cliquant ici - Centre d`excellence sur l`Union européenne

publicité
La crise européenne et ses conséquences
en Amérique du Nord
La crise boomerang?
École d’été “L’Europe en crise(s)”, Université de Montréal, 3 juillet 2012
Marcelin Joanis, Ph.D.
Professeur, Université de Sherbrooke
Chercheur, GRÉDI et CIRANO
2
Mise en contexte

La diffusion des crises de nature économique et financière à l’échelle
internationale est devenue un enjeu incontournable dans l’analyse de leurs
conséquences et des politiques publiques à privilégier pour y remédier.

Elle-même conséquence de la crise financière ayant pris naissance aux
États-Unis en 2007, l’actuelle crise européenne engendre à son tour des
conséquences économiques et politiques en Amérique du Nord.

La crise américaine de 2007: la crise boomerang?
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
3
Marcelin Joanis
Source : Hergé, Tintin en Amérique
3 juillet 2012
4
Plan
1.
Aux origines de la crise européenne… la crise américaine
2.
La diffusion des chocs macroéconomiques: quelques rappels historiques
3.
La crise boomerang? les conséquences nord-américaines de la crise
européenne
1.
Économie
2.
Politique
3.
Réflexions sur le fédéralisme
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
5
Aux origines de la crise
européenne… la crise
américaine
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
6
La Grande Récession de 2008-2009

Une récession systémique: dérapage du système économique, comme pour
la Grande Dépression de 1929-1939

La cause: bulle financière aux États-Unis


Le dérapage du système financier américain se propage au reste du monde via des
marchés mondialisés
La déroulement de la crise américaine en 4 étapes(Fortin, Le Québec
économique 2009)
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
7
(1) Un « tsunami de fonds prêtables »

Taux d’épargne très élevés


Pays émergents d’Asie
Pays exportateurs de pétrole, dont les cours s’envolent à partir de 1998

Baisse tendancielle des taux d’intérêt à long terme depuis le fin des années
1990

Ces faibles rendements ont incité les institutions financières à tenter de
bonifier leurs rendements en consentant des prêts risqués


Particulièrement des prêts hypothécaires (subprimes)
Règlementation financière permissive
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
8
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
9
(2) La « bulle »

Les taux d’intérêt très bas et le crédit facile ont dopé la demande
immobilière

Les prix des immeubles s’envolent

Cercle vicieux


On achète pour le gain en capital

Les banques prêtent sans se soucier du risque en anticipant le gain en capital
En 2006-2007, les immeubles sont considérablement surévalués
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
10
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
11
(3) « L’accident vasculaire cérébral » (AVC)

2007: la bulle immobilière éclate


Recul sans précédent des prix des propriétés
Conséquences

Effondrement du secteur de la construction

Reprises de maisons (foreclosures)

Faillites personnelles

Tout le système financier est fragilisé par les défauts sur les hypothèques à risque

Papier commercial adossé à des actifs (PCAA) (asset-backed securities)

Titrisation à base d’hypothèques
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
12
L’AVC

Mars 2008: Sauvetage de la banque d’affaires Bear Stearns par la FED et
JPMorgan Chase

Septembre 2008





Achat de Merrill Lynch par Bank of America
Nationalisation de facto d’AIG
Sauvetage des Fannie Mae et Freddie Mac par le gouvernement fédéral
Faillite de Lehman Brothers
La faillite de Lehman crée une onde de choc


Violente contraction du crédit
Dépréciation de tous les types d’actifs
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
13
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
14
L’AVC

L’économie réelle plonge en récession dès l’automne 2007

La plus importante récession depuis la Grande Dépression des années 1930
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
15
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
16
La réaction des gouvernements à l’AVC


2008: une réaction rapide, ferme et coordonnée

Lehman sera la seule grande banque à faire faillite

La FED et le gouvernement fédéral injectent massivement des liquidités dans
l’économie
Juin 2009: l’économie américaine émerge de la récession selon le NBER
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
17
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
18
(4) La « contagion »


Dans une économie mondialisée

Contagion financière

Contagion commerciale
Une récession mondiale et synchronisée
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
19
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
20
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
21
Marcelin Joanis
Source : Marcelin Joanis et Luc Godbout, Le Québec économique 2009
3 juillet 2012
22
De la crise américaine à la crise
européenne: le canal financier

Les institutions financières détenaient beaucoup de PCAA fondés sur les
hypothèques américaines (pertes à partir du milieu de 2007)

Cercle vicieux:

Dépréciation des actifs (de 2007 à 2010, presque aussi importante qu’aux EtatsUnis)

Discrédit général sur les produits financiers complexes

Incertitude des investisseurs sur la solvabilité des institutions

Fuite vers les actifs sûrs
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
23
De la crise américaine à la crise
européenne: le canal financier

Automne 2008: nombreux sauvetages d’institutions financières







HBOS et Bradford & Bingley (R.-U.)
Fortis (Bénélux)
Hypo Real Estate (Allemagne)
Deixa (Belgique-France-Luxembourg)
UBS (Suisse)
Plusieurs banques suédoises
Début 2009


ING (Pays-Bas)
Royal Bank Scotland et Lloyds (R.-U.)
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
24
De la crise américaine à la crise
européenne: le canal financier

Violente contraction du crédit

La récession se diffuse partout en Europe

Elle frappe particulièrement l’Islande et l’Irlande dont le développement
économique s’était appuyé depuis plusieurs années sur des capitaux
importés
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
25
De la crise américaine à la crise
européenne: le canal commercial

L’effet multiplicateur (un exemple)



Types de produits composant le commerce international



Récession aux ÉU  Chute des importations aux ÉU  Chute des exportations en Europe 
Récession en Europe  Chute de la demande internationale pour les produits et services aux ÉU
 Chute des exportations aux ÉU  Nouvelle contraction de l’économie aux ÉU  Nouvelle chute
des importations aux ÉU  Nouvelle chute des exportations en Europe…
Un mécanisme similaire apparaît dans chaque pays touché
Ce commerce est dominé par des biens durables de consommation (auto, meubles, produits
récréatifs) et des biens d’équipement
Justement les plus touchés par la récession aux É.-U.
Baisse des cours des matières premières affecte particulièrement les pays exportateurs de
ces produits
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
26
De la crise américaine à la crise
européenne: les facteurs aggravants

Déclaration de Peter Boone et Simon Johnson (London School of Economics and Political
Science) au U.S. Senate Budget Committee, 1er février 2012, Will the Politics of Global
Moral Hazard Sink Us Again

La faiblesse des institutions de la zone euro


“[…] the euro area’s immediate problems, in large part, reflect transition from a regime where
sovereign debts were perceived to be sacrosanct (“risk-free”) to one in which investors perceived
that sovereign defaults were possible. Neither investors nor Europe’s politicians understood the full
ramifications of no bailout clauses in the Maastricht treaty until recently. With the new risk
premium needed to compensate for default risk, some European nations will need to radically
reduce their debt levels and change its maturity structure.”
La faiblesse des banques européennes

“Crisis Spreads into Europe’s Core Banks and Incites Capital Flight from the Periphery. On August
27, 2011, Christine Lagarde, the managing director of the IMF, shocked European officialdom with
a speech decrying inadequate capital levels in European banks.”
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
27
La diffusion des chocs
macroéconomiques
Quelques rappels historiques
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
28
La crise économique de 1873-1879 et la 1ère
Grande Dépression

Crise mondiale causée par des faillites de banques autrichiennes et américaines

Conséquences de la crise pour un Canada naissant








Faillites, notamment de banques
Chômage élevé
Accélération de l’émigration vers les États-Unis (à laquelle on tentera d’opposer la colonisation
agricole du Nord)
Exploitation forestière au ralenti
Réduction des revenus de l’État
L’État doit prendre la relève des compagnies privées dans le développement des chemins de fer
Montée du protectionnisme: les tarifs atteignent 25-30% sur les produits manufacturés en 1879,
l’empire britannique est en perte de vitesse
Certains historiens parlent de la Grande Dépression de 1873-1896: plus de 20 ans!
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
29
Les cycles économiques au Québec
pendant la 1ère Grande Dépression
1 = expansion ; -1 = contraction
1
1896
1894
1892
1890
1888
1886
1884
1882
1880
1878
1876
1874
1872
1870
1868
1866
1864
1862
0
-1
Marcelin Joanis
Source: Hamelin et Roby (1971)
3 juillet 2012
30
La (2e) Grande Dépression

Krash de 1929: une réaction déficiente aux États-Unis




Le Canada est l’un des pays les plus touchés et l’un des pays qui prendra le plus de temps
à se relever




Protectionnisme: loi Smoot-Hawley de 1929
Un New Deal tardif (1933) retiré prématurément (1937)
Faillites bancaires en cascade
Forte dépendance envers les exportations
Surinvestissement dans les années 1920
On ne sort de la crise qu’avec l’intensification de l’effort de guerre, soit après une décennie!
L’Ontario est plus touchée que le Québec en raison de sa plus grande industrie lourde
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
31
Autres épisodes plus récents de contagion

Crise latino-américaine de 1982

Krashs boursiers de 1987 et de 2000

Crise mexicaine de 1994

Crise asiatique de 1997
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
32
La crise boomerang?
Les conséquences nord-américaines de la crise européenne
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
33
1. Les conséquences économiques

Conséquences confirmées jusqu’ici

(-) Nervosité des marchés financiers, des consommateurs et des entreprises

Maintien de taux d’intérêt bas



(+) Politique monétaire expansionniste supporte la reprise

(-) Facteur d’endettement (ménages, gouvernements)

(-) Conditions propices à la formation d’une bulle immobilière
(+) Baisse du taux de change USD/CAD  USD redevient valeur refuge
Conséquences anticipées sur l’économie réelle (production, emploi…)

Dépendent de la réalisation ou non d’événements extrêmes en Europe
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
34
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, janvier 2012
3 juillet 2012
35
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
36
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
37
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
38
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada
3 juillet 2012
39
Chiffrer les conséquences: l’analyse de la
Banque du Canada

Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire de janvier 2012, Note
technique sur les conditions financières dans la zone euro et leurs
retombées (pp. 8-9)

“Jusqu’ici, les retombées sur les marchés nord-américains du financement
bancaire ont été relativement limitées. […] Les banques canadiennes
conservent un bon accès aux marchés du financement à moyen terme, tant
en dollars canadiens qu’en dollars américains.”
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, janvier 2012
3 juillet 2012
40
Chiffrer les conséquences: l’analyse de la
Banque du Canada

« Jusqu’à maintenant, le principal effet des tensions en Europe sur les
conditions financières mondiales a été une perte d’appétit généralisée pour
les actifs risqués. Au cours de la période de projection, toutefois, on s’attend
à ce que les retombées s’étendent et qu’elles se matérialisent par une
aggravation des difficultés de financement, une érosion de la confiance et
un resserrement de l’offre de crédit. La détérioration des conditions de
financement, en particulier, devrait pousser les banques à restreindre l’accès
au crédit des ménages et des entreprises en Europe et aux États-Unis, ce qui
donnerait un coup de frein supplémentaire à la croissance économique. »
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, janvier 2012
3 juillet 2012
41
Chiffrer les conséquences: l’analyse de la
Banque du Canada

« De façon générale, on s’attend à ce que la crise de la zone euro entrave
considérablement la progression de l’activité en abaissant le PIB mondial
d’un peu plus de 1%, dont des réductions de 0,8% aux États-Unis et de 0,6%
au Canada, d’ici la fin de 2012. »

« Ces chiffres englobent les effets directs sur les échanges commerciaux et
les retombées indirectes imputables à la hausse des difficultés de
financement, au recul de la confiance et au resserrement de l’offre de
crédit. »
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, janvier 2012
3 juillet 2012
42
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
43
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
44
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
45
Risques à la baisse sur les projections

« Bien que les mesures de politique destinées à résoudre la crise de la dette
souveraine et du secteur bancaire dans la zone euro aient contribué à une
certaine amélioration de la situation sur les marchés européens des titres
d’emprunt et de la conjoncture financière internationale, ce risque pourrait
s’accroître de nouveau et se répercuter sur le Canada par la voie des liens
financiers, de la confiance et des échanges commerciaux. »

« Le lourd endettement persistant des ménages canadiens pourrait
engendrer une décélération plus vive qu’anticipé de leurs dépenses. Dans le
même ordre d’idées, un brusque affaiblissement du secteur du logement au
Canada pourrait avoir des répercussions notables sur d’autres secteurs de
l’économie. »
Marcelin Joanis
Source: Banque du Canada, Rapport sur la politique monétaire, avril 2012
3 juillet 2012
46
Les conséquences aux É.-U.

Déclaration de C. Fred Bergsten (Peterson Institute for International Economics) au U.S.
Senate Budget Committee, 1er février 2012,The Outlook for the Euro Crisis and
Implications for the United States


“The United States has a major national interest in successful resolution of the European crisis.
Europe is the largest market for US exports and by far the largest locus of US foreign investment.
There are extensive financial linkages between US banks, and other financial institutions, and their
European counterparts. A breakup of the Eurozone would push Europe into a sharp recession or
worse with sufficient spillover to the United States to sharply truncate our (already weak) growth
as well. Europe of course remains our major international ally as well and any recrudescence of
intra-European conflict, which only the European integration project has been able to check, could
be disastrous for US foreign policy and indeed national security.”
“The United States can thus provide crucial support for resolving the European economic and
financial crisis through the IMF, without spending any additional money, by supporting both the
agreed quota reforms and the proposed new borrowings from major surplus countries. I strongly
recommend that the Congress support both steps as quickly as possible.”
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
47
Les conséquences aux É.-U.

“The final, and very important, point is that we should understand that the
euro crisis is a wakeup call for the United States as well. In the short run, the
travails of the Europeans have led to large capital flows into the United
States and the dollar that have contributed substantially to our very low
interest rates despite our failure to seriously address our own budget
problem and the related downgrade by Standard and Poor. Hence Europe
has shielded us from much of the adverse effect of our own policy failures.”
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
48
Les conséquences aux É.-U.: difficulté de
prédire les événements extrêmes


Quelles conséquences pour les É.-U. d’une sortie de la Grèce de la zone euro?

Baisse des exportations (pas encore observé)

Chute des marchés boursiers (déjà commencé)

Intervention de la FED pour soutenir la reprise économique

La recapitalisation des banques américaines devrait les protéger d’un éventuel défaut
de la Grèce et des autres pays européens en difficulté

La confiance des consommateurs est une grande inconnue car ce sont les
consommateurs qui supportent la reprise… elle donne des signes de faiblesse
récemment
Voir: Forecasters Flying Blind When Predicting Repercussions of Greek Exit, WSJ blogs: Real Time Economics, 25 mai 2012, par
Katleen Madigan
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
49
Les événements récents: une atténuation
du risque?…

Desjardins (26 juin 2012): “Les autorités européennes réussiront à limiter les dégâts, sans toutefois rassurer
complètement les investisseurs.”



Résultats du dernier sommet européen



Aide financière pour la recapitalisation des banques espagnoles
Choix électoral en Grèce
Réaction du Canada: Le ministre des Finances Jim Flaherty soutient que les dirigeants européens ont fait des
progrès importants en vue de contenir les problèmes bancaires du continent. Il a affirmé que la décision de
permettre aux banques de demander directement une aide au fonds d'urgence européen était une approche qu'il
préconisait depuis les trois dernières années. (Source: Presse Canadienne, 29 juin 2012)
Réaction de Wall Street: Wall Street bondit après les annonces européennes, Libération, 29 juin 2012
Les fondamentaux nord-américains demeurent favorables malgré une grande volatilité


70% des entreprises du S&P 500 ont affiché des résultats supérieurs aux attentes au 1 er trimestre
PIB d’avril +0,3% (Statistique Canada)
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
50
…mais le mal semble fait


L’indice de confiance des consommateurs du CBOC à rechuté à son niveau
de janvier, idem aux États-Unis (indice du CB)

La crise européenne qui persiste serait le facteur-clé pour expliquer cette rechute
en Amérique du Nord

Ce sont les perspectives du marché du travail qui inquiéteraient tout
particulièrement
Prévision de la Banque du Canada révue à la baisse en raison de la
croissance décevante au 1er trimestre de 2012

Probablement pas de hausse du taux directeur avant la fin 2013
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
51
2. Les conséquences politiques

Elles découlent pour la plupart des conséquences économiques

Élection présidentielle américaine de novembre

La crise européenne pourrait donc avoir des conséquences durables sur les
politiques économiques aux États-Unis
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
52
L’Europe s’invite dans la campagne: Obama

Conférence de presse du président Obama, 8 juin 2012



Right now, one concern is Europe, which faces a threat of renewed recession as
countries deal with a financial crisis. Obviously this matters to us because Europe is our
largest economic trading partner.
The good news is there is a path out of this challenge. These decisions are
fundamentally in the hands of Europe’s leaders, and fortunately, they understand the
seriousness of the situation and the urgent need to act. I’ve been in frequent contact
with them over the past several weeks, and we know that there are specific steps they
can take right now to prevent the situation there from getting worse.
In the short term, they’ve got to stabilize their financial system. And part of that is
taking clear action as soon as possible to inject capital into weak banks. Just as
important, leaders can lay out a framework and a vision for a stronger eurozone,
including deeper collaboration on budgets and banking policy. Getting there is going to
take some time, but showing the political commitment to share the benefits and
responsibilities of a integrated Europe will be a strong step.
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
53
L’Europe s’invite dans la campagne:
Romney


Mitt Romney à Weatherly (PA), 16 juin 2012

« Si nous restons sur la voie où nous sommes actuellement [NDLR : avec les
politiques de M. Obama] nous allons devenir comme l'Europe, avec un
gouvernement réclamant de plus en plus, promettant de plus en plus et prenant
de plus en plus. »

« Voilà où mènent les politiques européennes ». « Je ne pense pas que ça marche
en Europe et je ne veux pas de cela ici. Ce que je veux, c'est restaurer les principes
qui ont fait notre grandeur »
Traductions: Radio-Canada avec Agence France-Presse, Présidentielle américaine : Romney agite le spectre
européen, 16 juin 2012
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
54
L’Europe s’invite dans la campagne

David Frum (CNN, 12 juin 2012): “You could say there is only one swing state that really
matters in 2012: Germany. […] Whether (and how and when) Germany acts to save the
euro will exert huge influence over the U.S. economy, too, and thus over the outcome of
the presidential election.

The Economist y voit une bonne nouvelle pour Mitt Romney: Elections and economics:
Grexiting the White House, Democracy in America: American Politics blog, 31 mai 2012

Nate Silver aussi, 30 mai 2012: “Mr. Obama […] faces numbers that are improving but
perhaps too slowly. It would probably require an economic shock, instead, to put Mr.
Obama in Mr. Carter’s shoes. This could happen, of course – for instance, if there were a
meltdown in Europe. Economists differ greatly on whether this would have relatively mild
or more catastrophic effects on the American economy. But most versions of it would be
enough to leave Mr. Obama as a clear underdog for re-election.”
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
55
L’Europe s’invite dans la campagne
Source: Nate Silver, Economically, Obama Is No Jimmy Carter, The New York Times, Five
Thirty Eight blog, 30 mai 2012
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
56
3. Les conséquences: quelques réflexions
sur le fédéralisme

Les avis divergent quant à la nature et à l’ampleur des impacts de la crise
européenne sur l’économie nord-américaine

Mais il paraît d’ores et déjà clair que cette crise majeure aura une empreinte
durable sur la façon dont nous envisageons l’intégration économique,
budgétaire et politique dans le cadre d’une union monétaire.

Les développements actuels en Europe sont un laboratoire de fédéralisme

Des leçons pour les fédérations nord-américaines?

L’Europe peut-elle tirer des leçons de l’Amérique du Nord?
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
57
Les chantiers de l’intégration européenne
Union bancaire
1.

Mission de supervision renforcée à la BCE et à l’Autorité bancaire européenne (EBA,
pour les pays hors-euro), mise en commun de la garantie des dépôts (assurancedépôts), mécanisme commun de résolution des crises (via notamment le Mécanisme
européen de stabilité, MES)
Union budgétaire
2.

Contrôle des budgets nationaux par les instances de la zone euro, respect des règles
budgétaire, mise en place d’un Trésor pour la zone euro, mutualisation des dettes des
pays de la zone (euro-obligations, fonds d’amortissement de la dette)
3.
Union économique
4.
Union politique
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
58
Les chantiers de l’intégration européenne:
les résultats du dernier sommet

Zone euro (17)



Plan de relance de 120 milliards d’euros (demande France) et allègement des
conditions d’austérité en échange de plans d’aide européens (demande ItalieEspagne)
Mécanisme de surveillance des banques
Le nouveau MES pourra intervenir directement pour recapitaliser les banques, en
évitant que les pays en difficulté doivent alourdir leur dette publique

UE (27): entente de principe pour un renforcement de l’union politique et
budgétaire

Une étude de cas en fédéralisme asymétique! Des leçons pour le Canada?
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
59
Les chantiers de l’intégration européenne:
fédéralismes comparés
Fédéralisme budgétaire, version
Canada

Provinces avec un fort degré
d’autonomie budgétaire

Péréquation (constitutionnalisée)
joue un rôle de stabilisation
automatique

Gouvernement central fort dans
des champs de compétences
limités
Marcelin Joanis
Fédéralisme budgétaire, version
États-Unis

États contraints (souvent par leur
constitution) à l’équilibre
budgétaire

Pas de péréquation explicite entre
les États

Gouvernement central fort aux
compétences diversifiées
3 juillet 2012
60
Les chantiers de l’intégration européenne:
fédéralismes comparés

En Amérique du Nord, la crise de 2008-2009 n’a pas eu de dimension monétaire

Malgré…


Pas de mécanisme implicite de sauvetage des entités fédérées

Pas de contrôle des budgets des entités fédérées par les gouvernements fédéraux

Des fédéralismes peu asymétriques

Au Canada notamment, le contrôle des valeurs mobilières et de plusieurs institutions
financières demeure décentralisé
Les développements en Europe relanceront-ils les réflexions sur le fédéralisme
en Amérique du Nord?
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
61
Conclusion: la crise boomerang?

L’effet boomerang de l’actuelle crise européenne peut-il transformer la Grande
Récession en une 3e Grande Dépression en Amérique du Nord?

Probablement pas. Mais la vigilance s’impose:



Les réponses politiques de l’Europe joueront un rôle crucial
Mais également les coupes-feus mis en place au Canada et aux États-Unis
Les grands défis



Les conséquences des taux d’intérêt faibles
La dette publique élevée du gouvernement fédéral américain et des provinces
canadiennes
Les conséquences macroéconomiques de la fin des plans de relance, qui fragilise la
reprise nord-américaine
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
62
Conclusion: la crise boomerang?


Déclaration du ministre Jim Flaherty, 16 juin 2012 (entrevue à CBC)

“It’s a very serious matter once these dominoes start to fall, that’s why we have to
act early on as we did in 2008 to make sure that things don’t accelerate.”

“If we had disorderly markets in banking that extended from Europe into the
United Kingdom, United States and the entire banking system, and credit started
to contract because of a loss of confidence between banks, then you start to have
a liquidity problem in the banks.”

“That’s when governments need to act.”
Transcription: Quick action needed if euro crisis spreads: Flaherty, iPolitics, 16 juin 2012, par Liezel Hill (Bloomberg)
Marcelin Joanis
3 juillet 2012
Téléchargement