Madeleine Nguyen-The Importer Quatrième édition © Groupe Eyrolles, 2002, 2004, 2007, 2011 ISBN : 978-2-212-54939-3 Chapitre 18 Le prix de revient import Si ce chapitre est placé en fin d’ouvrage, c’est simplement qu’il implique que l’acheteur ait bien à l’esprit l’ensemble des contraintes, procédures et mécanismes pour mener à bien l’opération import. Avant de passer commande à un fournisseur étranger, il est impératif de vérifier si « le jeu en vaut la chandelle ». En clair… s’approvisionner de l’étranger est-il vraiment rentable par rapport à un achat domestique ? On ne saurait en effet s’arrêter au seul prix d’achat consenti par le fournisseur et au coût du transport rendu domicile. L’opération import, comme toute opération de commerce international, peut générer des surcoûts que l’on ne rencontre pas dans un achat « franco-français ». Dans un premier temps, il convient d’évaluer le prix de la marchandise rendue domicile. Puis l’acheteur tentera de répertorier les autres coûts spécifiques à l’opération de commerce international, qui pourraient venir grever ce prix d’achat. 1 LES COÛTS LOGISTIQUES © Groupe Eyrolles Dans la mesure du possible, l’acheteur doit chercher à maîtriser le transport. Il reçoit ainsi une offre selon les Incoterms® EXW ou FCA. Il demande une cotation à un ou plusieurs commissionnaires de transport afin de calculer la valeur de la marchandise rendue selon l’Incoterm® DDP hors TVA, comparable à un achat domestique en rendu domicile HT. Voici les différents éléments qui viendront s’ajouter au prix de la marchandise EXW. 298 Importer Tableau 31 : Les premiers éléments constitutifs du prix de revient import Valeur des marchandises HT + Emballages et conditionnements spéciaux éventuels + Chargement sur véhicule départ + Préacheminement jusqu’au port/aéroport/plateforme multimodale/frontière + Formalités de douanes dans le pays d’exportation (si fournisseur hors Communauté européenne) + Déchargement véhicule avant embarquement/chargement sur le transport principal et éventuellement passage en magasin + Chargement sur moyen de transport principal (avion, navire, camion de ligne…) + Transport principal (fret international) + Débarquement/déchargement du moyen de transport international + Formalités Douanes import, droits et taxes éventuels (si fournisseur hors Communauté européenne). À ce stade, ne pas compter la TVA que l’importateur aura à payer. + Postacheminement + Assurance-transport de bout en bout = Si nous préférons obtenir des cotations détaillées de nos prestataires du transport pour des raisons évidentes d’analyse des coûts, il est toutefois possible de demander aux commissionnaires de transport des cotations « all in », c’est-à-dire un forfait de bout en bout. Dans ce cas, faire préciser ce que comprend ce forfait pour éviter des déconvenues au moment de la facturation. © Groupe Eyrolles Marchandises HT rendues domicile (dédouanées si hors CE) Le prix de revient import 299 Les tableaux présentés dans le chapitre « Négocier les règles Incoterms® », détaillant la répartition des frais entre vendeur et acheteur en fonction de l’Incoterm® négocié, permettent de partir de n’importe quel autre Incoterm® pour aboutir au coût de la marchandise rendue DDP hors TVA. Mais il n’y a pas que le transport ! L’opération de commerce international peut exiger d’autres prestations, qu’il convient de valoriser et imputer au coût d’achat, notamment : 2 EN AMONT DU TRANSPORT • Les charges liées à la recherche du fournisseur (voyages, appels d’offres, achats d’informations…). Éventuellement coût de l’intermédiaire (société d’accompagnement à l’international, négociant, etc.). • Les charges liées au produit : films d’emballage, plans, études, maquettes, textes de normes et directives CE… Dans le cas de soustraitance : envois de composants, matières, investissement en outillages, outils de production, moules… Attention à l’intégration des immobilisations à l’étranger dans la valeur en douane import. Voir chapitre « Maîtriser les opérations de douane ». • Les frais d’analyse auprès des laboratoires agréés pour vérification de la conformité des produits aux normes ou autres contraintes européennes. • Les frais d’inspection avant expédition pour s’assurer de la conformité de l’expédition à la commande. © Groupe Eyrolles 3 EN AVAL DU TRANSPORT • Les frais de réparation, réfection, remplacement, transport allerretour… si mal négocié dans les CGA… • Les moyens humains et matériels supplémentaires pour décharger et manutentionner les marchandises dans les entrepôts de destination. • Les frais de stockage supplémentaires : pour rentabiliser le transport, les commandes internationales sont souvent plus importantes que les commandes domestiques. 300 Importer 4 SANS OUBLIER LES FRAIS FINANCIERS • Dans le cas de paiement en devises étrangères et de couverture du risque de change. • Frais financiers de sortie de trésorerie pour paiement comptant ou d’avance. Penser aux garanties de restitution d’acompte. • Intérêts éventuels pour paiement à échéance. • Immobilisation financière lors du déplacement de la marchandise. • Frais bancaires lorsque le paiement est réalisé par crédit documentaire ou autre sécurité de paiement. 5 N’OUBLIEZ PAS LE PERSONNEL ! • Quote-part des coûts de fonctionnement du service import. • Ceux-ci peuvent être lourds dans le cas de sourcing difficile, de pays et cultures éloignés, de produits contingentés, de mise en place de régimes douaniers particuliers, de crédit documentaire… • Nécessité de professionnaliser les équipes : mise en place d’une organisation adéquate renforçant le lien entre le pôle Achat et le pôle Vente, formation en langues, à l’interculturel, au commerce international sous l’angle de l’achat. 6 OPTIMISEZ LES FLUX INDUSTRIELS • Pour fabriquer un produit, il est parfois nécessaire de faire intervenir plusieurs partenaires industriels et commerciaux, sous-traitants, fournisseurs, traders… • Étudier finement le flux industriel avant de le mettre en place et chercher à l’optimiser au mieux ! • Étudier, chiffrer l’impact d’un changement d’origine des produits finis sur les clients Export : droits de douane, préférences tarifaires supplémentaires ou au contraire supprimées, contraintes douanières supplémentaires ou au contraire échanges facilités… • Afin de décider du flux industriel à mettre en place. Voir à ce sujet la section Origine du chapitre « Maîtriser les opérations de douane ». © Groupe Eyrolles 7 LORSQUE L’IMPORT RISQUE D’IMPACTER L’EXPORT… Le prix de revient import 301 8 AU FINAL… LE JEU EN VAUT-IL TOUJOURS LA CHANDELLE ? Le cumul de ces éléments permet d’aboutir au prix de revient Import avant commercialisation Résultat 1 Coût Import < coût domestique Résultat 2 Coût Import = coût domestique Résultat 3 Coût Import > coût domestique Approfondir l’étude : OK – Tenter de négocier de meilleures conditions d’achat auprès du fournisseur – Tenir compte d’autres critères de décision : flexibilité des moyens de production et en ressources humaines par exemple… – En connaissance de cause : décider d’importer ou… décider de rester en Union européenne ! À RETENIR © Groupe Eyrolles • Avant de passer commande à un fournisseur étranger, il est impératif de vérifier si « le jeu en vaut la chandelle » ! • En clair… s’approvisionner de l’étranger est-il vraiment rentable par rapport à un achat domestique ? • Seule l’évaluation du prix de revient import, en amont du projet, peut répondre à cette question. • Il ne s’agit pas de s’arrêter aux seuls coûts logistiques : transport, assurance et douane, mais d’intégrer l’ensemble des coûts induits. • Objectif : acheter à l’international en connaissance de cause et en appréhendant tous les tenants et aboutissants de l’opération, y compris l’impact que peut avoir l’import sur les clients Export. 302 Importer CORRIGÉ DU QUIZ « INCOTERMS® » À vous de jouer ! Vous êtes l’acheteur ! Qui paie quoi ? 01. FAS Hong-Kong, Incoterm® 2010 : c’est le vendeur qui établit les formalités de douane à l’export de Hong-Kong. 02. Le CIP est une vente au départ. L’obligation du vendeur est de remettre la marchandise à l’aéroport de départ (point de transfert des risques), même s’il paie le transport international. Ainsi, tous les aléas de transport et avaries qui surviennent après remise au premier transporteur à l’aéroport de départ incombent à l’acheteur. 03. Le DAT est une vente à l’arrivée. Le vendeur est responsable des risques que court la marchandise jusqu’au lieu convenu et mentionné après l’Incoterm®, en l’occurrence Fos-sur-Mer. Ainsi, l’acheteur ne paiera que la marchandise reçue en bon état, charge au vendeur de faire le nécessaire auprès de la compagnie d’assurances ou du transporteur pour obtenir le remboursement du sinistre. 04. CPT port de Bordeaux : aucune obligation ne pèse sur l’acheteur de prendre une assurance ad-valorem. Il peut décider de s’en remettre à la responsabilité contractuelle du transporteur, avec ses limitations de responsabilité et de remboursement. Toutefois, s’agissant d’un transport maritime, il est fortement conseillé à l’acheteur de couvrir au moins le risque d’avarie commune car les accidents de mer sont fréquents. 05. DAP aéroport de Strasbourg en provenance de Reykjavik : l’acheteur se charge des formalités de douane import. © Groupe Eyrolles Quel Incoterm® choisir ? 06. EXW usines en Espagne ou FCA usines en Espagne si nous laissons le soin au vendeur de charger notre camion. 07. FCA notre transitaire aérien à Miami. 08. Soit la variante CIP Marseille déchargé au terminal d’arrivée, soit DAT Marseille selon que l’acheteur préfère une vente au départ ou à l’arrivée. 09. FOB port Le Cap. 10. CIP ou DAP aéroport Montpellier selon que l’acheteur préfère une vente au départ ou à l’arrivée.