son d’être de notre métier, ce sont ces
patients fragiles», ajoute-t-il. Quant
à l’âge moyen, il na que peu changé
lui aussi. Il y a vingt ans, il était de
82 ans. Aujourd’hui, il est passé à 84
ans. «Donc, on est gériatrique un
peu plus tard qu’avant car les gens
sont plus vigoureux plus longtemps».
«En revanche, ce qui a le plus
changé, c’est que la géria-
trie n’est plus considérée
comme une médecine de
seconde zone parce qu’elle
a trouvé sa validation dans
la recherche - puisque main-
tenant, j’ai deux collabora-
teurs qui ont un doctorat,
qui ont fait de la recherche
- et qu’elle a trouvé sa place
académique aussi puisqu’il
y a maintenant un secteur
d’enseignement. Dès le mas-
ter 1, les étudiants reçoi-
vent un cours de 4 crédits en
vieillissement et médecine
gériatrique et ce cours est
obligatoire pour tous les étu-
diants. C’est donc une méde-
cine qui fonctionne avec des
bases scientifiques et qui
s’enseigne maintenant à
tous les étudiants».
3 scénarios
Si l’on se tourne maintenant vers
l’avenir de la gériatrie, notre inter-
locuteur envisage trois scénarios
possibles.
Le premier scénario, que certains
considèrent comme catastrophe, est
celui de l’invasion des patients géria-
triques à l’hôpital. Par conséquent,
la crainte est qu’il faille amplifier la
gériatrie pour répondre à cet afflux
de patients gériatriques. «Ce n’est pas
un bon scénario. Il faut un service de
gériatrie suffisamment fort, bien
organisé, mais il faut développer
les compétences dans toutes les
unités, avec l’aide de l’équipe de
liaison», commente le gériatre.
Le deuxième scénario, que le gériatre
rejette également, mais que l’on voit
dans d’autres spécialités, c’est l’hy-
perspécialisation. Il y aurait le cardio-
gériatre, le pneumo-gériatre, l’onco-
gériatre… «En pédiatrie, l’hyperspé-
cialisation est de plus en plus fré-
quente. Mais en gériatrie, ce ne serait
pas une bonne chose parce qu’il n’y
a que le gériatre et l’équipe de géria-
trie qui peuvent faire une évaluation
gériatrique. Et ce nest pas parce que
les oncologues prennent les outils
d’évaluation gériatrique qu’ils vont
faire de la bonne gériatrie. Je pense
qu’il faut une collaboration.
L’oncogériatrie, où le gériatre et l’on-
cologue collaborent, ça marche.»
Enfin, le troisième scénario est
celui du travail en réseau. «Il consis-
terait à développer un réseau, c’est-
Avant tout, il convient de
rappeler qu’en 1991,
Mont-Godinne était l’un
des premiers CHU à ouvrir un ser-
vice de gériatrie. «Le service a été
créé en 1988, avec quelques lits
dans une ancienne partie de l’hô-
pital où il y avait des patients
chroniques ou infectés. On a eu 2
patients, puis 3, 4, 5 et fina-
lement 8 patients. Pendant
ce temps- là, on rénovait un
étage d’un ancien bâtiment
qui abritait la pédiatrie. Cet
étage a été tout à fait dis-
ponible en octobre 1991, se
souvient le Pr Christian
Swine, chef du service de
médecine gériatrique. A ce
moment-là, nos huit
patients sont descendus et
en trois semaines, le service
était rempli. Depuis lors, il
est toujours occupé par 27
patients. Et maintenant, on
doit même en délocaliser
dans d’autres services.»
Mais comme le souligne le
Pr Swine, derrière toute l’ar-
chitecture de briques, il y a
avant tout l’architecture d’une
équipe multidisciplinaire, qui
Jusque avant le 1er avril, les
hôpitaux bénéficiaient d’une
tolérance pour le non-paie-
ment de la TVA. Mais désormais,
sous la pression de l’Europe, ce
n’est plus le cas.
Les exemptions visées par l’article
44 du code de la TVA doivent être
interprétées de manière stricte et
sont, en ce qui concerne les hôpitaux,
limitées aux soins médicaux et aux
prestations d’hospitalisationainsi
qu’aux prestations de soins à la per-
sonne effectuées dans l’exercice de
la profession de médecin. Les opé-
rations qui sont réalisées par les hôpi-
taux pour le compte d’entreprises
extérieures (par exemple le suivi de
nouveaux médicaments ou de nou-
velles méthodes de traitement) sont
par conséquent soumises à la TVA.
L’exemption de TVA pour la pres-
tation de soins médicaux est donc uni-
quement d’application pour les
8
ACTUALITÉ
Le Journal du
médecin
I2170 IÓ
Vendredi 17 juin 2011
Etudes cliniques: il faut désormais compter la TVA
Depuis le 1er avril, les médecins et les hôpitaux doivent appliquer la TVA sur les
rémunérations perçues pour les études cliniques. Certaines prestations
peuvent bénéficier d’une exemption de TVA. A première vue, cela semble une bonne
nouvelle, mais il s’agit en réalité d’un revers pour la comptabilité des hôpitaux.
à-dire accroître les contacts avec
les soins à domicile, les maisons de
repos, les services de revalidation,
les hôpitaux, pour que le patient
âgé circule le mieux possible dans
les différents maillons de ce réseau,
et de façon à lui assurer la continuité
la plus sereine pour qu’il puisse ren-
trer à la maison, si ce n’est pas tout
de suite, après un séjour post-hos-
pitalier dans une institution. Mais il
manque des maillons. Il n’y a pas
assez de services post-hospitaliers.
Ce scénario me paraît pourtant être
l’avenir».
Rapprochements
interhospitaliers
Pour ce qui est de l’avenir du ser-
vice de médecine gériatrique de
Mont-Godinne, Christian Swine l’ins-
crit dans une collaboration inter-
hospitalière: «Vu qu’il ny a pas de
possibilité d’extension du nombre
de lits, on développe l’hôpital de
jour, la liaison gériatrique et on
développe les contacts avec un hôpi-
tal voisin (NDLR: le Centre hospita-
lier de Dinant). Nous avons notam-
ment des échanges au niveau de la
formation du personnel, au niveau
des formations des spécialistes
comme service de stage, et nous
allons développer ces échanges d’au-
tant plus que nos directions respec-
tives encouragent ce rapproche-
ment».
France Dammel
Jeudi dernier, le service de médecine gériatrique du CHU Mont-Godinne
fêtait ses 20 ans. L’occasion de jeter un regard sur une spécialité qui a bien
évolué et de se projeter dans l’avenir, eu égard à la population vieillissante,
avec le Pr Christian Swine, chef du service.
Gériatrie
Le service de médecine gériatrique
de Mont-Godinne fête ses 20 ans
n-
rs
p-
o-
patients qui bénéficient d’un service
de la part de leur médecin. Il y a
anguille sous roche: le médecin ne
peut pas récupérer la TVA sur le
matériel utilisé. Pas seulement la
TVA sur son téléphone, son ordina-
teur et son fax mais aussi sur son sté-
thoscope. Pour un prestataire isolé,
il s’agit de montants encore relati-
vement peu élevés. Mais dans les
hôpitaux universitaires, les études cli-
niques représentent une partie non
négligeable du chiffre d’affaires.
Cette exonération de TVA retire à
ceux qui la demandent le droit de
pouvoir déduire la TVA sur l’achat
des biens et des investissements.
Dès lors, la TVA peut représenter
une charge financière de plusieurs
millions d’euros pour les institutions.
Pour Aurélie Soldai, manager TVA
du bureau spécialisé De Witte Viselé
Associates, la partie du chiffre d’af-
faires consacrée à la TVA devrait
pouvoir être récupérée partielle-
ment.
«Vous pouvez faire de
chouettes choses si vous disposez de
l’expertise suffisante.»
P.S./V.C.
était déjà à l’époque et qui reste
encore aujourd’hui le moteur de la
gériatrie.
Plus une médecine de 2ezone
Lorsque l’on demande au Pr Swine
ce qui a le plus changé en 20 ans, il
répond que les patients nont pas
changé. «Et c’est heureux car la rai-
Le Pr Christian Swine: «
La raison d’être de notre métier,
ce sont ces patients fragiles
».
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