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Phénomène qui s’accompagna de son double: la production foisonnante de travaux
de description scientifique des langues créoles et de documents d’illustration: charte,
textes littéraires (roman, poésie, conte), textes didactiques etc
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…
Plus spécifiquement, l’un des outils fondamentaux à l’avancement de ces langues,
l’orthographe, allait être systématisé et standardisé. A partir de travaux convergents, dans
leurs soubassements théoriques, du laboratoire de créole de l’Université René Descartes
(Paris V), du GEREC, de la Faculté de Linguistique Appliquée de l’Université d’Etat
d’Haïti, l’on aboutit à un système orthographique cohérent. Système avec des faits
d’application différents en fonction des particularités de chacune des langues créoles mais
unique et standard dans les principes qui lui sont sous-jacents
10
.
Un autre produit de la vaste remise en question internationale a été la prise en
compte de la nécessité d’instaurer une nouvelle école. Une nouvelle approche, plus
humaine, du développement impliquait un système éducatif dans ses rapports avec les
langues et les cultures des pays concernés
11
.
Des classes expérimentales utilisant le créole ont été mises en place dans plusieurs
pays créolophones dont la Martinique, la Guadeloupe. Dans le cas d’Haïti et des
Seychelles cette expérience s’est réalisée dans un cadre plus élargi, celui d’une réforme
éducative nationale assurée par l’Etat
12
.
Toutes ces démarches assurées dans le cadre de l’école entraînèrent la diffusion, la
standardisation et la fixation de l’orthographe. Dans le cas d’Haïti et des Seychelles
l’orthographe a été officialisée
13
.
D’autres démarches à un plan politique ont contribué par ailleurs à conférer un
statut aux langues créoles. L’on peut retenir, entre autres, la constitution d’Haïti qui en
1987 a fait du créole une langue officielle au même titre que le français. Plus récemment
en 2001 il y a eu les décisions du gouvernement français concernant le CAPES créole
14
.
Ces acquis (officialisation de l’orthographe puis de la langue, introduction formelle
à l’école, CAPES etc…) correspondant à des décisions administratives donc politiques
doivent être appréciés à leur juste valeur, c’est-à-dire comme des conquêtes. En effet il ne
faut pas perdre de vue que ces décisions ont émané du pouvoir, de l’Etat. Or, on le sait, et
la situation sociolinguistique le dit, le pouvoir est en symbiose avec les couches
scolarisées francisante ou anglicisantes, puisque contrôlées par elles. Force donc est de
reconnaître le travail collectif redynamisé avec plus de vigueur et plus de cohérence dans
une synergie internationale à partir de l’émergence dans les années 70 des jeunes
linguistes natifs et non natifs qui ont engagé le combat pour l’avancement des langues
créoles. Combat mené sur tous les plans.: