativement aux performances de
fluence verbale chez tous les patients.
Hawkins (43) a comparé les capacités de
fluence verbale de patients bipolaires
suivis en ambulatoire à celles de schizophrènes et de témoins. Les patients bipolaires ont témoigné d’une absence de
déficit de performance dans ce test et se
sont révélés meilleurs que les patients
schizophrènes. En revanche, Atre-Vaidya
et son équipe (59) ou, en 1998, avait mis
en évidence que les scores de fluence
verbale de leur cohorte de patients bipolaires étaient inférieurs à la moyenne
normée du groupe d’âge correspondant.
Les patients souffrant de trouble bipolaire en phase aiguë, symptomatiques,
ont été comparés à des témoins et à
d’autres patients psychiatriques à l’aide
du Halstead-Reitan Category Test.
Savard, en 1980 (67), avait montré que
des bipolaires déprimés faisaient davantage d’erreurs que les déprimés unipolaires et les témoins. Les bipolaires plus
âgés (plus de 40 ans) témoignaient de
performances inférieures à celles de
témoins appariés, y compris lorsque
l’évaluation avait lieu après la sortie de
l’hôpital. En 1988, Gruzelier a comparé
la fluence verbale de patients déprimés
en phase aiguë et celle de patients
maniaques en phase aiguë à celle de
patients schizophrènes en décompensation ainsi qu’à celle de témoins, mettant
en évidence un déficit chez les seuls
schizophrènes (3). En 1989, Calev a
comparé les scores de fluence verbale de
patients déprimés et de patients maniaques
à ceux de patients bipolaires stabilisés et
à ceux de témoins (68). Aucune différence n’était retrouvée dans les fluences
par lettres. En revanche, dans la tâche
catégorielle, les patients maniaques et
les patients bipolaires stabilisés se révélaient aussi performants que les témoins
et meilleurs que les déprimés.
En 1990, Coffman (7) montrait que des
patients bipolaires psychotiques réalisaient davantage d’erreurs persévératives que les témoins au WCST. Morice,
en 1990 (5), a mis en évidence des performances comparables au WCST chez
des patients maniaques et des schizophrènes hospitalisés, l’ensemble des
patients se révélant moins performant
que des témoins, aussi bien en nombre
de catégories générées, qu’en nombre
d’erreurs persévératives. Albus, en 1996
(48), a comparé des patients hospitalisés
souffrant de premier épisode de trouble
affectif à des patients schizophrènes en
début d’évolution et à des témoins, cela
avec le WCST. Les patients bipolaires
sans symptômes psychotiques n’ont
manifesté aucun déficit. Les patients avec
symptômes psychotiques se sont révélés
comparables aux patients schizophrènes
et inférieurs aux témoins. Mc Grath, en
1997 (6), a évalué de manière compar a t ive les performances de patients
maniaques et de patients schizophrènes
ainsi que celles de témoins au moment
de leur arrivée à l’hôpital et quatre
semaines après le traitement à l’aide du
WCST et d’un test de fluence verbale.
Les patients bipolaires n’ont pas témoigné d’un déficit comparativement aux
témoins, dans le test de fluence verbale,
et leurs perfo rmances au WCST se sont
normalisées avec l’amélioration symptomatique quant au nombre de catégories
générées. Le nombre d’erreurs persévératives restait inchangé, à un niveau d’un
écart-type inférieur à celui des témoins
sur toutes les évaluations. En 2000, Ali
(46) retrouva une performance déficitaire chez des patients bipolaires en rémission, maniaques et déprimés dans une
tâche de raisonnement conceptuel abstrait, les performances des patients étant
comparées à des données normatives.
Les patients bipolaires étudiés par
G o l d b e rg en 1993 (26) à l’aide du
WCST, maniaques en phase aiguë et
déprimés, comparés à des patients unipolaires et à des schizophrènes, ne présentèrent pas de différence avec les unipolaires, tandis que les patients souffrant
de trouble affectif se révélèrent plus performants que les schizophrènes.
Cent huit schizophrènes et 21 bipolaires,
recrutés dans trois centres différents, en
Grande-Bretagne, Allemagne et Canada,
ont été évalués à l’aide du WCST. Cette
étude, réalisée par Young en 1998 (69) a
mis en évidence des déficits comparables
dans les deux groupes. Mojtabai (28), a
retrouvé chez un groupe de patients souffrant de trouble bipolaire, avec caractéristiques psychotiques lors du premier épisode des performances en fluence verbale supérieures à celles des patients
schizophrènes. Il n’existait pas de différence entre les bipolaires et les unipolaires. Verdoux et Liruad (62) n’ont pas
retrouvé de différence dans les performances au Wisconsin Card Sorting Test
chez un groupe de patients bipolaires
chroniques et de patients en début d’évolution, comparés à des patients déprimés
unipolaires et à des schizophrènes, ainsi
qu’à des psychotiques non schizophrènes.
Capacités de planification
L’équipe de Ferrier, en 1999 (10), a mis
en évidence, chez des patients bipolaires
144
Mise au point
en rémission qui manifestaient des
symptômes résiduels de dépression, des
performances altérées de manière significative comparativement à des témoins,
en utilisant la tour de Londres, dispositif
évaluant les capacités de planification.
Cette différence disparaissait lorsque les
symptômes dépressifs étaient contrôlés.
Rubinsztein, en 2000 (31) a utilisé la
batterie CANTAB pour comparer des
bipolaires normothymiques à des témoins.
Cette étude a révélé l’incapacité des
patients à résoudre le problème correctement et que ces derniers passaient plus
de temps que les témoins à prendre les
décisions pendant la tâche.
Murphy et Sweeney (60, 61) ont évalué
avec la tour de Londres des patients bipolaires maniaques qu’ils ont retrouvés déficitaires de manière significative par rappo rt aux témoins, les patients étant capables
de résoudre correctement un nombre de
problèmes plus faible que les témoins.
L’étude de la littérature publiée ces dernières années sur les troubles bipolaires
et les troubles cognitifs observés dans
cette pathologie se complique du fait que
les critères diagnostiques des troubles
bipolaires ont évolué avec l’apparition
des types I et II dans le DSM IV en
1994. Le profil cognitif des patients de
type I semble le plus fréquemment
rencontré dans les études, les patients
étant hospitalisés pour des accès
maniaques francs. Cependant, une hétérogénéité clinique introduit des facteurs
confondants, rendant probl é m a t i q u e
l’attribution des troubles cognitifs au
seul groupe des troubles bipolaires,
facteurs tels que l’existence d’une chronicité, la consommation de substances
psychoactives, l’existence de troubles
psychotiques associés et l’intensité ou la
sévérité du trouble de l’humeur ou de
l’épisode au cours duquel le patient est
évalué, sa nature en termes de polarité.
Peu d’études se sont donné la peine de
préciser ces variables confondantes. Ces
difficultés peuvent rendre compte des
différences entre des études comportant
des groupes de patients a priori similaires.
Les traitements ont des effets cognitifs et,
dans la plupart des études, les patients
sont traités par psychotropes. Le lithium
a été rendu responsable d’un déficit de
mémoire, de vigilance et d’attention (16,
70). D’autres auteurs ont contesté ces
résultats et rapporté une absence de
modification c ognitive sous l’effet du
lithium chez les patients en prenant, ainsi
Engelsmann en 1988 (71). D’autres encore ont retrouvé une amélioration cognitive
des patients traités par lithium, tel Zerbi
en 1981 (72). Les antiépileptiques utilisés
chez certains patients souffrant de troubles
psychiatriques provoquent des troubles
cognitifs, si l’on en croit les résultats des
études de Ve rmeulen et Aldenkamp en
1995 (73) et Goldberg et Burdick en 2001
(74). Cependant, les modifications cog n itives induites par les antiépileptiques semblent relativement faibles. Les antidépresseurs ont peu d’impact sur la cognition,
comme le montre l’étude d’AmadoBoccara en 1995 (75). Les effets des antipsychotiques sur la cognition des patients
bipolaires n’ont pas été évalués à ce jour.
La plupart des travaux étudiant le lien
entre le déficit cognitif et le traitement
antipsychotique ont porté essentiellement
sur la schizophrénie (76).
Les patients bipolaires présentent des différences quantitatives et qualitatives quant
à leur profil cognitif, par rapport aux
patients souffrant de schizophrénie. Ceuxci reçoivent plusieurs catégories de psychotropes, la polymédication compliquant
l’évaluation cognitive.
Les difficultés méthodologiques sont également dues à des problèmes de taille
d’effectif, souvent faibles ou relativement
faibles dans les études. Un grand nombre
de comparaisons statistiques sont réalisées, ce qui augmente la probabilité d’erreurs de type I, mais aussi les erreurs de
type II, c’est-à-dire le fait que des anomalies peu importantes puissent être sousévaluées, voire même ignorées. Les liens
entre les variables cognitives entre elles
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (21), n° 6, juin 2004
ou entre les variables cliniques et certaines variables cognitives sont parfois
impossibles à mesurer du fait de la petite
taille des échantillons étudiés. Les déficits
cognitifs des patients symptomatiques
sont caractérisés par des difficultés de
passation des tests, notamment chez les
patients maniaques soumis à des mesures
du quotient intellectuel. Les patients bipolaires dépressifs sont difficiles à étudier
du point de vue du QI et très peu d’études
se sont intéressées à ces aspects. Les déficits intellectuels semblent relativement
faibles et prédominent dans des sous-tests
de la WAIS, tels que l’ont montré, en
1990, Morice (5) et Hoff et son équipe
( 2 9 ).
L’attention soutenue et les processus de
contrôle inhibiteur semblent être défi c itaires chez les patients bipolaires symptomatiques. Les déficits sont plus marqués
chez les patients ayant présenté de nombreux épisodes psychopathologiques ou
chez ceux ayant une histoire de psychose,
selon les résultats de McGrath en 1997 (6)
et A l bus et son équipe, en 1996 (48).
La mémoire verbale est déficitaire chez
les patients maniaques ou dépressifs au
moment des épisodes (2, 27).
L’existence de symptômes psychotiques
semble altérer davantage le profil cognitif des patients, comme l’a montré Albus
(48). Le déficit en mémoire visuelle
dépend de la tâche demandée pour
mesurer la mémoire. Les fonctions exécutives, et notamment les capacités de
formation de concept abstrait, les capacités de shifting et de planification, sont
systématiquement retrouvées déficitaires chez les patients souffrant d’accès
maniaque en phase aiguë (5, 6, 46, 48,
60, 61). Ces patients sont peu déficitaires en fluence verbale (3, 68).
Que se passe-t-il chez les patients
bipolaires en rémission du point
de vue cognitif ?
Peu d’études ont été consacrées aux
patients bipolaires en rémission sur le
plan cognitif. Il semble que les patients
145
Mise au point
bipolaires ne présentent pas de déficit
des fonctions intellectuelles en phase de
rémission, y compris les patients présentant une histoire ou des antécédents
psychotiques (7, 33).
L’attention sélective et l’attention soutenue ne semblent pas être déficitaires
chez les patients en rémission (10, 33,
43, 66, 77, 78). Les fonctions exécutives
et les capacités attentionnelles évaluées
par le TNT seraient altérées, si l’on en
croit les résultats de Jones ( 4 1 ), Tham
(42), Hawkins ( 4 3 ), Paradiso (44) et
Ferrier (10). Le déficit en mémoire ve rbale existerait chez les patients bipolaires asymptomatiques si l’on en croit
Atre-Vaidya (59) ou Van Gorp et son
équipe en 1988 (12) ou encore Ferrier
en 1999 (10) ainsi que Krabbenddam en
2000 ( 4 9 ). Le déficit en rappel libre
s e m ble exister chez les jumeaux monozygotes de patients bipolaires lorsque
ces jumeaux sont indemnes, ce qui suggère une association avec le risque
génétique pour la bipolarité, comme
l’évoque Gourovitch en 1999 ( 2 7 ).
L’histoire d’une comorbidité avec un
a bus de substance, la durée et le nombre
d’épisodes ou l’existence de symptômes
cliniques spécifiques tels que l’anhédonie pourraient augmenter le degré de
déficit en mémoire verbale chez les
patients en rémission. La mesure des
fonctions exécutives et le degré de déficit de ce type de fonction cognitive sembleraient liés à l’existence de symptômes résiduels. Les symptômes résiduels maniaques ou dépressifs seraient
responsables de déficits et d’erreurs
persévératives (7, 9) mais éga l e m e n t
d’un déficit en fluence verbale (10) et
en capacité de planification (10, 31).
Les patients bipolaires, y compris en
phase symptomatique, ont un QI plus
é l evé que les schizophrènes (25-28, 32).
Les patients bipolaires et unipolaires
ont des performances intellectuelles
proches (26, 30). L’attention sélective et
soutenue chez les patients bipolaires
mesurée par le CPT, le SPAN et le TNT
est altérée d’une manière comparable au
profil observé chez les schizophrènes
lorsque les patients bipolaires sont en
phase maniaque et que les schizophrènes sont en phase de décompensation (6, 48).
Les bipolaires, au contraire des schizophrènes, semblent améliorer leurs performances déficitaires parallèlement à
l’amélioration clinique (28, 43, 44, 48,
49). Le degré de déficit dans les performances d’attention sélective est compar a ble chez les unipolaires déprimés et
les bipolaires (25, 28, 43, 48). Les
études ayant mesuré l’attention soutenue chez les patients bi- ou unipolaires
ont donné des résultats contradictoires
(9, 26, 28, 40).
La comparaison de patients maniaques
en phase aiguë à des patients schizophrènes les retrouve également défi c itaires dans le domaine de la mémoire
verbale et non verbale (48). Cependant,
les patients bipolaires déprimés ou en
rémission, y compris ceux présentant
des antécédents psychotiques, sont
meilleurs que les schizophrènes dans
tous les domaines de la mémoire (26,
28, 62). Les études comparant les bipolaires et les unipolaires déprimés ont
rapporté un déficit plus important en
mémoire verbale et en apprentissage
chez les bipolaires et parfois une absence
de différence entre les deux gr o u p e s
(2, 26).
Le déficit dans le Wisconsin Card
Sorting Test chez les patients symptomatiques est comparable à celui observé
dans la schizophrénie (5, 6, 62, 69).
Les patients bipolaires en rémission
sont meilleurs que les schizophrènes
dans cette tâche, selon Mojtabai (28).
Tandis que la performance des patients
unipolaires symptomatiques ou unipolaires en rémission, comparée à celle
des patients bipolaires, semble très
proche et quasiment similaire (26, 28).
Les patients déprimés bipolaires ou
maniaques sont meilleurs en fluence
verbale que les schizophrènes ( 3 ).
Conclusion
On ne peut considérer que les patients
souffrant de troubles bipolaires présentent un déficit cognitif généralisé, en
dehors des patients symptomatiques.
Cette observation est surtout vraie
pour les patients maniaques, plutôt que
pour les patients bipolaires déprimés.
L’impact de la symptomatologie sur la
cognition chez les patients bipolaires est
significatif dans certains domaines, qui
semblent plus sensibles que d’autres, et
qui devraient être examinés avec plus de
précision à l’avenir.
Les niveaux de cette symptomatologie
devraient être quantifiés à l’aide de
mesures de psychopathologie et les
patients présentant des degrés d’intensité
symptomatique différents ne devraient
pas être rassemblés au sein d’un même
groupe, sous peine de voir la variance
exploser.
Très peu d’études examinent les patients
en rémission mais les résultats de celles
qui s’y sont employées sont intéressants
puisqu’ils mettent en évidence des déficits d’attention soutenue et de mémoire
verbale. D’autres domaines cognitifs,
tels que les fonctions exécutives et la
mémoire visuelle, sont retrouvés déficitaires chez les patients en rémission,
mais ces résultats méritent d’être confirmés par des études ultérieures. Les
dimensions cliniques des patients souffrant de troubles bipolaires, telles que
les symptômes psychotiques ou les abus
de substances comorbides, sont susceptibles d’influencer leur profil cognitif,
notamment en mémoire verbale et dans
les fonctions exécutives. Là encore, des
études doivent être menées.
Les liens entre les anomalies cognitives
et la sévérité du trouble bipolaire ou sa
chronicité sont difficiles à élucider. La
plupart des études ont inclus des patients
chroniques présentant de multiples épisodes, et un certain nombre d’arguments
plaident en faveur du fait que la sévérité
des accès et leur durée sont susceptibles
...
/...
146
Mise au point
...
/...
d’affecter les capacités attentionnelles et
la performance en mémoire verbale.
L’évolution et la chronologie des modifications cognitives chez les patients bipolaires sont peu connues et les relations
des premiers épisodes psychopathologiques chez ces patients seraient particulièrement utiles pour préciser leur profil
cognitif. Le choix des évaluations cognitives, des tâches ou des batteries pour
étudier les patients souffrant de troubles
bipolaires est très important à considérer
puisque certaines tâches sont plus adaptées en fonction des populations ou des
sous-populations de patients à étudier.
Le CPT ou le SPAN sont moins sensibles dans la détection de déficits attentionnels chez les bipolaires que les
mesures comme le TMT et le Rapid
Visual Information Processing Test de
Clark en 2001, qui sont plus appropriés.
La mise en évidence des anomalies
cognitives liées à l’utilisation des psychotropes chez les patients bipolaires et
de la part de ce qui revient à la maladie
et au traitement est un défi important à
relever dans les années à venir. Les
études des fonctions cognitives chez les
patients non traités seraient particulièrement utiles, mais leur réalisation semble
plus délicate.
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