nrs po- 08_2170_f_phil_08_2170_f_phil 15/06/11 13:23 Page1 8 ACTUALITÉ Le Journal du médecin I 2170 IÓ Vendredi 17 juin 2011 Gériatrie Le service de médecine gériatrique de Mont-Godinne fête ses 20 ans Jeudi dernier, le service de médecine gériatrique du CHU Mont-Godinne fêtait ses 20 ans. L’occasion de jeter un regard sur une spécialité qui a bien évolué et de se projeter dans l’avenir, eu égard à la population vieillissante, avec le Pr Christian Swine, chef du service. A vant tout, il convient de était déjà à l’époque et qui reste son d’être de notre métier, ce sont ces rappeler qu’en 1991, encore aujourd’hui le moteur de la patients fragiles», ajoute-t-il. Quant à l’âge moyen, il n’a que peu changé Mont-Godinne était l’un gériatrie. lui aussi. Il y a vingt ans, il était de des premiers CHU à ouvrir un ser82 ans. Aujourd’hui, il est passé à 84 vice de gériatrie. «Le service a été Plus une médecine de 2e zone créé en 1988, avec quelques lits Lorsque l’on demande au Pr Swine ans. «Donc, on est gériatrique un peu plus tard qu’avant car les gens dans une ancienne partie de l’hô- ce qui a le plus changé en 20 ans, il pital où il y avait des patients répond que les patients n’ont pas sont plus vigoureux plus longtemps». «En revanche, ce qui a le plus chroniques ou infectés. On a eu 2 changé. «Et c’est heureux car la raichangé, c’est que la gériapatients, puis 3, 4, 5 et finatrie n’est plus considérée lement 8 patients. Pendant comme une médecine de ce temps- là, on rénovait un seconde zone parce qu’elle étage d’un ancien bâtiment a trouvé sa validation dans qui abritait la pédiatrie. Cet la recherche - puisque mainétage a été tout à fait distenant, j’ai deux collaboraponible en octobre 1991, se teurs qui ont un doctorat, souvient le Pr Christian qui ont fait de la recherche Swine, chef du service de - et qu’elle a trouvé sa place médecine gériatrique. A ce académique aussi puisqu’il moment-là, nos huit y a maintenant un secteur patients sont descendus et d’enseignement. Dès le masen trois semaines, le service ter 1, les étudiants reçoiétait rempli. Depuis lors, il vent un cours de 4 crédits en est toujours occupé par 27 vieillissement et médecine patients. Et maintenant, on gériatrique et ce cours est doit même en délocaliser obligatoire pour tous les étudans d’autres services.» diants. C’est donc une médeMais comme le souligne le cine qui fonctionne avec des Pr Swine, derrière toute l’arbases scientifiques et qui chitecture de briques, il y a avant tout l’architecture d’une Le Pr Christian Swine: «La raison d’être de notre métier, s’enseigne maintenant à ce sont ces patients fragiles». tous les étudiants». équipe multidisciplinaire, qui 3 scénarios Si l’on se tourne maintenant vers l’avenir de la gériatrie, notre interlocuteur envisage trois scénarios possibles. Le premier scénario, que certains considèrent comme catastrophe, est celui de l’invasion des patients gériatriques à l’hôpital. Par conséquent, la crainte est qu’il faille amplifier la gériatrie pour répondre à cet afflux de patients gériatriques. «Ce n’est pas un bon scénario. Il faut un service de gériatrie suffisamment fort, bien organisé, mais il faut développer les compétences dans toutes les unités, avec l’aide de l’équipe de liaison», commente le gériatre. Le deuxième scénario, que le gériatre rejette également, mais que l’on voit dans d’autres spécialités, c’est l’hyperspécialisation. Il y aurait le cardiogériatre, le pneumo-gériatre, l’oncogériatre… «En pédiatrie, l’hyperspécialisation est de plus en plus fréquente. Mais en gériatrie, ce ne serait pas une bonne chose parce qu’il n’y a que le gériatre et l’équipe de gériatrie qui peuvent faire une évaluation gériatrique. Et ce n’est pas parce que les oncologues prennent les outils d’évaluation gériatrique qu’ils vont faire de la bonne gériatrie. Je pense qu’il faut une collaboration. L’oncogériatrie, où le gériatre et l’oncologue collaborent, ça marche.» Enfin, le troisième scénario est celui du travail en réseau. «Il consisterait à développer un réseau, c’est- à-dire accroître les contacts avec les soins à domicile, les maisons de repos, les services de revalidation, les hôpitaux, pour que le patient âgé circule le mieux possible dans les différents maillons de ce réseau, et de façon à lui assurer la continuité la plus sereine pour qu’il puisse rentrer à la maison, si ce n’est pas tout de suite, après un séjour post-hospitalier dans une institution. Mais il manque des maillons. Il n’y a pas assez de services post-hospitaliers. Ce scénario me paraît pourtant être l’avenir». Rapprochements interhospitaliers Pour ce qui est de l’avenir du service de médecine gériatrique de Mont-Godinne, Christian Swine l’inscrit dans une collaboration interhospitalière: «Vu qu’il n’y a pas de possibilité d’extension du nombre de lits, on développe l’hôpital de jour, la liaison gériatrique et on développe les contacts avec un hôpital voisin (NDLR: le Centre hospitalier de Dinant). Nous avons notamment des échanges au niveau de la formation du personnel, au niveau des formations des spécialistes comme service de stage, et nous allons développer ces échanges d’autant plus que nos directions respectives encouragent ce rapprochement». Fra n ce D a m m e l Etudes cliniques: il faut désormais compter la TVA Depuis le 1er avril, les médecins et les hôpitaux doivent appliquer la TVA sur les rémunérations perçues pour les études cliniques. Certaines prestations peuvent bénéficier d’une exemption de TVA. A première vue, cela semble une bonne nouvelle, mais il s’agit en réalité d’un revers pour la comptabilité des hôpitaux. J usque avant le 1 er avril, les hôpitaux bénéficiaient d’une tolérance pour le non-paiement de la TVA. Mais désormais, sous la pression de l’Europe, ce n’est plus le cas. Les exemptions visées par l’article 44 du code de la TVA doivent être interprétées de manière stricte et sont, en ce qui concerne les hôpitaux, limitées aux soins médicaux et aux prestations d’hospitalisation ainsi qu’aux prestations de soins à la personne effectuées dans l’exercice de la profession de médecin. Les opérations qui sont réalisées par les hôpi- taux pour le compte d’entreprises extérieures (par exemple le suivi de nouveaux médicaments ou de nouvelles méthodes de traitement) sont par conséquent soumises à la TVA. L’exemption de TVA pour la prestation de soins médicaux est donc uniquement d’application pour les patients qui bénéficient d’un service de la part de leur médecin. Il y a anguille sous roche: le médecin ne peut pas récupérer la TVA sur le matériel utilisé. Pas seulement la TVA sur son téléphone, son ordinateur et son fax mais aussi sur son stéthoscope. Pour un prestataire isolé, il s’agit de montants encore relativement peu élevés. Mais dans les hôpitaux universitaires, les études cliniques représentent une partie non négligeable du chiffre d’affaires. Cette exonération de TVA retire à ceux qui la demandent le droit de pouvoir déduire la TVA sur l’achat des biens et des investissements. Dès lors, la TVA peut représenter une charge financière de plusieurs millions d’euros pour les institutions. Pour Aurélie Soldai, manager TVA du bureau spécialisé De Witte Viselé Associates, la partie du chiffre d’affaires consacrée à la TVA devrait pouvoir être récupérée partiellement. «Vous pouvez faire de chouettes choses si vous disposez de l’expertise suffisante.» P. S . / V. C .